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83 de navires et 14 meubliers9 La majorité des chantiers maritimes étaient

alors concentrés dans le quartier Saint-Roch. Ainsi, à l'exception des constructeurs A. Gilmour, G. Black, W. Lampron et W. Charland, établis en amont du Cul-de-Sac, le long de la rive nord du Saint-Laurent, la plupart des chantiers de la fin du XIXe siècle sont installés près des berges, à l'embouchure de la rivière Saint-Charles, où ils sont probablement plus à l'abri des intempéries10. La plupart des fabriques de meubles ont aussi pignon sur rue à la basse ville, notamment dans le secteur de la rue Saint-Paul. La proximité de la Saint-Charles et du fleuve, principales voies de transport et lieux d'entreposage du bois, pourrait expliquer la concentration de chantiers maritimes et de meubleries à cet endroit, les entreprises pouvant aisément s'approvisionner en matières premières.

Si l'industrie de la construction navale agonisait, celle de la fabrica­ tion de meubles était au contraire à son apogée. D'après Jobin, les meilleurs meubliers engageaient des sculpteurs et il y avait beaucoup d'argent à faire dans ce domaine11. En 1873, la ville de Québec comptait à elle seule 510 ouvriers-meubliers; en 1881, la province n'en recensait pas moins de 1 359, un sommet dans cette industrie. Les débuts de l'industrialisation, fondés sur l'utilisation de la machine, le regroupe­ ment des travailleurs et la division des tâches, permirent le dévelop­ pement d'une production de masse accessible aux classes sociales moins nanties. La mécanisation des ateliers entraîna ainsi une réduction du prix des meubles et, du même coup, une augmentation considérable de la masse potentielle des acquéreurs, ce qui expliquerait le nombre considérable de meubliers alors en activité12.

À Québec, les entreprises de William Drum et de Philippe Vallière étaient celles qui embauchaient le plus d'ouvriers. En 1873, la fabrique de William Drum, sise dans une immense bâtisse de quatre étages sur la rue Saint-Paul, était l'une des plus imposantes du genre au Canada. L'entre­ prise comptait alors quelque 100 machines et près de 200 employés; elle était, à titre d'exemple, en mesure de fabriquer au-delà de 1 000 chaises par semaine. Malgré une forte mécanisation, la manufacture de Drum

84 laissait un large place au travail manuel. Ainsi, il fut un temps où elle employait jusqu'à une cinquantaine de sculpteurs, dont les noms de certains nous sont connus, comme ceux d1 Octave Morel, Narcisse Bertrand, Laurent Moisan et Joseph Carbonneau. Notons aussi que dans 11 industrie du meuble les règlements étaient sévères et les conditions difficiles13.

Plus modeste que celle de Drum, la manufacture de Philippe Vallière n'en comptait pas moins une soixantaine d'ouvriers et utilisait, elle aussi, un outillage sophistiqué. Associé à son père Joseph jusqu'en 1866, Vallière assumait seul, depuis lors, la direction de 1'entreprise. Si Drum se spécialisait avant tout dans les meubles fabriqués en série et destinés à toutes les pièces de la maison, Vallière, en revanche, misait sur la production de "meubles fins et de grands prix"14. Parallèlement à ces deux grandes manufactures, on retrouvait également un grand nombre de fabriques de moyenne envergure et d'ateliers non mécanisés, adaptés aux nouvelles règles du marché et spécialisés dans certains types de mobilier. Cela dit, le contexte de production était de plus en plus marqué par 11 industriali­ sation, une situation qui devenait assez difficile pour le sculpteur formé selon des pratiques artisanales.

Les sculpteurs indépendants de 1'époque étaient loin de pratiquer leur métier en restant isolés chacun dans leur atelier. Ainsi, lorsque les commandes se faisaient plus rares, ils devaient se déplacer à la campagne, ou de ville en ville, afin de collaborer aux différents chantiers alors en cours. Offrant leurs services à des meubliers ou à des constructeurs navals, travaillant pour divers architectes-entrepreneurs, remplissant des commandes de toutes sortes, les sculpteurs indépendants devaient être à la fois polyvalents et spécialisés15. En somme, ils avaient à composer avec les besoins et les règles du marché. Les itinéraires de Narcisse Bertrand et d1 Octave Morel (1837-1918) sont, à cet égard, deux cas exemplaires de leur situation dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Après trois années d'apprentissage chez F.-X. Berlinguet à Québec, Narcisse Bertrand devint, vers 1860, à titre d1 ouvrier-sculpteur, le

