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8 Grandes questions de fond du milieu paysan

I Le milieu paysan

I. 8 Grandes questions de fond du milieu paysan

J’aurais même pu partir de certaines de ces questions, comme celle de l’installation, pour établir mes types-paysans. D’ailleurs, vous avez pu lire qu’elle était assez présente dans ces derniers. Dans le mode d’installation, il y a déjà un idéal de paysan vers lequel on veut tendre. Et on dit peut-être la même chose pour la retraite qui lui est liée.

Outre l’installation, on m’a parlé de l’écologie (et du bio), de la modernisation, de la dureté du métier, des normes. Bien que digressant légèrement, je n’ai pas l’intention de fourrer tous mes restes dans cette partie. Le but sera d’étoffer des grandes thématiques, appuyées elles-mêmes par les paysans, et de regarder leur façon d’avoir maille à partir avec le pouvoir. Certaines des thématiques du milieu paysan m’ont interpellé dès lors que je parlais du pouvoir et ce, parce qu’elles y faisaient, elles aussi, référence. Certaines me semblent assez importantes pour mériter un éclairage particulier et parachever cette présentation du milieu paysan millevachois.

Sur la modernisation, j’ai déjà longuement discouru dans les deux premières parties et dans les tendances historiques et familiales, le thème peut presque se fondre au travers des autres : je le mentionnerai pour en relater les caractéristiques particulières concernant le pouvoir, et surtout j’évoquerai, comme les paysans, la mécanisation. La dureté du métier est en partie liée à la modernisation, elle comporte un volet plus spécifique qui est celui du temps libre, des vacances : « On y revient toujours », disait un paysan à un autre après ma présentation. Je reprendrai ce volet. Le problème des « normes », pour rester fidèle à nombre de propos des paysans, doit, je le pense, être évoqué en tant que tel. Je reviendrai également rapidement sur le « bio », dont j’ai largement parlé, surtout dans la tendance militante : c’est un sujet très présent sur Millevaches et qui va nous amener vers le deuxième chapitre.

Mais je commence par le sujet qui est peut-être le plus sensible : l’installation.

L’installation

Beaucoup de paysans se sont inquiétés de l’avenir du pays, du maintien des paysans et de l’agriculture sur le plateau de Millevaches. Certains, très pessimistes, se voient condamnés à disparaître. Ils notent un problème quant à l’installation, disent que de moins en moins de paysans veulent reprendre des fermes, que l’agriculture ne les attire plus.

Mais lors d’un café-installation organisé par l’ARDEAR66 Limousin, un paysan (membre de Terre de Liens, déjà évoqué) livrait un tout autre son de cloche : il signalait qu’il y avait beaucoup de demandes pour l’installation, mais beaucoup en maraîchage et pas en

66 ARDEAR : Association régionale pour le développement de l’emploi agricole et rural, liée à la Confédération

bovin-viande ; autrement dit, il ne s’agissait pas de reprendre des exploitations à l’identique. On peut donc dire qu’il y a une inadéquation entre l’offre et la demande. La démarche institutionnelle bloquerait-elle l’installation sur des petites surfaces ?

-Une ferme de 150 hectares, ça coûte 20 millions d’euros. Si vous voulez transmettre tous les droits économiques que vous avez, vous avez intérêt à céder l’entièreté de ce que vous avez. Ça, ils le savent. Donc ils ne veulent rien dissocier […].C’est surtout par rapport aux primes vaches allaitantes. Pour que vous fassiez une cession reprise de vaches allaitantes, il faut céder 85 % de l’exploitation, faut pas qu’il y ait plus de 15 % de perte. Et si on partage, nous on peut récupérer les droits SAFER, et on les redistribue à deux personnes.

-Ça le 85 %, ça vaut peu importe la surface ?

-Oui. […].On arrive à des entités énormes, ça va devenir difficilement transmissible.

-Pour vous c’est impossible pour un paysan qui aurait 100 vaches de vendre 50 vaches à quelqu’un et 50 vaches à quelqu’un d’autre ?

