• Aucun résultat trouvé

DANS LE BASSIN VERSANT DE MEJERDA

6.4. Le niveau moyen mensuel de l’ETR

L’examen de la figure 77 relative aux différents sites du B.V de la Mejerda est nécessaire pour comprendre l’origine de la morphologie du régime mensuel de l’ETR. À cet égard, nous pouvons retenir les idées essentielles suivantes :

Partout dans le B.V de la Mejerda, les cumuls de l’ETR présentent un régime mensuel simple, duquel le niveau maximal occupe le mois de mai sauf à la station de Ghar Melh qui se décale au mois de Juin. Le niveau minimal est associé, dans la majorité des stations, au mois de novembre, sauf à Ghar Melh où il est enregistré au mois de décembre et il est accordé au mois de septembre pour Cherfech et Borj Amri. Cette situation se coïncide, probablement, avec l’état des réserves en eau du sol et l’état de croissance des plantes. À cet effet, le mois de mai est désigné par des NDVI élevés (se rapprochent de 1) reflète le record de l’activité végétale et par conséquent plus de transpiration. À l’inverse, le mois de novembre est attaché, généralement, à la période de semis, dans la mesure où l’activité végétale est faible et la recharge du stock d’eau est à son début. Ceci résulte des faibles valeurs des termes évaporation du sol et la transpiration de la végétation (Hammami O., 2010).

Le maximal mensuel des cumuls de l’ETR gardent le même pic par rapport à celui de l’ETM, et ce au mois de mai. La situation de Ghar Melh est liée aux caractéristiques de la fréquence d’une végétation hydrophile qui fait glisser, par sa photosynthèse tardive, le maximum de l’ETR au mois de juin. Quant au minimal, il se décale pour gagner le mois de novembre, qu’est généralement attaché à la période de semis dans la mesure où l’activité végétale est faibles (le minimal de l’ETM est enregistré en décembre et/ou janvier). Cet état est conditionné, selon Hammami O., (2010) par l’accroissement moyen journalier de la production primaire (en Kgha/jour) et de l’ETR moyenne journalière (en mm/jour). Ainsi, la

186 saison de la période où pousse la végétation (septembre, octobre, mi-novembre) enregistre un taux de croissance moyen journalier de végétation de 0,4 kgha/j et une ETR moyenne journalière de 0,48 mm, et ce sur les vertisols. Par contre, sur la période (mi-novembre, décembre, janvier) on assiste à un taux de croissance moyen journalier de 1,5 kgha/j et une ETR moyenne journalière de 0,66 mm. En ce qui concerne le minimum, observé au mois de septembre dans les stations de Cherfech et Borj Amri, s’explique par l’usage des terres dans ces deux stations. Ce sont des parcelles irriguées, dans la mesure où la réserve utile va être chargée à l’occasion de l’irrigation des cultures.

Les profils des cumuls mensuels de l’ETR expriment une nette dissymétrie. Ce fut une allure lente dès le début de la saison agricole vers le mois de mai, et une chute remarquable vers la fin de la saison. Ce schéma correspond, sans doute, aux comportements de la couverture végétale et la teneur en eau du sol. Il est admis que la saison de croissance de la végétation commence en automne et atteint son plein développement au printemps pour connaitre une chute par la suite. la réserve utile suit la même procédure, c’est-à-dire, la reconstitution progressive de son potentiel et puis un puisage rapide pour se vider complétement à la fin de la saison.

Sur toute la période étudiée (2000-2011), l’écart moyen inter-mensuel est intéressé par une gamme de valeur variant entre de 31,3 mm à 40,9 mm, en tenant bien sûr compte de l’exception de Tala et Gar Melh respectivement 18,7 mm et 25,9 mm (voir le tableau35). Toutefois, les faibles valeurs des écarts type sont expliquées, d’abord, pour Tala par l’effet de la fréquence de l’état des terres à sols nus avec des réserves utiles faibles de de 286,2 mm pour l’horizon de 0 à 120 cm, et ensuite, pour Ghar Melh, l’effet modérateur des plans d’eau provoquant une demande évaporative du climat, relativement, régulière sur toute l’année. Par ailleurs, les fortes valeurs des écarts types, en particulier, dans les sites de Siliana, Kef, Jendouba, Borj Amri et Cherfech sont à l’origine de la dynamique du cycle végétal rapporté, essentiellement, aux pratiques des cultures annuelles ou les jachères. Ceci permet de dire que la variation inter-mensuelle des cumuls de l’ETR est plus accidentelle que pour la végétation annuelle que la végétation arborée et les sols nus.

