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DANS LE BASSIN VERSANT DE MEJERDA

4.4 Le régime mensuel moyen de l’évapotranspiration potentielle

5.2.2. La variabilité interannuelle de l’évapotranspiration maximale

L'analyse de la variabilité interannuelle revêt une importance capitale dans la mesure où elle permet de saisir l'évolution de l’ETM au cours de la période étudiée. À cet effet, le tableau 28 et la figure 64 indiquent, pour quelques stations et parcelles types, la variabilité interannuelle de l’ETM sur la période de 2000 à 2011. Le choix de ces stations et parcelles est guidé par le fait d’une diversité entre les différents secteurs du BV de la Mejerda, d’une variation de l’occupation des sols d’un secteur à un autre, d’une variation spatiale des besoins en eau de la végétation dans la région étudiée et d’un agissement différent des paramètres climatiques sur la variabilité de l’ETM d’un endroit à un autre. Nous pouvons, en outre, relever les remarques suivantes :

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Pour l’ensemble des stations et parcelles étudiées, l’ETM accuse, globalement, au fil des années des fluctuations faibles, dans la mesure où les valeurs du coefficient de variation varient de 2,7% à 5,6%. D’une part, ces fluctuations sont liées à l’irrégularité du régime climatique d’une année à l’autre. Ce régime se caractérise par une variabilité du bilan radiatif, le facteur essentiel de la demande évaporative. D’autre part, elles sont à la variabilité des NDVI, qui résulte du changement des activités agricoles d’une année à l’autre dans certains secteurs. L’ETM des plantations arborées et les sols nus, est plus moins stable durant la période étudiée par contre l’ETM de la végétation annuelle varie quelque peu d’une année à l’autre. En effet, la variation de l’ETM est beaucoup plus liée à la carte de l’occupation du sol (les propriétés des coefficients culturaux) qu’aux conditions climatiques (Er-raki., 2008 ;

148 Amri., 2013). Nous pouvons signaler aussi, et indépendamment de la variation de l’occupation du sol, que la variabilité de l’ETM diminue avec l’altitude (tableau 28). C’est-à-dire sous l’effet de l’altitude les besoins en eau de la végétation (ETM) ont tendance à se régulariser et à se diminuer d’eux-mêmes (Benjamin., 2007). Cependant, les niveaux de l’ETM peuvent cacher à leur tour une grande diversité de la variabilité interannuelle de l’ETM d’un secteur à un autre.

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La rive gauche de la haute-Mejerda (figure 64a): dans ce secteur la variabilité s’intensifie au fur et à mesure qu’on se déplace des sommets de la Kroumirie vers le fond de la vallée de la Mejerda. L’écart absolu maximal est enregistré à Badrouna 104,4 mm où l’ETM oscillent respectivement entre 1010,4 mm (2001-2002) et 906 mm (2003-2004) avec un écart-type de 37,1 mm soit une variation relative de 3,9 %. Par contre, le site d’El-Feîja montre un écart absolu de 93,9 mm, un écart type de 30,7 mm soit un coefficient de variation de 2,8 %. Ces valeurs des écarts-types sont proportionnelles aux cumuls annuels de l’ETM. Autrement dit, la variation est d’autant plus élevée que le niveau de l’ETM est plus fort.

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Le Haut Tell occidental (figure 62b) : dans ce secteur l’évolution de la variation de l’ETM est régulière dans la mesure où les courbes sont plus redressées. En effet, à Haïdra, située à sud-ouest de Tala, l’écart absolu enregistre son niveau le plus bas 18,6 mm, mais il augmente avec l’altitude pour atteindre 86,8 mm à Tala. De même pour le coefficient de variation il croit de 2,7% à 4,7 % dans les mêmes stations. Il n’y a aucun doute que cette nuance de variation est conjuguée à une stabilité de l’activité photosynthétique et par conséquent des profils des coefficients culturaux quasi-linéaires puisque cette zone est, majoritairement, caractérisée par une occupation de terres nues durant toute l’année en particulier dans les plateaux ouest de Tala.

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La moyenne Mejerda (figure 62c) : les sites représentatifs de cette partie enregistrent la dispersion la plus importante, par rapport à la moyenne, de l’ETM dans l’ensemble du BV de la Mejerda. L’écart-type atteint 47,5 mm, soit un coefficient de variation de 5,6 %. En fait, c’est une caractéristique des plaines et des secteurs abrités qui se distinguent par : des cumuls élevés de l’ETM, une carte d’occupation/utilisation des sols qui peuvent subir de véritables bouleversement, d’une année à l’autre, en matière de pratiques agricoles et des conditions environnementales (Er-raki., 2007).

