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Chapitre 3 – Glasgow la rouge

3. L’héritage politique de la Clyde rouge

3.2. Vers un nouveau paysage politique

Au point de vue électoral, les années après-guerre marquent un changement considérable – celui d'un mouvement général en faveur de la gauche parlementaire. Même si les travaillistes4 ont enregistré quelques succès électoraux avant 1914, c'est après la guerre

1 Ibid., p. 363.

2 Ibid., p. 363.

3 Federation of British Industries.

4 Par commodité, nous utiliserons le terme générique « travailliste » dans le développement qui suit pour deux raisons. 1) La distinction entre les différentes organisations de gauche n'est pas toujours claire à une période où le paysage politique à gauche est en perpétuel mouvement (en tout cas jusqu'à la création officielle du Glasgow Labour Party en 1913); 2) Même après la création du Glasgow

Labour Party, il n'est pas utile de faire une distinction sémantique entre le Labour et l'ILP (Independent Labour Party) : le terme « travailliste » s'applique d'autant plus facilement aux deux organisations que

les relations entre elles sont étroites (l'ILP est affilié au Labour entre 1906 et 1932). Les étiquettes ILP et Labour seront mobilisées quand cela apparaît nécessaire et pertinent pour la clarté du développement.

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que la structuration du champ politique à Glasgow se dessine clairement en faveur de l'établissement des travaillistes comme force politique principale. C'est toutefois un processus qui répond à des enjeux et des dynamiques différents selon qu'il s'agit des élections municipales ou parlementaires. À Glasgow, les travaillistes demeurent dans l'opposition au conseil municipal jusqu'en 1933 alors qu'ils enregistrent un succès retentissant dès 1922 aux élections législatives. La loyauté des habitants de Glasgow au parti travailliste sera dès lors une caractéristique forte de l'identité politique de la ville1.

L'agitation ouvrière de 1915-1916 n'a pourtant pas de répercussion immédiate en termes de représentation parlementaire. Alors qu'ils n'avaient présenté que deux candidats aux élections de 1910, les travaillistes en présentent dans toutes les circonscriptions sauf une en 1918 avec l'espoir d'obtenir trois élus, voire cinq selon les estimations optimistes. La campagne est menée par l'ILP qui se présente comme un parti de rassemblement des militants en provenance d'un large spectre d'organisations de gauche2 qui avaient fait cause

commune, même pendant une courte période, contre les employeurs, l'État et la direction nationale du parti travailliste pendant la guerre. Dix des quatorze candidats travaillistes sont effectivement issus de l'ILP, ce qui reflète son rôle moteur dans le mouvement ouvrier à Glasgow à la fin de la guerre, résultat des diverses campagnes qu'il a menées dès avant la guerre puis pendant la guerre sur le thème du logement et de la participation des femmes. Les grèves des loyers ont considérablement augmenté le prestige et l'influence de l'ILP qui a par ailleurs également acquis beaucoup d'influence parmi la classe ouvrière en forgeant des réseaux efficaces avec les syndicats et dans beaucoup d'usines de Glasgow. Le nombre d'adhérents à la branche écossaise de l'ILP triple entre 1914 et 1918. De son côté, le développement des syndicats, lui aussi entamé avant la guerre, se poursuit. Les divisions entre réformistes et révolutionnaires ne se font pas encore jour et l'ILP parvient à mener un front de gauche unie qui permet alors d'envisager une meilleure représentation aux élections.

L'ILP est mieux organisé que le Labour qui n'a pas de section locale organisée. L'organisation de l'ILP à Glasgow est bien plus ancienne que celle du Labour. L'ILP naît en 1893 et prend formellement la suite du Scottish Labour Party de Keir Hardie, fondé en 1888, large coalition de syndicalistes, de socialistes, de radicaux, de partisans de la réforme agraire, de nationalistes irlandais et de Libéraux en rupture avec leur parti, pour disputer les

1 Irene Maver, op. cit., p. 249 « a characterising feature of city politics ».

2 Par exemple, John Maclean se présente avec l'investiture travailliste dans les Gorbals et son bras droit James McDougall à Tradeston.

