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1 La notion de pouvoir sur le plateau de Millevaches

II –La conception du pouvoir

II. 1 La notion de pouvoir sur le plateau de Millevaches

II.1 - La notion de pouvoir sur le plateau de

Millevaches

Je rappelle d’abord la situation du plateau de Millevaches : il se situe en Limousin, à la limite des trois départements de la Creuse, de la Corrèze, de la Haute-Vienne : il s’agit d’un espace marginal (au sens physique) pour les trois départements. C’est un espace très peu peuplé, avec des densités pouvant descendre en dessous de 10 habitants au kilomètre carré.

Un espace rural

Le plateau de Millevaches est situé à l’écart des villes, il est éloigné des grandes métropoles. C’est un espace rural par excellence, on pourrait même dire un espace anti- métropolitain de par la vie qu’on y mène (toujours au milieu des champs) et par le rejet du centralisme que certains peuvent exprimer. On aurait tort de négliger l’aspect géographique, non pas qu’il détermine spécialement le caractère des habitants mais plutôt que ceux-ci s’appuient sur certains caractères (ruraux) de cet espace pour construire un discours. La ruralité peut être mise en avant.

L’isolement du Plateau (par rapport aux villes), le terrain (à l’époque) disponible, son faible coût comme le prix abordable du bâti ont pu attirer depuis 1968 des populations de la

ville, en particulier issues du mouvement hippie, effectuant alors un retour à la terre. Nul étonnement alors que ces derniers mettent en valeur le caractère rural de l’espace, insoumis à la ville, ne voulant pas régler leurs pas sur le besoin des métropoles. À l’heure où l’on parle de métropolisation, l’attachement à l’aspect rural du territoire est loin d’être négligeable. J’aurai l’occasion de citer plusieurs fois la « Plateforme pour une position commune de la Montagne limousine » (voir annexe 8 pour le document complet), document politique riche, conçu par des habitants et des élus du Plateau à l’occasion des municipales de 2014 pour retrouver une appartenance à cet espace rural, pour le faire vivre. Elle donne le ton du mouvement libertaire présent sur le Plateau. Elle comporte six chapitres accompagnés de leurs propositions, l’un d’eux se nomme « se défaire de notre statut colonial » où est critiqué l’exploitation exogène du bois, de l’électricité, celle passée de l’uranium. Il se termine ainsi : « toute la question est de savoir si les stratégies territoriales doivent être élaborées à Paris, à Limoges ou par les habitants eux-mêmes. La réponse pour nous est claire : face aux « scénarios » ou aux stratégies territoriales qu’on nous concocte, c’est ici, et nous-mêmes qui devons définir la stratégie territoriale du plateau de Millevaches. Ce texte en constitue une première ébauche ». Il y a donc des habitants qui veulent s’appuyer sur la ruralité de leur territoire pour en décider la marche.

On peut retrouver ce type de discours chez les paysans qui se soulèvent d’indignation du fait que les politiques les concernant (notamment la PAC) puissent être décidées à Paris ou à Bruxelles, par des « gens qui ne sont jamais sortis de leurs bureaux72 ».

Limoges, Paris ou Bruxelles sont les villes-sièges des institutions régionales, nationales ou européennes, derrière la question de refus de la colonisation, c’est une question de démocratie qui se pose et une question de connaissance du territoire. La Plateforme signale en introduction (et en gras) : « nous vivons un rare divorce entre le territoire vécu et l’édifice institutionnel ». Cela nous renvoie directement à l’espace vécu d’Armand Frémont [1976] qu’il opposait d’ailleurs à l’espace « aliéné ». La ruralité du plateau de Millevaches est profondément vécue (et revendiquée) par nombre de ses habitants. Ils y vivent pour beaucoup par choix (attachement à la région, installation) et non parce que la région est un bassin d’emplois.

S’il y a une ruralité physique et géographique, un éloignement des villes, qui selon un habitant « encourage les gens d’ici à se serrer les coudes », il y a aussi une ruralité revendiquée dans les discours et mise en avant au plan politique.

