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2. ENVIRONNEMENT

2.6. LE MOBILE BANKING AU SÉNÉGAL

2.6.2. OFFRE DE MOBILE BANKING

(1) Tous les principaux SFD du Sénégal ont lancé ou projettent de lancer des services de mobile banking.

Le mobile banking est bien à l’ordre du jour au Sénégal, avec plusieurs prestataires privés soucieux de proposer une offre en ce domaine. Il reste toutefois difficile de clarifier l’état d’avancement de la plupart des entreprises en cours ou projetées.

L’utilisation des NTIC et notamment de la téléphonie cellulaire s’inscrit en effet dans :

 une démarche d’innovation technologique où les projets peuvent évoluer très rapidement du point de vue technique, mais souvent présenter des gros écarts entre les services annoncés et ceux effectivement lancés sur le marché ;

 un contexte concurrentiel où la confidentialité des projets est souvent de rigueur (aspects techniques en phases de prototypage ou de pilote ; aspects commerciaux des partenariats signés ou en cours de négociation).

Le tableau ci-dessous résume les principaux projets dont la mission a eu connaissance et qui impliquent des SFD. Certains sont de simples systèmes d’échanges d’information par SMS, d’autres offrent des services financiers basés sur le transfert d’argent et parfois la monnaie électronique. Ils évoluent tous les jours aussi est-il difficile d’avoir une photo précise sans qu’elle soit déjà obsolète et, bien sûr, il est difficile de savoir l’état d’avancement exact de ce qui n’est pas encore opérationnel. Les 3 premiers fonctionnent effectivement. Les 4 suivants (en bleu pâle) sont à l’étude et le dernier (bleu plus foncé) a été abandonné.

- HORUS Development Finance - Résumé des projets MB impliquant des SFD

nom fourn. 

technique banque  SFD services date 

démarrage commentaire

Prévoient distribution scratch cards prépayées par un réseau de clients à constituer

Souhaitent l'ouvrir à tous les SFD

Wari CSI CNCAS

nov‐09 réseau d'agents : petites mutuelles + Total + Assurco + divers A signé avec la Poste (21/10/09)

FERLO mobile FERLO ECOBANKUMECUDEF  IMCEC

mobile en  projet

- monétique interopérable GIM-UEMOA existante, peine à se développer

- projet mobile banking (sur technologie Java) - EME agréé

CIF Sysde PAMECAS transferts par SMS en cours 

étude

dans le cadre du CIF étudie avec SYSDE (l'éditeur de leur logiciel SAF) un projet de Mobile banking interfacé avec SAF

projet CMS TMS BIAO CMS large gamme de services  prévue

en cours  étude

projet CBAO CBAO CPS en cours 

étude CPS sollicite CBAO

COFIP abandonnéont contacté ACEP & CAURIE - apparemment n'ont

pas réussi à négocier avec les Telco

LEGENDE :  en cours en projet abandonné

(2) ACEP a lancé avec People Input une offre de mobile banking : Mobile Cash, qui a vocation à s’ouvrir à d’autres SFD ; des discussions sont en cours avec PAMECAS à cet effet. ACEP a demandé dans ce cadre l’agrément en tant qu’Établissement de Monnaie Électronique.

L’offre Mobile Cash dont le pilote a démarré chez ACEP au mois de juin 2009, avec extension et campagne d’affichage en octobre, permet à un client d’ACEP d’ouvrir un compte de monnaie électronique Mobile Cash, de charger ce compte et d’effectuer des transferts d’argent via SMS, quel que soit son opérateur téléphonique et le modèle de son téléphone portable. Le coût pour un client est de 200 CFA par SMS et de 5% HT de commission sur le montant transféré. Le paiement de factures est opérationnel pour le bouquet satellite Deltanet-TV ; son extension est notamment freinée par la difficulté à négocier avec les grands ‘facturiers’. Le remboursement de crédit, annoncé, n’est pas encore opérationnel en attendant la finalisation de l’interface avec le SIG ACEP.

