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1. PRÉSENTATION DU CONCEPT DE MOBILE BANKING – RAPPEL

1.3. CONTEXTE GLOBAL

(1) Bien que récentes, les expériences de mobile banking connaissent un essor spectaculaire dans certains pays du monde, et tout particulièrement certains systèmes initiés par des opérateurs téléphoniques proposant des services de transferts d’argent.

Les expériences les plus connues de mobile banking en microfinance dans le monde ont été à l’initiative d’opérateurs téléphoniques : on les nomme « telco-led ». Parmi ces expériences, il convient de citer plus particulièrement :

 M-PESA au Kenya, dont l’opérateur est Safaricom (Vodaphone). Le pilote fut lancé en octobre 2005 avec une aide publique de DFID. Le déploiement commercial démarra en mars 2007. A juin 2009 : 9000 agents de proximité, plus de 6 millions d’utilisateurs inscrits (1 adulte sur 4) qui utilisent M-PESA essentiellement pour effectuer des transferts d’argent domestiques et de l’épargne sur porte monnaie électronique ;

 SMART Money (Smart Communications, en partenariat avec Banco de Oro) et GCash (Globe Telecom)) aux Philippines : 9 millions de clients inscrits (dont 3 millions actifs), 9000 agents au total.

Le succès rencontré par ces initiatives d’opérateurs téléphoniques peut s’expliquer par de nombreux facteurs, le premier d’entre eux étant que leurs initiateurs ont su identifier puis répondre à un des besoins majeurs des populations non ou mal bancarisée : celui de pouvoir effectuer des transferts d’argent de façon sécurisée, à moindre coût que par les moyens formels (sociétés de transferts d’argent) ou informels préexistants. Les opérateurs téléphoniques disposaient en effet d’un certain nombre d’atouts: une approche marketing particulièrement soucieuse de connaître et de répondre aux besoins d’une clientèle qu’il s’agit d’étendre et de fidéliser en dépit de très fortes pressions concurrentielles, le besoin de créer de nouveaux services à valeur ajoutée à même de compenser une baisse tendancielle du revenu moyen par client, la capacité organisationnelle et financière de déployer des projets innovants très rapidement, la maîtrise technologique du canal mobile.

(2) Cependant, nombre d’expériences sont à l’initiative d’institutions financières ou d’opérateurs indépendants.

De nombreux systèmes de mobile banking ont vu le jour à l’initiative d’institutions financières souhaitant améliorer la desserte de leur clientèle et étendre leur réseau.

D’autres expériences cherchent de façon plus résolue à atteindre une population non encore bancarisée. Un exemple célèbre est celui de WIZZIT, opéré par une société de

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prestation de services bancaires appartenant à la South African Bank of Athens, lancé en 2005, utilisé maintenant par plus de 250 000 personnes.

Le tableau 3 ci-dessous donne un aperçu de plusieurs de ces expériences de Mobile Banking. Nombre d’entre elles ont été appuyées par le CGAP.

Tableau 3 : Aperçu des principaux projets de Mobile banking (Source : CGAP)

(3) Les systèmes de mobile banking peuvent être catégorisés selon qu’ils suivent, en matière réglementaire, un modèle de base de type « bancaire » ou un modèle « non-bancaire ». Des modèles hybrides se développent également.

La différence essentielle entre les modèles dit « bancaires » ou « non-bancaires » ne réside pas dans la nature de l’organisme qui est à l’origine du système ou qui le pilote, mais dans la relation entre le client du mobile banking et l’institution financière. Le CGAP résume ainsi les deux modèles (source Focus Note 43) :

Dans le modèle bancaire, les clients ont une relation contractuelle directe avec une institution financière agréée et soumise au contrôle prudentiel —via un compte de transaction ou d’épargne, un prêt ou une combinaison d’instruments—, même si le client a parfois uniquement affaire avec les agents du ou des détaillant(s) retenus pour effectuer des transactions pour le compte de la banque (ainsi, même les transactions occasionnelles, telles qu’une opération de paiement, sont effectuées par une institution financière).

Dans le modèle non bancaire, les clients n’ont pas de relation contractuelle directe avec une institution financière pleinement agréée et soumise au contrôle prudentiel. Ils s’adressent plutôt à un détaillant, auquel ils versent un montant en espèces en échange d’un enregistrement électronique de même valeur. Ce

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compte virtuel est enregistré sur le serveur d’une institution non bancaire, tel qu’un opérateur de téléphonie mobile ou un émetteur de cartes prépayées. Dans les deux cas, il y a nécessairement création de monnaie électronique détenue dans un porte-monnaie électronique (PME). Une fois que le client a noué une relation avec le prestataire non bancaire, il peut donner des ordres de virement au profit de tout membre du réseau et recevoir des paiements de n’importe quel participant. Dans le cas d’un système fondé sur un réseau de TPE et des cartes en plastique, le client se rend chez un détaillant participant chaque fois qu’il veut effectuer une transaction. Dans le cas d’un système fondé sur le téléphone mobile, le client ne se rend chez le détaillant que pour approvisionner son compte électronique [« cash-in »] ou reconvertir cette monnaie électronique en espèces [« cash-out »].

Il convient de noter que, même dans le « modèle non bancaire », les banques interviennent généralement dans le dispositif (l’opérateur non bancaire place les fonds garantissant la monnaie électronique sur des comptes de dépôts de gros dans des banques commerciales agréées).

