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Chapitre 8 : Stratégies d’adaptation et recommandations

8.1.1 Dans le monde

Un des enjeux majeurs liés aux changements climatiques est les besoins spécifiques des pays en développement, qui généralement manquent de capitaux et de connaissances. En effet, les capacités d’adaptation d’une société à répondre aux perturbations reposent en grande partie sur sa capacité à intégrer ces contraintes dans ses choix de vie. Ainsi, l’éducation par l’alphabétisation des adultes, la scolarisation des jeunes, l’accès aux diplômes sont des facteurs d’influences (Magnan, 2009). Toutefois, ce volet est délicat. « La population à éduquer comprend des citoyens de tous âges, démontrant des niveaux de littératie scientifique variés et interagissant dans des milieux sociaux, économiques et politiques multiples » (Pruneau et al., 2008, p.1). Pour s’y prendre, les moyens sont simples, mais le défi est de taille. Il s’agit d’écrire des livres à ce sujet, d’investir,

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d’encadrer, de sophistiquer les outils internet, de faire des conférences, des reportages, d’utiliser les médias, les ONG, les entreprises, etc. (Ibid). Par exemple, une association d’universités et ONG du Canada se sont associées au Brésil pour accroître les connaissances et la participation des communautés locales dans les quartiers à faibles revenus (Figueiredo et E. Perkins, 2012). Le projet a développé et testé des programmes de formation en organisant des ateliers animés par ses ONG partenaires locales en s'associant avec d'autres organisations communautaires pour présenter du contenu sur des sujets liés à l'éducation environnementale et à la gestion des bassins versants. Un autre projet de ce genre a été réalisé au Kenya, Mozambique et Afrique du Sud (Ibid). Il s’agit là que de quelques projets parmi plusieurs autres qui illustrent bien comment le partenariat et l’échange des connaissances peuvent être efficaces et stimulants lorsqu’ils incluent les populations locales.

Un autre volet important est celui de la gestion et de la disponibilité de l’eau. Au Bangladesh par exemple, diverses mesures d’adaptation aux changements climatiques sont déjà réalisées dans les régions sèches ou arrosées (Chowdhury et Moore, 2014). Bien que le Pérou ne connaisse pas de période de mousson aussi importante que le Bangladesh, la partie amazonienne, qui est la plus arrosée du pays, pourrait tout de même bénéficier de ces mesures d’adaptation. L’élévation des cultures par tas de terre est utilisée au Bangladesh pour faciliter le drainage et empêcher l’érosion du sol (Anik et Khan, 2012). De cette manière, les côtés des tas permettent le ruissellement de l’eau tout en gardant les plantes et les cultures à l’abri. Les plantations qui se trouvent sur le dessus du tas sont ainsi mieux protégées des inondations. À l’opposé, quand il s’agit de situation de sécheresse, des réservoirs de récupération d’eau de pluie pourraient être une opportunité économique intéressante pour les régions reculées (Chami et Moujabber, 2016). Quant à l’irrigation, elle est la technique à considérer pour les régions qui ne l’ont pas. Elle permet d’apporter de l’eau à partir de cours d’eau naturels ou construits (puits, forages) ou de barrages eux- mêmes alimentés par les pluies ou un cours d’eau (Dugué, 2012). Cependant, l’irrigation altère le bilan hydrique du sol. Ainsi, l’apport d’eau est toujours associé à un apport en sel (Marshall, 2009). Lors de l’infiltration de l’eau et de son évaporation, seuls les sels restent

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à la surface. Les climats secs engendrent une plus grande évaporation et par le fait même, demandent une plus grande quantité d’eau. Les systèmes de drainage peuvent donc réduire cet aspect négatif puisqu’ils facilitent l’évacuation de l’eau rapidement (Ibid).

En Afrique, des projets de transferts d’eau entre bassins, d’amélioration du recyclage de l’eau usée, de conservation de l’eau, de contrôle de la déforestation (maximise l’infiltration et la rétention d’eau), de l’encouragement de la plantation d’arbres autour des fermes, d’un système national d’alerte contre les sécheresses, de systèmes d’irrigation, des changements de variétés de cultures, sont utilisés comme moyen d’adaptation pour contrer le déficit hydrique lors de sécheresse (Stringer et al., 2009). Évidemment, ces mesures s’appliquent au contexte propre des pays, demandant un certain développement technologique et institutionnel et impliquant plusieurs acteurs. Néanmoins, il s’agit de stratégies d’adaptation intéressantes.

Pour ce qui est des animaux d’élevage, diverses stratégies peuvent être utilisées pour minimiser les impacts négatifs des changements climatiques. La diversification de l’élevage, la rotation des pâturages, l’utilisation du savoir-faire ancestral et l’utilisation de bétail adapté localement pour contrer les sécheresses, la chaleur et les maladies en sont des exemples (Muchuru et Nhamo, 2016). Le repos à long terme des pâturages permet à l’herbe

de récupérer et à la matière organique de se régénérer. L’ajout de matière organique pour améliorer les caractéristiques physiques, chimiques et biologiques du sol peut aussi être utilisé pour améliorer le recyclage des nutriments. Avec l’augmentation des températures, il sera aussi important pour le bétail d’être à l’ombre des arbres la plupart du temps et de brouter seulement le matin tôt et en fin de journée. D’autres mesures d’adaptation, moins probables, sont aussi mentionnées dans la littérature comme le déplacement du bétail vers des zones de pâturage à capacité de broutage plus élevée, l'abattage et l’acquisition d’une seule vache par ménage, les changements de composition du bétail et la location tout comme la relocalisation du bétail (Ibid). Pour parvenir à avoir du bétail localement adapté, il est essentiel de relier les races d'animaux d'élevage et les gènes avec l'environnement

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afin de comprendre les espèces animales bien adaptées qui peuvent à leur tour s'adapter aux conditions climatiques changeantes. Muchuru et Nhamo (2016) proposent de garder les races de bétails qui peuvent se développer plus rapidement et celles capables de prospérer dans un broutage de mauvaise qualité. D’ailleurs, la sélection et l’élevage de races de bétail indigène adaptées sont des stratégies d’adaptation communes pratiqués dans les régions arides et semi-arides. Le gouvernement de la Zambie a élaboré des politiques dans le but d’améliorer la gestion des pâturages en maintenant un nombre optimal de bétails par exemple. D’autres mesures comme la gestion du fumier afin de réduire l’accumulation excessive et les rejets de méthanes sont aussi proposées par le gouvernement (Ibid). En général, une bonne gestion des pâturages empêche la dégradation de ceux-ci en limitant l’érosion du sol, en augmentant le taux de filtration de l’eau et en favorisant la séquestration de carbone. Pour une gestion durable des maladies auprès des animaux, plusieurs gouvernements africains investissent pour la mise en place d’un système de surveillance des maladies, comprenant la vaccination contre les épidémies et l’apport de suppléments alimentaires stratégiques (Ibid). Le gouvernement de Namibie, en plus de vacciner les animaux, mène des programmes de quarantaine pour tenter d’enrayer la propagation des maladies. Dans ses zones arides, le Nigéria a construit des structures de collecte de l’eau et des forages pour l’abreuvement du bétail. Le forage est d’ailleurs la mesure d’approvisionnement en eau traditionnelle la plus fréquente dans le continent africain pour contrer les sécheresses (Muchuru et Nhamo, 2016).