Il est prévu de lancer des cartes de rechargement de compte Mobile (cartes prépayées de différentes valeurs faciales), permettant de diffuser via un réseau de commerçants la recharge du porte-monnaie électronique. Dans ce sens, ACEP a déposé un dossier d’agrément en tant qu’émetteur de monnaie électronique auprès

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de la Banque Centrale dont l’obtention ne devrait pas poser de problème. ACEP a également demandé à ses caisses de commencer à identifier parmi ses clients des agents potentiels. Le mode opératoire prévu permettra des chargements de porte-monnaie électronique par le réseau mais les retraits resteront concentrés dans les agences ACEP, ce qui limite l’étendue du service offert par le réseau.

La plateforme de service est hébergée par People Input qui a développé la solution et qui se rémunère à la transaction. People Input (www.peopleinput.com) est une société sénégalaise fondée en juillet 2001. Elle a commencé par offrir des applications de gestion et du web et s’est lancé dans le SVA depuis 2005 au BKF, Mali, Cameroun, Togo.

(3) La société CSI (Cellular Systems International) a lancé au mois de novembre 2009 avec la CNCA-S « Wari », une solution de transfert d’espèces qui aurait pour objectif d’évoluer à terme vers une plate-forme de services incluant le porte-monnaie électronique et le paiement de factures, d’échéances de prêts et d’achats chez des marchands.

CSI a d’abord fourni une solution de notification des transferts d’argent pour la Poste (CallMoney). Sur les mêmes bases techniques, elle a lancé le système Wari sous couvert de la CNCA-S, et a conclu des partenariats de distribution sans exclusivité avec Total Sénégal, la compagnie d’assurances Asssurco et plusieurs SFD : Microcred, le REMEC Niayes, la MVCE (Mutuelle des Volontaires et Contractuels de l’Education) et plusieurs mutuelles d’épargne/crédit isolées. Le réseau de départ comptait 148 agents ; il a été étendu par la contractualisation avec divers commerçants.

La société CSI (Celllular Systems International) est une société sénégalaise fondée le 20 mai 2008 qui a pour ambition de concevoir ou d’adapter des solutions technologiques qui seront hébergés sur sa plate-forme de services : applications de mobile banking pour les SFD, paiement de factures, gestion des droits pour les membres de mutuelles de santé, etc. Le modèle économique de CSI est de se rémunérer sur une base transactionnelle, les services étant fournis et logés sur sa plateforme technique.

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(4) La société SOLID (Solution Informatique Durable) a développé une application de SMS-banking pour PAMECAS et a essayé de lancer une plate-forme de services mobiles.

SOLID (www.solid.sn) est une société de service informatique sénégalaise qui a notamment assisté PAMECAS dans le développement de son offre de « SMS banking ».

Un client de PAMECAS ayant fait activer le service (Pamecas 262666) peut ainsi interroger le solde de son compte d’épargne à vue ou de son compte d’épargne nantie, via SMS. Le client est facturé 300 CFA par SMS. Ce service n’a jamais été activement promu par PAMECAS et est peu utilisé.

SOLID nous a dit avoir développé une solution comprenant la consultation de solde par SMS, le chargement de portemonnaies électroniques par scratch cards, le paiement de factures par SMS et le transfert de compte à compte mais PAMECAS n’a pas pour le moment choisi de mettre en place les autres composantes. Cette société a pour ambition d’être un fournisseur de solutions technologiques prêt à organiser la mise en place et l’hébergement d’un panel de services (services communs à plusieurs SFD et services dédiés à chaque institution) sur sa plate-forme portail. SOLID serait également en train de mettre en place une offre mobile pour la BHS.

(5) L’offre « Orange Money » a l’avantage de s’appuyer sur le principal opérateur téléphonique du Sénégal, disposant d’un réseau commercial très étendu. Après d’importants retards, son lancement au Sénégal est annoncé pour début 2010.

Orange Money est le projet qui apparaît comme le plus important, par sa dimension régionale et les capacités opérationnelles et commerciales d’Orange. Sonatel-Orange est aussi le seul opérateur téléphonique sénégalais ayant manifesté son intention de lancer une offre mobile banking. Le partenaire bancaire du projet est la BICIS, qui est en charge de l’émission et de la garantie de la monnaie électronique.

