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Facteurs de risques : l’exemple de la schizophrénie

* Les facteurs de risque environnementaux :

Plusieurs facteurs de risque environnementaux sont associés à une augmentation de la prévalence de la schizophrénie.

Parmi ces facteurs, on retrouve des facteurs sociodémographiques : le sexe (être un homme augmente le risque de forme sévère), l’urbanicité, le statut migratoire, la saison de naissance (naître en hiver, probablement en lien avec l’action de certains virus sur le neurodéveloppement), l’âge du père à la naissance (le risque est augmenté pour un âge plus élevé) et le statut socioéconomique peu élevé…

Des facteurs de stress psychologiques jouent également un rôle majeur : un stress maternel pendant la grossesse, la maltraitance infantile

Les facteurs environnementaux sont également biologiques et peuvent intervenir de façon précoce (par ex, infections, complications obstétricales) sur le développement de l’individu ou plus tard à l’âge adulte (par ex, le cannabis).

Ces facteurs de risque environnementaux, pris séparément, ne sont ni nécessaires ni suffisants pour développer un trouble schizophrénique et ils s’intègrent dans des modèles de vulnérabilité intégratifs (bio-psycho-sociaux) (cf. Item 61).

* Les facteurs de risque génétiques :

Les études épidémiologiques ont mis en évidence une composante génétique de la schizophrénie. Il s’agit notamment de variants de gènes codant pour certaines protéines du neurodéveloppement cérébral et pour les systèmes de neuromé-diateurs. En clinique, ce risque génétique est approché par la recherche d’antécédents familiaux.

* Les interactions gène environnement :

Comme la plupart du temps, l’ensemble de la population générale est exposée à ces facteurs environnementaux et que seule une faible proportion de sujets vulnérables génétiquement va développer un trouble, en présence de certains facteurs, c’est l’interaction entre certains facteurs environnementaux et certains facteurs de vulnérabilité génétique qui va être responsable de la survenue du trouble. Par exemple, les apparentés de patients souffrants de schizo-phrénie, sont, de part leur vulnérabilité génétique, plus sensibles aux facteurs environnementaux (par ex., effets du cannabis) que les non apparentés.

3.

Prévention et dépistage

des troubles psychiatriques

3.1.

Les différents types de prévention de l’OMS

Selon l’OMS en 1948 : « la prévention est l’ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps ».

L’OMS distingue trois types de prévention :

* La prévention primaire :

Qui est l’ensemble des actes visant à réduire les risques d’apparition de nouveaux cas (incidence).

Sont par conséquent pris en compte à ce stade de la prévention les conduites individuelles à risque, comme les risques sociétaux ou environnementaux. Elle s’intègre, entre autres, dans les actions générales de santé publique.

* La prévention secondaire :

Dont l’objectif est de diminuer la prévalence d’une maladie dans une population. Ce stade recouvre les actes destinés à agir au tout début de l’apparition du trouble ou de la pathologie afin de s’op-poser à son évolution ou encore faire disparaître les facteurs de risque. Cette prévention inclut également tous les actes de diagnostic et de prise en charge précoces

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Qui intervient à un stade où il importe de diminuer la prévalence des incapacités chroniques ou des récidives dans une population et de réduire les complications, invalidités ou rechutes consé-cutives à la maladie. Cette prévention vise donc la réadaptation socioprofessionnelle et passe par une meilleure optimisation thérapeutique

3.2.

Prévention primaire (population générale)

Les actions de prévention primaire sont vastes et concernent tous les domaines de l’environne-ment sociétal, social et culturel de l’individu. Les politiques nationales de santé l’environne-mentale ne se limitent pas aux champs d’action des troubles mentaux. Elles visent globalement à améliorer la qualité de vie et les conditions de travail des populations, lutter contre l’isolement social, le chômage, les addictions, la précarité, les inégalités, l’échec scolaire…

pour en savoir plus : en pratique

Dans le domaine de la santé publique, on peut souligner le rôle :

* Des campagnes de prévention et sensibilisation (cannabis, alcool, maltraitance).

* De la promotion des règles hygiéno-diététiques.

* De l’éducation à la santé en milieu scolaire.

* Intervention en santé mentale sur le lieu de travail (programmes de prévention du stress).

* D’un meilleur accès aux soins pour tous (centre médico-psychologiques, CMU, protection sociale).

La prévention primaire des troubles psychiatriques, selon l’OMS, devrait également viser à renforcer l’intégration sociale en diminuant (cf. Item 01):

* La baisse du niveau d’appartenance sociale, source d’isolement.

* La perte de sens et de cohérence, facteur d’émoussement du goût de vivre.

* La diminution du sentiment de contrôler sa propre vie, facteur d’autodépréciation.

* La disparition de la spiritualité, des références politiques ou éthiques, génératrices d’angoisses existentielles.

3.3.

Prévention secondaire (à l’échelle de l’individu)

Cette prévention, incluant le dépistage, s’effectue à l’échelle individuelle. Les situations de dépis-tage dépendent des différents âges de la vie.

3.3.1.

Stade périnatal et petite enfance (cf. Item 53)

* Dépistage précoce des situations à risque de troubles de l’attachement et de maltraitance : trouble psychiatrique chez la mère, en péri-partum (cf. Item 67),

* Intervention des services de protection maternelle et infantile (PMI) : suivi rapproché des mères ayant des antécédents psychiatriques,

* Examens pédiatriques obligatoires (suivi du développement psychomoteur de l’enfant) (cf. Item 53),

* Dépistage des troubles psychiatriques débutants et prise en charge précoce.

