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I.2 De la maintenance à la e-maintenance

I.2.2 Organisation des services de maintenance

Dans les paragraphes précédents, nous avons présenté les diérentes stratégies de main- tenance. Puis nous avons étudié, à travers les ressources, la composition des services de maintenance. Nous nous intéressons maintenant aux diérentes formes d'organisation des services de maintenance dans les entreprises.

Si la maintenance n'est pas prise en charge par l'entreprise elle même, celle-ci est alors sous-traitée. La surveillance ainsi que la maintenance préventive et corrective peuvent donc être conées directement au fabricant de l'équipement (expert sur ce type d'équi- pement) ou à une entreprise spécialisée dans la maintenance industrielle (experte dans le domaine de la surveillance et de la maintenance à distance mais généraliste quant aux équipements surveillés). Les équipements peuvent être eux aussi en location, et si la maintenance n'est pas non plus prise en charge par l'entreprise utilisatrice, celle-ci peut aussi être sous-traitée de la même façon. On rencontre diérentes organisations de la maintenance : organisation centralisée, décentralisée ou encore un mélange des deux. Mais elle peut être aussi sous-traitée ou encore distribuée. Dans les paragraphes suivants, nous décrivons ces diérentes formes d'organisations.

I.2.2.1 La maintenance décentralisée

L'organisation décentralisée des services de maintenance se caractérise par le fait qu'une partie de la maintenance est réalisée par le service de production et que l'autre est réalisée par le service de maintenance. Dans une telle organisation, la maintenance et la production sont situées au même endroit. C'est donc le personnel appartenant au service de production qui eectue les diagnostics, passe les commandes, supervise les travaux de maintenance et gère les améliorations.

Ce type d'organisation permet principalement de maîtriser le processus de dégradation ainsi qu'une bonne prévention car le personnel de production est en contact régulier avec les équipements. Cependant la maîtrise technique étant répartie entre les services de production et de maintenance, des procédures de coordination doivent être répétées pour éviter une redondance des interventions.

I.2.2.2 La maintenance centralisée

La maintenance centralisée est la forme la plus commune d'organisation. Le service main- tenance est distinct de la production. C'est lui qui regroupe les diérents services tech- niques de l'entreprise mais il ne s'occupe pas des problèmes liés à la production. Le

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personnel de ce service est indispensable à la bonne conduite des évènements, mais le cloisonnement de chaque service dans sa fonction nécessite une communication accrue. En eet, le personnel de production peut être trop occupé pour s'attarder sur des tâches de maintenance de bas niveau et rien ne le signale au service maintenance. Le person- nel de maintenance peut aussi avoir reçu des formations spéciques et très techniques sur des équipements particuliers, ou encore travailler sur des installations présentant des risques pour la sécurité, ce qui rend certaines activités irréalisables pour le personnel de production. Un système de maintenance centralisé peut, grâce à la mise en place d'atelier de maintenace mobile, gérer les activités de maintenance dans un contexte multi-sites [Simeu-Abazi et al., 2006]. Alors que l'atelier de maintenance central gère les réparations des équipements sur les diérents sites ainsi que la maintenance préventive, l'atelier mobile eectue les inspections et les remplacements.

I.2.2.3 Les organisations mixtes

L'organisation mixte impose à tout le personnel une bonne connaissance technique des équipements. Les opérateurs doivent être capables d'assurer des opérations techniques ou encore de trouver et de disposer des informations nécessaires à la réalisation de tâches de maintenance. Tandis que la production gère la partie logistique, le service de maintenance assure en outre les activités "courantes" de maintenance. Une organisation mixte permet en outre de bénécier des avantages des deux systèmes mais nécessite un bon niveau technique des opérateurs de maintenance qui doivent être en mesure d'interpréter et de réaliser des diagnostics.

I.2.2.4 La politique de l'activité

Quel que soit le mode d'organisation de l'activité de maintenance au sein de l'entreprise, celle-ci peut décider de la gérer de façon diérente. Si elle n'est pas gérée en interne, elle peut être conée à des sous-traitants et/ou gérée de manière distribuée.

a) La maintenance sous-traitée

Il est possible de sous-traiter la totalité ou seulement une partie des activités de mainte- nance. L'intérêt d'une sous-traitance totale réside dans la diminution du nombre d'inter- face que rencontre l'entreprise. De plus le personnel d'un service de maintenance externe n'a pas d'habitudes du à l'historique de l'entreprise. Il n'y a donc pas d'inertie lors de la mise en place une nouvelle politique de maintenance. Le service de maintenance de l'entreprise doit disposer de bonnes compétences organisationnelles. Celles-ci seront complétées par les compétences techniques des sous-traitants spécialisés. Il est en outre responsable de la détection des dysfonctionnements, de la mise en place de la main- tenance préventive et de l'appel aux sous-traitants. L'inconvénient majeur de ce type d'organisation est que l'entreprise risque de perdre la maîtrise d'une certaine technique