Revendiquer la ruralité, c’est aussi revendiquer l’espace des paysans, de la terre et de ceux qui la travaillent. Les paysans occupent physiquement l’espace rural. Le fait que plusieurs vendent en direct (à la ferme ou sur les marchés) est aussi un indice d’insertion dans cette ruralité qui devient un complet lieu de vie. Sur la Plateforme, l’image qui illustre le paragraphe « Une certaine idée de la richesse » n’est autre que des paniers de légumes et,

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parmi les propositions qui le terminent on trouve : « mettre en place une plateforme de distribution de produits locaux » et « soutenir des formes d’agriculture indépendantes des lobbies agro-industriels ».

Outre l’espace de la terre, l’espace rural, pour faire un mauvais jeu de mots, est aussi l’espace de l’espace, de l’horizon déployé. On voit le ciel, on voit le lointain, on peut se déplacer dans des bois, dans des champs selon n’importe quelle direction. Et cet espace est, pour certains, synonyme de liberté. C’est assez primaire mais assez primordial. L’espace est une potentialité qui échappe à l’habitant des villes.

Aussi quand je parlais à un fils d’un paysan de Peyrelevade (son père n’était pas là) qui était mécanicien et que j’évoquais le sujet de ma thèse, le pouvoir, et que je lui ai demandé pour lui, s’il se sentait du pouvoir (même s’il n’était pas paysan), il m’a montré d’un geste de main l’étendue du paysage. Il m’a dit qu’il se sentait bien, là, à la campagne, qu’il s’y sentait libre.

C’est une constatation tout à fait basique mais sûrement indispensable. C’est pour cette liberté-là que certains veulent se battre. Aussi tous les paysans, tous ceux qui vivent sur le Plateau, partagent-ils ce premier pouvoir qui est celui que confère l’espace. Ils disposent d’un espace immense, multidirectionnel, ils sont au contact des éléments naturels. Avec l’espace, il est possible que ce soit aussi du temps qu’on dispose. Se déplacer dans la campagne suppose un temps de déplacement, temps qui peut être également celui de la promenade. Pour les paysans, il n’y a pas de lieu fixe de travail. L’activité, c’est aussi le déplacement. Le temps n’est plus spécialement découpé, ce n’est pas forcément celui de la journée (de six heures) où on doit mener une activité mais celui de l’année, car les tâches (le vêlage, le moment de planter les pommes de terre) sont des moments du calendrier annuel. Le temps revêt un aspect cyclique, lié à la vie dans l’espace rural.

Si la ruralité est un mode de vie, affiché qui plus est, on peut parler d’une certaine culture de la ruralité.

Le dynamisme culturel et associatif

Il n’empêche que le plateau de Millevaches est un lieu où est mise en avant, non seulement la culture de la ruralité, propre au lieu, mais la culture générale et artistique. Il y a de nombreuses manifestations à caractère festif qui se déroulent sur le plateau de Millevaches : c’est un lieu où l’on veut vivre. On ne doit pas forcément aller à Limoges pour entendre un concert ou voir une pièce de théâtre. D’une certaine façon, le Plateau s’approprie des formes de culture qu’on s’attend davantage à trouver en ville, et qui peuvent être qualifiées d’urbaines.

Une chargée de mission au PNR me disait que la tenue d’évènements culturels était un élément très important de la politique. La présence de ces manifestations contribue à ce que

des gens restent sur le Plateau, y rencontrent une diversité qui les soustrait au cloisonnement qu’on pourrait croire induit par la géographie. Le PNR a donc vocation à encourager les manifestations culturelles sur le lieu.

Mais la majorité des manifestations se passent aussi d’un soutien quelconque du Parc. Quelles sont ces manifestations culturelles ? Il peut s’agir de concerts comme en organise « La Loutre par la cornes », une association de Gentioux, ou comme en reçoit régulièrement le bar « L’Atelier » de Royère, de bals trads73 ou de projections cinématographiques (la salle des fêtes de Faux en accueille beaucoup), des conférences, des festivals (Folie les Mots à Faux par exemple), des expositions. Le même soir, il peut y avoir plusieurs évènements différents dans des communes voisines. Des jeunes de Tarnac ont construit récemment dans leur village un bâtiment en bois qui va servir pour les manifestations festives et culturelles.