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élections de 1888. Après ces élections, le Scottish Labour Party maintient sa présence et se mue en parti socialiste. Quand l'ILP prend sa suite, le parti est celui qui est le plus clairement identifié avec la lutte pour la représentation travailliste. L'ILP établit des sections locales à Glasgow à la fin des années 1890. Il obtient quelques succès électoraux à cette époque mais perd du terrain au milieu des années 1900. À la faveur de l'implication politique de l’assemblée des métiers de Glasgow qui soutient les candidats travaillistes, l'ILP parvient à établir à nouveau une représentation significative au conseil municipal avant la guerre. Pendant les années vingt, l'ILP est très influent et actif dans le travail de propagande et pendant les campagnes électorales grâce à l'activité de ses militants.

L’ILP savait, quand il le voulait, être habile tactiquement et impitoyable pour parvenir à ses fins en termes de politique et de choix des candidats.1

Prêt à constituer des coalitions et des alliances et à y être actif, mais également prêt à agir seul quand cela était nécessaire, l’ILP fut le garant de la continuité dans les campagnes électorales des travaillistes à partir des années 1890 jusqu’à sa séparation du Parti travailliste au début des années trente. Par conséquent, dans les questions aussi bien organisationnelles que politiques, l’ILP joua un rôle crucial.2

Les élections de 1918 sont finalement une cruelle désillusion pour le parti travailliste et l'ILP puisqu’un seul député travailliste est élu à la Chambre des Communes sur les quinze possibles à Glasgow et un sur cinq à Édimbourg. Beaucoup d'électeurs potentiels, principalement des ouvriers démobilisés, n'ont pas pu voter à cause de problèmes d'inscription sur les listes électorales3. John Maclean est battu dans les Gorbals,

John Wheatley à Shettleston. Seul Neil Maclean est élu à Govan avec une avance assez réduite sur son rival. Avec dix sièges, les conservateurs sont les grands gagnants. Sur l'ensemble du territoire écossais, il n'y a que six élus travaillistes à l'issue des élections de 1918. Dans les villes anglaises, la situation est la même puisque sur les cinquante-six sièges à pourvoir à Manchester, Leeds, Bristol, Liverpool, Sheffield et Birmingham, seuls trois sont pris par des élus travaillistes ou ILP (deux sur dix possibles à Manchester et un sur six à Leeds)4.

1 J. J. Smyth, Labour in Glasgow 1896 – 1936: socialism, suffrage, sectarianism, East Linton, Tuckwell Press, 2000, p. 99 : « The ILP could, when it chose, be tactically astute and ruthless to get its own way in terms of policy and the selection of candidates. »

2 Ibid., pp. 6-7 : « Committed to acting in and creating coalitions and alliances, but prepared to act on its own when necessary, it was the ILP which provided the thread of continuity in Labour's electoral campaign from the 1890s through to its eventual disaffiliation from the Labour Party in the early 1930s. In both organisational and political terms, therefore, the role of the ILP was crucial. »

3 Ibid., pp. 91-92.

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Iain McLean mobilise ce revers électoral comme preuve que l'agitation radicale pendant les années de guerre et les évènements de la Clyde rouge n'ont pas d'influence dans la montée du vote travailliste après guerre. Nous pensons, au contraire, en suivant J. J. Smyth, qu'il s'agit d'une défaite en trompe l'œil qui montre simplement que le parti travailliste n'était pas encore en mesure de littéralement balayer l'opposition. Ce revers n'entrave pas le mouvement de fond qui se dessine en faveur des travaillistes1.