85 premier compagnon de 1'architecte-entrepreneur. Il eut alors l'occasion de diriger les travaux de décoration intérieure de l'église de Beauport. En septembre 1863, établi dans Saint-Roch, il s'annonce comme menuisier- charpentier et propose d'exécuter "des ouvrages divers pour les maisons, églises, etc." Dans les années 1870, "n'ayant rien à faire à Québec", selon Jobin, il s'établit à Montréal et est embauché à titre de sculpteur par Azarie Lavigne, un meublier bien connu de la rue Saint-Laurent. Il aurait alors aidé Jobin à transporter une statue de la métropole à Deschambault. De retour à Québec, il aurait par la suite travaillé, toujours comme sculpteur, tour à tour pour l'architecte David Ouellet, pour William Drum, pour le sculpteur naval William Black et aussi pour Jobin. Il aurait également tenu un atelier de statuaire à Saint-Anselme de Dorchester. D'après Jobin, "il a travaillé pour plusieurs. Il n'a pas eu l'occasion de choisir lui-même son propre travail16".

Octave Morel, quant à lui, fit trois ou quatre années d'apprentissage à sculpter des meubles pour la manufacture de Drum, dans laquelle il aurait aussi été contremaître. Il séjourne ensuite deux ans aux États-Unis, d'abord à Boston, puis peut-être à New York, dans un atelier allemand. De retour au Canada, "il changeait souvent de place", selon Jobin, "prenant des petites entreprises" : on le retrouve à Saint-Hyacinthe, à la fabrique d'orgues Casavant; à Montréal, chez un dénommé Boileau, constructeur d'églises; à la Baie des Chaleurs, à l'église de la Grande-Rivière; chez les pères Rédemptoristes au Manitoba et à Sainte-Anne-de-Beaupré; et à Québec, à l'atelier de Jobin où il est pensionné. En plus d'être un sculpteur polyvalent, Morel était aussi un inventeur original et excentri­ que17.

Il n'en va pas autrement pour plusieurs autres sculpteurs, à commencer par les apprentis, assistants ou autres collaborateurs de Jobin. Tout comme pour Bertrand et Morel, les associations du statuaire, que ce soit avec son frère Narcisse, avec le commis Charles Marcotte ou encore avec les Michel Gagné, Tommy Dubuc ou Henri Angers, ne semblent durer que le temps de quelques grosses commandes, surtout de menuiserie et d'ébénis-

86 terie. Par exemple, leur apprentissage à peine complété, Angers et Gagné quittent 11 atelier du maître, l'un pour se faire embaucher à Montréal, chez Benoit, puis à Québec, chez Ouellet, et l'autre pour être engagé plus tard par les sculpteurs Joseph Lamarre et Laurent Moisan. Jobin lui-même n'avait-il pas suivi son apprentissage à Québec, complété sa formation à New York, débuté sa carrière à Montréal pour finalement revenir s1 établir dans la Vieille Capitale, et tout cela en moins de dix ans? Le sculpteur ne s'était-il pas lui aussi déplacé au gré des commandes et en fonction des exigences du marché et des contraintes de la concurrence?

Au retour de Jobin à Québec en 1875, plusieurs artisans pratiquent le métier de sculpteur sous diverses désignations professionnelles. Ainsi, à la rubrique Carvers and Gilders de 1'annuaire de la ville sont recensés les noms des associés Aimeras & Ouellet, d'Anaclet Bélanger, de William Black, de Jean-Baptiste Côté, de Thomas Fournier et d'A. Jolivet. À la rubrique Marble Workers, on retrouve ceux d'Ambroise Bélanger, d'Édouard Job in et de F. & J. Morgan. Enfin, à celle de Statuary, un seul nom apparaît, celui de Michaelo Regalli. Évidemment, ces rubriques profession­ nelles de 1'annuaire sont fort incomplètes par rapport au recensement des artisans-ouvriers pratiquant comme sculpteurs à Québec. En effet, dans la liste alphabétique des citoyens de la ville, on retrouve notamment les noms de Philippe Drolet, statuaire, d'Achille Jobin, d'Augustin et de François Normand, d'Alexis et de Léandre Parent, tous désignés sculpteurs, et celui d'Adolphe-L. Dion, sculpteur et architecte. Au fil des années, certains sculpteurs disparaîtront tandis que d'autres viendront grossir les rangs de la profession, tels Francis-P. Gauvin (1866-1934), Thomas Raymond, Charles Montminy, Adolphe Patry, J.-C. Ficher, L. Morency, les frères Carbonneau, etc.18. Si certains de ces artisans nous sont aujour­ d'hui totalement inconnus, la carrière et la production de certains autres, par contre, sont mieux documentées.