On a donc la possibilité de s’inscrire dans une troupe théâtrale, une chorale, de jouer avec son groupe de rock, de se divertir sur le Plateau.

On trouve des manifestations où le caractère paysan et écologiste est fortement marqué. C’est le cas, par exemple, des Rencontres buissonnières qui se sont tenues en octobre dernier au Villard (commune de Royère). Il y avait divers intervenants sur deix jours pour parler (entre autres) des raves locales, des vaches locales, des abeilles locales, pour montrer comment on pouvait faire de l’huile ou de la choucroute.

Le dynamisme culturel patent tient en partie -ou bien c’en est un pendant- au dynamisme associatif.

« La région Limousin compte en rapport à sa population, 2,63 fois plus d’associations que la nation et le Millevaches compte, proportionnellement, 1,3 fois plus d’associations que la région soit 3,47 fois plus que la nation » relève Olivier Davigo dans le numéro 1 d’IPNS74 (avril 2002).

Le maire de Peyrelevade tirait le même constat pour sa commune en rappelant que presque chaque habitant devait faire partie d’au moins une association. Le tissu associatif est donc très présent et les associations, de par leur nombre, pèsent sur la Région. On ne peut leur ôter, sinon une place importante dans les décisions prises sur Millevaches, tout du moins une forte influence.

Outre le nombre brut de ces associations, c’est la nature de nombre d’entre elles qui impacte le Plateau. Car plusieurs sont empreintes des valeurs écologistes ou libertaires

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Depuis 2014 se tient un festival « pas pareil » au Villard (Royère) autour du bal.

74 « Les données de base ont été d’une part gracieusement fournies par les sous préfectures (lieux

d’enregistrement des associations), d’autre part achetées à l’INSEE », précise-t-il. (Article intitulé « 100 ans d’association sur le Plateau).

présentes sur le Plateau. On le voit par exemple avec Télé Millevaches qui a lancé la vague des associations sans président :

« Lorsque Anne annonça aux maires que, ça y était, Télé Millevaches avait déposé ses statuts et était formellement créée, la première question qui sortit de leur bouche fut immédiatement :

-Et qui est le président ? -Il n’y en a pas.

-… ???

Les maires ne furent pas les seuls à être interloqués. À la sous-préfecture, on renvoya l’objecteur venu déposer les statuts en lui assurant qu’une association sans président était illégale. Coup de fil à l’administration pour lui expliquer en citant quelques précédents, y compris une association dont les statuts avaient été déposés dans les mêmes services quelques années auparavant : « C’était une erreur ». L’équipe ne désarme pas et revient à la charge. Le sous-préfet fait monter le dossier à la préfecture, qui l’envoie à Paris au ministère D’où il revient avec l’imprimatur ministériel : « Ils ont raison, la loi de 1901 ne rend pas le président obligatoire. » (p.48). [Deleron, Lulek, Pineau, 2006]

Ce mouvement associatif, d’idéologie et de fonctionnement libertaire, a pu se structurer. Ainsi l’association « De Fil en Réseaux » regroupe 13 structures (dont trois lieux paysans), la plupart sous format associatif, partageant en particulier des valeurs sociales : de l’accueil, de l’animation du Plateau, l’horizontalité des prises de décision. Le bureau de « De Fil en réseaux » tourne entre les membres des diverses structures le composant.

Un autre réseau (national) est très présent sur le Plateau (de par les structures y adhérant) : REPAS (Réseau d’échanges et de pratiques alternatives et solidaires) dont plusieurs membres font aussi partie de Fil en Réseaux. C’est un réseau de compagnonnage qui permet de découvrir des structures solidaires. Le réseau REPAS annonce sur son site qu’il « se reconnaît dans le champ de l'économie alternative et solidaire. Nous expérimentons de nouveaux rapports au travail, des comportements financiers plus éthiques et plus humains, de nouvelles relations producteurs - consommateurs et des présences engagées sur nos territoires ». Ce réseau amène, en particulier, de nombreux stagiaires sur le Plateau et contribue au dynamisme du territoire.

