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L'objectif général du montage est la capture de tous les temps d'enseignement-apprentissage appartenant au domaine des mathématiques et de la recherche ACE, sur la totalité de l'année scolaire et plus. Le cadre théorique de référence, comme nous l'avons évoqué, reste la Théorie de l'Action Conjointe en Didactique (TACD). Elle rend compte des relations entre le savoir, les élèves et le professeur. Pour filmer les séances de classe c'est-à-dire capturer les images et le son sur un temps aussi long sans sélectionner un élément particulier (une orientation de cadrage), cela nous oblige à ne pas restreindre le regard par une entrée unique. Le choix d'une seule caméra offrirait un

angle de vision et un regard partiel sur la classe (et sur les séances filmées). La décision s'impose alors de penser une installation avec deux caméras afin de multiplier les entrées et le recueil d'indices (les signes) de la construction du nombre. La caméra (éventuellement) mobile près du tableau est sur pied et posée sur le sol tandis que la caméra fixe est sur une tablette en hauteur. Ainsi les hauteurs différentes des caméras filment et attestent des différences comme des similitudes.

Photographie n°1 : vue d'ensemble depuis la caméra fixe

Date, année 2011-2012

La caméra fixe filme une vue d'ensemble de la classe et « donne à voir » le savoir avec notamment la centration sur le tableau, le professeur et les élèves. Elle « s'accompagne » d'une seconde caméra qui peut retracer lorsqu'elle est déplacée par le professeur-chercheur plus spécifiquement les actions, les interactions (les élèves et le professeur ou d'élève à élève), ainsi que l'élaboration progressive du savoir dans une temporalité autre, celle de l'élève. Elle permet le suivi des « épisodes » didactiques de la leçon. On pourrait dire que la caméra fixe est une représentation générique de la séance de mathématique tandis que la caméra mobile est une représentation spécifique de la même séance.

des temps différents. Le tableau de la classe est le témoin de l'avancée du temps didactique capturé par la caméra fixe. Les rythmes d'apprentissages individuels et les épisodes didactiques sont enregistrés avec la caméra mobile avec des plans plus resserrés. Les traces de l'élaboration du savoir consistent ainsi en deux films d'étude2. Ils montrent à la fois l'avancée du temps didactique mais également le travail de l'élève dans sa propre durée. Nous présentons deux photographies, la première photographie montre la caméra mobile près du tableau et la seconde photographie présente la caméra fixe.

Photographie n°2 : la caméra mobile

Date, année 2011-2012

La caméra mobile positionnée près du tableau n'est pas fixée au sol. Cette option permet de la déplacer en fonction des différentes modalités de travail choisies, par exemple comme pour la mise en place du groupe « anticipation » ou d'un groupe de « reprise ». Elle enregistre les images des élèves de face.

La caméra fixe, quant à elle se situe dans le fond de la classe, près du plafond sur un porte-télévision vissé au mur que nous illustrons d'une photographie.

2 La notion de film d'étude est notamment développée dans le chapitre 6 du Sens du savoir, téléchargeable ici : http://python.espe-bretagne.fr/sensevy/sensdusavoir/

Photographie n°3 : la caméra fixe en hauteur

Date, année 2011-2012

Pour perdurer sur une année scolaire, le temps d'installation et d'allumage du montage doit être restreint. Pour cette raison, le matériel est laissé à disposition dans la classe afin que le professeur-chercheur dispose à la fois du matériel nécessaire pour l'enregistrement et qu'il soit autonome pour une mise en route rapide. Il existe plusieurs avantages à la permanence de la présence du dispositif dans la classe. Tout d'abord, l'indifférence des élèves et du professeur « aux enregistrements ». Ils finissent par ignorer la présence du montage. Les caméras deviennent des objets permanents et « anodins » et les élèves ne les remarquent plus. De plus, la mise en route quotidienne des caméras, matin et après-midi, instaure une habitude de classe et contribuent encore à banaliser ces « objets ». Le montage permet aussi l'enregistrement des temps qui appartiennent à la « périphérie de la leçon » comme l'installation des élèves en groupe, le rangement... Ces temps décrivent la réalité de la classe et sont rarement filmés.

Les enregistrements sont donc des films d'étude sur la construction de notions mathématiques au cours préparatoire. Ils retracent aussi les conditions mises en place par le professeur pour les enseigner et les expériences que les élèves construisent de cette action.

L'autonomie du professeur est une autre caractéristique du montage choisi. En effet, le professeur est en capacité de filmer tous les moments prévus mais également de s'adapter et modifier le plan de route (horaires, séances, organisation...).

Un autre impératif renvoie à la qualité technique des enregistrements produits : nous souhaitons une bonne qualité d'images (pour le relevé des signes) et un son « audible » (pour transcrire les séances). Devant ces contraintes fortes, des questions se posent sur le choix du matériel pour l'enregistrement et le stockage des données de masses importantes.

Photographie n°4 : un professeur autonome pour les enregistrements des séances

Date, année 2011-2012

Le choix de l'ajout d'un micro-cravate pour le professeur et d'un micro suspendu permet d'améliorer l'enregistrement des voix et donc des échanges enregistrés. Cela compense certaines voix d'enfants peu fortes.

Les séances sont intégralement filmées et enregistrées comme nous l'avons évoqué. Nous pensons que la masse de données est essentielle pour observer et analyser des phénomènes didactiques en sciences humaines et sociales parce qu'elle permet de travailler sur la durée longue. La durée permet aussi de percevoir et de garantir l'authenticité des phénomènes d'enseignement et d'apprentissage observés et analysés par le rapprochement opéré sur la réalité. Même si les vidéos ne sont pas la réalité, le filmage quotidien annihile la présence intrusive des caméras dans la classe et leurs effets sur le comportement des acteurs. Ensuite, nous formulons l'hypothèse que la confrontation avec le temps très long permet aux agents d'abandonner le contrôle de leur image et garantit sous un certain aspect les résultats de la recherche.