Le premier succès électoral des travaillistes aux élections parlementaires à Glasgow devra donc attendre 1922. Les candidats de l’ILP emportent alors dix des quinze sièges dans la région de Glasgow. Quelques figures des luttes de l915-1916 et de 1919 sont élues. L'ILP montre son influence toujours grandissante à Glasgow avec l’élection de James Maxton, John Wheatley et David Kirkwood. Parmi les anciens leaders du CWC, seuls Kirkwood et John Muir sont élus députés en 1922. Le transfert du vote irlandais du parti libéral vers l'ILP, soit environ 20% des voix travaillistes, y est pour la première fois déterminant. Avec 32% des voix à Glasgow, contre moins de 10% à Édimbourg, l’ILP est devenu le plus grand parti d'Écosse2. Aux élections parlementaires de 1923, 1924 et 1929,

les travaillistes assoient leur domination. En 1931 toutefois, les circonstances nationales ont un impact important sur les élections parlementaires. Aux élections d'octobre 1931, les travaillistes ne conservent que 4 sièges sur 10 à Glasgow. En 1935, la tendance s'inverse. L'ILP gagne quatre circonscriptions et le Labour cinq. Les Unionistes s'installent comme la principale force d'opposition. Ils visent l'électorat féminin des classes moyennes et assouplissent leur ligne politique.3 La Grande Guerre a sonné le glas du vote libéral. Les

divisions internes chez les Libéraux précipitent la chute du parti qui, malgré de meilleurs résultats aux élections de 1922 et 1923 finit par disparaître complètement du paysage politique à Glasgow à partir de 1924, alors qu'il avait été le parti dominant pendant le siècle précédent4. Une majorité de l'électorat libéral se déplace vers le parti unioniste tandis que

1 J. J. Smyth, op. cit., p. 93. « While the 1918 result is a necessary corrective to any simplistic notion that Labour was about to sweep away all opposition, it should not be allowed to disguise the extent of Labour's progress. »

2 T. M. Devine, op. cit., pp. 311-314.

3 Irene Maver, op. cit., p. 233. « While Labour seemed to capitalise on the Liberal vacuum among the working-class electorate, the Unionists worked diligently to woo the middle classes. Part of this strategy involved a change of image towards an altogether more mellow brand of politics, which espoused social welfarism and distanced the party from the kind of Protestant 'die-hardism' associated with the true-blue wing of Unionism. The female vote was specifically targeted, especially in middle-class districts, where the number of women electors was proportionately high. »

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l'autre partie est attirée par le radicalisme de l'ILP1. Glasgow est devenue la ville la plus

« rouge » de Grande-Bretagne avec Sheffield : 42% des électeurs glaswégiens votent travailliste contre 25% à Birmingham et à Liverpool2.

La route vers le pouvoir au conseil municipal s'avère beaucoup plus longue et difficile pour les travaillistes. La complexité des enjeux locaux pendant les années vingt et le début des années trente rendent la percée des travaillistes plus difficile3. En 1920, quand

l'ensemble des sièges au conseil municipal est soumis au renouvellement4, ils obtiennent

quarante-quatre sièges sur cent onze, contre dix-neuf en 1914. En fait, ils ne font que consolider leur représentation dans les circonscriptions où ils avaient déjà enregistré des succès électoraux avant-guerre5. En 1914, ils disposent d'un nombre de conseillers

municipaux relativement important (même s'il était nettement insuffisant pour envisager de prendre le pouvoir), le parti travailliste de Glasgow est fondé en 1913 et il bénéficie de l'appui politique de l'ILP qui est parvenu à politiser la question du logement. Après 1918, les travaillistes tirent donc parti des jalons qui avaient été posés avant-guerre et sont donc en mesure d'exploiter les opportunités politiques qui se présentent. Les travaillistes commencent aussi à dépasser leurs réticences face à l'électorat pauvre et féminin6. Ils

attirent donc les votes des ouvriers pauvres ainsi que ceux considérés comme « respectables » qui se détournent progressivement du vote libéral.

Jusqu'en 1933, les élections municipales opposent les travaillistes aux Modérés7.

Tous les candidats qui s'opposent aux travaillistes sont en fait étiquetés « Modérés ». Il ne s'agit pourtant pas d'un parti avec une existence formelle et officielle en dehors de la mairie. Les Modérés sont en fait un mélange d'Unionistes, de Libéraux et de personnalités sans étiquette politique qui regrettent l'intrusion des partis politiques dans la gestion de la ville et dont le principal dénominateur commun est le rejet des socialistes8. Après la guerre, de

Glasgow. Irene Maver, op. cit., p. 233. Le dernier député libéral à Glasgow, Sir John Collie, représente la circonscription de Partick entre 1922 et 1923.

