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I.3 Décomposition fonctionnelle des services de maintenance

I.3.2 La programmation tactique des activités de maintenance

Le niveau tactique se décompose aussi suivant le schéma de la gure I.4. Tout comme les activités de production, les activités de maintenance sont structurées. Les diérentes étapes sont dénies à travers le processus de maintenance. Un lien entre la maintenance et la production peut cependant s'avérer indispensable dans certaine structure. La GMAO permet alors de faire le lien entre les diérents systèmes de gestion informatisée. Les décideurs du service de maintenance s'appuient sur les données concernant les ressources humaines, pour développer des relations contractuelles. C'est principalement sur leurs compétences qu'ils se basent pour prendre les décisions.

I.3.2.1 Le processus de maintenance

An de garantir une ecacité et donc minimiser les pertes de disponibilité, l'enchaîne- ment des tâches à eectuer au cours d'une intervention de maintenance sont déni dans le processus de maintenance. Spadoni donne une dénition du processus de maintenance :

Dénition I.20 Le processus de maintenance [Spadoni, 2004]

Le processus de maintenance est un enchainement d'activités contrôlées ou interactives

Les diérentes activités enchaînées au cours du processus de maintenance sont décrites dans la thèse d'Ivana Rasovska [Rasovska, 2006] :

La demande est la première étape qui enclenche le processus. C'est la formulation du besoin du client envers le prestataire de service de maintenance.

Le déclenchement est la signalisation de la défaillance ou de la panne. C'est une requête, généralement automatique, que l'on appelle demande d'intervention. Elle peut être déclenchée en externe par le client pour une intervention de maintenance corrective, ou en interne par la GMAO comme c'est le cas pour de la maintenance préventive. La préparation est basée sur l'AMDEC (Analyse de Modes de Défaillance, de leurs Eets et de leur Criticité) ou sur une étude spécique à l'équipement. Elle permet d'avoir la stratégie de maintenance la mieux adaptée à l'équipement voire de pouvoir améliorer son fonctionnement ou sa disponibilité.

La validation et la correction interviennent après la réception de la demande. Celle- ci est revue par le prestataire puis renvoyée au client qui conrme les dates d'intervention.

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La planication et le lancement de l'intervention sont réalisés suivant les disponibi- lités de l'opérateur qui dispose des compétences pour la mener à bien. Les compétences requises sont identiées dans la demande d'intervention. Le planning de production per- met de dénir la disponibilité de l'équipement pour l'intervention. La demande d'inter- vention est donc complétée par la date d'intervention puis transmise à l'opérateur sous la forme d'un ordre de travail.

L'ordonnancement et l'approvisionnement en pièce de rechange et outils per- mettent de compléter les ordres de travail. La date de l'intervention est donc xée en fonction des délais d'intervention.

La prise en compte de l'intervention dans les données de la maintenance est im- portante pour la mise à jour des indicateurs de suivi et pour l'exploitation du retour d'expérience.

Le diagnostic et l'expertise de la panne concernent la localisation, l'identication de la cause de celle-ci et les actions à mettre en oeuvre.

L'approvisionnement en outils et pièces de rechanges est dans certains cas à réaliser à nouveau. Ceci est dû à un manque d'informations ou à l'identication d'un nouveau besoin.

L'intervention est composée de l'activité de maintenance sur l'équipement mais elle consiste aussi, pour l'opérateur, à remplir un rapport d'intervention. Celui-ci est néces- saire pour l'exploitation de retour d'expérience et le suivi des activités de maintenance. Le contrôle et la restitution de l'équipement sont réalisés conjointement par l'opé- rateur de maintenance et le client. Au cours de cette étape, ils vérient le bon fonction- nement de l'équipement.

I.3.2.2 Lien entre la maintenance et la production

Cette succession d'étapes se déroule dans le milieu de la production et doit en tenir compte. La GMAO peut s'interfacer avec des logiciels tel que la GPAO an de faciliter les échanges entre les services maintenance et de production. Une politique commune (gestion de la production et de la maintenance) peut alors être mise en place. Son objectif est d'obtenir le meilleur compromis entre les coûts des services et la disponibilité des équipements obtenue. Dans ce sens, Boshian et al. [Boschian et al., 2005] ont développé une politique qui permet de déterminer simultanément les instants de réalisation de la maintenance préventive et les niveaux de stocks intermédiaires.

