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SYSTEMES MULTI-AGENTS ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE DISTRIBUEE

5. elles peuvent avoir un mécanisme d’adaptation de leurs attributs et paramètres internes en

1.3.7 Observation et contrôle du SMA

L’observation et la manipulation contrôlée du SMA par un utilisateur peut le renseigner sur

certaines propriétés particulières de l’environnement ou du SMA lui-même, qualifiées alors de résultat.

On aborde ici la dernière partie de la proposition, dans laquelle on introduit un facteur essentiel de la fonctionnalité d’un SMA, mais qui est malheureusement souvent occulté :

l’utilisateur. Nous avons déjà insisté sur le rôle du concepteur, mais celui-ci, dès que l’on sort

d’une stricte perspective de recherche, n’est pas l’utilisateur de « son » système. Lors de la conception, il cherche à obtenir un certain comportement, qui présente des régularités suffisantes pour être exploitables pour des environnements changeants, puis, il « remet les clés » à un utilisateur qui a une représentation (une image mentale) différente du problème, du système, et de l’état d’avancement du processus. Et la conception doit intégrer ce facteur.

a. Observation d’un SMA par l’utilisateur

En particulier, du fait de sa complexité intrinsèque, mais aussi du caractère global de son fonctionnement, un SMA doit être muni d’un processus d’observation, qui en donne une représentation utilisable par rapport à l’objectif fixé. Dès lors que l’on travaille avec plusieurs agents, et qu’il s’agit réellement d’un SMA, il devient inopérant de suivre en parallèle, et sans présentation partagée, les dynamiques individuelles des agents. Dans le cas où les agents sont plongés dans une espace topologique, la représentation au sein de cet espace est une solution « naturelle » ; mais quand il n’existe pas de tel support, il faut choisir une « projection » qui illustre les interrelations et la structure globale. A cet égard, l’utilisateur est lui-même un instrument du processus, car la production du sens ou la traduction symbolique de l’état du système, résultent, la plupart du temps, de l’interprétation par l’utilisateur de ce qui lui est présenté.

b. Dimensions d’observation

En matière d’utilisation des SMA, il est difficile de généraliser, mais on peut cependant retenir quelques dimensions d’analyse :

• Le SMA est-il supposé converger, c’est-à-dire atteindre un état stable dans le temps ? ou, est-ce son évolution elle-même qui est l’objet de sa construction ?

• Existe-t’il une hiérarchie de signification ou d’importance entre les agents, c’est-à-dire y-a t’il des agents qui sont exploités par d’autres, mais qui ne sont pas représentatifs de l’état « observable » du système ?

• L’état des agents est-il signifiant individuellement, ou est-ce la structure globale qui est pertinente ?

• Le système est-il sensible à l’initialisation ? Celle-ci est-elle imposée par la donnée de l’environnement ?

• Peut-on « mesurer » l’état du système de telle façon que cette mesure soit suffisante pour son exploitation, et permette de s’affranchir de l’observation directe du SMA ?

L’analyse en fonction de ces questions doit permettre de déterminer le type de processus d’observation qu’il faut mettre en œuvre, depuis une forme distribuée, directe (p.e. une « carte » des agents), jusqu'à une forme synthétique, abstraite (p.e. un indice numérique unique de distance à l’objectif, ou un codage grammatical). Le concepteur, qui fournit l’interface du SMA, va donc avoir non seulement un modèle du fonctionnement de son SMA, mais aussi un modèle de la perception de son SMA par l’utilisateur. Et ce modèle, pour que le SMA soit « efficace », doit induire une interface qui évite les mauvaises interprétations quant à la dynamique du système.

c. Contrôle par l’utilisateur

Par ailleurs, si certains SMA sont « autonomes », au sens qu’ils peuvent produire

automatiquement un résultat (une forme observable) à partir d’un environnement, le plus

souvent, l’utilisateur reste « dans la boucle » pour spécifier ce qu’il recherche, pour ajuster en fonction de l’état du processus, ou parce que le SMA est exploité itérativement pour identifier un modèle (cas des simulations). L’interface est donc naturellement « bidirectionnelle ». Les points d’entrée possibles pour l’utilisateur sont multiples :

• Tout d’abord l’environnement, qui est l’entrée principale ou la commande, lorsqu’il existe et est accessible. Sa modification entraîne en général une reconfiguration du

Modèles Multi-Agents pour l’Aide à la Décision et la Négociation en Aménagement du Territoire

70 SMA, qui, observée par l’utilisateur, traduit l’abstraction de nouvelles caractéristiques par rapport à l’environnement précédent.

• Puis tous les paramètres internes des agents, qu’il s’agisse des dynamiques, des schémas d’interaction, ou des critères de stabilité. Leur modification est plus sensible par rapport au système initialement conçu. Un SMA « stable » au sens de sa conception, et utilisé comme outil de traitement de l’information de l’environnement, ne devrait que marginalement être modifié par l’utilisateur dans ses paramètres internes. Les variables accessibles dans ce cas se limitent le plus souvent aux variables collectives (nombre d’agents, organisation). En revanche, lorsque le SMA est utilisé comme outil d’exploration de dynamiques complexes, et sert à identifier des modèles, alors l’ajustement se fait précisément sur les dynamiques locales, en fonction des formes globales obtenues. Le cas des « agents assistants » ou « agents interfaces » est particulier, dans la mesure où ils maintiennent en permanence une représentation interne de l’utilisateur. Mais il n’y a pas de différence fondamentale avec un autre système de croyance, et le contrôle par l’utilisateur transite par la modification soit indirecte de l’environnement, soit directe via une entrée explicite.

• Enfin, le processus et la structure même du SMA peuvent être modifiés ; mais dans ce cas, l’intégrité du SMA par rapport aux intentions du concepteur n’a plus grand sens, et l’utilisateur devient, de fait, "co-concepteur" du SMA. Dans ce cas, il s’agit plutôt d’un outil de développement de SMA, que d’un SMA en tant que tel.

d. Relations entre utilisateurs

Comme nous l’avons dit en préalable, les agents sont des entités artificielles ; et donc, malgré la tentation d’une vision unifiée des SMA, l’utilisateur ne peut être considéré comme un agent. En revanche, et en particulier pour les agents « informationnels » ou « communicants » sur les réseaux ouverts, l’ensemble des « autres » utilisateurs peut être considéré comme une partie de l’environnement du SMA ; car, même s’ils varient dans le temps, ils constituent une entrée du processus. Le statut de l’utilisateur « cible » est différent, car il accède au SMA, qui accède à l’environnement, qui inclut les autres utilisateurs. Du point de vue du concepteur, il y a bien deux types de modèles : un utilisateur « client », et un ensemble d’autres utilisateurs « sources ».