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C OEFFICIENTS DE M ORAN DU BEC A S EN 1999 ET 2006 Coefficient I de Moran*

Matrice des capabilités (Cap)

C OEFFICIENTS DE M ORAN DU BEC A S EN 1999 ET 2006 Coefficient I de Moran*

1999 2006

BECaS 0,1180 (1%) 0,2466 (1%)

3.2.2. Une représentation de la fracture socio-spatiale : association spatiale du BECaS

Il s’agit donc de répondre à la question suivante : la fracture socio-spatiale divise-t-elle l'ensemble du territoire francilien ou bien concerne-t-elle certaines portions particulières de la région Île-de-France ? Où se trouvent ces zones critiques ? Pour le savoir, on utilise la statistique d'auto-corrélation locale LISA (Anselin, 1995) qui permet d'étudier le regroupement spatial statistiquement significatif de valeurs similaires ou dissimilaires autour de chaque unité spatiale. Cinq types d’association spatiale peuvent être identifiés :

 Pôle de pauvreté : unités spatiales défavorisées entourées d’unités spatiales défavorisées  Pôle de richesse : unités spatiales favorisées entourées d’unités spatiales favorisées  Poche de pauvreté : unités spatiales défavorisées entourées d’unités spatiales favorisées  Oasis de richesse : unités spatiales favorisées entourées d’unités spatiales défavorisées  Autres : association spatiale statistiquement non significative (à 10%)

La Carte 2 présente la distribution des cinq types d’association8 pour les niveaux de BECaS des communes et arrondissements franciliens en 2006.

Un premier fait stylisé remarquable est que pour la grande majorité des communes et arrondissements franciliens, l'association spatiale des niveaux de BECaS des populations n'est pas significative (unités spatiales représentées en blanc sur la Carte 2). En d'autres termes, la plupart du territoire de l'Île-de- France est composé de vastes zones d'unités spatiales contiguës dont les populations disposent de niveaux de bien-être plutôt proches de la moyenne francilienne et qui, de ce fait, ne se distinguent pas statistiquement les unes des autres de manière significative. Cela implique que la différenciation socio- spatiale identifiée dans la section précédente ne se traduit pas par une hiérarchisation complète de l'espace de la région francilienne par les niveaux de bien-être.

Par contraste avec cette relative indifférenciation d'une grande partie de la région Île-de-France, on voit apparaître aux deux extrêmes de la hiérarchie du bien-être des massifs bien délimités d'unités spatiales dont les populations disposent de niveaux de BECaS statistiquement très éloignés de la moyenne des populations franciliennes. Du côté des populations favorisées, deux zones se démarquent.

sont pas disposées au hasard dans l’espace des zones étudiées, mais sont proches pour deux unités spatiales voisines (resp. éloignées). Les unités spatiales géographiquement proches sont aussi statistiquement proches (resp. éloignées), et on conclut à la présence d’une auto-corrélation spatiale positive (resp. négative). Lorsque I est significativement proche de E

I

, on conclut à l’absence d’auto-corrélation spatiale : aucun lien significatif ne peut être établi entre la proximité statistique et la proximité géographique des unités spatiales (Aubry, 2000).

8 Une mise en garde s’impose. Compte tenu de la sensibilité de la mesure de la statistique LISA à la définition du

voisinage (ici, une matrice de voisinage de type Reine à un degré de contiguïté), les résultats présentés dans cette section doivent être interprétés comme donnant une indication de la localisation dans la zone étudiée de « massifs » de communes caractérisées par tel ou tel type d’association spatiale avec leurs voisines ; il est plus problématique de les utiliser pour identifier nominalement des communes renvoyant à tel ou tel type d’association spatiale.

Au Sud de la région les alentours de Fontainebleau sont composés d'unités spatiales qui se distinguent par des niveaux de BECaS particulièrement élevés, et à l'Ouest de Paris une vaste zone s’étendant de Rueil- Malmaison à Gressey à l'extrême Ouest de la région.

Du côté des populations défavorisées, une unique zone d'unités spatiales disposant de niveaux de BECaS significativement faibles existe. Cette zone s’étend sur une portion importante de la région en recouvrant le triangle formé par Argenteuil dans les Hauts-de-Seine, Montreuil en Seine-Saint-Denis et Mauregard, près de Roissy, en Seine-et-Marne. Il est intéressant de remarquer que cette zone pauvre mord sur une grande partie de la capitale, puisqu'elle englobe les 9ème, 10ème, 11ème, 18ème, 19ème et 20ème arrondissements.

Un autre résultat saillant est celui de la très grande proximité géographique, aux portes de Paris, entre des pôles d'unités spatiales, dont les populations se situent aux extrêmes opposés de l'échelle du BECaS : seules les communes de Nanterre, Puteaux, Suresnes (en allant vers le Sud) séparent en effet la zone très favorisée de l'Ouest de la zone très défavorisée du Nord. Ainsi, la fracture spatiale se déploie au cœur économique de la région francilienne, et à cet endroit la transition entre les niveaux de bien-être des populations est extrêmement rapide. Avançons ici l'hypothèse que ce fait stylisé contribue sans doute à la conscience exacerbée de la fracture socio-spatiale dans les représentations publiques.

Carte 2

DISTRIBUTION DES CINQ TYPES D’ASSOCIATION POUR LES NIVEAUX DE BECAS DES COMMUNES

ET ARRONDISSEMENTS FRANCILIENS EN 2006

As s ociation s patiale du bien-être capabilis te (2006) Îlot de richesse (28) Îlot de pauvreté (40) Pôle de pauvreté (82) Pôle de richesse (115) association spatiale non significative (1020)

S N

W E

Paris intra-muros

4. L’aggravation de la fracture socio-spatiale du BECaS entre 1999 et 2006

4.1. Une fracture sociale moins prononcée mais une fracture socio-spatiale plus marquée

entre 1999 et 2006

L’objectif est d’apprécier le fondement empirique du sentiment d'aggravation de la fracture socio- spatiale. On mesure la corrélation entre le BECaS des populations des unités spatiales franciliennes en 1999 et leur évolution entre 1999 et 2006. On constate que le coefficient de corrélation de Spearman est égal à -0,577 (avec une significativité à 5%). Cela signifie que plus le BECaS de 1999 est faible, plus son évolution est favorable entre les deux recensements. Apprécié d'un point de vue a-spatial, ce résultat pointe donc un phénomène global de rattrapage des BECaS, évolution impliquant a priori un desserrement de la problématique de la fracture sociale entre les populations des communes et arrondissements franciliens au cours de la dernière période inter-censitaire. Couplée au constat d’une augmentation du bien-être capabiliste spatialisé global (noté

Lin

) de l’Île-de-France entre les deux

recensements (tableau 4), cette évolution semble être en opposition avec l’inquiétude grandissante sur le devenir de la cohésion sociale dans la région. Pourtant, cela ne signifie pas pour autant que la fracture socio-spatiale s’est résorbée. Le bien-être capabiliste spatialisé global de la région Île-de-France, noté

Lin

s’écrit :

(4)

Tableau 4