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au prot de sous-traitants. De plus, l'importance que l'on donne à l'aspect condentiel de l'équipement peut conduire à vouloir tout gérer en interne.

b) La maintenance distribuée

Le concept de maintenance distribuée utilise les connaissances de la maintenance et s'appuie sur une organisation en réseau. Le choix de faire, faire-faire ou de faire-ensemble peut donc être étayé sur l'analyse des processus grâce à l'approche réseau. Selon Kael, deux possibilités sont envisageables pour une entreprise :

 Le partage :

L'entreprise fait partie d'un réseau d'entreprises qui se partagent les services d'une unité de maintenance ;

 Le partage et la collaboration :

En plus du partage évoqué précédemment, la collaboration entre les entreprises en lien avec l'unité de maintenance crée un réseau dynamique de maintenance dont tous les membres interagissent et communiquent entre eux.

L'aspect distribué est donc basé sur le fonctionnement en réseau des diérents éléments entrant en ligne de compte. Les états des équipements sont détectés sur place grâce à des capteurs, puis acheminés via un réseau et transmis au destinataire concerné. Lorsque le personnel de maintenance se déplace du centre expert ou d'un site, celui-ci doit être au préalable informé de l'intervention qu'il va devoir réaliser, ainsi que sur le matériel (outil, consommable, pièce de rechange) qu'il devra déplacer ou faire déplacer. C'est la notion de "Kit d'intervention" préparé en fonction des données sur la panne qu'il est intéressant de préciser [Kael, 2001], car cela peut faire gagner beaucoup de temps. De plus, il faut ajouter au temps d'intervention, les temps de déplacement vers le site où a lieu l'occurrence, et par la-même ajouter à ces coûts, les diérents coûts des trajets, heures supplémentaires, heures de nuits, variation du coût en fonction de la qualication de la ressource (même si ces compétences n'étaient pas requises). En eet, parfois, il est plus intéressant d'utiliser une ressource sur-qualiée se trouvant sur place que de déplacer une personne dont les compétences sont "juste" adéquates par rapport au cas à traiter. Une fourchette économique doit donc être dénie en fonction de l'éloignement des sites an de statuer rapidement sur le cas de gure qui se présente.

L'un des intérêts d'une entreprise distribuée est la mise en commun des ressources, an de diminuer les coûts individuels. On retrouve ce principe dans les grandes sociétés ou encore dans des regroupements en coopérative de plus petites entreprises.

Cependant, dans un système distribué les principaux points posant problème, sont eec- tivement la distance entre les sites, qui sont coûteux en temps de déplacement ainsi que la localisation des ressources, qui sont bien entendu limitées et qui peuvent être dans un lieu diérent de celui des pannes. Les ressources humaines ne sont pas les seules à pouvoir être distribuées. D'autres ressources matérielles, telles que les pièces de rechange, peuvent être situées dans le magasin de stockage d'un autre site de l'entreprise, voire

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chez le fournisseur. Des outils particuliers ou coûteux peuvent eux aussi avoir été achetés en quantité limitée et être répartis sur les diérents sites de l'entreprise.

Ce principe peut donc aussi être appliqué aux pièces de rechange de sorte qu'un niveau de stock optimal global permette une diminution des stocks de chacune des entités. Dans ce but, Benaouda et al. [Benaouda et al., 2005] proposent une modélisation basée sur les systèmes multi-agents représentant un système distribué en parties autonomes. Ces agents logiciels sont des algorithmes qui s'implémentent. Ceux-ci communiquent entre eux via des réseaux locaux ou par internet. Les fournisseurs ainsi que les diérents utilisa- teurs d'articles doivent être identiés et il doit être possible d'avoir accès à leurs données via le réseau. Selon la fréquence d'utilisation des pièces de rechange, il est important de s'intéresser en premier lieu aux articles à rotation rapide qui, en général, ne sont pas chers mais dont le volume global (lié à la forte quantité consommée) les rend très coûteux an de les rendre disponibles à tous les utilisateurs et d'en déterminer une quantité opti- male de réapprovisionnement. Chacun des sites reste bien entendu autonome mais leurs interactions permettent un équilibrage des quantités de cette ressource. Il doivent donc coopérer de manière dynamique et continue dans le temps. C'est pourquoi ils se basent sur l'utilisation d'une plate-forme de e-maintenance fonctionnant avec la technologie des web-services.