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Le mythe de la caverne : concept d’arrachement

Dans le document tel-00823278, version 1 - 16 May 2013 (Page 93-108)

II – TROIS PHASES PULSIONNELLES

B) DIFFERENCIATION de l’OBJET : LE MOI

1) Le mythe de la caverne : concept d’arrachement

Ce mythe106 est une pensée du dépassement, du renversement et de l’arrachement : Platon raconte qu’un prisonnier est enchaîné parmi d’autres prisonniers au fond d’une caverne. Il ne distingue que des ombres qui défilent devant ses yeux et proviennent vraisemblablement du dehors de la caverne, un autre monde inconnu pour lui. Les prisonniers ne perçoivent en effet que les ombres projetées par un feu qui brûle derrière eux. Pour Platon, il s’agit de dialectique ascendante, véritable arrachement pour celui qui entreprend l’épreuve de s’extraire de la caverne. Pour passer de l’ombre à la lumière, il y a nécessité de rupture. Dans la quête de Graal, c’est le moment où le chevalier, sortant du « château du silence », fait son entrée dans « le château de la connaissance»107.

C’est le fondement même de la cure analytique jungienne. Le patient va devoir s’arracher à lui-même, quitter son monde circulaire, partir à la rencontre d’un nouveau monde qui lui est inconnu. Quitter la caverne, c’est partir à la rencontre de sa propre ombre. Retourner dans la caverne relève de la dialectique descendante, c’est à contrario, retomber dans l’ombre « le château du silence ». Retourner dans son passé, c’est aussi prendre le risque d’être tué par les autres, ceux qui n’ont pas osé quitter la caverne. Ce sont tous ceux qui ne trouveront pas d’autres choix que celui de supprimer (de leur conscience), l’évadé, le rédempté, celui qui revient chargé de lumière (d’autres vérités). Mais les autres sont aussi l’Autre, au sens lacanien du terme, cet Autre qui, tapi dans l’ombre (chez Jung) n’hésitera pas à s’opposer au moi, s’il est mis en danger par trop de lumière. L’arrachement nécessite une remise en

106 Platon, extrait de la République, Gallimard, 1993.

107 Fisher R., Le chevalier à l’armure rouillée, conte initiatique en 7 chapitres, Ed. Ambre et Lumière, 2006.

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cause que seul le prisonnier doit affronter s’il veut s’extraire de la caverne. Il en est de même pour le patient en cure psychanalytique qui devra « mourir à son passé pour renaître à un nouveau monde ». Remettre en cause les acquis n’est pas mince affaire. C’est aussi, d’une certaine manière, remettre en cause ses croyances. Ce sont là des outils méthodologiques, dont le psychanalyste devra user (avec soin et prudence) avec son patient. C’est au psychanalyste de conduire le prisonnier de l’ombre vers la lumière, par cycles successifs, par successions de dialectiques ascendantes, puis descendantes. Ce schéma pourrait s’apparenter à la destruction d’un monde devenu indésirable et insupportable (par le sujet lui-même), puis à sa reconstruction sur une base d’avant, d’avant sa naissance au monde duel (anima/animus).

La pratique analytique montre qu’il y a quelque chose qui résiste au changement (tout le monde n’est pas prêt à sortir de la caverne…). Les Pythagoriciens et Platon comparaient le monde à une caverne, Empédocle à un antre… « L’âme est tenue prisonnière par ses passions, et libérée par le « Nous », c'est-à-dire par la pensée.»108 Le symbole du mythe de la caverne se retrouve dans de nombreuses civilisations et à différents âges : c’est le K’iao en Asie qui est aussi la caverne. A l’orée de la nouvelle année, on y enferme les Empereurs, pour que s’opère la communion nécessaire avec la matrice originelle. En Inde, c’est la garbhagrina (maison matrice). Le culte de Mithra, Dieu solaire, est souvent célébré sous terre. Jésus n’est-il pas né dans une grotte ? Le Dieu égyptien Apis symbolise le Nn’est-il « engrossé », n’est-il naît dans une grotte à Eléphantine. En Islam, c’est le tawîl, la substance centrale. C’est aussi le creuset des alchimistes, d’où le vil va se transmuter en or. L’enfant surgira également d’une matrice caverneuse, mais il ne le fera pas sans être aimé et reconnu, au risque d’y demeurer enfermé toute sa vie. Ce sont les forces irrépressibles de la fécondité qui le tireront de là (cf. chapitre consacré à la force, lame XI du tarot). La psyché structure des grottes successives dont elle doit régulièrement se détacher afin de poursuivre son évolution et, ainsi, mieux appréhender le monde qui l’entoure. La grotte symbolise le concept cyclique. De cette traversée des grottes, comparable à un chemin initiatique, la rencontre « avec Dieu » devient inévitable. Pour Jung, dans le pur esprit du Tao, « Dieu » représente « le créé », c’est-à-dire le Soi. Pour la psyché, il s’agit de mettre en conformité « le dedans » avec « le dehors ».

