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PARTIE II. CLARIFICATIONS CONCEPTUELLES ET PRESENTATION DE

5.1 Observations ethnographiques

L’identité professionnelle, nous l’avons vu, est multidimensionnelle et fluctuante. Elle se manifeste et se construit en fonction et dans des situations d’interactions, entre individus et entre groupes, dans lesquelles des stratégies de différenciation ou de rapprochement vont contribuer à définir et à organiser les échanges. C’est pourquoi nous avons choisi d’observer des occasions de rencontre entre PE et PC afin de mettre au jour les éléments explicites et implicites qui contribuent à la structuration des deux groupes professionnels. Nous attachons une importance particulière aux traits activés pour se différencier (Barth, [1969] 2008), traits qui ne sont pas strictement ceux qui différencient les deux corps enseignants.

5.1.1 Présentation des terrains de recherche

Nous avons travaillé sur trois réseaux école-collège : Lescure, Lautréamont et Marcillan, tous les trois situés dans le sud-ouest de la France.

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5.1.1.1 Des réseaux particuliers

Nous avons évoqué le poids des variables contextuelles dans l’identité professionnelle des enseignants et leur lien avec une autre composante de cette identité, la culture pédagogique. Nous avons en conséquence choisi des terrains de recherche qui permettent de mieux saisir l’impact de ces variables contextuelles au travers des milieux dans lesquels se situent ces réseaux (urbain, semi-urbain et rural) et des types de population accueillie (favorisée, mixte ou défavorisée). Le tableau suivant présente les trois réseaux et leurs spécificités contextuelles :

Tableau 4 : Présentation des réseaux école-collège observés

Réseau Milieu Population accueillie

Lescure Semi-urbain Favorisée

Lautréamont Urbain Défavorisée (REP +)

Marcillan Rural Mixte

Le réseau Lescure est composé d’un collège accueillant environ 600 élèves et de trois écoles (entre 250 et 300 élèves par école élémentaire). La population accueillie est très favorisée (70% de CSP + d’après la principale). Les résultats au brevet se situent entre 88% et 93% ces dernières années (pour une moyenne académique autour de 85%). Le taux d’obtention de mentions se situe aux environs de 65% ces dernières années (60% au niveau académique).

Le réseau Lautréamont est composé d’un collège d’environ 500 élèves et de quatre écoles de secteur (chaque école élémentaire accueillant dans les 150 élèves). Il fait partie du dispositif REP +, ce qui lui permet de bénéficier de moyens supplémentaires : davantage d’heures d’enseignement (permettant par exemple le travail en petit groupe), la possibilité pour le Principal de recruter des enseignants sur poste à profil, un accompagnement éducatif des élèves et des heures de concertation (1h30 par semaine pour les PC et 9 jours sur l’année pour les PE). Ces heures de concertation sont en partie destinées à favoriser la liaison école- collège. De plus, un coordonnateur de réseau et référent pédagogique assure le lien entre les différents établissements ainsi qu’avec les partenaires extérieurs. Enfin, le collège accueille une Segpa (Section d’enseignement adaptée) et une ULIS (Unité localisée pour l'inclusion scolaire). Les résultats au brevet dans ce collège (entre 65 et 75% ces dernières années) sont

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inférieurs à la moyenne académique. Le taux de mention à cet examen suit cette même courbe (environ 40% sur le collège pour 60% au niveau académique).

Le réseau Marcillan comprend un collège de 750 élèves et onze écoles de secteurs (accueillant entre 80 et 190 élèves par école élémentaire pour certaines sur plusieurs sites). Bien que le collège soit dans une petite ville de province (18 000 habitants), nous l’avons classé dans les réseaux ruraux de par la structure des écoles qui le composent (petites structures, nombreuses classes à multiples niveaux, éloignement des structures culturelles, etc.). Le taux de réussite au brevet est conforme à la moyenne académique (autour de 85%) et la proportion de mentions un peu inférieure (entre 50% et 60% sur ces dernières années contre 60% au niveau académique). Ce réseau a un statut particulier dans notre analyse car travaillant sur le collège, nous sommes en observation participante et avons pu avoir accès à de nombreuses données de façon informelle.

