• Aucun résultat trouvé

Nerfs palmaires (Nervi palmares s digitales communes palmares)

I/ Description anatomique des nerfs du membre thoracique du cheval

NERFS MOTEUR SENSITIF N suprascapularis M supraspinatus

52/ Nerfs palmaires (Nervi palmares s digitales communes palmares)

Autrefois appelés bien à tort nerfs plantaires, ces nerfs sont au nombre de deux chez le Cheval et distingués en médial et latéral[9]. Ils se continuent en nerf digital palmaire médial et latéral (cf. schéma 17, photos 20 et 22)[196].

521/ Nerf palmaire médial(Nervus palmaris medialis)

Le nerf palmaire médial vient uniquement du nerf médian, dont il constitue la plus forte des deux branches terminales. Il en continue d’ailleurs la direction en s’accolant à l’artère palmaire métacarpienne (A. metacarpeus palmaris), qu’il accompagne jusqu’au boulet[9]. Cette artère est le vaisseau principal de l’irrigation du doigt[182]. Avec cette artère, il descend au bord médial du tendon perforant, dans la gaine carpienne d’abord, puis dans la région du tendon sous l’aponévrose post-métacarpienne où il est toujours situé en position postérieure, c’est à dire palmaire par rapport à l’artère[9, 82]. Dans les deux tiers proximaux du métacarpe, le faisceau vasculo-nerveux passe dans le sillon entre le muscle interosseux III et les tendons fléchisseurs du doigt.

Rappelons que le muscle interosseux est une bande tendineuse, plate, longue et dure, connue pour ces raisons sous le terme de ligament suspenseur du boulet. Les fibres musculaires disparaissent graduellement lorsque l’animal vieillit, pour ne plus être que du collagène chez l’adulte[58]. Notons également que l’on trouve 40% de fibres musculaires en plus dans le ligament suspenseur du boulet chez le cheval commun que chez le pur-sang. Le nombre de fibres musculaires diminuent également lorsque les chevaux sont à l’entraînement[196].

Le nerf palmaire devient plus superficiel et émerge dans la partie distale du métacarpien rudimentaire II (Os metacarpale II)[182], alors que l’artère associée devient plus profonde[88]. Au-dessus du boulet, il se termine par l’émission de trois nerfs digités. Sur son trajet, il a fourni plusieurs ramuscules cutanés et tendineux, et surtout une branche communicante (Ramus communicans) qui se détache à angle aigu de son bord palmaire un peu au-dessus du milieu du métacarpe, contourne obliquement sous la peau les tendons fléchisseurs et vient se jeter un peu plus bas sur le nerf palmaire latéral (cf. photo 21)[9]. Cette branche est facilement palpable juste sous la peau[88]. Pour Sack, il n’y a pas de branches cutanées émissent par le nerf palmaire médial proximalement à la branche communicante[180].

Sous cette branche communicante, on trouve un muscle en régression, le muscle lumbrical que l’on a déjà cité. C’est un muscle semi-tendineux, composé d’une riche vascularisation, de nerfs périphériques et de mécanorécepteurs : les capsules neurotendineuses (forme unique, double ou triple). Ce muscle répond au stress environnemental en réorganisant et/ou remodelant les constituants cellulaires. Klomkleaw et al. ont émis l’hypothèse que le muscle lumbrical du cheval a perdu son rôle original d’élément contractile et s’est changé en une autre fonction, comme un organe vital nerveux. Sa taille varie d’insignifiant à clairement

Photographie 23 - Dissection du canon, face latérale. Photo M. BIRAGUE. N. palmaris lateralis [N. digitalis palmaris communis III] A. digitalis palmaris communis III Ramus communicans Mm. flexores digitorum (superficialis et profundus) Os metacarpale III N. metacarpeus palmaris III

Schéma 18 - Représentation schématique d’une coupe anatomique transversale du boulet gauche du cheval. D’après[129].

A l’origine de l’artère digitale médiale (A. digitalis palmaris medialis), le nerf sésamoïdien médial se divise en deux petites branches. Ces branches passent l’artère digitale médiale et partent distallement, axiale et abaxiale, parallèle à cette artère.A ce point, de nombreuses petites branches forment un plexus dans le tissu fibreux, duquel deux branches ou plus partent vers le foramen nourricier de l’os sésamoïde proximal médial[35]. Ces petites branches pénètrent les os sur leur face abaxiale et continuent dans les espaces intertrabéculaires[33]. Elles restent parallèle à l’artère sésamoïde (A.sesamoidea). Les autres branches passent en direction de la paroi palmaire du récessus palmaire de l’articulation métacarpo- phalangienne[35]. L’étude de Cornelissen, en 1994, fournit la possibilité de diagnostiquer des boiteries dues à l’os sésamoïde proximal - latéral ou médial - par une anesthésie locale périneurale spécifique[35].