Ainsi, dans les journaux et les annuaires de Québec, on retrouve les réclames de certains de ces sculpteurs qui oeuvrent dans diverses spécialités, entre autres Charles Montmigny, graveur sur bois et orne-

87 maniste, L. Morency & Frères, sculpteurs et doreurs, J.-C. Ficher, sculpteur et modeleur, Thomas Fournier, sculpteur ornemaniste et doreur19. En plus des sculpteurs sur bois, il y avait, rappelons-le, certains Marble

Workers qui, s'ils ne fabriquaient pas nécessairement de la statuaire, offraient à tout le moins leur produit réalisé dans un matériau jugé plus "noble" et plus durable que le bois. Parmi eux, les plus actifs furent sans doute J.-Ambroise Bélanger et F. & J. Morgan20.

Établi dans le quartier Saint-Roch, à l'angle des rues Saint-Dominique et King, l'Anglais William Black (v.1817-v.1886) est l'un des rares sculp­ teurs de Québec à s'être consacré presque exclusivement à la sculpture navale. Dans les annuaires de la ville, il est généralement présenté comme

shipcarver, parfois comme shipcarpenter ou carver and gilder. D'ailleurs, Jobin lui-même rapporta que Black :

"Faisait des statues pour les bâtiments et les sculptures pour les cotés [...] pour le beaupré [...] Bertrand travaillait pour lui. Un dimanche, je suis allé le voir, Bertrand et moi. Il était poli, il nous a fait rentrer. Il était vieillard quand j'avais 21 ans. J'étais apprenti. Il avait à peu près 50. Il avait une boutique près de chez Peters sur la rue des Commissaires dans St-Roch [. . . ] dans le quartier des Irlan­ dais21. "

Fameux sculpteur de crucifix et habile statuaire, Léandre Parent fit l'objet de maints commentaires de la part de Jobin. Ce dernier raconta entre autres que Parent avait été introduit, à l'âge de 13 ans, à l'atelier de Thomas Baillairgé pour un apprentissage d'une durée de quatre ans, un terme qui était devenu rare pour les apprentis sculpteurs et architectes. En 1875, il tenait boutique au 40 Richelieu, dans le quartier Saint-Jean. Bien qu'il le qualifia de "très bon sculpteur", Jobin porta quelques jugements sévères sur Parent, disant qu'il était "routinier" et qu'il "faisait ses choses toujours sur le même patron". Jobin rapporta également qu'il avait réussi à s'enrichir avec son métier, laissant même une bonne somme d'argent à son décès, ce qui devait être peu courant pour un sculpteur à cette époque22.

88 Job in attribua aussi 11 épithète de "fameux sculpteurs" à deux de ses contemporains : Laurent Moisan (1849-1913) et Joseph Lamarre. Du premier, il rapporta qu'il avait été formé chez Drum, qu'il était sculpteur de meubles et statuaire à l'occasion, et qu'il réussissait assez bien dans ce dernier domaine. En 1874, dans Le Journal de Québec, Moisan avait informé le clergé, les entrepreneurs et le public en général qu'il était prêt à faire tous les ouvrages en sculpture de même qu'à exécuter plans, dessins et modèles pour plâtre et fonte. De 1891 à 1893, il s'était aussi annoncé comme sculpteur, dans L'électeur, pour le parachèvement d'inté­ rieurs d'églises ou autres édifices, en menuiserie, charpente et sculpture en tout genre. Du deuxième, Jobin supposa qu'il avait appris chez Moisan et qu'il excellait dans la sculpture ornementale. Tout comme Jobin, Lamarre avait eu Michel Gagné comme apprenti23.

