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Le mythe d’Œdipe : concept de calcification de la persona

Dans le document tel-00823278, version 1 - 16 May 2013 (Page 113-122)

II – TROIS PHASES PULSIONNELLES

B) DIFFERENCIATION de l’OBJET : LE MOI

3) Le mythe d’Œdipe : concept de calcification de la persona

a) Persona non dépassée

Ces cycles se retrouvent illustrés dans les mythes archaïques relatifs au déluge ou au Jugement dernier. Ces pulsions agissent parfois en débordements qui peuvent alors se comparer à de véritables déluges psychiques. Atteignant des tensions extrêmes, ces pulsions, telles un raz de marée, opèrent des nettoyages radicaux tant sur le plan physique que psychique, que ce soit à dimension planétaire ou humaine. Ces modèles mythologiques livrent ainsi leurs modes opératifs. Osiris symbolise un déluge nécessaire, indispensable à l’élaboration de la conscience. Par défaut d’équilibre entre les forces antagonistes illustrées par l’archétype de l’anima/animus, ce cycle ne peut s’accomplir dans de bonnes conditions et produit des catastrophes post-diluviennes. La pulsion est alors canalisée dans des structures psychiques parasites qui mettront en avant la persona décrite par Jung. La persona, dans ces cas précis, dérobant la vedette au moi, promotionnera l’égo au détriment du moi. L’égo est une façon de tourner le regard sur soi-même, sans jamais regarder ailleurs. Une telle attitude signe également la peur du vide, la crainte de perdre des repères et surtout un manque d’image à l’archétype masculin. De l’égo, il ne germe rien sinon des certitudes qui se transforment en croyances. L’enfermement devient alors incontournable. Rien jamais, à défaut de briser cet égo, ne permettra la sortie de la caverne. La force est indispensable pour s’en évader. Mais cette dernière doit être canalisée de manière à ce que la pulsion (comme définie par Freud) ne soit pas entièrement accaparée par « les jeux » de la caverne qui, pour Platon, ne sont que des ombres. En pareil cas, au sein de la persona, seul l’égo se fortifierait, au détriment du moi jamais atteint.

La persona non dépassée signe un défaut dans le travail au miroir. La carence d’image masculine/féminine, symbolisée par la force (lame XI du tarot), joue un rôle capital dans le déséquilibre du couple anima/animus. Le résultat, en pareil cas, ne se fait pas attendre, la pulsion, canalisée sur un seul des deux versants du tronc commun, conduit le cycle à « tourner en boucle » sur lui-même. La persona peut ainsi se figer dans ce « tourné en rond » qui ne produit rien et structure de l’égo. De ce fait, la sortie du cycle ne peut pas s’opérer. Dans le cas contraire, il est possible d’imaginer une continuité entre les cycles selon une progression hélicoïdale. De cette idée, les cycles ne se bouclent pas sur eux-mêmes mais se succèdent sans discontinuité. L’égo est responsable de la rupture du cycle qui signe, dans le processus d’individuation jungien, ce que l’on pourrait appeler : « une calcification » de la persona.

Lacan y verra « la pétrification de l’angoisse ».

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b) Le mythe d’Œdipe chez Freud et Jung

Il apparaît donc indispensable que la force soit structurée à partir d’un référent.

Traditionnellement, en principe, le père joue ce rôle mais, à défaut, un individu de sexe masculin, ou à dominante masculine, peut très bien s’y substituer. C’est par l’identification au miroir que cette force peut s’ancrer comme modèle indispensable au principe de l’arrachement. Le mythe d’Œdipe nous éclaire à ce sujet. S’approprier « la jouissance » du père, s’accaparer son phallus, symbolisent la puissance. Or la puissance est aussi synonyme de force et rejoint l’idée de Freud avec « la poussée » sur la construction de la pulsion. Le mythe d’Œdipe nous renseigne à ce sujet et témoigne d’un cas d’espèce qui ne peut être appliqué qu’au seul modèle occidental. Freud dès sa première topique en avait jeté les bases.

