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Dose la plus haute sans effet (Highest No Effect Doses : HNED) et temps de détection

IV/ Les anesthésiques locaux : rôle dans le dopage des chevau

2/ Dose la plus haute sans effet (Highest No Effect Doses : HNED) et temps de détection

La HNED est définie comme la dose maximale d’une molécule à laquelle il n’y a pas de possibilités pour le cheval d’avoir été influencé pharmacologiquement par cette molécule durant la course. Une fois la HNED établit, on détermine la plus haute concentration urinaire et/ou plasmatique sans effet : le seuil sans effet (No Effect Threshold : NET). Il s’agit de la concentration maximale urinaire ou plasmatique d’une molécule ou d’un métabolite spécifique suivant l’administration de la HNED[99].

Les doses maximums sans effet sont obtenues en utilisant le modèle de Kamerling et al.(cf . figures 33 et 34)[119]. Ce modèle utilise une lampe chauffante qui augmente rapidement (4 à 5 secondes) la température de la partie superficielle de la peau jusqu’à 90°C. A cette température, l’animal retire brusquement son membre. Avec une anesthésie locale effective, l’animal ne retire pas son membre et la température peut dépasser les 120°C. Pour prévenir les dommages tissulaire, l’exposition est, dans ce cas, limitée à un maximum de dix secondes. Ce modèle a permis de déterminer les HNED pour différents anesthésiques locaux.

Toutefois, ce modèle donne une estimation prudente des doses seuils. En effet, la douleur profonde peut être plus difficile à bloquer que la douleur cutanée, elle requiert donc une dose plus importante d’agent anesthésique. De plus, en fonction de la méthode utilisée pour déterminer la HNED (site d’injection, voie d’administration...), les résultats seront variables. La HNED est donc valable pour un anesthésique local donnée, avec une méthode et un modèle donné. La HNED doit aussi être définie en rapport avec une voie d’administration spécifique[96].

Le temps de détection est défini comme la période de temps connue après l’administration durant laquelle un agent ou ses métabolites sont détectés dans le plasma ou l’urine d’un

Figure 33 - Action d’un bloc nerveux à la procaïne 2% sur le HWRL (n=6). Les valeurs sont des latences moyennes post-traitements exprimées en un pourcentage de la latence moyenne pré-traitement (contrôle). D’après[119].

Latence pré-saline = 8,3±0,6 sec. Latence pré-procaïne = 7,7±0,6 sec.

21/ Amides

211/ Lidocaïne

La HNED pour la lidocaïne, en utilisant une anesthésie digitale proximale comme modèle, est de 4 mg. A cette dose, la concentration de 3-hydroxylidocaïne retrouvée dans l’urine montre un pic à 315 ng/mL, une heure après l’administration en sous-cutanée[53, 101]. En utilisant une recherche par ELISA (Enzyme Linked ImmunoSorbent Assay), les pics de concentration plasmatique et urinaire de lidocaïne apparente sont respectivement de 0,84 ng/mL à trente minutes et 72,8 ng/mL à soixante minutes après l’injection. Attention toutefois car les tests par ELISA ont tendance à sous-estimer la quantité de lidocaïne ou de molécules apparentées présentes dans les échantillons d’urine[101]. Elle peut être détectée par spectroscopie de masse, chromatographie gazeuse ou FPIA (Fluorescence Polarization ImmunoAssay).

La lidocaïne peut être détectée dans l’urine 60 heures suivant l’administration sous-cutanée d’une dose de 200 mg[102]. Gadot donne une période de détection identique, de 60 heures, lors d’administration SC de lidocaïne, à la dose de 440µg/kg[75].

La lidocaïne est considérée comme une substance prohibée de classe 2 par l’ARCI. 212/ Mepivacaïne

La HNED pour la mepivacaïne, pour produire une anesthésie digitale proximale, est de 2 mg par site[86, 96]. A cette dose, le pic de concentration urinaire de mépivacaïne est de 63 ng/mL, deux heures après l’injection. Le métabolite majeur identifié est la 3- hydroxymépivacaïne. La concentration de ce métabolite retrouvé dans l’urine de cheval montre un pic à 64,6 ng/mL, quatre heures après l’administration. L’étude de Harkins, Karpiesiuk et al., en 1999, suggère que la découverte de concentration de 3- hydroxymépivacaïne inférieure à 65 ng/mL, dans les échantillons urinaires post-course, ne peut pas être associée avec un récent effet anesthésique local de la mépivacaïne[96].

La mépivacaïne est également listée dans la classe 2 des substances interdites par l’ARCI. L’Agriculture Canada Equine Drug Evaluation Centre (1991) rapporte un temps de détection de 48 heures suivant l’administration SC ou intra-articulaire d’une dose de 300 mg de mépivacaïne.

