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La montée en puissance du courant poney

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Chapitre 1. L’histoire politique et institutionnelle de la fédération d’équitation

3.2. La montée en puissance du courant poney

Si en 1987, les statuts semblent figer l’image d’une fédération instituée et stable consacrant la prédominance du courant cheval, l’évolution de la demande des pratiquants va provoquer rapidement une modification de la « carte des pouvoirs » et va transformer progressivement les rapports de force entre les courants équestres.

Pour s’en rendre compte, il nous faut porter notre regard sur l’évolution des licences équestres298.

L’étude de l’évolution des licences équestres montre que la FFE n’a pas de licences propres jusqu’en 1999. Ces dernières sont gérées par les délégations et on peut observer pour chacune d’elle un

297 Entretien n° 4.

298 Pour plus de détails, il est souhaitable de se référer aux travaux de Vérène Chevalier présentés notamment dans un article de Population de 1996.

développement qui lui est spécifique. Ainsi, l’étude de l’évolution des licences depuis 1949 distingue deux périodes : la période post FFE où les trois associations (FEF, PCF et ANTE) connaissent chacune une croissance distincte et différente. Durant cette période, la croissance de la FEF apparaît la plus forte ; si celle-ci compte 23 000 licenciés en 1949, elle en dénombre 90 989 en 1973 et 166 915 en 1987299, soit un nombre de licenciés qui est multiplié par 4 en 25 ans puis double en moins de 15 ans, juste avant l’unification des composantes équestres.

La création de la FFE en 1987 ouvre une deuxième période qui se traduit logiquement par un bond des licenciés FFE puisque les licences des trois délégations sont additionnées. Le PCF et l’ANTE apportent à eux deux plus de 40 500 licenciés au démarrage de la FFE300. Mais, si la progression des licenciés reste forte et soutenue jusqu’à aujourd’hui, comme le montre la figure n° 4 ci-après, pour autant, la progression des licences FFE ne peut être considérée en tant que telle puisqu’elle n’est que la traduction de la progression des licences des trois courants équestres ; et on voit aisément que ce sont les licences poney qui vont fortement contribuer à faire progresser le nombre des licences équestres. Comme nous l’avons montré plus haut, l’augmentation du nombre des licences est capitale pour les délégations équestres puisqu’elle détermine le nombre de voix détenu par chacun de leurs représentants à l’assemblée générale et au comité directeur de la FFE, c’est ce qui explique la longue suprématie du courant cheval mais aussi que la bataille des licences fait rage tout au long de la vie de la fédération. Or, on observe que la progression des licences FFE de 1987 à 1999 est en partie due au poney (on voit sur le schéma que les deux courbes FFE et poney sont pratiquement parallèles) alors que les licences du courant cheval sont en augmentation constante mais plus modeste. Quant à la courbe des licences tourisme, elle est, elle aussi, montante mais plus légèrement encore (de 15 000 licences en 1987, on passe à 44 078 licences en 1998). Ainsi, on constate que dans le volume total des licences équestres, les licences poney occupent une place de plus en plus importante au sein de la FFE ; c’est ce qui peut expliquer les tensions qui en résultent avec les dirigeants des sports équestres suite à une concurrence de plus en plus forte des dirigeants poney. Si, comme nous le commente un des acteurs forts de l’époque, « en 85, c’étaient

299 D’après Brunet et Thomas, 1990, p. 111.

300 Toutes les sources sur le nombre de licenciés par délégation et par année viennent de L’UNIC et notamment de l’annuaire ECUS 1999 et 2000.

les sports équestres qui menaient tout, maintenant c’est le Poney Club qui mène tout »301.

L’évolution des licences (et surtout leur répartition) détenues par les délégations induit de fait un rééquilibrage du nombre de droits de vote attribué à chacun des membres de l’assemblée générale et peut avoir par conséquent une influence non négligeable sur le nombre de membres représentant chacune des délégations au sein du comité directeur de la FFE. L’étude comparative de la répartition des sièges par délégation au comité directeur de la FFE entre 1987 et 1998 montre une baisse progressive de la représentation des dirigeants des sports équestres à cheval au profit essentiellement des dirigeants du poney. Si en 1987, le pourcentage de sièges détenus par les membres issus de la délégation cheval au comité directeur de la FFE s’élève à 67,5 %, celui de la délégation poney à 17,5 % et celui de la délégation tourisme à 15 %, en 1993, les membres de la délégation cheval n’occupent plus au comité directeur de la FFE que 62,5 % du nombre total des sièges contre 22,5 % pour la délégation poney et 15 % pour la délégation tourisme. En 1997, on obtient finalement une répartition des sièges au comité directeur de la FFE de 55 % revenant à la délégation cheval, de 30 % revenant à la délégation poney et de 15 % restant pour la délégation tourisme, soit une majorité faible encore détenue par la délégation cheval de plus en plus fragilisée par les autres délégations pouvant rassembler à elles deux 45 % des sièges. Ainsi, les modifications survenues dans la répartition du nombre de licences et du nombre de voix possédées par les composantes équestres conduisent inexorablement à modifier la carte des pouvoirs.

On le voit, l’institution équestre fédérale ne forme pas un ensemble unifié. « Quand la fédération s’est créée, nous explique un de nos interlocuteurs, chacun a voulu être dedans, totalement dedans mais entièrement à part, donc ça pouvait pas être autre chose, la fédération étant une coquille vide, elle ne pouvait pas avoir une politique pleinement unitaire »302. Elle ne peut de ce fait éviter que les composantes nationales qui la constituent entrent en concurrence et alimentent des conflits parfois violents entre elles. N’est-ce pas parce que cette modification de la carte des pouvoirs remet en cause l’équilibre traditionnel des forces ? N’est-ce pas parce que c’est le contrôle de l’organisation qui est en jeu ?

301 Entretien n° 11.

302 Entretien n° 9.

Figure n° 4 : L’évolution des licences équestres de 1987 à 1999

Commentaires : Entre 1987 et 1999, le mouvement poney connaît la plus forte progression de ses licenciés. Le mouvement cheval augmente plus modestement. Le mouvement tourisme a une croissance faible. On voit donc que la progression des licences FFE est due essentiellement aux pratiquants de l’équitation sur poney.

0 50000 100000 150000 200000 250000 300000 350000 400000 450000

1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999

Années

Nombre de licenciés

création de la FFE FFE/toutes licences

DNSE/courant cheval

DNEP/courant poney

DNTE/courant tourisme

4. Les institutions équestres et le poids particulier de l’histoire

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