Dans le deuxième septénaire du tarot initiatique, les lames IX à XIII illustrent symboliquement le principe de l’arrachement, ce qui rejoint l’allégorie du mythe de la caverne de Platon. Ce dernier décrit une succession d’archétypes qui, de par leurs fonctions énergétiques, mettent en valeur une étape fondamentale de la gravure psychique. On y

108 Mage, 290-291.

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retrouvera du reste les quatre principes de la pulsion décrits par Freud que sont : source, but, objet et poussée. Quatre archétypes sont à distinguer dans cette approche de l’arrachement : L’ermite (lame IX), la roue de fortune (lame X), la force (lame XI) et le pendu (lame XII), (Planche VII, fig. 15). La mort (lame XIII) spécifie que le cycle est achevé et symbolise la coupure, tout comme l’amoureux (lame VI) marque également l’achèvement de l’identification au miroir anima/animus, tout comme le Jugement dernier (lame XX) symbolise le parfait aboutissement du processus ternaire.

« La source » se retrouve symbolisée par la grotte qui représente l’objet en général. Ce dernier est soumis au principe de la pulsion défini par Freud. L’ermite (lame IX) se présente en tant que déclencheur du cycle. Sortir de la caverne cela signifie qu’il faut pour cela du temps et que le temps accompagne toute forme de construction qu’elle soit d’ordre matériel ou psychique. La roue de fortune (lame X) symbolise le temps et nous indique que celle-ci ne se mettra en action de transformation de la matière que si les quatre principes énoncés par Freud, « source, but, objet et poussée » sont concomitants. Mais la roue de fortune propose un voyage dans le passé. C’est une manière de remonter le temps. Le cycle ne doit pas seulement être envisagé dans sa composante géométrique « la direction », il doit l’être également dans celle « du sens ». Pour être accompli, le cycle doit permettre la visite de l’objet dans son sens premier de perception (pulsion d’investigation), puis dans son sens de retrait de cette même perception (pulsion de désinvestissement). Mais rien n’aura lieu si la force (lame XI) n’est pas au rendez-vous. Cet archétype illustre « la poussée » et constitue l’énergie nécessaire pour faire tourner la roue et donc le temps. « Le but », c’est bien sûr sortir de la caverne, mais c’est surtout l’accomplissement d’un cycle, ce qui nous ramène encore à la roue de fortune (lame X). « L’objet » de la pulsion est bien différent de l’objet au sens psychanalytique du terme.

« L’objet » de la pulsion est justement celui de visiter sous tous ses aspects l’’objet psychanalytique. Le moi jungien ne se structure que par déconstruction de l’ombre qui représente des zones d’ombre pour le moi. Cela impose à la psyché la nécessité de visiter et de revisiter sans cesse l’ombre et la lumière, cette dernière représentant le moi. Or le pendu (lame XII) nous indique que le cycle subit une inversion. Comme il ne peut s’agir que d’énergie, cette allégorie laisse à penser que nous serions en présence d’une énergie qui, comme un courant alternatif circule à double sens. Or cette idée est de taille puisqu’il s’agit en l’occurrence de la gravure de l’objet et de ses composantes. Cette représentation du pendu (lame XII) et l’idée d’inversion du cycle qui en en découle nous conduit à une autre idée, celle d’une gravure de l’objet en double sens. Une qui se produirait à l’émission de la pulsion (d’investigation) donc dans sa phase de production, l’autre lors de l’interruption de la pulsion