Notons que la dichotomie entre modèle bancaire et non bancaire tend à s’estomper, avec des systèmes qui tendent à combiner ces deux modèles.

Des modèles « bancaires » cherchent de plus en plus à diversifier leurs offres de services et à gagner en efficacité en ouvrant leurs systèmes à d’autres institutions financières que l’institution d’origine (mutualisation de moyens) et en développant des services de paiements ouverts à des non-clients.

Des modèles « non-bancaires » cherchent à développer des partenariats avec des établissements financiers. Ainsi, le service GCash de Globe Telecom (qui propose des comptes virtuels prépayés aux abonnés de téléphonie mobile) travaille en partenariat avec les établissements membres de l’Association des banques rurales des Philippines. Les clients peuvent faire un dépôt en espèces auprès d’un agent de GCash pour approvisionner leur compte virtuel et utiliser ensuite leur téléphone mobile pour envoyer par SMS des ordres de remboursement de prêt, de dépôt, de retrait ou de transfert à partir d’un compte d’épargne.

(4) Les technologies utilisées sont variées, un même système pouvant utiliser une combinaison de plusieurs d’entre elles.

Le mobile banking peut utiliser des technologies variées, allant du SMS (le plus

« simple ») au WAP (disponible sur peu de téléphones), en passant par exemple par l’USSD (la technologie utilisée dans les menus de rechargement). Le choix des

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technologies résulte d’un arbitrage entre facilité d’utilisation, de déploiement, compatibilité avec le parc de téléphones, coût, sécurité, et évolutivité.

Le tableau ci-dessous esquisse un comparatif générique des principales technologies utilisées :

Il est important de noter que les plateformes de mobile banking peuvent souvent gérer plusieurs technologies, parfois en les combinant (par exemple : l’usage de sessions USSD pour faciliter la saisie de la transaction par le client et l’envoi de messages de confirmation par SMS).

De plus, le mobile banking peut intégrer l’usage d’autres équipements : ainsi pour des agents de proximité effectuant un grand nombre de transactions, il peut être efficace de prévoir des terminaux plus sophistiqués que le téléphone.

Une étude détaillée des technologies utilisées au Sénégal et utilisables dans le cadre du projet Mobile Banking mutualisé a été réalisée. Un extrait est présenté dans le chapitre 2.5 Technologies mobile utilisables au Sénégal. Le rapport détaillé de cette étude est joint en annexe 4.

(5) Pour permettre de rapprocher les transactions cash des clients, le mobile banking recourt à des réseaux d’agents de proximité.

Lorsque le mobile banking est utilisé pour effectuer des transferts en espèces, des dépôts ou des retraits, l’opération d’encaissement ou de décaissement physique est

Technologies Portables Opérateurs Facilité de Déployment

Facilité d’usage

pour le client

SMS TOUS TOUS - MOYENNE

USSD TOUS MAJORITE - MOYENNE

Sim ToolKit GSM

uniquement GSM MOYENNE FACILE

BREW CDMA

uniquement CDMA DIFFICILE MOYENNE Java (J2ME) MAJORITE TOUS DIFFICILE MOYENNE

WAP (CHER) TOUS - MOYENNE/

DIFFICILE Technologies Portables Opérateurs Facilité de

Déployment

Facilité d’usage

pour le client

SMS TOUS TOUS - MOYENNE

USSD TOUS MAJORITE - MOYENNE

Sim ToolKit GSM

uniquement GSM MOYENNE FACILE

BREW CDMA

uniquement CDMA DIFFICILE MOYENNE Java (J2ME) MAJORITE TOUS DIFFICILE MOYENNE

WAP (CHER) TOUS - MOYENNE/

DIFFICILE

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réalisée auprès d’un agent de proximité agréé par l’Opérateur MB. La validation et le suivi de l’opération physique est réalisée grâce au téléphone portable ou à un autre type de connexion (ex : internet) en fonction des équipements contextes. Ces agents peuvent être des guichets de banques, de SFD, de la poste, des commerçants, etc.

La constitution et l’animation d’un réseau d’agents sont au cœur des dispositifs de mobile banking ayant pour but d’offrir la possibilité d’effectuer des opérations en espèces de proximité.

(6) Principaux enjeux et difficultés.

Les principaux challenges des dispositifs de mobile banking sont liés :

aux aspects réglementaires (Cf. Partie 2.4. Environnement réglementaire) ;

 au fonctionnement d’un réseau d’agents lorsqu’il existe : identification, suivi-contrôle, gestion de la trésorerie, …

 à la mise en place d’un dispositif le plus large possible, permettant un accès à tous les clients quel que soit leur opérateur téléphonique ;

 à la répartition des coûts d’investissement et des revenus entre les acteurs impliqués : opérateurs téléphoniques, institutions financières, agents, fournisseurs de solution technique. Le modèle économique doit permettre de servir les clients à un coût raisonnable afin que le dispositif ait un intérêt ;

 à l’adoption par les différents segments de clientèle visés, et notamment par les plus pauvres ;

 dans le cas d’un système lié à des institutions financières, à la capacité de leur SIG à être compatible avec un tel dispositif ;

 à la sécurité du dispositif, qui conditionne sa pérennité et la confiance des clients.

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