-Je dis pas que c’est pas possible. C’est tout à fait possible, si c’est de l’installation, oui. Si, c’est des jeunes qui s’installent avec des diplômes, oui. Parce que les jeunes peuvent avoir des références PMTVA67 jusqu’à 50 par tête de pipe, donc si c’est deux JA68 qui se partagent la ferme en deux, il n’y a pas de problème. Mais tout le monde n’est pas JA. Et puis, un jeune agriculteur qui vient de démarrer, il faut qu’il trouve l’argent pour acheter aussi : c’est pas évident. Il y a aussi des gens qui se réinstallent à 40 ans et ceux-là, ils n’ont plus les priorités d’un jeune agriculteur. Et si c’est deux acquéreurs comme ça, c’est pas facile. C’est le système des PMTVA qui est fait comme ça, c’est pas logique quelque part.

Voilà une partie de mon entretien avec un employé de la SAFER. Il note une inefficacité des incitations financières à faciliter les installations qui, avec la priorité de l’acquisition de terre par les agriculteurs, est une autre des missions originelle de la SAFER.

L’installation tendance institutionnelle

Si on veut suivre la démarche professionnalisante proposée par les institutions agricoles pour s’installer, pour racheter une ferme de 100 hectares, reprendre des bovins- viande, on comprend aisément qu’on ait besoin d’aides : on doit alors se soumettre à quelques règles. Elles figurent dans le guide qu’imprime la Chambre d’agriculture69. Si on veut toucher la DJA (Dotation jeunes agriculteurs), il faut « s’installer sur une surface équivalente à la demi SMI spécifique à chaque région agricole », c'est-à-dire avoir le statut (à la MSA, voir aparté de la partie I.5) de chef d’exploitation. C'est-à-dire qu’il faut 30 ha pour de l’élevage en

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PMTVA : Prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes.

68 JA : Jeune agriculteur. Le sigle est employé par confusion avec la section « JA » des jeunes de la FNSEA. 69 Guide régional pour l’installation en agriculture : « Demain, je m’installe en Limousin », dit guide « Info

installation », édité avec le concours financier du Crédit agricole et de Groupama, qui ont chacun droit à une page de publicité.

Creuse sur le Plateau. Mais cela n’est pas tout : le plus contraignant est bien le suivi financier qui surveille la rentabilité (ou la viabilité) de l’exploitation et pousse donc à posséder bien davantage de vaches pour se dégager le revenu souhaité :

« Le PDE (Plan de développement de l’exploitation) permet d’apprécier la faisabilité de votre projet en matière d’équilibre financier et de rentabilité du système de production envisagé. Vous devez le réaliser, après le stage collectif 21h, avec l’aide d’un conseiller. Il est obligatoire pour les candidats sollicitant le bénéfice des aides de l’État et doit être présenté pour une durée minimale de 5 ans. Il permet de formaliser l’approche technique que souhaite mettre en place le candidat.

Les conditions de revenu : le PDE doit démontrer que l’exploitation est viable et qu’elle est donc en mesure de dégager un revenu disponible prévisionnel par Unité de Travail Agricole Familiale, au terme des 5 ans, au moins égal au revenu minimal départemental exigé (12444€ au 1er janvier 2009 pour le Limousin). » (guide Info installation).

En zone de montagne (comme le plateau de Millevaches) la DJA va de 16500€ à 35900 €. C’est bien souvent la banque qui a le dernier mot, comme le dit la conseillère de la Chambre au point Info installation. C’est elle qui décide si elle prête ou non.

On voit donc ici une démarche qui étudie un plan où le paysan doit gagner de l’argent mais où il doit faire allégeance aux institutions. C’est pourquoi un paysan de Peyrelevade avait été incité à prendre des vaches au lieu des moutons (pendant les 5 premières années). S’installer, d’une part en bovin-viande, et d’autre part avec les DJA, c’est s’orienter vers la tendance institutionnelle. Toutes ces contraintes, tout cet argent nécessaire, limitent bien sûr certaines envies. On ne peut pas se lancer, en suivant cette voie institutionnelle, avec un petit élevage de quelques bêtes.