Orange Money doit permettre aux clients d’Orange d’ouvrir un compte de monnaie électronique et d’effectuer des dépôts et retrait d’argent auprès de partenaires – agents distributeurs, des transferts d’argents entre clients Orange Money, des achats de crédit téléphonique Orange, et à terme des paiements de biens et services auprès de commerçants accepteurs et des paiements de factures.

Orange a signé une convention de partenariat non exclusive avec la Poste qui offrira les opérations Orange Money dans ses 140 bureaux et établissements connectés par VSAT. Des accords sont également en négociation avec des SFD et avec des

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commerçants appartenant au réseau de distribution Orange mais achoppent sur le modèle économique.

L’ambition d’Orange est d’offrir ce service dans une vingtaine de pays, dont la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal et le Niger. Orange Money a démarré en Côte d’Ivoire depuis décembre 2008. Elle compterait à ce jour entre 100 000 et 150 000 utilisateurs selon les sources. Le volume des transferts sur la première année serait de 1,6 milliard de FCFA pour un montant moyen de transaction de 21 000 FCFA (plafond réglementaire : 100 000 FCFA par transaction) [infos Jeune Afrique].

(6) La société Ferlo a mis en place une plateforme monétique avec un système de cartes de paiement électronique destiné au marché de la microfinance. Membre du GIM-UEMOA, elle démarre le lancement de cartes prépayées et inclut le mobile dans son plan de développement.

La plate-forme monétique FERLO existe déjà depuis plusieurs années et a été testée par plusieurs SFD de la sous-région, notamment par PAMECAS au Sénégal. Elle a pour vocation d’offrir un service monétique complet aux établissements de microfinance : cartes (personnalisées au logo du SFD partenaire), terminaux de paiement auprès de commerçants partenaires, DAB et serveur informatique (hébergé et maintenu chez Ferlo). La carte privative FERLO peut-être utilisée comme une carte de débit (valeur prépayée stockée sur la carte), une carte de crédit (avec plafond fixé sur la carte, déterminé par le SFD émetteur pour par exemple des clients avec salaires domiciliés) et comme un porte-monnaie électronique (avec rechargement sur des bornes dédiées).

D’après nos entretiens chez Ferlo, les institutions sénégalaises ayant contracté avec Ferlo sont : PAMECAS, UMECUDEFS, UIMCEC et DJOMEC. Toutefois elles n’utilisent pas le service actuellement, pour des raisons différentes : PAMECAS a arrêté suite à des problèmes techniques, U-IMCEC attend la nouvelle carte interopérable. Par ailleurs, la CNCAS a un projet à l’étude pour utiliser la carte Ferlo en réception de transferts MoneyGram (le destinataire du transfert pourrait ainsi choisir de choisir de recharger sa carte au lieu de retirer des espèces).

La société FERLO (www.ferlo-sn.com) est membre du GIM-UEMOA et a été agréé par la BCEAO en qualité d’établissement de monnaie électronique au Sénégal (Décision N° 098-05-08, BCEAO). Le 10 août 2009, elle annonçait le lancement de cartes monétiques prépayées, Ecobank assurant l’émission de la monnaie électronique. Ces cartes bénéficieront de l’interopérabilité avec les autres réseaux adhérents au GIM.

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Selon le directeur de Ferlo, l’intégration du canal téléphone mobile est prévue en 2010, avec des applications mobiles utilisant les fonctions GPRS des téléphones portables.

(7) L’un des éléments délicats de l’offre de monnaie électronique est l’exploitation à des fins commerciales des données sur les transactions réalisées.

Lorsqu’une banque est impliquée dans un projet Mobile Banking, dont elle constitue le garant, elle a accès aux informations concernant toute les transactions effectuées en monnaie électronique. Elle peut alors repérer les clients potentiels les plus intéressants et leur faire des offres adaptées. C’est par exemple le cas de la BICIS avec Orange Money.

Le risque est alors pour les SFD que le mobile banking donne aux banques un outil pour repérer et démarcher leurs meilleurs clients.