L’Australian Equine Veterinary Association (1992) rapporte un temps de détection de 48 heures après l’administration sous-cutanée ou intramusculaire d’une dose de 400 mg.

L’European Horserace Scientific Liaison Committee (1997) rapporte un temps de détection de 4,5 jours suivant l’administration sous-cutanée d’une dose de 200 mg[96, 102]. Gadot donne également une période de détection de 108 heures (4,5 jours) lors de l’administration SC de mépivacaïne, à la dose de 395µg/kg[75].

213/ Bupivacaïne

La HNED pour la bupivacaïne, suivant une anesthésie digitale proximale, est de 0,25 mg par site[97, 99]. Une étude de Harkins et al. suggère que la découverte d’une concentration de 3- hydroxybupivacaïne inférieure à 30 ng/mL dans les échantillons urinaires post-courses n’est pas compatible avec un effet anesthésique local récent[97].

C’est un anesthésique local inclus dans la classe 2 des substances prohibées par l’ARCI. Le meilleur temps de clairance, estimée par les canadien, est de 24 heures[102].

214/ Ropivacaïne

La HNED pour la ropivacaïne, suivant un modèle d’anesthésie digitale proximale, est de 0,4 mg par site. Les tests ELISA utilisés sont capables de détecter des concentrations de ropivacaïne apparente (ropivacaïne et métabolites de structures similaires, incluant les glucuronides) dans les échantillons urinaires post-courses de 10 à 100 ng/mL[94].

Elle fait aussi partie de la classe 2 des substances prohibées par l’ARCI, mais elle n’est pas reconnue comme un médicament thérapeutique par l’association américaine des praticiens équins, rendant son utilisation abusive dans les courses de chevaux[94].

22/ Esters

La pharmacocinétique de la procaïne a été grandement étudiée chez le cheval car son effet anesthésique local et stimulant central peut masquer une boiterie et potentiellement améliorer les performances. La plupart des réglementations en course ne permettent pas sa présence ou celle de ses métabolites dans le sang ou l’urine des chevaux de course[154].

La HNED pour la procaïne, suivant une anesthésie digitale proximale, est de 2,5 mg par site (5 mg in toto)[98, 99]. La procaïne non conjuguée dans l’urine de cheval présente un pic de concentration de 23,7 ng/mL, quatre heures après l’injection. Le pic de procaïne totale (conjuguée et non conjuguée) est de 37,9 ng/mL, trois heures après l’injection. Comme les molécules basiques peuvent se concentrer dans l’urine acide, un seuil de concentration de 25 ng/mL de procaïne non conjuguée apparaît raisonnable et suffisamment conservateur. Le California Horse Racing Board a introduit un seuil urinaire pour la procaïne très conservateur, à 10 ng/mL.

La durée de l’anesthésie, lors d’une anesthésie digitale proximale, s’étend de trente minutes (dose de 40 mg) à soixante minutes (dose de 320 mg). L’addition d’adrénaline augmente significativement la durée de l’anesthésie locale : 180 minutes pour une dose de 40 mg à 420 minutes pour une dose de 320 mg. A cause de cette extension de la durée de l’anesthésie rendue possible par l’emploi d’adrénaline, son utilisation à une signification réglementaire, lors des courses[98].

A la différence des autre anesthésiques locaux, la procaïne est une molécule listée dans la classe 3 des substances interdites par l’ARCI[4].

Mais un autre problème se pose car elle peut être détectée dans l’urine plus de trente jours suivant l’injection intra-musculaire de pénicilline procaïnée (cf. figure 35)[25, 99, 102]. Après une administration de pénicilline procaïnée, nous pouvons supposer qu’une grande proportion (90%) de procaïne dans l’urine y est sous forme de glucuronides[98].

Comme la pénicilline-procaïne est un agent thérapeutique très bénéfique, largement utilisé par les vétérinaires, et avec une excrétion urinaire de procaïne prolongée après son administration, les cas positifs à la procaïne par inadvertance sont un problème majeur pour les vétérinaires équins, les hommes de chevaux et les officiels. En effet, un traitement à la pénicilline procaïnée peut facilement apporter 5 à 10g de procaïne[102].

Figure 35 - Concentrations de procaïne urinaire et plasmatique suite à l’injection intramusculaire de pénicilline procaïnée. D’après[102].

La seconde approche est de retirer les chevaux traités avec de la procaïne pour une durée déterminée avant une course. Puisque les effets pharmacologiques de la procaïne ont une faible durée de vie, une période raisonnable de retrait devrait effectivement prévenir les utilisations abusives de la procaïne pour son effet anesthésique local[98].