Les paysans partant en retraite qui privilégient le retour sur capital et veulent vendre leur exploitation, auront un intérêt financier à céder leur exploitation en totalité à un autre paysan, ou faute de repreneur, laisser leurs terres à agrandir une propriété existante.

Un paysan de Peyrelevade a souligné l’avidité de ses voisins : il voyait certains d’eux, tout mielleux pour la première fois, lui proposant même de l’aide. Il a plutôt rigolé de ce grossier manège pour récupérer ses terres.

Un paysan retraité de Tarnac a déclaré qu’il avait encouru la médisance de plusieurs autres paysans parce qu’il avait vendu 8 hectares à une jeune pour qu’elle s’installe en arbres fruitiers. Vendre à quelqu’un qui s’installe était une volonté pour lui. « Depuis, les autres ne viennent plus me voir » déplore-t-il.

La cupidité occasionnée par les « primes à l’hectare » (DPU) pousse aussi des paysans à s’agrandir et à se moquer du nombre d’installations. Arrivé à la retraite, on remarque que le paysan est face à un choix : mettre ses terres en vente en prenant le risque que tout parte à l’agrandissement mais bénéficier d’un apport financier sustanciel, ou s’assurer de trouver un intéressé qui voudrait se réinstaller sur ses terres, avec le risque de devoir l’attendre.

L’installation tendance marginale et militante

Elle nécessite parfois bien des péripéties et en premier lieu, de trouver un terrain disponible. L’exemple de la jeune arboricultrice de Tarnac montre que cette installation dépend des solidarités villageoises. J’ai pu en citer d’autres en parlant de la tendance militante et des paysans qui laissaient du terrain aux nouveaux qui veulent s’installer.

Cette installation n’a pas toujours pour but d’avoir le statut de chef d’exploitation et peut se faire sur des surfaces inférieures à la demi-SMI. Elle ne pourrait, dans ce cas, pas prétendre aux DJA. On sort d’une démarche purement professionnelle pour entrer dans une démarche ou militante (en particulier de la part de celui qui prête ou cède du terrain) ou marginale : pour avoir un accès à ce qu’on produit (légumes, fruits, lait) et vendre sur les marchés.

-Nous, on est partis pour s’installer sans les DJA, me dit un jeune couple de Rempnat. Puis, c’est la fille qui me parle de son métier : « Il y a des médecins dans les villages environnants et je vais pouvoir m’associer avec eux sur plusieurs sites. Pour le moment, je vais garder cet emploi ». Elle réfléchissait plutôt à la possibilité de travailler à mi-temps en tant que médecin et de s’occuper du maraîchage le reste du temps avec son compagnon. Elle m’a demandé mon opinion, puisque je faisais une thèse là-dessus et j’ai dit que c’était certainement mieux de s’installer sans les DJA, qu’on était beaucoup plus libre.

Mais on dispose de moins d’argent et l’installation est parfois plus laborieuse, elle prend plus de temps.

Si certains paysans mentionnent le problème de l’installation, c’est qu’ils se soucient de l’avenir de la région ; ils se placent alors dans une tendance locale. Ce qui est important, c’est que le pays vive.

-Comment vous le voyez, vous, l’avenir du pays ? m’a demandé un paysan alors que je faisais mon compte rendu. Il se souciait du maintien des paysans.

J’ai répondu qu’il faudrait certainement revoir la spécialisation régionale en bovin-viande pour permettre aux jeunes de s’installer. Mais c’est difficile de parler de l’avenir d’un pays, surtout à quelqu’un qui l’intériorise beaucoup plus que vous du fait qu’il y vit.

Toujours est-il que l’installation paysanne est au cœur de cet avenir du Plateau. Ce paysan de Tarnac espérait, en l’occurrence, qu’il ne soit pas simplement celui de l’exploitation forestière industrielle, celui d’un pays sans paysan.