5.1.1.2 Des inégalités économiques

Le tableau suivant présente des statistiques concernant ces trois territoires (issues des données de l’INSEE) qui permettent d’appréhender le niveau socio-économique de la population des trois réseaux :

Tableau 5 : Statistiques socio-économiques sur les trois territoires observés (de 2013)

Commune55 Part des ménages propriétaires de leur résidence principale56

Part des ménages fiscaux imposés57 Taux de chômage des 15 à 64 ans58 Taux de pauvreté59 Lescure 72,6% 72% 8,5% 5,7% Lautréamont 33,1% 41,8% 22,7% 26,5% Marcillan 47,4% 46,8% 19,2% 21,4% 55

Les communes sont celles sur lesquelles le collège du réseau se situe. Pour faciliter la lecture du tableau, nous leur avons donné le même nom que le réseau mais elles ne correspondent pas strictement aux territoires de recrutement des établissements. Les réseaux Lescure et Marcillan sont plus étendus que les communes de référence, le réseau Lautréamont l’est moins (deux collèges sont implantés sur la même commune).

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Source : Insee, RP2013 exploitation principale en géographie au 01/01/2015.

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Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-Ccmsa, - Fichier localisé social et fiscal en géographie au 01/01/2014.

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Sources : Insee, RP2008 et RP2013 exploitations principales en géographie au 01/01/2015.

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Ce tableau montre les différences importantes entre les territoires. Si ceux-ci ne correspondent pas strictement à l’étendue des réseaux correspondants, on peut néanmoins dire que la population des réseaux se rapproche de celle des communes pour lesquelles nous avons des données statistiques.

La commune de Lescure apparaît bien comme particulièrement favorisée comme le montre la part élevée des ménages qui sont propriétaires de leur habitation et de ceux qui sont imposés. De même, la faible proportion du taux de chômage et de pauvreté sont des indicateurs de la richesse des habitants du territoire. Ces statistiques sont très différentes sur les communes des deux autres réseaux. Celle de Lautréamont apparaît comme particulièrement défavorisée avec des taux de chômage et de pauvreté importants. Etant donné que, sur cette commune, il y a deux collèges et que celui du réseau Lautréamont est le plus défavorisé (le seul classé en REP +), on peut penser que la population de ce réseau est encore plus en difficulté économiquement que ce que ne révèlent ces statistiques. La commune de Marcillan semble à peine plus favorisée et encore loin des moyennes nationales de taux de chômage (19,2% contre 13,6% en 2013 en France), de taux de pauvreté (21,4% contre 14%en France) et du taux de propriété de sa résidence principale (47,7% contre 57,7% en France). Néanmoins, si l’on regarde les statistiques de certaines petites communes dépendant également de ce réseau, on voit que ce dernier est plus mixte qu’il n’y paraît puisque les taux de chômage et de pauvreté tombent à 13% dans certaines et la part des ménages propriétaires de leur résidence avoisine les 90% dans l’un des villages.

5.1.1.3 Les terrains en quelques mots

Nous avons vu que le réseau Lescure est dans un environnement semi-urbain. Il accueille une population très favorisée et obtient de bons résultats au diplôme national du brevet. Nos différentes observations sur ce terrain, couplées aux réponses au questionnaire et à des entretiens plus ou moins formels avec des membres de ce réseau nous amènent à mettre en avant quelques éléments en première approche. Les PC sont particulièrement satisfaits d’y enseigner mais, pour le Principal adjoint, « c’est pas parce qu’ils sont contents d’eux que ce sont des bons profs, loin de là » [discussion informelle]. Ils privilégient les meilleurs élèves au détriment de ceux en difficulté, certains enseignants allant jusqu’à dire, lors d’une réunion entre PC, qu’« on peut pas faire de la remédiation, ça va dégrader l’image du collège ». Ce point est particulièrement problématique pour la Principale qui souhaiterait que les enseignants s’intéressent davantage aux élèves en difficulté et se remettent pour cela en cause

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pédagogiquement. Elle demandera par exemple l’aide de l’Inspectrice du premier degré sur le secteur lors d’un CEC (Conseil école-collège) afin que la discussion avec les PE permette aux PC de faire évoluer leurs pratiques en direction des élèves les plus fragiles. D’autres éléments caractérisent ce réseau, comme un discours des enseignants sur les parents très négatif, voire agressif. De plus, on trouve une grande proximité entre PE et PC à la fois dans les façons de travailler (d’après les réponses au questionnaire), et dans le fait que les enseignants se connaissent (les enfants des PE et PC étant scolarisés sur le secteur). Pour autant, il n’y a pas véritablement de travail en commun, et des incompréhensions, voire des reproches, apparaissent de part et d’autre.