1 Irene Maver, op. cit., p. 233. 2 T.C. Smout, op. cit., p. 259.

3 Irene Maver, op. cit., p. 235. « Politics was volatile in Glasgow because the drastic impact of the depression seriously tested the abilities of those in position of power. »

4 C'est la première fois depuis 1896.

5 Hutchesontown (un quartier des Gorbals) et East End en particulier.

6 J. J. Smyth, op. cit., p. 31. « Had Labour been able to rid itself of its fear of the residuum and women voters earlier, it might well have enjoyed greater success before 1914. »

7 Les Modérés deviennent alors le parti progressiste (Progressive Party).

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nombreuses organisations anti-socialistes voient le jour dont l'objectif est d'empêcher les socialistes d'accéder au pouvoir à la mairie. Elles se regroupent sous l'appellation Glasgow

Good Government League en 19201 qui assure la coopération entre Libéraux et Unionistes et

empêche ainsi les travaillistes de bénéficier d'une division des votes à droite. Pendant les années vingt, ce sont surtout les travaillistes qui pâtissent de l'éparpillement des votes à cause de la concurrence des partis d'extrême gauche. La percée électorale des travaillistes au niveau municipal en 1920 n'a pas de suite immédiate puisqu'ils restent dans le rôle d'une opposition, certes substantielle mais permanente, jusqu'en 1933. La grève générale de 1926 permet quelques gains pour les travaillistes qui ont alors cinquante-et-un conseillers municipaux sur cent onze. En 1930, ils retombent à quarante-trois conseillers municipaux, contre soixante-huit pour les Modérés2. Le système électoral joue en défaveur d'une partie

de l'électorat travailliste, à savoir les femmes, pour lesquelles le droit de vote est plus restrictif que pour les élections parlementaires3.

En 1932, L'ILP se désaffilie du parti travailliste, sans conséquence importante sur le résultat des élections municipales de la même année. Au moment de la séparation, il y a quarante-quatre conseillers municipaux travaillistes à Glasgow, dont quarante membres de l'ILP. Seuls huit d'entre eux restent à l'ILP. Malgré les divisions à gauche (parti travailliste – ILP – parti communiste), la présence de la Scottish Protestant League (SPL)4 et de quatre

significant after 1918. The overriding concern for right wing opinion was the need to contain Labour. Anti-Bolshevism or anti-socialism was the rallying cry in the post-war years and it operated very successfully in local politics. »

1 La Glasgow Good Government League n'a pas de personnel permanent et n'est active en faveur des Modérés qu'à l'approche des élections pour sélectionner les candidats et s'assurer qu'ils n'entrent pas en compétition entre eux.

2 J. J. Smyth, op. cit., pp. 101-105. Voir également Ibid., pp. 105-110 pour un examen détaillé des résultats des élections municipales entre 1918 et 1933.

3 Ibid., p. 98 : « The impact of the wartime unrest and the franchise reform of 1918 allowed Labour the opportunity to more fully harvest this support. » Le Representation of the People Act de 1918 confère le droit de vote aux femmes âgées de plus de 30 ans ainsi qu'à tous les hommes, y compris les plus pauvres, à partir de 21 ans. Le nombre d'électeurs passe de 779 000 à 2 205 000. Le nombre d'inscrits sur les listes électorales de Glasgow, en tenant compte de l'extension des limites administratives de la ville, passe de 87 036 en 1910 à 524 008 en 1918. La majorité des nouveaux inscrits, en raison de leur statut économique, sont potentiellement des électeurs travaillistes. Voir

Ibid., pp. 23-27 et pp. 121-124 pour une analyse détaillée des conséquences complexes du Representation of the People Act de 1918 sur l'électorat à Glasgow aux élections municipales et

nationales.