Des fibres contenant les neuropeptides CGRP (Calcitonin gene-related peptide) et la substance P (SP), composée de seulement 11 acides aminés, sont présentent autour des os sésamoïdes proximaux. Les fibres nerveuses contenant de la substance P sont présentes dans les capsules articulaires, le périoste, l’os sous-chondral, les ligaments peri-articulaires. On retrouve ces fibres nerveuses SP chez l’Homme, le rat, le chat et le cheval, dans les articulations diarthrodiales[72]. Le neuropeptide neurokinine A (NKA) est lui aussi détecté dans les membranes synoviales de toutes les articulations distales du membre thoracique, à partir de l’articulation radiocarpienne. Les fibres immunoréactives NKA sont étroitement associées avec les vaisseaux sanguins, en particulier les larges vaisseaux dans les régions basales de la membrane synoviale sous-intimale. Il est plus rare de trouver de la NKA près ou à l’intérieur de l’intima de la membrane synoviale de l’articulation carpo-métacarpienne ou métacarpophalangienne[20].

Ainsi, on retrouve d’abondantes fibres nerveuses sensorielles dans la capsule articulaire, les parois sous-intimales de la membrane synoviale, les ligaments collatéraux, le ligament suspenseur du boulet, les attaches osseuses du ligament sésamoïdien distal et le périoste péri- articulaire. Le cartilage articulaire, chez un cheval sain, est dépourvu de fibres nerveuses[20, 163]. Pour Cornelissen, ces neuropeptides sont plus présents chez le cheval adulte que chez le foal[33], contrairement à ce qu’avance Nixon et al., pour qui il n’y a pas de différences apparentes dans leurs distributions ou leurs nombres. De plus, l’innervation avec des fibres CGRP et SP est plus dense à la périphérie de l’os chez l’adulte. Il n’y a pas de différence locale évidente de l’innervation de ces os sésamoïdes proximaux chez le foal. A l’exception du ligament intersésamoïdien, les ligaments sont plus richement innervés que les os.

Deux configurations de fibres ont été mises en évidence : la configuration A (les neuropeptides sont présents dans de fines fibres ondulées, avec des varicosités intermittentes et pas de terminaisons distinctes) et la configuration B (fibres larges et courtes, sans varicosités). Pour les ligaments, la configuration A prédomine. Chez le foal, la fréquence des variations de configurations est semblable à l’adulte[33].

Rappelons que les fibres nerveuses peptidergiques, qui contiennent les neuropeptides CGRP et SP, sont largement utilisées comme marqueurs sensoriels, car ils sont responsables de la propagation de l’information nociceptive. Ces substance, CGRP et SP, sont présentes dans les fibres afférentes non-myélinisées et myélinisées, à moindre mesure[33]. Pour Nixon et al. les fibres nerveuses sensorielles terminales SP-immunoréactives sont majoritairement de petit diamètre, non-myélinisés, avec une terminaison libre[163]. Les fibres contenant ces peptides sont généralement associées aux vaisseaux sanguins (cf. photos 25,26 et 27)[33, 163]. Il a été suggéré que le nombre de fibres peptidergiques est corrélé à la sensibilité de la structure[33]. La surface articulaire proximale de la phalange proximale et les régions dorsales des os sésamoïdes proximaux apparaissent légérement plus sensibles, lorsqu’on se base sur une évaluation subjective du nombre de nerfs SP. Il est intéressant de noter que l’innervation sensorielle des tissus mous

Photographie 25 - Photomicrographie d’une section d’os sésamoïde proximal avec des fibres CGRP (flèches) courrant le long d’un vaisseaux sanguin. Immunocytochimie. Barre = 100µm. D’après[33].

Photographie 26 - Photomicrographie d’une section de canal vasculaire dans un os sésamoïde proximal mature, contenant plusieurs fibres CGRP (flèches) proches des larges vaisseaux sanguins. Immunocytochimie. Barre = 100µm. D’après[33].

des articulations diarthrodiales a pu être déceler par l’utilisation de techniques histologiques et immunohistochimiques[163].

