• Aucun résultat trouvé

Nerfs digitaux (N digitalis lateralis et N digitalis medialis)

I/ Description anatomique des nerfs du membre thoracique du cheval

NERFS MOTEUR SENSITIF N suprascapularis M supraspinatus

54/ Nerfs digitaux (N digitalis lateralis et N digitalis medialis)

Il ne faut pas perdre de vue que le doigt, chez le cheval, correspond au doigt médian (troisième doigt) de notre main, le majeur. Il est constitué également de trois phalanges : P I (proximale), PII (moyenne) et PIII (distale). Ces nerfs proviennent chez le cheval de la division terminale des nerfs palmaires : leur disposition est la même sur les deux faces, latérale et médiale, de l’extrémité digitée. Ils sont au nombre de trois de chaque côté, et ils accompagnent la veine et l’artère digitales (V. et A. digitalis), avec lesquelles ils forment un faisceau vasculo-nerveux remarquable, situé sous la peau sur le côté du boulet puis du paturon, en regard des tendons fléchisseurs (cf. schéma 20, photos 32 à 37).

L’un des nerfs est dorsal ou antérieur, placé au devant de la veine digitale[9, 92] ; le second est moyen ou intermédiaire, situé entre la veine et l’artère ; le troisième, le plus important, est situé au bord palmaire de l’artère digitale : c’est le nerf postérieur ou digité palmaire (N. digitalis palmaris)[9].

Entre le boulet et le paturon, le nerf digital médial donne quatre branches cutanés qui innervent la peau et la surface médio-palmaire du doigt. Distalement au paturon, six branches superficielles de plus sont émises. Le nerf digital médial donne environ dix branches profondes[180]. Les zones innervées par ces différentes branches seront détaillées ultérieurement.

Notons que la neurectomie de ces nerfs est interdite par le code des courses. 541/ Rameau dorsal(Ramus dorsalis)

Grêle mais constant, ce nerf se détache juste au-dessus du boulet. Il descend très obliquement en avant, en croisant la surface de l’artère et de la veine digitale. Il se ramifie dans la peau de la face dorsale du doigt et envoie ses divisions terminales jusque dans le bourrelet principal de la membrane kératogène[9, 82, 182]. Il fournit des fibres sensoriels aux deux tiers antérieurs du sabot[154]. Il innerve totalement[180, 182] :

- la plupart de la peau du boulet

- la partie dorsale de l’articulation interphalangienne proximale (P1-P2)

- la partie dorsale de l’articulation interphalangienne distale (P2-P3) (Articulatio interphalangea distalis)

- le chorion. Il innerve partiellement [182]:

- une petite partie de l’articulation métacarpo-phalangienne - la portion collatéral du chorion laminaire

- le cartilage du pied.

« L’anastomose » avec les nerfs métacarpiens palmaires n’est pas une vraie communication mais juste un croisement sans échange de fibres. Elle peut être soit proximale soit distale à l’articulation métacarpo-phalangienne[180].

542/ Rameau intermédiaire(Ramus intermedius)

Ce rameau est non existant ou très petit et irrégulier, selon les chevaux[92]. Ce nerf prend le plus souvent naissance en commun avec le rameau dorsal et s’en sépare sur le côté du boulet. Mais il peut aussi provenir directement du nerf palmaire[9]. Il descend entre l’artère et la veine digitale[9, 92] en échangeant de multiples anastomoses avec les deux autres rameaux et surtout avec le palmaire[9, 31, 82]. Il est formé par l’union de plusieurs petites branches qui passent au dessus de l’artère avant de s’unir[92].

Schéma 20 - Représentation schématique d’une coupe anatomique transversale du paturon gauche du cheval. D’après[129].

V. digitalis medialis

N. digitalis palmaris medialis

N. digitalis palmaris lateralis A. digitalis palmaris lateralis

V. digitalis lateralis

A. digitalis palmaris medialis

Parvenu au bord proximal du cartilage scutiforme, il se divise en plusieurs rameaux terminaux qui se distribuent à ce cartilage, au bourrelet, ainsi que dans le podophylle et jusque dans la profondeur de la région coronaire[9]. Il n’est jamais bloqué[154].

543/ Rameau palmaire(Ramus palmaris)

C’est le rameau le plus large[9, 92], parfois réséqué en cas de maladie naviculaire chronique (neurectomie digitale)[182].

Il est étroitement lié à l’artère, d’abord placé à la surface de l’artère digitale, il chemine ensuite derrière elle. Il est croisé en surface et très obliquement par le ligament de l’ergot[31, 58, 182]. Une branche peut traverser le ligament latéral de l’ergot[196]. Il accompagne ensuite l’artère digitale dans le pied, sous le cartilage scutiforme, jusqu’auprès de l’apophyse basilaire de la troisième phalange[9, 10, 92].

A la terminaison de l’artère digitale, le nerf se poursuit dans la scissure pré-palmaire en accompagnant l’artère unguéale dorsale et s’épuise par de nombreux rameaux dans le podophylle ainsi que dans la substance de la phalange. Des filets particuliers suivent l’artère unguéale palmaire dans le sinus semi-lunaire de la troisième phalange où il rencontre ceux du côté opposé[31]. Dans son trajet, le nerf digité palmaire laisse échapper les collatérales suivantes :

- Au niveau de l’articulation métacarpo-phalangienne, des branches postérieures pour les tendons fléchisseurs et un rameau pour le coussinet de l’ergot

- Une branche satellite de l’artère du coussinet plantaire - Des ramuscules profonds pour les tendons fléchisseurs

- Un filet qui naît sous le cartilage scutiforme, se porte en avant près de l’artère coronaire (A. coronaria), et se perd dans les mailles du plexus cartilagineux profond

- Une division podophylleuse qui descend sur l’apophyse rétrossale, où elle traverse la base du cartilage complémentaire

- Quelques rameaux croisant en dedans l’apophyse rétrossale pour atteindre le tissu velouté

- Des filets fort grêles qui suivent l’artère unguéale palmaire dans le sinus semi- lunaire, où ils se rencontrent avec ceux du côté opposé[9].