35 3.3.2.

Enfance

* Surveillance du développement psychomoteur (retard d’apprentissage), suivi social et nutri-tionnel (règles hygiéno-diététiques) (cf. Item 66).

* Accompagnement psychologique adapté en cas de séparations, de traumatismes, de patholo-gies médicales non psychiatriques associées.

* Repérage des situations de maltraitance (PMI, consultations pédiatriques, milieu scolaire et urgences) et mises en place de mesures adaptées : si nécessaire, signalement au procureur de la République et mise en place de mesures d’aide éducative.

* Repérage des situations à risque (trouble psychiatrique parentale, antécédents dans la fratrie).

* Dépistage des troubles psychiatriques débutants et prise en charge précoce.

3.3.3.

Adultes

* Promotion des règles hygiéno-diététiques et de bonne santé (cf. Item 01).

* Accompagnement et soutien psychologique en cas de situations de vie difficile, de stress au travail, de pathologies médicales non psychiatriques associées en tenant compte des proces-sus de transaction (cf. Item 01).

* Dépistage et aide au sevrage de toute substance addictive (médecine générale, médecine du travail, milieu carcéral, services de PMI, service d’urgences) (cf. Items 73, 74, 75, 76 et 77).

* Dépistage des troubles psychiatriques débutants et prise en charge précoce.

3.3.4.

Personnes âgées (cf. Item 68)

* Identification des situations à risque de maltraitance, d’isolement, de précarité.

* Favoriser le maintien d’une vie sociale (structures d’accueil de jour).

* Dépistage des troubles cognitifs débutants.

* Dépistage des troubles psychiatriques débutants, en particulier les épisodes dépressifs caractérisés

3.4.

Prévention tertiaire

Elle vise principalement à :

* Diminuer les rechutes et les hospitalisations via une meilleure optimisation thérapeutique (médicamenteuse et psychothérapeutique) (cf. Items 71, 72 et 117).

* Améliorer la conscience du trouble (éducation thérapeutique) et favoriser les stratégies d’ajus-tement du sujet face à la maladie (cf. Item 01).

* Favoriser une meilleure adaptation socioprofessionnelle des patients (cf. Item 117).

* La promotion des droits et des soins pour les personnes souffrant de troubles psychiatriques (cf. Item 117).

* Favoriser la réduction des risques dans le domaine de l’addiction (cf. Items 73, 74, 75, 76 et 77).

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Résumé

La santé mentale fait partie intégrante de la santé. Les troubles psychiatriques sont fréquents et peuvent être responsable d’un handicap pour l’individu et son entourage. L’identification des facteurs de vulnérabilités et des facteurs de stress socioéconomiques, environnementaux ou biologiques, en fonction de chaque étape de la vie, peut permettre la mise en place de stratégies pluridisciplinaires de prévention, de dépistage et de prise en charge

L’OMS a défini trois types de prévention : primaire, secondaire et tertiaire. Ces stratégies de prévention doivent être réfléchies en fonction des connaissances scientifiques que l’on a des différents troubles psychiatriques, mais également en fonction des âges de la vie.

Points clefs

* Les facteurs de risques importants des troubles psychiatriques sont les facteurs de stress et la façon dont le sujet peut s’y ajuster.

* Il existe plusieurs types de facteurs de risque : - Socioéconomiques et environnementaux - Psychologiques.

- Biologiques

* Certains facteurs de risque sont plus spécifiquement liés à l’âge de l’individu :

- Période anténatale : troubles psychiatriques chez les parents, exposition à des agents pathogènes pendant la grossesse

- Enfance et adolescence : retard psychomoteur, troubles psychiatriques parentaux, maltraitance, échec scolaire, consommation de toxiques

- Adulte : stress professionnel, précarité, consommation de toxiques

- Personne âgée : déclin cognitif, isolement social et familial (deuil), maltraitance, précarité.

* L’OMS définit trois types de prévention :

- La prévention primaire : en amont des troubles, elle vise à diminuer l’apparition de nouveau cas à l’échelle de la population générale. Elle concerne les actions de santé publique mais également les mesures sociocultu-relles qui permettent l’amélioration de la qualité de vie et l’intégration de l’individu dans la société.

- La prévention secondaire : elle correspond au dépistage, à l’échelle individuelle, des troubles psychiatriques et à leur prise en charge précoce, mais également au dépistage des facteurs de risque de ces troubles et à la mise en place de mesures préventives. Elle est spécifique en fonction des différents âges de la vie.

- La prévention tertiaire : diminue les rechutes et l’incapacité liées aux troubles psychiatriques. Elle passe par une meilleure réadaptation socioprofessionnelle et une optimisation des traitements

Références pour approfondir

The Cost of Mental Disorder in France, K. Chevreul et al., Eur Neuropsychopharmacol, 2013 Aug 879-86.

Site officiel de l’Organisation mondiale de la Santé : www.who.int/fr/.

Rapport de la Cour des comptes, Décembre 2011, « L’organisation des soins psychiatriques : les effets du plan “psychiatrie et santé mentale” (2005-2010) ».

item 01

La relation