Le choix de l’activité peut entrer dans une réflexion locale. Certains ne veulent pas produire de viande parce qu’il y en a déjà trop sur le Plateau et qu’on pense ne pas pouvoir la vendre localement.

J’ai demandé à un jeune qui s’installait pour faire du fromage s’il pensait pouvoir le vendre facilement, étant donné qu’il y en avait déjà d’autres qui faisaient les marchés. Il m’a répondu que les autres ne fabriquaient pas forcément du fromage de vache, qu’il y avait

encore de la marge pour ceux qui veulent s’installer en faisant du fromage, que le tout était de proposer un bon produit.

Certains qui s’installent en production maraîchère ont aussi observé qu’il y avait une demande pour des légumes du coin et qu’ils étaient très peu nombreux à en produire. Dans une table ronde sur les circuits courts, les collectivités (écoles, maisons de retraite, EPHAD70) ont été énoncées comme débouchés possibles pour les produits locaux, en particulier les légumes.

Une analyse des débouchés locaux, des possibilités de vente sur les marchés peut tout à fait orienter le type d’activité et le type d’installation.

Avec l’installation, on retrouve les diverses orientations possibilités pour le paysan, les considérations plutôt professionnelles ou plutôt locales. Elles ne font pas spécialement intervenir les mêmes acteurs ni donc les mêmes relations. Dans un pays peu peuplé, l’installation agricole est aussi un enjeu de politique locale ; en encourageant les installations militantes ou marginales, en limitant les agrandissements, on peut aussi changer le paysage politique du pays.

La modernisation

L’agrandissement, par un biais détourné, fait partie de la modernisation. Il y a souvent deux facettes quand on parle de modernisation : l’adoption des nouvelles techniques et la libéralisation (le calque du modèle industriel). Dans ce cas, le modèle breton, très concentré, hors-sol, serait un symbole du modernisme sous toutes ses facettes. Un cas se présente d’ailleurs sur le plateau de Millevaches, à Saint-Martial-le-Vieux (près de La Courtine), avec le regroupement d’agriculteurs sur le projet d’une ferme de 1400 veaux, destinée surtout à produire de l’énergie (méthanisation + couverture solaire).

-C’est une hérésie, me dit un paysan de Tarnac, quand on sait qu’on n’a déjà pas de quoi engraisser sur le Plateau. Il n’y a pas assez d’herbe. Tout l’aliment sera importé.

La modernisation peut donc se situer de plain-pied dans la tendance institutionnelle, « de firme » comme la nomme Hervieu. Au contraire, la critique du progrès revient à des milieux « décroissants », dans l’approche bio et militante. Le progrès ne réside pas, pour eux, dans la technique mais plutôt dans le bien-être.

La mécanisation

Une partie de la mécanisation rejoint les conditions de travail en tant qu’elle contribue à rendre celles-ci moins harassantes. Une autre partie de la mécanisation rejoint l’agrandissement puisqu’elle consiste en des machines capables d’abattre en une heure une quantité de travail supérieure. La recherche de la mécanisation peut donc s’inscrire dans une

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tendance plutôt institutionnelle où le paysan se pense d’abord par son statut professionnel. Pour certains paysans, elle éloigne l’homme de la terre ou des bêtes : « Il y en a qui ne sont même plus capables de descendre du tracteur pour poser une clôture », me relatait un paysan. Des paysans retraités, comme je l’ai signalé précédemment, critiquent aussi certains jeunes qui ne pensent plus qu’à posséder tout de suite un gros tracteur, un 4x4, qui veulent faire paysan plutôt pour la mécanique (comme me l’a déclaré un jeune paysan de Peyrelevade) que pour le contact avec l’environnement. On s’éloigne donc du côté rural.

Si certains paysans critiquent leurs pairs qui ont toujours le tracteur dernier cri, ils dénoncent aussi l’affichage du pouvoir d’achat et une mécanisation qu’ils jugent superflue pour leur travail de tous les jours. Ils dénoncent une absence de réflexion, voire de bon sens, des paysans quant au matériel qu’ils achètent. Concernant les jeunes, la critique porte parfois directement sur la formation agricole au cours de laquelle ces derniers sont confrontés à des propositions pour du matériel sans qu’ils disposent du recul pour les apprécier.