Lautréamont, en zone urbaine, accueille une population particulièrement défavorisée. Nous avons pu y constater une grande proximité entre PE et PC qui ont l’habitude de se fréquenter et de travailler ensemble (du fait des dispositifs spécifiques au REP+). Il existe néanmoins des difficultés pour mettre en place une action pédagogique concertée qui a pu se manifester dans le fait que les PE et PC ont fini par travailler séparément lors des journées de formation dédiées au réseau.

Marcillan, en milieu semi-rural et accueillant une population mixte à défavorisée, est le réseau sur lequel il y a eu le plus d’évolution concernant la relation entre les PE et les PC. Au premier CEC observé, nous avons constaté que les enseignants des deux degrés ne se connaissaient pas : pas d’habitude de travail commune, un réseau trop vaste pour que les enseignants se côtoient en dehors de l’école (11 écoles sont rattachées au collège sur une zone géographique importante). Au fur et à mesure des occasions d’échanges (lors des CEC et des visites des CM2 au collège), des liens se sont créés. Pour autant, il y a eu peu de travail en commun et les projets observés ont plus abouti à une juxtaposition de pratiques qu’à de véritables échanges. Notre position d’observatrice travaillant au collège nous a permis de relever des discours parfois très durs des PC sur les PE.

Dans ces trois réseaux, les variables contextuelles influencent les relations entre enseignants. Les éléments suivant facilitent les liens entre les deux degrés : un nombre de classes de CM2 rattachées au collège qui ne soit pas trop important afin que le nombre d’enseignants ne le soit pas non plus ; une zone géographique suffisamment restreinte permettant les déplacements entre établissements sans coût important (notamment lorsque les déplacements peuvent s’effectuer à pied ou en transport en commun) ; un milieu plutôt

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favorisé faisant que les enseignants vivent sur le secteur et aient l’occasion de se connaître en dehors de l’établissement (notamment en ayant des enfants scolarisés dans les écoles du secteur pour les PC et au collège pour les PE) ; des occasions de rencontre institutionnelles (nombre de CEC organisés, les dispositifs de formation spécifiques en REP +). Si ces éléments facilitent la proximité physique des enseignants, ils ne sont pas pour autant un gage de travail en commun.

5.1.2 Contexte des observations

Les modalités d’accès à nos terrains de recherche ont été spécifiques à chaque réseau. Pour Lescure, nous connaissions à titre personnel l’une des directrices d’école élémentaire. Grâce à sa recommandation, le Principal adjoint du collège nous a autorisé l’accès à son établissement et à ses enseignants. Pour Lautréamont, nous avons démarché le coordonnateur du réseau. C’est lui qui nous a communiqué les dates de différentes occasions de rencontres entre PE et PC et nous y a invitée. Enfin, à Marcillan, nous étions nous-même enseignante dans le collège du réseau.

Le tableau suivant résume les différentes situations que nous avons pu observer ainsi que les entretiens réalisés pour mieux comprendre le fonctionnement des réseaux :

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Tableau 6 : Observations et entretiens effectués sur les trois réseaux

Réseau Observations Entretiens

Lescure Une visite de classe de CM2 au collège (toute une journée) -26/05/2015

Une commission d’harmonisation CM2-6e

où les PE donnent les informations sur les futurs 6e – 23/06/2015

Une réunion PC sur le fonctionnement général du collège avec un point sur la liaison école-collège (+ une intervention de 15 mn devant les PC sur les réponses au questionnaire du collège) – 29/06/2015 Un conseil école-collège – 14/11/2015