Tout d’abord, la logique œdipienne obéit au principe binaire qui met en exergue « le bien et le mal » comme critères directeurs, ce qui aura pour conséquence de limiter « les solutions » à la seule alternative binaire. Par ailleurs, faire référence au mythe d’Œdipe qui s’intègre dans une dimension familiale de type patriarcal, et l’analyser sous l’éclairage du « chef de la horde » qui revêt une dimension culturelle primitive, c’est comme vouloir sculpter un marbre avec des pinceaux. Toutefois le principe d’universalité du mythe œdipien reste d’actualité dans le cas précis de la « calcification » de la persona. La pulsion active avec force l’image manquante du père qui est l’objet du désir, et promotionne à l’excès cette dernière rendant ainsi le moi inopérant. Le mythe d’Œdipe représente en quelque sorte une pathologie de la persona adaptée au seul modèle occidental.

Œdipe est fils de Laïos, roi de Thèbes et de Jocaste son épouse. Laïos sera amené à abandonner son fils après que l’oracle d’Apollon lui annonce qu’il serait tué par son fils Œdipe. Laïos accomplit donc son funeste projet sur le Cithéron après avoir percé les pieds à Œdipe. Un berger recueillera l’enfant et lui donnera le nom d’Œdipe (pieds enflés). A son tour, l’oracle prédit à Œdipe qu’il tuerait son père et épouserait sa mère. Afin d’échapper à son destin, Œdipe s’enfuit de Corinthe. Mais, en chemin, il rencontra un voyageur avec lequel il se querella. Un combat s’en suivit au terme duquel le voyageur fut tué. Œdipe sans le savoir venait de tuer son père, accomplissant ainsi la première prédiction de l’oracle. Puis, il poursuivra son chemin jusqu’à Thèbes où il fera la rencontre avec le Sphinx, un monstre redouté par tous les habitants de la région qu’il terrorisait et dévorait. Pour laisser la vie sauve aux voyageurs qui avaient le courage de l’affronter, le Sphinx leur posait deux énigmes. Ils devaient tout d’abord répondre à cette question : « Quel est l’animal qui a quatre pattes le matin, deux à midi et trois le soir ? » Œdipe donnera la bonne réponse au Sphinx : l’homme à quatre pattes enfant, sur ses deux jambes adulte et assisté d’une canne dans sa vieillesse. Le

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Sphinx, quelque peu surpris par la rapidité avec laquelle Œdipe lui fit sa réponse, avança la deuxième question : Deux sœurs s’enfantent mutuellement, mais elles meurent alors chacune à leur tour. Qui sont-elles ? Oedipe sans hésiter répondit le jour et la nuit. Le Sphinx vaincu par les réponses d’Œdipe se jeta par dépit du haut d’une falaise. Ce n’est qu’après cette épreuve qu’Œdipe put faire la rencontre de Jocaste sa mère, qui avait été promise par Créon, roi de Thèbes, à celui qui vaincrait le Sphinx. Jocaste était la sœur du roi Créon. Œdipe épousera donc sa mère, puis se crèvera les yeux quand l’oracle, à nouveau consulté, lui fera la révélation que le meurtrier de son père qu’il recherche assidûment n’est personne d’autre que lui-même.

Le mythe d’Œdipe est un mythe historiciste en ce sens qu’il est repérable dans le temps et l’histoire. Il émane de la culture grecque et, à ce titre, le lecteur est prévenu que le mythe est également sous-tendu par la pensée judéo-chrétienne. Pour Fanon139, «aux Antilles françaises, 97 % des familles sont incapables de donner naissance à une névrose œdipienne.