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(désinvestissement) dans sa phase de rétraction. Freud dans l’énoncé du Bloc-notes magique décrivait quelque chose de similaire : « Ainsi les interruptions qui, dans le cas du bloc-notes magique, proviennent de l’extérieur, je les faisais résulter de la discontinuité du flux d’innervation et, à la place d’une rupture de contact effective, on trouvait, dans mon hypothèse, l’inexcitation périodique du système perceptif. »109 L’archétype de la mort marque une coupure franche du cycle qui apparaît lorsque s’est produite l’inversion de ce même cycle (le pendu). La fin du cycle est alors consommée et les énergies redeviennent fluides ayant accomplies leur mission de nettoyage de l’ombre et de structuration du moi, la tempérance (lame XIV). La psyché crée de la structure sous l’effet de la pulsion. Dans le sens de la croissance pulsative, puis dans celui de la décroissance. Par cette physiologie, se structure le tronc commun informatif que Lacan désignera sous le vocable d’hainamoration. Nous reviendrons sur ce point capital dans le chapitre consacré à Lacan.

a) L’hermite

Cette allégorie archétypique débute avec L’ermite (Planche VII, fig. 15, lame IX). Comme pour se guider ou trouver son chemin, un homme âgé, cheveux longs et grande barbe, tient une lanterne à la hauteur de son regard, tout en s’appuyant sur un bâton torsadé. Dans le tarot dit de Charles VII, un sablier remplace la lanterne. Quoiqu’il en soit, l’ermite110 sort de sa caverne, il part à la rencontre de la lumière, tout comme il sait qu’il devra compter avec le temps (loi cyclique) pour réussir son arrachement. La neuvième lame du tarot représente peut-être cet hermite, tel Diogène, qui, brandissant sa lanterne, cherchait un homme dans les rues d’Athènes et n’y rencontra que des fous. Le fou c’est celui qui refuse de quitter la caverne, ou celui encore qui ne possède pas la force (lame XI) qui doit lui permettre de s’en extraire. Tous les hommes qui refusent le dépassement d’eux-mêmes sont, tôt ou tard, condamnés à « la folie ». Ce personnage nous propose de sortir de notre caverne en usant à la fois du temps (le sablier) ou de la lumière (la lanterne), tout en nous appuyant sur le bâton d’Hermès ou celui d’Esculape. Recouvert de son grand manteau, cet initié est bien Hermès111. Il symbolise

109 Ibid. 17.

110 Saint Paul de Thèbes (250 après J.C.), semble avoir été le premier ermite. Il sera suivi au IVe siècle par Grégoire de Naziance puis viendront les grands mouvements érémétiques occidentaux suivant tout naturellement la vague venue d’Orient. Se retirer du monde pour mieux appréhender le monde, voilà une autre philosophie qui sera illustrée par le mouvement alchimiste du Moyen-âge.

111 Hermès trismégiste est le patron des alchimistes, il préside à la pensée, il nous fait prendre conscience de la nature du monde, de quoi est fait notre monde. Le bâton torsadé est celui d’Esculape. Ce dernier muni de sa canne de pèlerin assomma un serpent qui l’agressait. Surgit alors un autre serpent qui guérit le premier en lui faisant absorber une herbe, puis s’enroula autour de son bâton. Ce dernier, comprenant ainsi la vertu des plantes médicinales devint tout naturellement le patron des médecins. Mais au delà « du bon et du mauvais serpent », cette allégorie symbolise le jeu des forces qui se détruisent puis se reconstruisent (lutte d’Osiris contre Seth).