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ment sur le même équipement, il devient alors nécessaire de réaliser des ordonnancements conjoints. En ordonnancement conjoint (ordonnancement composé de tâches de main- tenance et de production) comme en maintenance seule, il n'est pas facile de résoudre les diérents problèmes de manière analytique. La simulation permet de déterminer de manière explicite et démonstrative les critères et l'amélioration apportée par telle ou telle politique. Pour obtenir une bonne représentativité du système, on associe, dans la simu- lation, des fonctions de densité aux durées de vie et des lois aux actions de maintenances correctives ou préventives. Les diérents facteurs qui permettent d'optimiser les coûts et la disponibilité ne sont pas forcément les mêmes, et peuvent souvent s'avérer antago- nistes. L'impact des tâches de maintenance sur les ordonnancements conjoints provoque eectivement une perte de performance. Cependant, celle-ci se retrouve protable pour la robustesse de ce dernier face aux perturbations [Benbouzid et al., 2005].

Dans les diérentes approches observées, la production n'est pas la seule activité ordon- nancée simultanément à la maintenance. Allaoui et al. ont travaillé sur l'ordonnancement conjoint entre la maintenance et la qualité. Ils observent l'eet de la variation des stra- tégies de maintenance préventive sur l'aspect économique et sur la qualité des produits [Allaoui et al., 2005]. En eet, la maintenance préventive diminue la disponibilité des équipements au prot de la qualité.

Le principal lien entre la maintenance et la production est la disponibilité garantie de l'équipement. Elle correspond donc à une période pendant laquelle la production doit pouvoir disposer de l'équipement. Nous considérons que lorsque la maintenance est re- quise pour du préventif, l'équipement sera libéré à l'arrivée de l'équipe, tandis que, lors- qu'une action corrective sera requise, l'équipement sera arrêté à l'arrivée de la panne. Un fonctionnement en mode dégradé assure, quant à lui, un pourcentage de la disponibilité réalisée en fonctionnement nominal jusqu'à la réparation de l'équipement.

I.3.2.3 Les ressources humaines et leurs compétences

L'étape de l'intervention, du processus de maintenance, fait principalement référence à l'activité du personnel de maintenance. Celui-ci s'appuie sur ses compétences pour trai- ter les tâches. Dans le domaine de la gestion des compétences, Kane et al. [Kane et al., 2003b] s'intéressent au décloisonnement du personnel de production et de maintenance de leurs activités respectives. De cette façon, chacun peut être utilisé en tant que res- source humaine dans le domaine qui n'est pas du ressort de sa compétence primaire. Ils supposent que les employés disposent d'une grande compétence dans leur domaine de qualication : 100% de productivité contre 50% dans le domaine qui n'est pas le leur. La gestion des compétences représente un enjeu stratégique pour beaucoup d'entreprise. Il ne sut plus d'avoir connaissance des compétences disponibles au sein de l'entreprise, il faut être en mesure de déterminer les besoins (recrutement, formations,...) [Harzallah et al., 2001]. An de gérer de manière plus exible le personnel suivant ses compétences, une méthodologie d'élaboration d'un référentiel des compétences a été réalisée [Boumane

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et al., 2003]. Cette approche classie les compétences en deux types :

 Les compétences génériques : Elles peuvent être utilisées dans diérentes situa- tions professionnelles,

 Les compétences spéciques : Celles-ci sont liées au domaine d'activité ou au secteur d'activité.

C'est à travers leurs compétences que les ressources humaines doivent être prises en compte car c'est cela qui fait leur importance pour l'entreprise. Elles représentent aussi en quelque sorte le métier de l'entreprise.

On retrouve dans la littérature plusieurs types de compétences [Tchommo et al., 2003] :  Les compétences par rapport aux tâches : Les employés savent faire un type de

tâche bien particulier, qui ne dépend pas de l'équipement sur lequel il se trouve.  Les compétences par rapport aux machines : Le personnel est qualié pour

eectuer tout type de travail sur des machines bien précises [Crocil et al., 2000]. Ceux- ci changeront donc peu de poste ce qui facilitera la gestion.

