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Ce paramètre météorologique, peu étudié en Tunisie, caractérise le degré d’hygrométrie de l’air et correspond à une possibilité d’évaporation tant que la saturation n’est pas atteinte. L’humidité relative de l’air est révélatrice de son taux de saturation : plus l’air n’a été en contact avec de l’eau, plus il est donc chargé en vapeur d’eau (Gond et al., 2004 ; Diop., 2009). L’humidité relative de l’air est nettement élevée tout au long de l’année dans le BV de la Mejerda. Toutefois, la figure 27 relève que les valeurs de l’humidité diminuent en allant du littoral vers l’intérieur, en particulier au sud du Tell, 74,5 % à Ghar Melh et 63,3 % à Tala. Ceci témoigne de l’effet rafraichissant du littoral sur l’amplitude thermique journalière (Ben Boubaker., 2000). Ce schéma se reproduit dans la répartition spatiale de l’ETP, du fait-elle augmente en fonction du degré de la continentalité. Les fortes valeurs enregistrées à Ghar Melh à l’extrême Nord-Est de la basse Mejerda, sont corrélées avec la proximité de la mer et les plans d’eau (Garaât Mabtouha, Sabkhet Ariana, Lagune de Ghar Melh), par contre les fortes valeurs des monts de la Kroumirie sont dues à l’effet de l’exposition aux flux humides du nord. Sur la même figure on constate un autre gradient de Nord au Sud. En effet, les versants sud de la Kroumirie où le couvert végétal est dense, l’humidité relative est forte avec des paliers supérieurs à 67 %. Inversement, l’apparition du sirocco (phénomène assez fréquent sur une grande partie du BV de la Mejerda) suffit à abaisser considérablement le degré hygrométrique à moins de 20% pour une période allant de deux à trois jours (Rodier et al., 1981 ; Hénia et al., 1997). En fait, les versants nord de la Dorsale enregistrent des quantités d’humidité relative un peu moins fortes et moins variables que ses homologues de la Kroumirie. Cette opposition est corrélée avec l’effet de la latitude dont l’écart entre les secteurs nord et les secteurs sud dépasse légèrement 5 %. De plus, « l’humidité relative est plus élevée en forêt, dans les prairies ou les

champs que dans les zones ou le sol est à nu » Beldrando., 1995.

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Figure 26: Moyenne annuelle de l’humidité relative dans le BV de la Mejerda

L’examen du tableau 13 relatif à l’humidité moyenne saisonnière dans le BV de la Mejerda présente des niveaux d’humidité très variés. L’hiver se distingue par des niveaux élevés qui dépassent le seuil de 70 % dans toute la région. À l’inverse, l’été détient des valeurs faibles aux alentours de 50 %, à l’exception de Ghar Melh 69,2 % sous l’effet de la mer. Même si ces faibles niveaux estivaux de l’humidité, ils peuvent activer l’évaporation (Hénia et al., 1997). L’automne et le printemps révèlent des valeurs d’humidité aux environs de 65 %. Cette irrégularité est en relation avec les changements des caractéristiques saisonnières au niveau du bilan radiatif et les types du temps.

Tableau 13: Humidité relative moyenne saisonnière (2000-2011)

Jendouba Béja Kef Tala Siliana Borj Amri Cherfech Ghar Melh

Hiver 74,3 76,1 77,3 74,1 72,1 74,3 78,1 80,4

Printemps 69,8 70,6 65,4 62,7 68,3 68,3 70,8 77,1

Été 53,6 54,8 54,4 50,8 51,5 54,1 55,4 69,2

Automne 67,3 69,4 68 65,5 67,4 68,1 70,4 71,1

Source : INM

Au total, les caractéristiques de l’humidité relative de l’air dans le BV de la Mejerda agissent de deux manières sur l’évolution de l’ETP. En effet, dans les secteurs à faibles altitudes d’humidité, notamment, les bassins enclavés à l’intérieur le pouvoir évaporant du climat se ralentit. Par contre dans les secteurs à forte humidité, en particulier les traits de la côte, les plans d’eau et les forêts, l’évapotranspiration s’accélère.