4 La Scottish Protestant League fait un passage rapide mais remarqué dans le paysage politique écossais. Elle est dirigée par Alexander Ratcliffe et se distingue par un militantisme protestant agressif dont le programme politique se cantonne à un anti-catholicisme féroce envers la population catholique d'origine irlandaise. La SPL milite pour l'abrogation de la loi sur l'éducation de 1918 qui intègre les écoles catholique dans le système public d'éducation et en prévoit le financement. Leur crédo le plus connu est « No Rome on the Rates! ».

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candidats nationalistes, la représentation au conseil municipal ne change guère. Les Modérés conservent la majorité avec dix-huit sièges d'avance aux élections de novembre 1932. Il faut l'irruption de la SPL sur la scène politique à Glasgow pour faire basculer le conseil municipal en faveur des travaillistes l'année suivante. Les Modérés perdent dix-sept sièges, dont douze dans des circonscriptions où le siège a été disputé par la SPL. D'un autre côté, la SPL ne prend aucun siège au Labour. L'ILP conserve un groupe d'élus au conseil municipal jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale1 mais reste surtout influent dans

l'East End de la ville, fief politique de James Maxton, où le Labour ne présente pas de candidats2.

4. Conclusion

La masse des travailleurs n’était pas bolchevique, de même que la grande majorité de leurs meneurs. Mais, en 1919, Glasgow fut ce que la Grande-Bretagne connut de plus proche d’une situation révolutionnaire au vingtième siècle. Une erreur majeure du gouvernement aurait pu déclencher une insurrection. Quelques décisions stratégiques des meneurs de la Clyde Rouge auraient pu amener les ouvriers à prendre localement le pouvoir. À une ou deux exceptions près, telles que John Maclean, les meneurs de la Clyde Rouge n’étaient pas des révolutionnaires. Calvinistes écossais et catholiques irlandais font de piètres Lénine et Trotsky.3

Les grèves contre la dilution et la loi sur les munitions montrent que le mouvement ouvrier dans la vallée de la Clyde était porteur de revendications radicales, limitées mais significatives. Elles trouvent leur origine dans la nature des relations entre patrons et ouvriers et les faiblesses de l'économie de Clydeside. Mais il serait erroné de réduire le mouvement ouvrier dans la région de Glasgow à une lutte uniquement corporatiste, ce qui reviendrait à suggérer que les différentes grèves étaient complètement déconnectées les unes des autres, qu'aucune interaction n'existait entre les multiples revendications des ouvriers et ouvrières des chantiers navals et des ateliers de construction mécanique et les

1 La dernière élection avant la guerre date de 1938.

2 Pendant les années 1930, le Labour présente des candidats aux élections municipales dans vingt- neuf ou trente circonscriptions, alors que l'ILP n'est présent que dans huit à onze circonscriptions. Les deux partis se disputent en moyenne six ou sept circonscriptions. Après la séparation avec le Labour, l'ILP atteint un record de 13 conseillers municipaux en 1935-36.

3 Seán Damer, op. cit., p. 117 : « The mass of working people were not Bolsheviks, nor were the vast majority of their leaders. But Glasgow in 1919 was the nearest thing to a revolutionary situation seen in twentieth-century Britain. One major mistake by the government could have led to an insurrection: a few strategic moves by the Red Clydeside leaders could have led to a local seizure of power by workers. But these mistakes and moves did not occur. With one or two exceptions, like John Maclean, the Red Clyde leaders were not revolutionaries; Scots Calvinists and Irish Catholics make poor Lenins and Trotskys. »

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grèves des loyers. Au delà des luttes âprement corporatistes, il s'est au contraire développé un large mouvement de fond mû par la volonté de faire reconnaître les droits syndicaux et le refus d'accepter docilement la triple autorité de l'État, du capital et de l'exécutif national des syndicats. Les hausses de loyers, l'inflation, le changement des méthodes de travail sont d'une telle ampleur que les différences entre les différentes catégories d'ouvriers sont nivelées. Il se développe un sens de la solidarité qui transcende les différences de statut et ne peut que renforcer le sentiment d'appartenance à une seule et même classe1. Au bout du

compte, cela démontre aux ouvriers qu'ils ont le pouvoir de faire venir le changement social