Des neuropeptides CGRP, SP et la neurokinine A (NKA) sont présents dans les nerfs innervant l’os naviculaire et les ligaments associés[24]. En terme de densité relative de peptides immunoréactifs SP et CGRP, le ligament sésamoïdien collatéral (ligament suspenseur collatéral de l’os sesamoïdien distal) et le ligament sésamoïdien distal impair ont les plus hautes densités de fibres nerveuses, suivi par l’os naviculaire, et le tendon fléchisseur profond du doigt qui entoure la bourse naviculaire. Ces nerfs sont souvent associés à des artérioles, mais il es possible de les retrouver à la surface des articulations sans artérioles adjacentes[22]. L’étude de Bowker et al de 1995 suggère que le pied du cheval est extrêmement bien innervé et sensible, de la même manière que les doigts des autres espèces animales.

Dissection du boulet, face médiale.Photo M. BIRAGUE.

Dissection du boulet, face palmaire. Photo M. BIRAGUE.

Photographie 36 – Dissection du paturon, face médiale. Photo M. BIRAGUE.

Photographie 37 – Dissection du paturon, face palmaire. Photo M. BIRAGUE N. digitalis palmaris medialis N. digitalis palmaris lateralis V. digitalis palmaris medialis A. digitalis palmaris medialis A. digitalis palmaris lateralis N. digitalis palmaris medialis N. digitalis palmaris lateralis V digitalis palmaris medialis A. digitalis palmaris medialis A. digitalis palmaris lateralis Ligamentum anulare digitalis distalis Vagina digitalis N. digitalis palmaris medialis Ligamentum anulare palmaris V digitalis palmaris medialis A. digitalis palmaris medialis V. digitalis palmaris lateralis A. digitalis palmaris lateralis N. digitalis palmaris lateralis N. digitalis palmaris medialis Ramus dorsalis

Deux types de récepteurs sensoriels sont présents dans le pied[21] :

- Des corpuscules lamellaires dans le derme (chorion), avec des caractéristiques morphologiques des corpuscules de Pacini. Ils sont localisés uniquement du côté caudal du chorion solaire, au niveau des talons. Ces récepteurs répondent à des stimuli transitoires, s’adaptent rapidement, et ne se fatiguent pas à leur répétition. - Des terminaisons nerveuses libres, contenant le neuropeptide immunoréactif

CGRP. Elles sont localisées dans la peau (épiderme), les tubules dermiques solaires et le coussinet digital.

En résumé, les rameaux palmaires des nerfs digitaux innervent totalement[180, 182] : - la bourse naviculaire

- le fléchisseur digital profond, distalement à l’articulation du paturon

- la partie palmaire de la capsule articulaire de l’articulation interphalangienne distale

- la partie palmaire des cartilages du pied

- la partie palmaire de l’articulation interphalangienne proximale - le chorion lamellaire (encore appelé tissu feuilleté ou podophylleux) - le chorion des barres

- le chorion de la fourchette - le chorion de la sole - le coussinet digital

- la peau sur la surface palmaire du coussinet digital. De plus, Stashak note une innervation de :

- la gaine synoviale digitale

- des ligaments sésamoïdiens distaux - l’os naviculaire et de ses ligaments.

La distribution du nerf médian et du nerf ulnaire s’effectue par l’intermédiaire des nerfs digitaux. La moitié latérale du boulet, du paturon et de la couronne reçoit ainsi une innervation mixte des nerfs ulnaire et médian. Toutefois une petite zone située en dedans du talon externe est desservie par le nerf médian seul. La moitié médiale de ces mêmes régions est innervée de façon exclusive par le nerf médian et l’expérimentation montre qu’il s’agit là en définitive du seul territoire cutané dépendant en propre du nerf médian dans le membre thoracique du cheval[9].

Dans chacun des segments du membre thoracique, la peau et les plans immédiatement sous- jacents sont innervés par des rameaux qui descendent des étages proximaux et non directement par les nerfs mêmes de ce segment. Ces derniers ne donnent de branches que pour les plans profonds. Nous avons vu que la peau du carpe et du métacarpe est innervée par des rameaux cutanés du radial, du musculo-cutané et de l’ulnaire, tandis que les nerfs palmaires ne donnent pratiquement leurs branches qu’aux os, aux ligaments et aux tendons.

A partir de l’extrémité distale du métacarpe, la totalité de l’innervation est assurée par les divisions terminales des nerfs palmaires. La quasi-totalité de la peau est innervée par les nerfs dorsaux et intermédiaires, dont les fibres vont aussi aux tissus plus profonds des parties dorsales et latérales du doigt ainsi qu’au bourrelet principal. La peau du pli du paturon et de la face palmaire du boulet, les tendons fléchisseurs, les ligaments palmaires du boulet et des articulations interphalangiennes, les phalanges et tous les organes profonds du sabot sont innervés par les nerfs digitaux palmaires[10].

La connaissance de la distribution des différents nerfs est extrêmement importante pour le clinicien. Malheureusement, seuls les nerfs majeurs montre une distribution et une localisation régulière. Il existe ensuite des variations individuelles pour leurs branches, ce qui va compliquer le travail du clinicien[173, 174].