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Chapitre 2 – les Gorbals

2. La naissance du quartier

Les Gorbals sont un des rares quartiers de la ville qui a subi trois cycles complets de développement – redéveloppement en l’espace d’un siècle, tant et si bien qu’il ne subsiste aujourd’hui quasiment plus rien des tenements et édifices municipaux construits à la fin du This happened in Soho just as often. […] So, once and for all time, when the Sassenachs next think of open razors, let this be associated with … barber-shops. »

1 Ibid., p. 4 : « The dominant factor, in relation to poor housing conditions, lack of proper sanitation, food shortages and growing unemployment, was the fact that the country had just emerged from the horrors of the First World War. Ex-servicemen and their families were not getting any benefits from ‘the war to end all wars’. On the contrary, their fight for survival in post- war years was even grimmer than the trenches – and this is most eloquent indeed, for tens of thousands died terribly within and around those rat-infested mud holes of Hell and Damnation. The diseases of the time affected almost every family: tuberculosis, rickets, pneumonia. These ailments were attributed to bad housing and malnutrition. There was infestation of rats and mice, with lice, bed- and wood-bugs, cockroaches and beetles, to back up the rivers of excreta which often flowed from common lavatories on tenements, between floors. So much for the land fit for heroes. This was the lot of too many nice people. First World War posters had proclaimed: ‘YOUR COUNTRY NEEDS YOU’. You were exhorted to fight and die, if need be, for the glory of England. But, after doing so, the surviving poor devils were discarded like a bunch of rags. Their purpose has been served. Now, in effect, if they ask something in return from the state, they are told politely to ‘piss off’. The ordinary chap is expendable. »

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dix-neuvième siècle et dans les premières années du vingtième siècle1. L’histoire du quartier des Gorbals n’en est que plus riche et complexe, et c’est finalement peut-être ce qui lui confère une authentique singularité, documentée et indiscutable, loin des mythes qui se développent sur la base de représentations erronées.

Dans une ville en expansion constante, la situation géographique des Gorbals leur confère un attrait particulier. Les taudis sont à quelques minutes de marche de la splendeur architecturale victorienne. Les bâtiments érigés grâce aux fortunes colossales amassées par les industriels des chantiers navals, de l’industrie lourde, de la construction mécanique et de l’industrie chimique côtoient de près les masses laborieuses exploitées par ces derniers. De surcroît, le visiteur qui arrive à Glasgow traverse et surplombe les Gorbals en train avant d’arriver à Central Station, ce qui ne manque pas de laisser une impression durable.

Les Gorbals n’a pas toujours été un district où s’entassaient les couches miséreuses et exploitées par l’industrie en pleine expansion. Au début de son aménagement, les Gorbals n’est pas un district ouvrier. Au début du dix-neuvième siècle, la partie située à l’est des Gorbals, Laurieston, était un des plus prestigieux quartiers d’habitation de la ville et un exemple prestigieux d’aménagement urbain sur les rives sud de la Clyde, avec de larges rues dont les noms aristocratiques2 reflétaient les aspirations d’excellence de leur développeur, David Laurie3.

Il se construit donc au début du dix-neuvième siècle dans les Gorbals des logements de qualité à destination des classes moyennes, chaque logement ayant sept à huit pièces ainsi qu’une ruelle à l’arrière pour le passage des calèches. Laurieston House est même considérée suffisamment élégante pour y loger George IV qui, finalement, ne viendra pas à Glasgow.

1 Ronald Smith, The Gorbals – Historical Guide and Heritage Walk, Glasgow, Glasgow City Council, Cultural and Leisure Services, 1999. Il reste un tenement block le long de Gorbals Street, presque en face du Citizen’s Theatre (il est muré) et un deuxième, qui est habité, sur Ballater Street.

2 Les rues de Laurieston rappellent les comtes et ducs de Bedford, Eglinton, Norfolk, Oxford, Cumberland, Portland, Surrey et Warwick.

3 Rudolph Kenna, op. cit., p. 11-12 : « Laurieston (1802 – 1830), bounded on the east by Buchan Street and Portugal Street and on the West by Bridge Street and Eglinton Street, was one of the most prestigious housing developments in early nineteenth century Glasgow. […] Carlton Place, overlooking the river bank and consisting of two stately terraces, was named in honour of the Prince Regent, whose London home was Carlton House. A suitably grand place of worship, Gorbals parish church, designed by fashionable architect David Hamilton, was built at the east end of Carlton Place, and its 174-foot spire was for many years the principal landmark on the south side of the river. David Laurie tried to make Carlton Place as exclusive as its name implied by putting up gates at either end » ; Iain R. Mitchell, op. cit., pp. 27-28.

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D’autres développements immobiliers de qualité similaire sont érigés plus au sud au cours de la première moitié du dix-neuvième siècle1. Le célèbre architecte glaswégien Alexander « Greek » Thompson construit dans les Gorbals des tenements pour classes moyennes entre 1856 et 18602 et vit dans le quartier, à Apsley Street, pendant une dizaine d’années, années pendant lesquelles il dessine les tenement blocks de Queen’s Park Terrace3. Il faut attendre la création de lignes de chemin de fer qui permettent de relier Queen’s Park, plus au sud, pour que les populations aisées quittent finalement l’endroit.4 Tout au long du dix-neuvième siècle, les constructions successives dans les Gorbals permettent le développement d’un quadrillage remarquable de larges rues bordées d’élégants tenements à quatre étages, dont certains sont dessinés par Alexander « Greek » Thompson5.