187

Figure 77: Le régime mensuel moyen de l’évapotranspiration réelle dans le B.V de la Mejerda (2000-2011)

Tableau 35 : variabilité du régime mensuel de l’ETR dans le BV de la Mejerda (2000-2011)

Écarts absolus (mm) Écarts-type (mm) Coefficient de variation (%) Jendouba 109,4 40 6,5 Kef 89,1 33,2 6,3 Tala 50,1 18,7 5,7 Siliana 88,3 31,3 6,1 Béja 109,9 40,7 6,7 Borj Amri 106,3 37,8 6,4 Cherfech 113,4 40,9 6,8 Ghar Melh 75,3 25,9 5,6

188 En demeurant à l’échelle mensuelle, les cumuls de l’ETR varient dans le temps comme dans l’espace. La variation inter-mensuelle montre une dissymétrie criante entre les mois allant du développement foliaire à la pleine saison, d’une durée d’environ de cinq mois et la période de récolte d’une durée d’environ de deux mois. À l’échelle spatiale, les surfaces à sols nus situées au sud du Tell et les surfaces à proximité des plans d’eau enregistrent des faibles variations de l’ETR. Par ailleurs, la vallée de la Mejerda et les plaines intramontagnardes témoignent les fortes variations spatiales sous l’effet des processus radiatifs et le caractère changeant de l’occupation du sol.

Conclusion

Bien qu’ils soient inégalement répartis dans le temps et dans l’espace les cumuls de l’ETR dans le BV de la Mejerda ont permis de distinguer les sous-régions selon leurs comportements en coefficient de stress hydrique. Ils ont confirmé l’apparence d’un noyau à faible ETR centré dans la haute vallée de Mallègue, aux environs de Tala et aux alentours de Ghar Melh et un autre noyau à forte ETR qui s’étend sur les versants sud de la Kroumirie et les sommets de montagnes. Ceci est à l’origine de l’interaction entre la réserve utile dans les sols et les caractéristiques des états de la surface, notamment la dynamique du couvert végétal. Cependant, l’ETR est relativement homogène dans les vallées abritées et la basse Mejerda, et ce en regard des effets radiatifs et l’effet modérateur des plans en eau.

L’approche cartographique de l’ETR, selon les trois pas de temps (l’année, la saison et le mois) par le modèle de la FAO, combiné au potentiel de l’imagerie satellitale MODIS, a montré que la végétation dans le B.V de la Mejerda est soumise à un stress hydrique qui devient de plus en plus important à une échelle de temps plus fine (échelle mensuelle) et qu’on se dirige du Nord vers le Sud.

189 CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Au terme de cette deuxième partie, plusieurs aspects peuvent être retenus :

 Les résultats obtenus montrent l’importance de l’intérêt de l’approche satellitale pour fournir une image régionale détaillée sur l’évapotranspiration dans le BV de la Mejerda. En effet, l’approche permet de caractériser l’état hydrique de la végétation à partir de l’humidité des sols et de caractériser l’état de développement de l’espèce végétale à partir des NDVI. La combinaison de ces deux types d’information avec le modèle de la FAO-56 conduit à la cartographie opérationnelle de l’évapotranspiration. L’originalité de cette approche repose sur l’avantage d’utiliser les images satellites sans, même, de données supplémentaires de terrain (Souidi et al., 2009).

 Dans l’ensemble, on peut dire que la cartographie de l’évapotranspiration dans ses trois articulations (ETP, ETM et ETR) confirme que la végétation dans le B.V de la Mejerda est soumise, la plupart du temps à une demande évaporative intense (ETP), à des besoins en eau (ETM), relativement élevés et à un stress hydrique plus moins fort (ETR), et ce en regard à des apports d’eau très faibles (précipitations).

 Quoi qu’il en soit, l’évapotranspiration sous ses trois formes montre une grande variation spatiale, qui se diffère d’un secteur à un autre. Son niveau maximum est observé au Haut Tell et son minimum est enregistré dans la basse Mejerda. En outre, la spatialisation de l’évapotranspiration permet de dégager une certaine régionalisation, notamment à partir de la fraction d’évaporation. Il s’agit de la haute Mejerda, les hautes terres de Tala et le delta de Mejerda. Les limites de ces régions sont légèrement différentes aux limites habituelles des sous-bassins versants de la Mejerda. Par contre, la variabilité temporelle est moins importante que la variation spatiale. La vallée de la Mejerda et les plaines intramontagnardes la variabilité la plus élevée et les secteurs d’altitude retiennent une variabilité relativement faible.

 L'évapotranspiration maximale (ETM) évolue par rapport à l'évapotranspiration potentielle (ETP), principalement en fonction de l'état de recouvrement du sol par la végétation et de son "degré" d'activité biologique. L’évapotranspiration réelle (ETR), quant à elle, évolue par rapport à l'évapotranspiration maximale (ETM), en fonction de l'état de la réserve hydrique du sol. Donc, Elles sont soumises au rythme saisonnier des apports radiatifs, l’état de développement de la végétation et le stock d’eau dans les sols.

 Les facteurs agissants sur l’évapotranspiration sont diversifiés. L’ETP est gouvernée, toujours, par les conditions atmosphériques (bilan radiatif, température, vent). L’ETM est en relation avec la carte de l’occupation des sols, le stade de développement de la végétation et les caractéristiques des surfaces (rugosité, albédo, taux de couverture). L’ETR est associée en premier degré à l’état des réserves en eau des sols et à la capacité de rétention en eau. Ces conditions nous poussent à chercher des liens : d’une part, entre le degré d’influence de chaque élément climatique pour l’ETP, d’autre part, entre la typologie des sols et les caractéristiques de la végétation pour l’ETR et l’ETM. Cette approche présente le côté de