Ces réseaux montrent que le monde associatif, d’idéologie libertaire, s’est structuré sur le plateau de Millevaches. Il existe une solidarité de fait et une solidarité d’amitié et d’idéologie entre les diverses associations composant des réseaux. La volonté d’horizontalité dans la prise de décisions dénote une certaine pratique du pouvoir délibératif où la hiérarchie est évitée, voire rejetée. Le plateau de Millevaches n’est donc pas un lieu neutre quant au pouvoir, et la présence de certaines pratiques ont orienté la définition que je vous servirai. Certaines associations, même financées par la Région défendent leur indépendance et connaissent leur assise. Toujours à travers Télé Millevaches, on trouve une marque

d’influence au travers d’un conflit entre le média et un bureau d’élus (conseillers régionaux, généraux, et maires). Ces derniers voulaient imposer un logo au générique. Un de leurs arguments était le « légitime droit de regard et de présence dans un magazine financé en partie par des fonds publics ». Mais Télé Millevaches n’a pas signé la convention (avec logo) voulue par les élus :

:

« Télé Millevaches existait, produisait, remplissait son contrat de réaliser un magazine mensuel. Bref, le syndicat d’élus était bien obligé de suivre financièrement. Il avait compris que, dans le cas présent, il était sans doute allé un peu trop loin et que le rapport de force n’était pas en sa faveur : si Télé Millevaches, faute de financements, avait dû mettre la clef sous la porte à cause d’une bête existence de logo, il aurait eu du mal à en assumer les conséquences. » [Deleron, Lulek, Pineau, 2006]

Dans cette histoire, les institutions pouvaient craindre la médiatisation du conflit, c'est-à-dire qu’on sache qu’une disparition du média local puisse leur être due. Les associations liées à Télé Millevaches et toutes les personnes qu’elles touchent auraient pu monter au créneau. Peut-être que Télé Millevaches était tout simplement conscient de cette force ?

Dans ce sens, Pierre Lascoumes [1994] rappelait pour sa part que « les actions associatives jouent un rôle essentiel dans la construction des représentations sociales comme dans le développement des interventions publiques ou privées ».

Je signale encore, en plus des associations, la présence de nombreux collectifs d’habitants sur le Plateau qui font l’expérience, par la cohabitation, du partage des moyens et des tâches à des degrés divers. Cela peut aller jusqu’à la mise en commun complète des revenus perçus ou à la construction d’une habitation commune.

La présence de réseaux informels est aussi notée par Marie-Anne Lenain [2012] lorsqu’elle parle des investissements dans les très petites entreprises :

« Mais parfois ces investissements se font dans des réseaux parallèles. Lorsque l’on fait une comparaison entre les territoires d’étude, on peut souligner l’importance des réseaux professionnels et sociaux locaux informels dans le cas du plateau de Millevaches. »

Le réseau REPAS signalait son insertion dans le champ de l’économie solidaire. Il est très présent au sud de la Creuse et au nord de la Corrèze, c'est-à-dire sur le plateau de Millevaches. La carte 11 l’illustre.

Cette économie, ces réseaux, ces associations solidaires, alternatifs, écologistes ou libertaires deviennent aussi une marque de fabrique du plateau de Millevaches. La Fondation de France (pour De Fil en Réseaux) avait d’ailleurs mené, en 2012, une étude sur le Plateau où elle définissait un « plateau fantasmé » basé sur des constats : « Fascination, admiration, stimulation et jalousie ; fonctionnement atypique, non reproductible, hors du droit commun (des clous)…, Économie sociale et solidaire ». Ce plateau de Millevaches fonctionne aussi

comme un mythe : « les dinosaures de l’alternatif » comme on a pu me les qualifier par ailleurs.

Tania Nasr [2005] note, elle aussi, le dynamisme culturel, marqué d’idéologie, d’une « perception du plateau comme antidote de la société de consommation ». Elle souligne l’importance des néo-ruraux dans ce dynamisme à partir des migrations idéologiques post- soixante-huitardes. Et elle signale que ces migrations idéologiques, teintes d’une sensibilité écologiste, continuent de nos jours.