Incapacité dont nous nous félicitons hautement.» Par ailleurs, il ajoute que « le complexe d'Oedipe n'est pas près de voir le jour chez les Nègres. » Par cette pensée, Fanon exprime clairement qu’il y a une discontinuité entre l’espace familial antillais qui pour lui est un espace sain, convivial et chaleureux, et l’espace social qui est aux mains des colonisateurs et de leur morale délictueuse. Par ce biais, Fanon campe le mythe d’Œdipe en tant que production de la pensée judéo-chrétienne et rejoint dans ce sens Nietzsche qui souligne que les fruits de l’arbre judéo-chrétien sont pourris car les racines le sont également. Même si Freud universalise ce mythe, nous devons le replacer dans son contexte à la fois historique mais aussi familial. Œdipe est un enfant abandonné, car non reconnu par le père. Il sera donc en quête d’image masculine, lacune dans son identification au miroir ou construction de la persona, sans laquelle il aurait la force suffisante pour s’extraire d’une première caverne que représente le stade de l’enfance puis celui de l’adolescence. Mais l’absence de l’image du père, qui se retrouve par ailleurs symbolisé par le phallus, confère à l’enfant un statut d’impuissance qui l’obligera à s’acquitter de cette dette au détriment du père. C’est en fait au détriment de la jouissance du père que cherchera à se construire le jeune adulte en manque d’image miroir masculine. Comment s’approprier cette jouissance qui donne le pouvoir et donc confère puissance et force ? Trouver la force en soi est semble-t-il facile pour qui, l’équilibre anima/animus fut respecté. Il en va tout autrement pour celui ou celle qui en fut privé.

139 Fanon F., Peau noire, masques blancs, Paris, le Seuil, 1952.

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Jung s’est opposé à Freud qui a voulu imposer le mythe d’Œdipe comme seul archétype fondateur de la psychanalyse. Il est souvent dit à ce sujet que Jung refusait dans ce mythe l’analyse de Freud qui ne le lisait qu’au travers de la sexualité. Mais la réalité est vraisemblablement tout autre. En effet, Freud a parfaitement décrit les mécanismes de la pulsion et il savait que ses conclusions, qui émanaient d’un long travail de recherche, n’étaient pas seulement accès sur la sexualité. Dans l’interprétation du mythe d’Œdipe, la plus grande erreur de Freud, selon Jung, fut de s’en référer au père totémique qui interdit l’inceste et dicte sa loi aux jeunes mâles. D’une part, l’inceste est un concept judéo-chrétien, ce qui le rend peu crédible en tant que concept fondateur des sociétés primitives. D’autre part, le père de la horde140 ne doit pas être regardé comme le père, telle que la pensée judéo-chrétienne envisage ce concept. Il s’agit plutôt du chef qui dicte sa loi. La terreur est au centre de la relation « père-fils », et plus exactement entre celle de la relation « chef de la horde-progéniture ». Introduire un tel concept dans la lecture du mythe d’Œdipe, c’est bien naturellement accepter que le fils ne soit pas regardé en tant que tel par le père mais comme un concurrent possible. Et c‘est bien du reste le cas puisque Laoïs renonce à Œdipe en l’abandonnant et, de ce fait, commet un crime à l’encontre de son propre fils. Par cet acte, Laoïs aura tué en Œdipe l’image de la force que doit transmettre le père à l’enfant. A cause de ce manque de reconnaissance, ne pas avoir été vu, Œdipe n’aura de cesse de vouloir se substituer « au chef de la horde » afin de s’accaparer son pouvoir. Œdipe est démuni de ce pouvoir qui aurait dû lui permettre de s’exprimer en tant qu’homme. Œdipe couchera avec sa mère. Ce sera pour lui « le moyen » de s’approprier « la femelle du mâle dominant ». Une autre manière symbolique de s’investir de son pouvoir, faire sien l’objet du désir du père.

Mais la force ne viendra pas à lui de par sa propre expérience car il n’aura pu se libérer de sa caverne de l’enfance (la persona) qui le maintient dans ses peurs et ses angoisses. Œdipe n’a pas d’autre choix que de prendre la place du père qui est un phallus symbolique. Pour l’enfant non reconnu, pas d’autre alternative que celle de commettre le meurtre symbolique du père.

L’enfant se retrouve alors sans voie, ni voix. Il ne prend pas la parole, il n’y a jamais été autorisé, il ne s’y autorisera pas. Il est alors condamné à errer dans la caverne du néant. La voix c’est aussi la puissance du verbe créateur qui symbolise ici la libido. Or c’est bien de puissance et pas seulement sexuelle dont il est question, mais celle qui confère à l’homme son statut d’homme biologique, un être procréateur à la fois pour lui-même et pour sa descendance. A défaut, il est confronté à l’impuissance pulsionnelle de son moi, ce qui lui

140 Freud S., Totem et Tabou, Petite bibliothèque Payot, Ed. Payot, 2004.

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interdira toute réalisation de lui. Il sera alors condamné à errer dans sa persona. Nous sommes ici dans une configuration du père primitif qui se comporte en tant que tel, chef de la horde.