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également l’Hermite Thot112, le Dieu lunaire de l’Egypte ancienne, celui qui préside au Jugement dernier, au travail de notre conscience, à l’édification du moi dans le processus d’individuation jungien. Dans le panthéon égyptien, Jean-François Champollion, campe Thot en grand ordonnateur divin. Thot n’est pas un dieu créateur, il est le grand ordonnateur, il prend la mesure de toute chose, il connaît tous les rouages « du grand tout ». Sa connaissance est parfaite, transdisciplinaire et c’est bien pour cette raison qu’il peut évaluer chaque chose à sa juste valeur. Directeur de la lune est son autre fonction. Il en connaît tous les effets sur le monde des vivants et même sur celui des morts. Le cycle lunaire gère le monde visible, le matériel, le corporel, tous « les temples », mais aussi le monde de l’invisible, celui de la conscience humaine, patrie de l’âme. Or si les corps sont destinés à retourner à l’état de poussière, il n’en est pas de même avec les âmes qui doivent regagner « la source primordiale », « le grand tout ». Thot ne se contente pas du titre de maître de l’écriture. C’est bien sûr lui qui tient les annales royales et qui protège la corporation des scribes, ces derniers, le plus souvent, initiés aux secrets de la vie et de la mort. Mais Thot est aussi expert en magie, il maîtrise les énergies lunaires et agit sur les âmes qui cherchent leur chemin, soit dans leur vie terrestre, soit dans l’au delà. Dans cette tâche précise, dans ce rôle funéraire, les C’est pourquoi le caducée d’Hermès qui est représenté par deux serpents entrelacés qui devraient être tête bêche (énergies montantes et descendantes), peut se confondre avec celui d’Esculape. Les deux symbolisent les forces énergétiques duelles qui cycliquement disparaissent, puis se renouvellent, mais Esculape s’impose peut-être davantage comme patron de la médecine du corps et Hermès comme celui de la médecine de l’âme.

112 Thot (fig. 28, Annexe IX) a le visage de l’ibis. L’ibis est un oiseau commun qui vit surtout dans le delta du Nil. Thot vit dans le delta. C’est dans ce lieu, du reste, qu’Isis cachera Horus pour le protéger de son oncle Seth.

Isis le confiera alors à son oncle protecteur Thot. Horus est donc placé sous la juridiction lunaire. Thot prend parfois le visage d’un singe. Cet animal vit tout particulièrement à la tombée de la nuit et annonce la venue de l’astre lunaire. Thot cynocéphale (à la tête de singe), c’est la pleine lune, au plus fort de ses énergies (fig. 8, Annexe III). Thot cynocéphale désigne la période pendant laquelle devra se dérouler le Jugement dernier. « Le livre des morts»112 précise que défunt ou initié font la rencontre avec quatre singes qui gardent la porte d’accès du purgatoire, c’est à dire le lieu où le justifié doit obligatoirement « purger sa peine », après avoir subi le jugement dernier, c’est à dire la pesée de son âme.

Thot est aussi le symbole du triangle. Les compagnons établissent un lien entre Thot et le triangle ayant pour côtés les nombres 3 et 4, pour hypoténuse, le nombre 5 et la racine de 5 + 1 qui nous amène au nombre d’Or.

Rechercher la protection de Thot, c’est également rechercher la perfection.

113 L’Ennéade : ce sont les théologiens d’Héliopolis qui ont imaginé de représenter les neufs forces primordiales créatrices et gestionnaires de l’univers par neufs entités divines : le démiurge Râ (Atoum-Rê), ses enfants Shou (l’atmosphère) et Tefnout encore appelée Sekhmet, la Lointaine (l’humidité), ses petits enfants Geb (la Terre) et Nout (le ciel) et leurs descendants, Isis et Osiris, Nephthys et Seth. « Thot occupa la chaise curule des édiles (dictant le sens, la pensée que devaient exprimer les monuments publics), chaise d’ivoire de l’éléphant (conscience élevée), emblème de l’interprétation des visions et des rêves » (Antoine Monnier, symbolisme des cartes à jouer, Histoire occulte de leurs quatre rois, Leymarie Editeur, 1921).

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pas, pour Thot, de séparer les bonnes actions des mauvaises. Ces valeurs du bien et du mal appartiennent à la pensée judéo-chrétienne, ce qui ne signifie rien dans la religion de l’Egypte ancienne. Pour cette dernière, seules comptent les actions et les choix, tout démesurés soient-ils, qui se soldent à terme par une remise « à zéro », par un rééquilibrage des forces de vie :

« j’ai volé, j’ai donné ; j’ai tué, j’ai sauvé ; j’ai trahi, je me suis racheté.»