 Les compétences mixtes : Cela correspond à des personnes qui possèdent les qualications pour réaliser des tâches diérentes et opérer sur des équipements dié- rents. Cela permet de répondre plus facilement et plus rapidement aux changements de production [lassi G.L Vairaktarakis et al., 2002], [Kher, 2000].

 Les compétences hiérarchisées : Ces compétences sont triées et classées en fonc- tion de leur importance et de leur type, un ordre hiérarchique leur est aecté. Puis on considère qu'un employé plus qualié qu'un autre peut prendre sa place mais que l'inverse n'est pas possible [Hung, 1994], [Billionnet, 1999].

La hiérarchisation des activités stratégiques [CEDIP, 1999], quant à elle, consiste à identier les activités qui sont primordiales (c'est-à-dire celles qui, si elles étaient mal réalisées, déboucheraient sur les conséquences les plus graves et celles sur lesquelles le service est d'abord évalué). Cela permet de dénir trois grandes catégories de compé- tences :

 les compétences  essentielles . Ce sont celles qui sont absolument nécessaires pour l'ecacité et la performance du service.

 les compétences  utiles . Elles sont importantes pour la qualité des résultats obtenus. Cependant les résultats peuvent être atteints sans elles ;

 les compétences  complémentaires  ou secondaires. Ce sont celles qui ne sont pas indispensables, mais qui restent malgré tout nécessaires pour atteindre un niveau de performance nécessaire.

Cette hiérarchisation est très utile en particulier pour dénir les priorités dans les processus de gestion des compétences (recrutement, formation...).

 Les compétences par équipe de travailleurs : Une équipe est composée de personnel, dont la somme des compétences de chacun compte pour un ensemble global de compétences au groupe [Grabot et al., 2000].

 Les compétences par contrats : Elles correspondent aux compétences nécessaires pour répondre aux besoins des clients vitaux de l'entreprise [Kher, 2000].

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en situation de travail [Boumane et al., 2005b]. En eet, Boumane et al. s'intéressent à l'identication des compétences nécessaires, passent en revue les limites et insusances des pratiques actuelles dans le domaine de la gestion des compétences. Ils présentent et étudient aussi les diérents points pour identier les compétences requises. Il s'agit en outre de permettre aux entreprises d'acquérir plus facilement le personnel ayant les compétences adéquates aux besoins mais aussi de faire en sorte qu'elles les acquièrent au bon moment. La gestion des compétences doit donc se situer au centre des stratégies de développement. Cette gestion prend en compte les savoir, savoir-faire, le potentiel de chacun ainsi que l'expérience du personnel an de pouvoir intervenir quand il faut et de la manière nécessaire. Grand nombre d'entreprises achent cependant les principes de la gestion des compétences, mais en réalité très peu les appliquent. La norme AFNOR [AFNOR, 2002] met en avant cinq étapes, dans le processus de gestion des compétences an de fournir un cadre complet pour la démarche : la première est l'identication des compétences nécessaires pour l'entreprise en fonction de son métier, de ses activités et du développement future de celle-ci. La deuxième étape consiste évidemment à identier celles dont dispose réellement la société. La troisième étape vise à analyser la diérence entre les compétences détenues et celles qu'il faudrait pour que l'entreprise fonctionne de manière optimum. La quatrième étape est celle des actions mises en place an d'obtenir les compétences manquantes (recrutement, formation,...). Et la dernière étape, comme dans toute démarche qualité, consiste à faire en sorte que les services conservent leurs niveaux de compétences à jour et que cela se pérennise. L'un des aspects primordial dans une telle démarche est l'adhésion du personnel à tous les niveaux. La méthodologie d'identication des compétences requises, dénie par Boumane et al., a été appliquée à l'activité de régulation [Boumane et al., 2005a]

L'autonomie, l'initiative et la responsabilité des salariés dans l'utilisation et le développe- ment de leurs compétences sont les bases de l'ecacité des systèmes modernes [Thomas, 2005]. Cela s'appuie notamment sur un dialogue et une communication renforcée au sein de l'entreprise. An de donner le maximum de exibilité et de réactivité à l'organisation, il faut donner de l'autonomie aux équipes et les responsabiliser sur l'impact de leur tra- vail dans la performance et la pérennisation de l'entreprise [Bauchet, 2005]. C'est donc la performance du système de maintenance qui donnera au système de production les meilleures conditions pour l'exercice de ses fonctions.