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La basse Mejerda (figure 62d) : la variabilité de l’ETM perd de l’ampleur pour atteindre son minimum, notamment, à Ghar Melh avec un écart absolu de 21,1 mm et d’un écart type de 23,9 mm. Il est possible, ici, que l’effet de la mer joue le premier rôle comme un régulateur du pouvoir évaporant du climat et qui contribue à diminuer le degré de dispersion. Plus qu’on s’éloigne de la mer, la variation augmente sensiblement où l’écart absolu frôle les 33,5 mm, soit une variabilité relative de 3,8 %, et pour le site d’El-Battane. Celui-ci se caractérise par un profil de variation semblable à celui de Badrouna. Ceci est justifié par la présence des mêmes classes d’occupation du sol dans les deux sites, qui sont les cultures annuelles. C’est-à-dire les mêmes profils des NDVI et les mêmes aspects agro-climatiques (Mjejra et al., 2014).

149 Tableau 28 : Variabilité interannuelle de l’ETM (mm) à quelques stations et parcelles-types dans le

BV de la Mejerda (2000-2011)

* Source : Bousnina., 2000 et les résultats des campagnes de terrain Régions Station/

parcelles

Caractéristiques des stations et parcelles types* Écarts absolus (mm) Écarts- type (mm) Coefficients de variation (%) Rive gauche de la Haute-Mejerda Badrouna

Station de fond de la vallée de la Mejerda située à l’est de Jendouba avec une altitude de 130m. La station est bien dégagée au nord, vers le sud elle est à l’abri des Jbels : Twil, Margab… L’occupation du sol est de type grande cultures (Blé, orge).

104,4 37,1 3,9

El-Feïja

Station forestière typique au sommet de la Kroumirie, avec une altitude de 901m. Bien exposé au flux arrosés du Nord-Ouest. L’occupation du sol est une forêt dense de chaînons (parc national).

93,9 30,7 2,8

Haut-Tell Tala

Station d’altitude (1020 m) et se trouve très dégagée vers le Nord et du côté sud est sous l’abri des sommets de la Dorsale (Jbel Bireno 1419 m). L’occupation du sol est de type prairie et/ou sol nu

86,8 27,2 4,7

Haïdra

Station située sur le plateau sud du Haut Tell et à l’ouest de Tala, avec une altitude de 809m. Station dégagée est occupée par les sols nus.

18,6 14,5 2,7

Moyenne Mejerda

Testour

Station de dépression car elle est située au fond d’un arc montagneux dans la moyenne vallée de Mejerda, en bordure de l’oued et au sud du barrage Sidi Salem. Son altitude est de 135m. L’occupation du sol est de type arboriculture : olivier

104,4 37,3 4,2

Er-Ramlia

Station de plaine au nord de Siliana au piémont de la Dorsale, avec une altitude de 491m. Elle est bien dégagée vers le Nord et côté sud elle est à l’abri de l’axe de la Dorsale (Jbel Sarej). La station est occupée par les fourrages.

152,1 47,5 5,6

Basse-Mejerda

Ghar Melh

Station littorale, située sur le piémont du versant sud de Jbel Ennadhour, avec une altitude de 46m. Station exposée au sud sous influence direct de la mer. L’occupation du sol : surface humides

21,1 23,9 2,9

El-Battane

Station de la plaine de la basse Mejerda et au fond assez étroit de la vallée, avec une altitude de 105m. Occupée par les périmètres irrigués publics (des légumes, blé irrigué)

150 Figure 7: Variabilité interannuelle de l’ETM dans le BV de la Mejrda : (a) la rive gauche de la haute

Mejerda ; (b) le Haut Tell ; (c) la moyenne Mejerda et (d) la basse Mejerda (2000-2011)

Nous pouvons, aussi, souligner le fait que la variation de l’ETM est moins importante que celle de l’ETP, mais elle se diffère d’une région à une autre. Ainsi, la variation de l’ETM traduit un contraste qui existe d’abord entre les occupations des terres : les plantations arborées à feuillage pérenne (cas des oliviers et les séries de chênes verts), couvert végétal des plantations annuelles et l’occupation du sol à nu. Ensuite, entre les différentes formes de la topographie : les vallées enclavées et les reliefs d’altitude. Enfin, l’opposition de continentalité/maritimité : entre les secteurs littoraux et ceux de l’intérieur. Selon ces apparences, il est possible de retenir, par ordre d’importance les principaux facteurs qui déterminent la variation de l’ETM dans le B.V de la Mejerda : la nature de l’occupation du sol, les conditions topo-climatiques, et la proximité de la mer. Ces fluctuations de l’ETM entre les années ont- elles la même hiérarchie au sein de l’année agricole qui dépend dans une très large mesure des conditions climatiques ?