Principale du collège*60 Principal adjoint*

Inspectrice du premier degré*

Une PE, directrice d’une école élémentaire

Lautréamont Une commission d’harmonisation CM2-6e où les PE donnent les informations sur les futurs 6e -08/06/2015 Une journée de réflexion sur l’enseignement de l’anglais au cycle 3 (Commission langue) – 16/10/2015

Un conseil école-collège – 17/11/2015

Coordonnateur du réseau Une PC

Un PE

Marcillan Deux visites de classes de CM2 au collège avec leurs enseignants (sur la journée) – 22/05/2015 et 04/06/2015

Observations flottantes en salle des professeurs – de septembre 2014 à juin 2016

Trois conseils école-collège -22/01/2015, 28/05/2015 et 07/01/2016 Principale du réseau Inspectrice du premier degré* Deux PC Un PE

Une PE détachée au collège

Etant nous-même professeure en collège, les occasions d’observer les échanges entre enseignants ont été tributaires de notre emploi du temps et du degré de connaissance des réseaux. Ainsi, à Lautréamont, où les échanges ont été les plus développés, nous n’avons pu observer que trois situations (dont une sur une journée complète). A Lescure, quatre situations ont été observées et pour deux d’entre elles, c’est notre contact, directrice d’école sur le

60

Les entretiens indiqués par « * » se sont déroulés de façon informelle et n’ont pas pu être enregistrés. Ils ont été retranscrits à partir de prises de notes le jour-même de la discussion.

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réseau, qui nous a informée de leur tenue. A Marcillan, cinq situations, soit la totalité des rencontres sur le réseau entre septembre 2014 et juin 2016, ont pu être observées.

Ces observations ont été complétéespar des entretiens formels ou informels avec des acteurs de ces réseaux : Principaux de collèges, coordonnateur de réseau, Inspecteurs, enseignants.

5.1.3 Modalités de recueil des données : rendre l’observateur transparent

Chaque observation a donné lieu à des prises de notes sur un carnet de terrain. Nous avons fait le choix de ne pas enregistrer les occasions de rencontre, ni en audio ni en vidéo. En effet, il s’agit ici de rendre l’observateur le plus « transparent » possible. Les moments propices aux observations étant peu nombreux (peu de CEC organisés, peu de visites d’élèves de CM2 au collège par exemple), les enseignants n’auraient pas eu le temps de s’habituer à une présence plus outillée. Nous pensons que ce choix a permis l’émergence d’une parole plus libre et d’accéder aux points de tension entre les deux populations d’enseignants.

Les notes dans notre carnet de terrain se sont concentrées sur la forme et le fond des rencontres : prises de parole (qui dit quoi, à qui et comment ?), positionnement des corps (choix des places, directions des regards, etc.), groupe de référence (expressions comme « nous », « on »), mécanisme des prises de décision (qui ? comment ?), thématiques abordées (celles qui font consensus et celles qui font l’objet de désaccord avec un accent particulier sur les divergences entre PE et PC). Ces notes ont permis de reproduire de façon quasi exhaustive les paroles des intervenants. Nous avons veillé à retranscrire ce qui se passe au moment des situations observées mais également avant et après celles-ci, ces « dits et chuchotements » qui donne une « profondeur humaine » (Teyssedre, 2012, p. 158) aux observations. Dans le réseau de Marcillan, nous avons également noté le discours des PC sur les PE lors de moments informels notamment en salle des professeurs.

Nous avons retranscrit chaque observation dans la semaine suivant celle-ci de façon linéaire, en respectant le déroulement chronologique. Pour certaines, nous avons recueilli des documents annexes (programmes des visites des CM2 au collège, fiches d’activité proposées aux élèves, comptes rendus officiels des réunions, etc.). Enfin, nous avons discuté avec les acteurs de ces réseaux (enseignants, Principaux, adjoints, Inspecteurs, coordonnateur pour le REP+) de façon plus ou moins formelle. Un entretien avec la Principale du collège de Marcillan, et un avec le coordonnateur de Lautréamont, ont été enregistrés et intégralement