Carte 11 : Part des effectifs de l’économie sociale et solidaire par zones en Limousin

Source : Conseil régional de l’économie sociale (CRES) du Limousin (2011)

Elle prend l’exemple de Faux-la-Montagne où les migrants extérieurs ont dynamisé la vie culturelle avec des modes et services qu’elle qualifie d’ « urbains » : garderie, bibliothèque, pour fixer les habitants. Un paradoxe pour un lieu qui veut mettre en avant la culture rurale ? Cette revitalisation par les néo-ruraux était déjà entre-aperçue 20 ans plus tôt par Jean-François Pressicaud [1980], nouveaux migrants qui devaient justement soustraire le pays à son statut de colonisé économique. Cela n’allait pas sans son lot de nouvelles idées : l’écologie, l’absence de hiérarchie, et la critique de la valeur travail, non forcément comprises ou admises par la population en place. Ce qui peut, sinon occasionner certaines tensions, du moins faire que des néo-ruraux de gauche se vivent comme un groupe homogène et séparé par leurs activités des « archéo-ruraux » du cru. Néanmoins, leur dynamisme et leur présence sur

le territoire ne peuvent être ignorés et leur mélange avec les « archéo » peut varier d’une commune à l’autre. Aussi, il faut souligner qu’ils peuvent représenter près de la moitié de la population dans certaines communes. On ne peut plus vraiment parler alors de néo-ruraux, mais d’habitants qui sont restés vivre au pays et qui continuent à valoriser une tradition d’accueil pour voir arriver de nouveaux migrants, pas forcément d’origine urbaine.

L’ouverture aux migrants, partagée par De Fil en Réseaux, est aussi reprise dans la Platerforme, et mise en avant comme une tradition. Le premier paragraphe s’intitule d’ailleurs « L’ouverture comme tradition » et il souligne que « ce qui s’est enraciné ici, c’est une tradition d’ouverture, mais d’une ouverture politiquement non neutre » (l’antidote de la société de consommation décrit par Tania Nasr) et le quatrième paragraphe s’intitule « Repeupler le territoire » et se conclut par les propositions suivantes : « Organiser l’accueil des personnes qui veulent venir vivre sur la Montagne ; voir dans les visiteurs qui viennent ici de futurs habitants potentiels et non des touristes qu’il s’agirait de valoriser économiquement ; favoriser la création de maisons de santé, cantines, centres sociaux, etc., bref ces lieux de rencontres et de convivialité comme il en existe déjà beaucoup, mais de façon mieux répartie sur le territoire et mieux appropriée par tous ».

Ce fait migratoire « anti-capitaliste » et solidaire présent sur le Plateau va me permettre de faire bouger certaines lignes de la conception du pouvoir. Si on peut venir ici pour raisons idéologiques, c’est alors qu’il y a déjà un marquage politique sur le Plateau.

Le marquage politique

La thématique de l’écologie, j’ai pu le signaler à plusieurs reprises, est très présente. Elle est souvent complétée par les idéologies anarchistes et libertaires. Cette synthèse de l’écologie avec la culture libertaire est soulignée comme constitutive de l’écologie politique par Adrian Atkinson [1991]. C’est pour lui une pensée qui conduit à critiquer les formes de centralisation administrative (auquel il préfère un « self-reliant regionalism75 », l’universalisme de la pensée scientifique et technique des lumières, tout en cherchant des modes de pensées holistiques où l’homme se fond dans la nature, et où l’écosystème est la base des réflexions (façon de voir pourtant assez universalisante). Il invoque le besoin de redéfinir la croissance économique et se rapproche, en cela, de la pensée décroissante, exprimée, par exemple, par Serge Latouche76. Il est vrai que les discussions sur la décroissance deviennent presque inévitables dans les milieux écologistes, y compris ceux du Plateau de Millevches. C’est une valeur dont plusieurs écologistes se réclament. Elle est en