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CHAPITRE I : MISE AU POINT CONCEPTUELLE

II .LE CONCEPT DE PROJET URBAIN

2. LA GESTION DU PROJET DANS LE TEMPS

3.1 LES OBJECTIFS DE LA CONCERTATION

Aujourd’hui, il existe dans les discours des décideurs une réelle volonté de concerter. Le risque est d’aboutir à des concertations menées uniquement pour elles-mêmes, dans le but d’annoncer qu’il y a bien eu concertation et non pour prendre en compte les

avis qui pourraient s’exprimer. Or, la concertation est essentielle car les objectifs qu’elle se propose d’atteindre conditionnent souvent le bon déroulement de l’opération.

La concertation peut constituer un outil d’aide à la décision et pourra même enrichir le projet au fur et à mesure de son élaboration. En particulier, elle pourra favoriser :

• la diffusion de l’information et le recueil des avis.

• le gain de temps et …d’argent.

Parfois, on reproche à la concertation d’entraîner des surcoûts importants et d’allonger les délais. Cela est vrai lorsque la concertation se limite à une opération de communication ou lorsqu’elle est improvisée très en aval de l’élaboration du projet. Par contre, quand elle est intégrée dès le début du projet, elle permet d’éviter des erreurs, des remises en cause et des modifications tardives. Procéder à de larges concertations permet aussi d’ajuster le projet afin de réduire les dysfonctionnements éventuels. Elle constitue ainsi une méthode de travail à part entière qui peut contribuer à faire gagner du temps et donc de l’argent.

• l’appropriation du projet par les habitants.

Lorsqu’on crée un aménagement, on souhaite qu’il s’intègre ensuite dans la ville existante et devienne un des éléments du quotidien des citadins, en quelque sorte leur propriété. La concertation peut contribuer à éviter des réactions de rejet, à sensibiliser les gens à des problèmes auxquels ils n’avaient pas pensé. Elle aide ainsi à fonder solidement le projet que l’on envisage de réaliser. Il importe aussi de créer une

dynamique favorable sur le long terme.

Si l’on veut éviter que le projet ne rejoigne, dans les archives, les multiples « belles esquisses » qui n’ont jamais pu voir le jour, il faut qu’il soit porté par tous les acteurs intéressés.

En matière de concertation, la dimension temps ; s’avère également primordiale ne serait ce que pour l’importance de l’habitude dans l’appropriation de la ville, le décalage dans le temps entre deux interlocuteurs ou encore la nécessité de pouvoir mûrir un avis. Le choix du rythme de travail a une influence sur la construction du projet. Trois écueils sont à éviter :

-Un calendrier trop serré ne laisse pas aux acteurs le temps de la maturation nécessaire à la compréhension des problèmes qui leur sont présentés. Il est important de permettre aux gens de pouvoir prendre du recul par rapport à l’information qui leur est donnée et de se constituer un avis sur le dossier qu’on leur soumet et éventuellement de consulter d’autres personnes à ce sujet.

-Un calendrier trop distendu pose d’autres problèmes. Les gens finissent par se désintéresser du sujet et d’autres préoccupations peuvent venir interférer avec la démarche.

-Au delà de ce problème de gestion du temps en lui-même, d’autres critères interviennent bouleversant le calendrier prévisionnel établi. Un projet peut soulever des problèmes techniques qui constitueront un frein au bon déroulement de l’opération voire même à la remettre en cause.

Enfin, il apparaît important de souligner la difficulté suscitée par les différents rapports au temps des acteurs du projet. Les impératifs économiques des investisseurs et promoteurs qui supposent d’agir selon un calendrier serré entrent la plupart du temps en contradiction avec la nécessaire maturation du projet telle que nous l’avons évoquée. En ce qui concerne l’élu, le calendrier électoral joue un rôle déterminant alors que pour les techniciens, le temps nécessaire aux études doit être pris en compte.

4. UNE EQUIPE PLURIDISCIPLINAIRE

L'application de la méthodologie de projet s'impose partout comme étant la meilleure démarche pour aller vers des objectifs stratégiques émergeant d'une négociation commune entre de multiples experts.

L'ère des stratèges et des managers s'est partout affirmée avec la présence, dans tous les projets, des experts de la prévision, de l'évaluation et de la communication.

Nous sommes dans l'art du management stratégique utilisé par les structures privées mais aussi publiques. Cette entrée en force s'accompagne du développement de "système d'expertise" qui tranche avec l'idée d'une expertise souveraine.

Les experts doivent apprendre à composer entre eux ou avec de multiples partenaires clients ; une des conséquences est de repositionner leurs savoirs spécifiques dans une logique d'échange. Pour ces raisons, les compétences de négociation et de médiation sont de plus en plus nécessaires. Pour instaurer cette collaboration permanente, il y a

une transversalité des qualifications et une demande de polyvalence chez les spécialistes confinés, jusqu'ici, à traiter un seul aspect des projets.

Enfin, les systèmes d'intervention deviennent sophistiqués, s'appuyant sur des méthodes de consultation dont l'expression la plus simple est le Workshop. Même l'appel à des signatures architecturales prestigieuses ne résout pas la totalité des incertitudes du projet urbain ; sa définition s'accompagne toujours d'une méthodologie de consultation impliquant une multitude d'acteurs.

Sur un autre plan, celui de l'éthique des rôles professionnels, deux éléments entrent en jeu : la relation du professionnel à la population et au marché. La concertation avec la population modifie le jeu des acteurs professionnels. Nombre de projets s'efforce de reconstruire une relation avec les populations destinataires. Les exemples de chefs de projet à Vaulx-en-Velin ou Manchester (voire à Birmingham) sont caractéristiques de cette recherche de médiation entre techniciens et sociétés civiles. Cette résurgence de la relation à la population s'exprime dans le cas de Berlin dans une relation typiquement commerciale ou pour les projets Vinex et Bilbao par des stratégies de communication élaborées. De la médiation classique par la concertation ou la participation, cette relation dans certains pays se technicise dans la communication faute d'une tradition dans ce domaine.

La diffusion généralisée d'une idéologie entrepreneuriale est l'occasion de nombreuses remises en question de la part des professionnels de la planification urbaine. Dans l'ingénierie publique, les approches technocratiques, souvent jugées inaptes à saisir la complexité des situations, sont remises en cause. C'est en partie un mode d'exercice qui est critiqué : il est demandé un supplément de productivité, de responsabilité, de flexibilité, de rapidité. La présence plus prégnante d'experts venus du monde de l'entreprise et qui relèvent d'un modèle international engage vers une transformation sensible de l'éthique des professionnels de l'urbain.