« Cette énergie, Freud suppose, à juste raison, qu’elle se trouve dans l’angoisse et, pour l’expliquer, il imagine le mythe plus ou moins plausible de la horde primitive tyrannisée par le vieux mâle, à la façon d’une horde de singes. Il faudrait bien compléter cette image en ajoutant en contrepartie une matrone, elle aussi redoutable, représentant la terreur des filles, comme le père primitif tient férocement en respect la bande des fils. Nous aurions ainsi deux sources d’angoisse ; l’une patrilinéaire et l’autre matrilinéaire, selon les conditions primitives de vie.»141

Nous étudierons dans le chapitre consacré à la perversion les cas de Gilles de Rais et de Hitler qui firent la rencontre avec le chef de la horde, ce qui les conduisit tous deux à vouloir « tuer le père ». Deux personnalités, non reconnues enfants, pour lesquelles les événements sociaux et politiques favoriseront l’éclosion de leur pulsion réfrénée.

Heureusement tous les pères ne sont pas chefs de la horde, et tous les enfants en manque d’image paternelle ne deviennent pas des tyrans pour les autres. Ils se contentent souvent de le devenir pour eux-mêmes. Cela laisse inopérant le mythe d’Œdipe pour les fils reconnus par leur père ou un modèle masculin qui a su autoriser et non pas qu’interdire. Par ailleurs, par cette non reconnaissance du père à l’enfant, ce dernier, faute de structurer sa propre image, s’ancrera dans la persona en s’appropriant l’image du père tyran donc celle du chef de la horde. .

Jung ne considère pas l’archétype du père comme seul modèle fondateur. Il envisage également celui de la mère comme essentiel à l’acquisition de la « force ». C’est bien dans cette perspective d’un équilibre entre les forces mises en jeu par le couple anima/animus, que Jung élabore sa théorie de l’individuation qui ne peut aboutir sans le secours d’une pulsion bipartite, maîtrisée à sa base lors de l’édification de la persona. L’enfant doit être vu par les deux entités du couple anima/animus. D’autre part, le mythe œdipien nous renseigne sur la tragédie grecque et son modèle de pensée qui finalement ne laisse que très peu d’alternative à tous « les Œdipes » du monde judéo-chrétien. Tomber sous le joug d’un chef de la horde, c’est assurément se sentir possédé inconsciemment par une pulsion incontournable, obsessionnelle qui sera celle « de tuer » le père tyrannique. Cette prédiction annoncée par l’oracle à Œdipe devient prédestination et concerne tous « les Œdipes » qui seront confrontés à pareille situation. Certains d’entre eux entendront une voix leur parler qui les investira d’une

141 Jung, C. G., Métamorphoses de l'âme et ses symboles, Ed. Georg, Paris, 1953.

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mission. C’est bien, du reste, dans l’engagement vis-à-vis d’un grand projet qu’ils réussiront à calmer, dans un premier temps, leur pulsion de meurtre à l’égard du père. Cette dernière ne sera pas pour autant étouffée, simplement lovée dans l’attente d’une activation prochaine. A tous « ces Œdipes » s’impose alors un destin auquel ils ne pourront échapper. L’oracle ne fait que prédire ce qui désormais est écrit et incontournable. Leur destin est désormais scellé.

L’oracle témoigne de cette prédestination dans le contenu même de son questionnement. Sa première question fait allusion à l’homme et à son cycle de vie lors de ses différents stades : enfance, adulte, vieillesse. Il fait, à contrario, allusion au meurtre en devenir du père et donc de la mort symbolique d’Œdipe. Tous deux vont le priver à tout jamais de ce droit à l’enfance dont il a déjà été floué, de celui d’adulte auquel il ne peut prétendre par manque d’identification au phallus du père, de celui à la vieillesse qui lui aura été soustrait.