Dans l’ancienne Egypte, la vie doit être vécue comme une expérience unique, comme un cadeau qui est offert à l’homme. La réincarnation est là pour nous permettre de réaliser des expériences terrestres. Les refuser serait faire insulte aux Dieux. Pas d’actions bonnes ou mauvaises, seulement des choix qui déboucheront sur des résultats plus ou moins heureux ou satisfaisants. Contrairement à la religion Judéo-chrétienne, Diable et Dieu ne sont pas là, au quotidien, pour nous dicter ce qu’il est bien de faire ou ce qui est mal, on agit. Ce n’est pas la peur de la mort qui conduit l’Egyptien à suivre des règles morales ou religieuses, c’est bien au contraire cette certitude qu’il y a une vie après la mort et qu’il doit se préparer de son vivant à son examen de passage. Thot en est l’examinateur. Est-ce que tous les actes de ma vie sont bien équilibrés ? Cette question présuppose, bien sûr, de la part de « l’examiné » qu’il aura bien pris conscience de ses déraillements de vie, et qu’en pareil cas, il aura travaillé au rééquilibrage de ses actes. « Passer la porte » ne peut se faire qu’à cette condition, dans tout autre cas de figure, c’est le retour assuré à la case départ.

L’Ecole de Thot est le chemin qui conduit, dans un premier temps, à la prise de conscience de nos déraillements, puis à la possibilité qui nous est offerte de réparer nos erreurs. L’Ecole de Thot aurait inspiré l’ « Ecole Essénienne », cette voie initiatique emprunté par les premiers maçons, compagnons de la pierre, héritiers de Maître Jacques et de Maître Soubise, bâtisseurs du Temple de Salomon. Thot porte plusieurs surnoms dont celui de Maître de Chmounou, ce qui représente le nombre huit (symbole de l’infini). Une manière d’accéder à la vie éternelle est de s’en remettre à la justice de ce dieu. Elle garantit la rédemption, rythmée selon des cycles de transformations et de réincarnations successives : morts, renaissances. Ce Dieu symbolise l’aspect récurrent du cycle qui semble suivre un principe alternatif, voire ondulatoire. Il symbolise la lune qui gère les cycles de la vie sur la Terre et qui est considérée par les Anciens égyptiens comme l’âme de Râ, le Dieu soleil. C’est pour cette raison que Thot peut être comparé à un authentique centre cosmique et psychique.

Il est également appelé « Grand directeur des âmes ». D’après les textes des sarcophages, 2000 ans avant Jésus-Christ, il est sagesse, omniscience, et faculté d’invention114, donc

114 Carrier C., Textes des Sarcophages du Moyen Empire égyptien, préface de Bernard Matthieu, Collection Champollion, Editions du Rocher, 2004.

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travaille à la construction de l’âme et plus exactement au dépassement de la psyché. D’après Platon (Phèdre, Philèbe), Diodore de Sicile, J.F. Champollion, Thot inventa la langue et l’écriture, ce qui nous ramène aux dires de Freud ou ceux de Lacan quand ils déclarent que la psyché s’apparente à une forme de langage. Ce dieu a également découvert la science du nombre et du calcul. Cette dernière qualité de Thot nous renvoie à la pensée de Koyré pour qui réel lacanien et mathématiques ne font qu’un (cf. chapitre consacré à Lacan). Diodore de Sicile voit également en Thot, celui qui rythme le corps humain et la musique…

Au travers de toutes les qualités de ce Dieu, les Anciens égyptiens mettaient en valeur ce qui se joue dans notre psyché : cycle, rythme, invention, langue, écriture, musique et mathématiques. De quoi satisfaire Freud et Lacan qui, dans leurs théories analytiques, avancent des préceptes similaires. Quand Jung pense à la construction du moi, il n’est pas tellement éloigné du concept du moi de Freud non plus que celui du réel de Lacan. Toutes ces topiques illustrent en fait une seule et une même chose, la physiologie analytique.

L’allégorie de Thot rejoint également le concept de pulsion de Freud et enrichit ce dernier à de nombreux points de vue. Il symbolise en effet l’archétype du cycle en général et du temps en particulier, mais aussi celui de la pulsion. Pour Strabon115, ce dieu est le seigneur

L’allégorie de Thot rejoint également le concept de pulsion de Freud et enrichit ce dernier à de nombreux points de vue. Il symbolise en effet l’archétype du cycle en général et du temps en particulier, mais aussi celui de la pulsion. Pour Strabon115, ce dieu est le seigneur

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