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Type VI Episodes mixte labile-agité dans la survenue de démence.

1.3. Naissance de différentes spécialités

C’est vers le milieu du XIXème siècle, avec l’identification de différentes maladies mentales d’un côté et la mise en évidence de substrats lésionnels pour d’autre pathologies, qu’une distinction commence à s’opérer entre neurologie et psychiatrie. La psychiatrie se focalise sur les dérèglements comportementaux (et plus spécifiquement sur les « névroses », qui seront le support des travaux sur la psychanalyse en France), tandis que la neurologie se spécialise dans

les pathologies pour lesquelles une lésion est identifiée au niveau du système nerveux. Cependant, durant la majeure partie du XXème siècle, la neurologie et la psychiatrie étaient

encore considérées en France comme une seule spécialité médicale. Le mouvement de mai 68, a tenté d'émanciper la psychiatrie d'une vision jugée trop étroite de la maladie mentale. Il a abouti, par l'arrêté du 30 décembre 1968, à la scission entre la psychiatrie et la neurologie (création d’un certificat d’études spéciales de la psychiatrie) (28). Aujourd’hui, du fait de l’évolution des neurosciences et de l'imagerie médicale ; cette séparation entre psychiatrie et neurologie est remise en question par de nombreux médecins et scientifiques.

L'allongement de l’espérance de vie et donc l’augmentation de la part des sujets âgés et très âgés, ainsi que le constat des problèmes de santé spécifiques à ces populations de patients ont été un moteur de l'émergence de la médecine gériatrique. Le terme de « gériatrie » a été introduit par I. Nascher en 1909, dans un ouvrage intitulé Gériatrics, publié en 1914 (2). La gériatrie s'est formée progressivement dans la seconde moitié du XXème siècle, mais n’est devenue une spécialité médicale en France que depuis 2004. Dans les années 1960, le rapport de la commission Laroque préconise l’instauration des hôpitaux de jour et des services de gériatrie dans les CHU pour permettre l’enseignement et la recherche sur la question des troubles psycho-comportementaux chez les sujets âgés, en donnant une « préférence à la formation des gériatres à la psychiatrie plutôt que l’inverse ». Ce débat du rôle à jouer par chaque spécialité reste encore d’actualité (2).Les psychiatres ont longtemps laissé aux somaticiens, gériatres et neurologues, la prise en charge des sujets âgés avec des troubles psycho-comportementaux. Qu’en est-il de la psychiatrie du sujet âgé ? La naissance de la gérontopsychiatrie comme surspécialité de la médecine ne commença que dans les années 1950-1960. En 1952, la 5ème réunion de la Fédération mondiale pour la santé mentale aborde le problème de la santé mentale des personnes âgées. Lors du 3ème congrès international de gérontologie, un psychiatre français H. Baruk est chargé d’établir un rapport sur la neuropsychiatrie des vieillards. En 1955, il créa son service de « gériatrie psychiatrique » (2). C. Balier créa deux centres de traitement de jour

pour personnes âgées en 1965 et en 1967. Pendant cette même décennie, articles et ouvrages traitants de la santé mentale des « vieillards » sont publiés, dont un manuel de géronto- psychiatrie en langue française. Dans les années 1970, on constate l’intérêt grandissant pour ces questions en France avec la naissance de plus en plus de structures de soins spécialisées en gérontopsychiatrie. En 1980, le Professeur J-M. Léger met en place une unité spécialisée dans la prise en charge psychiatrique du sujet âgé, avec un objectif de soins « actifs et dynamiques » (2).

Par la suite, cette discipline s’épanouit en France avec la naissance de sociétés et de congrès de psychogériatrie. En 1986 nait la société de psychogériatrie de langue française. La SF3PA, Société Francophone de Psychogériatrie et de Psychiatrie de la Personne âgée est aujourd’hui un acteur important de développement et de promotion de la psychiatrie de la personne âgée en France mais également dans toute la Francophonie. Elle regroupe d’ailleurs plusieurs spécialités médicales : psychiatres, gériatres, neurologues, mais aussi psychologues cliniciens. Au niveau mondial, dans les années 1950 et 1960, plusieurs associations médicales de gérontopsychiatrie font leur apparition en Europe et aux Etats-Unis. Cette spécialisation a pris des formes différentes selon les pays, avec une émergence conjointe ou secondaire à celle de la gériatrie. L’American Association for Geriatric Psychiatry est née en 1978. Au Québec, la Société de psychogériatrie vit le jour en 1980, mais le caractère officiel ne date que de 2009. En Grande- Bretagne, la reconnaissance de cette discipline comme spécialité date de 1989. L’association mondiale de psychiatrie créa une section de « psychiatrie gériatrique » à la fin des années 1970. L’International Psychiatric Association naît quant à elle en 1981. On constate actuellement un intérêt grandissant pour la psycho-gériatrie, avec une augmentation du nombre de médecins qui se forment à la prise en charge des troubles mentaux du sujet âgé (29)(2).

Mais comment circonscrire les champs de la gérontopsychiatrie ?

Selon nous, il s’agit d’une discipline à la frontière de plusieurs spécialités. Pour J-P. Clément « Si la gériatrie se définit comme une discipline consacrée à l’étude de la santé et aux soins des personnes âgées, la psychiatrie du sujet âgé se caractérise par l’étude et la prise en charge globale du sujet âgé présentant des troubles psychiques. L’une comme l’autre conduisent à une nécessaire vision globale de l’être âgé » (2). La « gérontopsychiatrie », pour laquelle certains lui préfèrent le terme de « psycho-gériatrie » ou encore de « psychiatrie de la personne âgée » (terme souvent considéré comme plus consensuel) est une discipline médicale traitant des

troubles mentaux de la personne âgée. Cette définition peut inclure la prise en charge de différents types de patients :

- Un patient souffrant d’une maladie psychiatrique depuis l’âge adulte, et dont les troubles persistent ou récidivent à l’âge gériatrique.

- Une personne âgée développant une maladie psychiatrique de manière tardive.

- Une personne âgée présentant des troubles non nécessairement apparentés à une maladie psychiatrique, mais nécessitant une prise en charge spécialisée (trouble de l’adaptation, épisode dépressif isolé, risque suicidaire, tentative de suicide …).

- Une personne âgée présentant des troubles neurocognitifs avec des symptômes neuropsychiatriques (comme symptômes d’une démence)

Voici une figure illustrant le champ d’exercice de différentes spécialités. Celui-ci illustre la question épineuse de la prise en charge des symptômes psycho-comportementaux des démences (SPCD), à l’interface entre plusieurs disciplines médicales.