Les os sésamoïdes proximaux et les quatre ligaments adjacents (suspenseur, sésamoïdien distal, intersésamoïdien, et collatéraux) contiennent des fibres CGRP et SP. Ceci suggère que la sensation douloureuse peut être originaire de ces sites. Cependant, l’innervation est supérieure dans les ligaments, ce qui suggère une plus grande sensibilité de ces tissus mous[33].

Sack a montré une variation du nerf palmaire médial, avec l’existence d’une branche palmaire (à l’extrémité distale du métacarpien II) communicant avec le Ramus pulvinus et entrant dans le coussinet digital(Torus digitalis)[180].

522/ Nerf palmaire latéral(Nervus palmaris lateralis)

Le nerf palmaire latéral a une constitution mixte. Il vient surtout de la branche profonde, la plus forte, de la terminaison du nerf ulnaire. Celle-ci descend sous le tendon ulnaire, au bord postérieur du pisiforme où elle est rejointe par la branche latérale, la plus grêle, de la terminaison du nerf médian[10].

Toutefois, certains auteurs (Denoix, Dyce et al.) considère la branche profonde comme une part du nerf ulnaire uniquement[158].

La branche profonde descend avec le nerf palmaire latéral à l’intérieur du rétinacle des fléchisseurs (Retinaculum flexorum)[158].

Ainsi renforcé, il s’accole au bord palmaire de la veine métacarpienne latérale (V. metacarpea lateralis) qu’il va suivre dans toute sa longueur[9]. L’artère palmaire latérale (A. palmaris lateralis) est plus petite que la médiale, on la retrouve en position variable[182]. Au-dessous du carpe, il se place au bord latéral du tendon perforant, dans une position comparable à celle du nerf médial, mais un peu dorsale[9]. Il se localise dans le sillon entre le muscle interosseux III et le tendon fléchisseur profond (cf. photos 23 et 24)[182]. Il émet sur son trajet quelques grêles rameaux cutanés, au dessus des tendons fléchisseurs, dans le tiers proximal du métacarpien[180]. Il donne aussi principalement des rameaux tendineux. Il fournit aussi, un peu au-dessous de l’os pisiforme, une branche dite palmaire profonde (Ramus palmaris profondus) qui longe le ligament pisi-métacarpien et rejoint l’extrémité supérieure du ligament suspenseur du boulet. Elle s’insinue transversalement derrière celui-ci et s’y distribue[10, 158, 179]. Elle fournit en outre deux longs rameaux descendants qui donnent des fibres au périoste du métacarpe et aux petits muscles interosseux[10].

Le nerf palmaire latéral reçoit le rameau communicant que lui envoie le nerf palmaire médial, pour innerver dans la moitié distale du métacarpe, la peau latéro-palmaire sur les tendons fléchisseurs, sur le muscle interosseux et sur le boulet[180].

Dans la moitié distale du métacarpe, quatre branches profondes partent du nerf palmaire latéral : la première quelques centimètres distale au rameau communicant, les autres à proximité des os sésamoïdes proximaux, pour la gaine digitale et la paroi superficielle du récessus palmaire de l’articulation du boulet[180].

Le nerf sésamoïdien latéral montre la même distribution que le nerf sésamoïdien médial. Cependant, il n’y a pas d’artère palmaire latérale, face latérale du métacarpe. Dans cette région, le nerf sésamoïdien latéral part distallement, axial, à une faible distance du nerf palmaire latéral. Cornelissen et al. n’ont trouvé aucune branche originaire du nerf ulnaire dans les os sésamoïdes proximaux[35].

Un peu au-dessus du boulet, le nerf palmaire latéral se divise comme le médial et fournit les nerfs digités correspondants[9].

A/ Distribution des nerfs dans les régions carpienne et métacarpienne palmaires du membre thoracique droit (vue palmaire). Les flèches indiquent le lieu d’élection de l’anesthésie métacarpienne proximale.

B/ Distribution des nerfs dans les régions carpienne et métacarpienne palmaires du membre thoracique droit (vue palmaire) après résection de la branche palmaire du nerf ulnaire (*). Les nerfs rayés sont histologiquement intacts, les nerfs en blanc montrent des signes manifestes de dégénération.

C/ Distribution des nerfs dans les régions carpienne et métacarpienne palmaires du membre thoracique droit (vue palmaire) après résection de la branche palmaire latérale du nerf médian (**). Les nerfs rayés sont histologiquement intacts, les nerfs en blanc montrent des signes manifestes de dégénération.