Jacques Ellul [1988] nous rappelle que juger l’usage des techniques ne suffit pas car l’usage de ces dernières contient à la fois des aspects intrinsèques qui peuvent nous sembler bons et d’autres mauvais : elles ne peuvent être neutres :

« le développement de la technique n’est ni bon, ni mauvais, ni neutre, mais […] il est fait d’un mélange complexe d’éléments positifs et négatifs, « bons » et « mauvais » si on veut adopter un vocabulaire moral. J’entends encore par là qu’il est impossible de dissocier ces facteurs, de façon à obtenir une technique purement bonne ; qu’il ne dépend absolument pas de l’usage que nous faisons de l’outillage technique d’avoir des résultats exclusivement bons. En effet, dans cet usage, nous sommes nous-mêmes modifiés. Dans l’ensemble du phénomène technique, nous ne restons pas intacts, nous sommes non seulement orientés indirectement par cet appareillage lui-même, mais en outre adaptés en vue d’une meilleure utilisation de la technique grâce aux moyens psychologiques d’adaptation. Ainsi nous cessons d’être indépendants : nous ne sommes pas un sujet au milieu d’objets sur lesquels nous pourrions librement décider de notre conduite : nous sommes étroitement impliqués par cet univers technique, conditionné par lui. » [Ellul, 1988, p.93].

Ellul note d’ailleurs (p.101) un contrecoup économique de la mécanisation agricole : « Une production agricole tellement considérable grâce au machinisme et à la chimie qu’elle ne peut être vendue à prix rentable, couvrant l’amortissement de l’équipement », écrit-il, soulignant par là le prix obligatoire à payer de la course technologique et son absurdité.

Le rapport de la modernisation au pouvoir se situe aussi dans le potentiel critique dont peut faire preuve ou non le paysan, dans sa capacité de juger la modernisation elle-même, ce qui lui semble bon pour lui ou ce qui le pousse à la consommation. La modernisation offre, de surcroît, une vision politique de l’activité. Quel changement peut-on éthiquement accepter ? Car tout peut être déclaré moderne puisque nouveau : le modèle breton, les produits

chimiques, les techniques bio et tout peut paraître archaïque au regard d’une autre méthode. On pourrait dire que la tendance familiale, dans la volonté de rester « petit », dans sa dimension politique du refus du libéralisme est la plus rétive aux changements, ou tout du moins la plus prudente.

La dureté du métier et le temps libre

-C’est plus dur de maîtriser les bêtes pour une femme, m’a dit une paysanne de la Nouaille, il faut de la force physique.

Les veaux de lait, ça nécessite plus d’énergie, plus de présence que les broutards m’ont dit certains paysans, qui les ont abandonnés avec l’âge au profit des broutards.

-On travaille beaucoup pour gagner pas grand-chose.

J’ai attrapé mal au dos à cause du tracteur m’a signalé un paysan de Faux. Un autre paysan de Faux est devenu allergique à cause de la poussière respirée. -Il faut se lever la nuit pour les vêlages, des fois. Il ne faut pas compter son temps. Une grande partie des déclarations sur la dureté du métier sont, forcément, relatives à la profession (puisqu’on parle du métier). Les déclarations précédentes font penser que le paysan subit son emploi du temps et sa charge de travail. D’autres discours vont en sens inverse :

-Je travaille quand je veux, le jour où j’ai envie de me reposer, je me repose. -Moi, je suis tous les jours en vacances (un paysan de La Villedieu).

-Je n’ai pas besoin de vacances, il y a toujours du monde qui passe (un paysan militant de Gentioux qui accueille des stagiaires).

Il y a des périodes où on a beaucoup de travail parce que c’est comme ça : on dépend de la météo et des saisons et d’autres périodes où on est plus libre, m’a rappelé un paysan de Rempnat, celui qui dit qu’il ne faut pas compter son temps.