Lors de ses entrevues avec Marius Barbeau, Jobin s'attarda également à Jean-Baptiste Côté (1832-1907), son plus illustre contemporain en sculpture sur bois à Québec, le qualifiant, lui aussi, de "fameux sculpteur d'ornements", précisant que "tout ce qu'il faisait était bien. C'étaient des chimères." Il ajouta qu'il "était poète un peu [et qu']il faisait bien des blagues24". Né dans le quartier Saint-Roch d'un père charpentier de navires, Jean-Baptiste Côté évolue dès son jeune âge dans un environnement où la sculpture navale est omniprésente. Après quelques années d'études, d'après Jobin, Côté entre en apprentissage vers 1850 à l'atelier de Berlinguet où il aurait collaboré au chantier de l'église de Beauport, à titre de dessinateur. À la suite d'une brève et infructueuse carrière d'architecte, Côté s'établit à son compte dans Saint-Roch, comme sculpteur. Il s'oriente alors vers la sculpture navale et travaille pour la plupart des grands constructeurs de Québec, dont Narcisse Rosa. En 1855, on retrouve son premier atelier à proximité des chantiers maritimes de la Saint-Charles. Dans une annonce qu'il fit paraître dans Le Canadien du 4 juin de cette année-là, Côté offrait ses services aux constructeurs de navires en insistant sur la qualité de ses figures de proue :

"M. J. B. Côté, Statuaire et Sculpteur a établi son atelier Rue St.François, n° 32 [...] Il exécutera avec promptitude, toute espèce d'ouvrage de sculpture que l'on voudra bien lui confier. Il désire attirer l'attention de MM. les construc­ teurs de vaisseaux sur le fini de ses statues, dont on peut voir un échantillon à son atelier25."

89 Deux ans plus tard, il emménage au 130 de la rue Saint-Vallier où, en

1866, sa boutique est détruite dans le grand incendie de la basse ville. Entre temps, il s'adonne à la caricature et à la satire dans des journaux dont il est copropriétaire, notamment à La Scie (de 1863 à 1865), à La Scie illustrée (en 1865-1866) et à L1 Électeur (en 1866-1867). Des accusations et des poursuites pour publication de libelle furent d1 ail­ leurs intentées contre lui, comme en fait foi, entre autres, Le Courrier du Canada du 26 mars 1866. L'année suivante, Côté achète un terrain au 32 rue de la Couronne. Sur ce terrain était érigée une maison qui sera à son tour incendiée lors de 1'incendie de 1870. En 1876, il se fait construire une nouvelle maison à deux étages correspondant d'abord aux nos 101-103 puis aux nos 123-125 de la rue de la Couronne. Cette maison-atelier comportait, sur le côté de la rue Richardson, une entrée surmontée d'une enseigne très pittoresque de même qu’une vitrine décorée de statues. Au cours des années 1870, Côté subit les contrecoups du déclin de la construction navale et doit alors se tourner vers d'autres marchés, ceux du mobilier domestique, du monument funéraire et de 1'enseigne commer­ ciale26. À la même époque, il commence à s'intéresser à la sculpture religieuse en relief ou en ronde-bosse. Lors de 1'Exposition provinciale de septembre 1877, une de ses oeuvres fit d'ailleurs l'objet de commen­ taires assez élogieux dans L'Événement de Québec :

"Un autre ouvrier de grand talent, [...], a exposé aussi plusieurs oeuvres de son ciseaux. M. J.B. Côté, c'est son nom, a exécuté trois statues de grandes dimensions : Le Sacré Coeur de Jésus, Ste.Anne et Mater Dolorosa. Ces trois statues ont certainement beaucoup de mérite; c'est d'ailleurs 1'opinion de tous ceux qui s'y entendent. Le sculpteur a donné de la vie aux blocs de bois qu'il a travaillés, animé les augustes sujets qu'il a représentés. Ainsi, sa statue de Mater Dolorosa qui représente Marie au pied de la croix et portant sur ses genoux le corps du Sauveur, est d'une exécution hardie et est remplie d'expression. C'est réellement l'expression d'une grande douleur qui est peinte sur la figure de Marie ; le ciseau du sculpteur a été heureux ; il a parfaitement illustré ces deux mots Mater Dolorosa, la Mère de Douleurs27."