62 2.2.4. Le vent

Le vent constitue un facteur favorable à l’évapotranspiration, il intervient par sa vitesse et par ses caractéristiques hygro-thermiques (Henia L., 1993 ; Beltrando et al., 1995). De plus c’est un facteur écologique de premier ordre par les effets desséchants qu’il provoque sur la végétation puisqu’il substitue en permanence de l’air nouveau sec à l’air qui se sature en eau par contact avec le sol (Gond et al., 2004 ; Diop., 2009). Dans le B.V de la Mejerda, les vents dominants soufflent du secteur Nord-Ouest et Nord-Est. Ceci entretient les flux humides du nord dans la région durant la majeure partie de l'année, en particulier, sur la rive gauche. De plus, la région n’est pas à l’abri des vents de secteurs sud chaud et sec d’origine saharienne. Ceci active le pouvoir évaporant de l’atmosphère. À cet égard, Rodier (1981) disait que « le Sirocco souffle

généralement plus de vingt jours par an dans le bassin de la Mejerdah ». À titre d’exemple la

station de Borj Amri (basse Mejerda) se met sous l’effet de 21 jours de Sirocco en 2001(Al Manach., publication de l’INM 2002), la station de Béja (moyenne Mejerda) a enregistré 24 jours et la Station du Kef (Haut Tell), était touchée par 18 jours, et ce pour la même période. L’arrivée de ce vent est accompagnée d’une hausse notable de la température et d’une chute rapide de l’humidité relative. Cette ambiance engendre, sans doute, des quantités d’évapotranspiration très importantes.

En automne et en hiver, nous signalons aussi la présence des couloirs venteux, en particulier, le long de la vallée de Mejerda et les couloirs topographiques entre les montagnes du Haut Tell (tableau 14). Ceci, est un facteur de variation de l’évapotranspiration surtout dans les plateaux intra-telliens caractérisés par une topographie accidentée. Durant l’été le vent réagit, souvent, avec son pourvoir desséchant notamment par temps de Sirocco activant l’évaporation (Henia L., 1993). Pendant le printemps, la basse Mejerda se trouve sous l’effet du vent du Nord-Est qui prend de l’importance, dans la mesure où l’influence du relief est négligeable.

Au niveau ponctuel, la station de Cherfech, se montre comme la station la plus ventée, et ce en raison de sa situation géographique. Elle se trouve dans un site dégagé sans intervention du relief et sans effet de rugosité. Par contre, la station de Béja se caractérise par les vents les plus faibles de la région, en raison de situation topographique au pied d’un versant (cf. tableau 2). Quant à la direction des vents, le tableau 15 montre que les stations de la haute Mejerda sont exposées aux vents du Nord-Ouest à l’inverse les stations de la basse Mejerda qui sont plus exposées aux vents Nord-Est. Il y a aussi l’effet de la pente qui accélère et réchauffe le vent descendant, ce qui a un effet sur le rythme l’ETP. Il s’agit, en premier lieu des pentes des versants nord de la Dorsale occupés par les vents chauds et secs du sud et les pentes des versants de la Kroumirie en second lieu abordés par les flux humides du nord.

Tableau 14: Vent moyen quotidien saisonnier dans le B.V de la Mejerda (2000-2011) Jendouba Béja Kef Tala Siliana Borj Amri Cherfech Ghar Melh

Hiver 2,5 2,5 2,6 3,6 3,3 3,8 4,0 4,0

Printemps 2,8 2,5 2,8 3,8 3,5 4,3 4,5 4,2

Été 2,7 2,8 2,7 3,7 3,4 3,6 4,1 4,0

Automne 2,5 2,3 2,5 3,5 3,2 4,0 3,6 3,6

Source : I.N.M

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Tableau 15: Vent moyen quotidien annuel dans le B.V de la Mejerda (2000-2011) Paramètres

Stations

Force du vent

en m /s Direction la plus fréquente Direction En % des cas

Haute Mejerda Jendouba 2,6 Nord-Ouest 22

Béja 2,5 Ouest 26 Moyenne Mejerda Kef 2,7 Ouest 25 Siliana 3,7 Sud-Est 23 Tala 3,4 Nord-Ouest 37 Basse Mejerda

Borj Amri 3,9 Ouest 25

Cherfech 4,1 Nord-Est 21

Ghar Melh 4,0 Nord-Est 30

Source : I.N.M

En définitive, par son effet desséchant le vent est un agent d’accélération d’évaporation. En effet, la corrélation vent-évaporation est de 0,84 dans les secteurs semi-arides (Diop., 2009).

« Les besoins en eau augmentent au fur et à mesure que s’accroît la vitesse du vent ; le

maximum de l’évaporation correspond à celui du vent et de même que le minimum » (Diop.,

2009).