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retranscrits. Pour les entretiens plus informels, lorsque cela a été possible, nous avons pris des notes sur le moment ; quand la situation ne s’y prêtait pas (notamment avec les Inspectrices du premier degré, la Principale et le Principal adjoint de Lescure), nous avons retranscrit les échanges de mémoire dans l’heure suivant l’entretien. Notre priorité a toujours été de favoriser une parole la plus libre possible en faisant oublier autant que faire se peut le dispositif d’enquête. Les personnels de direction de Lescure auraient-ils évoqué les conflits qu’ils vivent avec les PC de leur collège en étant enregistrés ? L’Inspectrice de Marcillan aurait-elle parlé de sa surprise et de son agacement face à des PC de mathématiques ne souhaitant manifestement pas travailler avec les PE sur leur discipline si elle avait été enregistrée ? Rien n’est moins sûr.

5.1.4 Analyse des observations

Nous avons d’abord analysé les retranscriptions de nos notes de terrain pour chaque situation observée en dégageant les thèmes importants. Le discours a été retranscrit dans un tableur faisant apparaître qui parle, à qui il s’adresse, quel thème il aborde et ce que cela dit de la relation école-collège. Nous avons porté une attention particulière aux logiques d’acteur mises en jeu, aux modes de communication, aux rapports de domination et aux traits activés pour se distinguer.

Afin de mieux faire comprendre notre méthodologie, nous allons développer deux analyses particulières, une issue de l’observation d’une commission langue sur le secteur de Lautréamont, la deuxième de l’observation d’une rencontre CM2-6ème

à Marcillan. 5.1.4.1 Analyse d’une situation en détail : la commission langue à Lautréamont

Cette commission a duré toute une journée. Elle rassemblait 3 PC d’anglais du secteur, 7 PE et un conseiller pédagogique. L’objectif affiché était de travailler à la continuité des apprentissages de l’anglais sur le cycle 3, notamment en créant des outils pour tous les PE du réseau. Dans notre retranscription, pour cette observation comme pour les autres, nous commençons par indiquer le contexte et la façon dont nous avons été invitée. Puis, nous faisons le plan de la salle avec le positionnement des individus :

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Figure 7 : Positionnement des individus lors de la commission sur les langues à Lautréamont

Dans chaque situation, le statut des individus est indiqué (notamment PE ou PC) éventuellement complété par la discipline et l’établissement scolaire. Ensuite peu débuter l’analyse du discours associée à celle des corps (notamment les positionnements, les adresses de paroles, le caractère détendu ou non des interlocuteurs, les signes de connivences, etc.). L’extrait d’analyse suivant se rapporte à cette étape :

Figure 8 : Extrait de l’analyse de la Commission langue sur le réseau Lautréamont

Pour chaque intervention est indiqué celui qui parle, à qui (ici, la colonne « A qui » n’est pas renseignée car les interventions sont en direction de toute la salle, il n’y a pas d’adresse particulière à un enseignant), ce qu’il dit et la façon dont cela peut être interprété. Dans cet extrait on voit de quelle façon PC6 manœuvre pour, en prenant garde de ne pas heurter la susceptibilité des PE, les amener à modifier leur rapport à la discipline « anglais », discipline qui pour elle n’est pas travaillée de façon suffisamment sérieuse par les PE. Les

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remarques sont le fruit des observations, mais également d’une discussion informelle avec PC6 et l’une des PE, pendant laquelle PC6 nous a confirmé prendre des précautions pour que les PE ne se sentent pas dévalorisés, alors que la PE a expliqué qu’elle ne percevait pas les critiques sous-jacentes au discours de PC6.

Cette première étape sert de base à la suivante dans laquelle nous allons pouvoir comptabiliser pour chaque individu : les interventions, les adresses qui lui sont destinées, les questions qu’il pose, les réponses données à d'autres, les adresses explicites à un autre enseignant (à qui), les apartés (avec qui). Nous allons également pouvoir analyser de façon thématique le discours. Ici, l’analyse a fait apparaître les thématiques suivantes : la pratique, la discipline anglais, les difficultés des élèves, les spécificités de l'école, la liaison école- collège, les critiques/limites sur les PE, les éléments positifs sur les PE, l’expertise des PC, la