Vers 1880, Côté, tout comme Jobin, allait se tourner définitivement vers la sculpture religieuse figurative, marché qu'il exploitera tant bien que

90 mal jusqu'au tournant du siècle. En 1942, Marius Barbeau traça d1 ailleurs un parallèle entre les carrières respectives des deux sculpteurs et leur passage de la sculpture profane à la sculpture religieuse :

"La carrière de Jean-Baptiste Côté coïncide avec celle de Louis Jobin, son contemporain. Comme Jobin, Côté fit d'abord de la besogne où l'art se mêlait au métier. Il sculpta des effigies pour la proue des navires et il fournit aux tabaco- nistes des sauvages de tabagie [...] Pris de dégoût, un jour, Jobin dit adieu aux sauvages et aux nègres du commerce et, fermant les portes de son atelier, à Montréal, il retourna à Québec pour sculpter des statues religieuses. Côté, lui, passa la première partie de sa vie à ébaucher et à ciseler des figures de proue pour la construction maritime. Mais, se trouvant sans emploi lorsque cette industrie toucha à son terme, après 1880, il s'écria : «Je suis un homme fini!» Alors, lui aussi s'adonna à l'art religieux pour les églises. Là s'achève la ressemblance entre Côté et Jobin28."

En effet, si le développement de leur carrière respective n'est pas sans présenter certaines analogies, leurs productions, en revanche, s'avèrent assez différentes quand on considère le genre et le style de leurs oeuvres29.

La plupart des sculpteurs de Québec mènent donc à cette époque des carrières polyvalentes, quelques-uns s'adonnant occasionnellement à la production de statues comme Parent, Moisan et Côté. À cet égard, Georges Côté rapporta à tort, en 1926, que "pendant son règne, M. Jobin fut l'unique statuaire en bois du district de Québec et M. Kigali, de la rue St.Jean, le seul statuaire en plâtre30". De fait, on peut dire que Michele Kigali (1841-1910) fut le principal concurrent de Jobin dans le champ de la statue religieuse. Grâce aux journaux, la carrière et la production de ce statuaire-mouleur d'origine italienne nous sont assez bien connues.

Michele Kigali se serait installé dans Saint-Koch, sur la rue Saint- Vallier, aux alentours de 186531. Moins de dix ans plus tard, soit à compter du 1er juillet 1874, il fait paraître dans Le Courrier du Canada un avis dans lequel il offre ses services "pour ornements d'église et statues, modèles de tout genre". En 1877 ses ouvrages, à l'instar de ceux

91 de Côté, sont fort remarqués à l'Exposition provinciale de Québec, comme en fait foi cet extrait de L'Événement du 27 septembre :

"Avez-vous déjà visité 1'atelier de Michel Regali, 1'ouvrier en plâtre? Je suppose la négative. Alors, je vous conseille d'y aller rue St.Joseph, St.Roch, Québec.

Il ne faut pas vous figurer que Regali [est] un ouvrier du commun, et le réduire aux proportions d'un de ces pauvres italiens qui se promènent de temps à autre dans nos rues avec une galerie de bonshommes, chats, chiens et pots de fleurs coloriés d'ocre jaune et rouge. Regali est passé maître dans sa spécialité, et sa boutique est peut-être la plus grande du genre que nous ayons eue jusqu'ici. Sont rangées symétrique­ ment dans son atelier, sur le plancher ou des rayons, nombre de statues qui représentent toutes sortes de sujets, surtout des sujets religieux. Le fini de ses ouvrages est digne de mention, et à voir certaines statues à la surface mate ou polie, on se prend à croire à du marbre. C'est dire le soin que 1'ouvrier apporte à la fabrication de ses statues.

L'exposition que M. Regali a organisée au pavillon de 1'in­ dustrie ne donne pas une idée juste de ce qu'il peut faire; cependant il exhibait de superbes échantillons de plâtres, statues, ouvrages d'ornementation, corniches d'églises, genre fantaisiste, tout à fait moderne, et d'un grand goût; [...] Ces ouvrages d'ornementation, m'a dit M. Regali, se posent sur le bois par un procédé tout à fait nouveau qu'il a introduit au pays. De plus ces ornements en plâtre massif résistent à toutes les températures ; leur apparence est telle qu'ils