La notion de cycle est incontournable, ce qui nous ramène au mythe du prisonnier qui doit s’arracher de la caverne et de toutes les cavernes qui se succéderont. C’est dans la deuxième question posée par le Sphinx à Œdipe que tout le poids de cette prédestination se fait sentir. Si le jour et la nuit sont bien ces deux sœurs qui s’enfantent mutuellement en mourant, Sophocle attire notre attention sur le fait que le modèle directeur de l’histoire appartient au mode binaire dont le monde judéo-chrétien s’est fait le héros. C’est ainsi que Sophocle donne les clés du dénouement à Œdipe en lui ouvrant les portes de son funeste destin, tout en précisant au lecteur que ce mythe doit être lu au travers du filtre de la pensée duelle, ce qui lui confère également le qualificatif de tragédie. Le mythe d’Œdipe nous interpelle et reste d’actualité pour tous ceux qui, comme lui, feront l’expérience d’un père chef de la horde. Même si le passage à l’acte (l’inceste avec la mère ou le meurtre du père) ne concerne que des cas isolés, les pulsions qui résultent d’un tel apprentissage seront à même de produire de vastes dégâts psychiques. Ces dégâts peuvent être également sociaux et humanitaires : dans les cas extrêmes de Gilles de Rais ou de Hitler, il y aura identification au père tyrannique, les enfants violés et assassinés pour le premier, les Juifs humiliés et exterminés pour le second.

Sophocle, dans le mythe d’Œdipe, nous oriente vers cette logique de la prédestination provoquée par le mode binaire, puisqu’à aucun moment Œdipe ne sait qu’il a tué son père Laïos, ni commis l’inceste avec sa mère Jocaste. Il n’en sera averti qu’après que les actes furent commis. Tout se déroule selon les prédictions de l’oracle qui représente alors l’inconscient d’Œdipe se trouvant dès lors soumis à une logique implacable. Cette dernière tend, sans qu’aucune issue favorable ne soit possible, à solutionner la persona dans laquelle Œdipe est englué. De ce fait, la pulsion n’est pas au service du moi et ne sert que l’égo. Le

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processus d’individuation ne peut s’accomplir. C’est bien ce qu’explique Jung dans son ouvrage « les métamorphoses »142 : « Nous ne savions pas alors (et qui donc le sait aujourd’hui encore ?) que la passion, aussi dévorante qu’inconsciente du fils, peut avoir la

« mère » pour objet, que peut-être cette passion mine et trouble tragiquement toute sa vie si bien que la grandeur du destin d’Œdipe ne nous paraît pas le moindre exagéré. (…) . En suivant les voies tracées par Freud, nous arriverons à saisir la vivante existence de telles éventualités, trop faibles pour pousser à l’inceste véritable, mais assez puissantes cependant pour provoquer des troubles psychiques d’une étendue considérable. Notre sentiment moral se révolte d’abord à l’idée de reconnaître en soi de telles éventualités ; des résistances se font jour qui aveuglent trop aisément l’intellect et rendent impossible la connaissance de soi-même. Mais si nous parvenions à établir une distinction entre connaissance objective et valorisation sentimentale, nous jetons un pont sur l’abîme séparant notre époque de l’Antiquité et nous sommes étonnés de voir qu’Œdipe est encore bien vivant. »

« mère » pour objet, que peut-être cette passion mine et trouble tragiquement toute sa vie si bien que la grandeur du destin d’Œdipe ne nous paraît pas le moindre exagéré. (…) . En suivant les voies tracées par Freud, nous arriverons à saisir la vivante existence de telles éventualités, trop faibles pour pousser à l’inceste véritable, mais assez puissantes cependant pour provoquer des troubles psychiques d’une étendue considérable. Notre sentiment moral se révolte d’abord à l’idée de reconnaître en soi de telles éventualités ; des résistances se font jour qui aveuglent trop aisément l’intellect et rendent impossible la connaissance de soi-même. Mais si nous parvenions à établir une distinction entre connaissance objective et valorisation sentimentale, nous jetons un pont sur l’abîme séparant notre époque de l’Antiquité et nous sommes étonnés de voir qu’Œdipe est encore bien vivant. »

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