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Quelles sont les modalités, les déterminants et les conséquences des attitudes psychosociales adoptées par les individus participant à un projet?

Cette problématique comporte un volet descriptif, un volet explicatif et un volet prescriptif puisqu'elle vise à :

• décrire les croyances, représentations et comportements des acteurs par rapport au métier et au projet (nature et degré d'implication des acteurs projet, sentiment d'appartenance primaire ou secondaire, etc.),

• identifier les déterminants de ces attitudes psychosociales (ressources stratégiques détenues, caractéristiques individuelles, relation tripolaire entre les acteurs projet, la hiérarchie métier et la Direction Projet) et en mesurer les conséquences (en termes de satisfaction, de tensions de rôle, de perception du projet, de dynamique de coopération, etc.),

• avancer un certain nombre de suggestions permettant aux acteurs projet de mieux vivre la dualité métier/projet et de maintenir leur

«

employabilité

»

dans un projet futur.

2.Architecture méthodologique

Cette section vise à présenter la façon dont nous avons construit l'architecture méthodologique de notre recherche. Après avoir présenté nos choix méthodologiques, nous les justifions, puis nous nous efforçons d'en cerner les limites et, enfm, nous décrivons, de façon plus concrète, les différentes phases de notre recherche empirique.

2.1. Présentation de nos choix méthodologiques

Nous avons choisi de fonder notre méthodologie sur des études de cas longitudinales et transversales et nos outils de recueil et d'analyse des données sur des techniques qui sont à la fois de nature qualitative et quantitative afm d'avoir une vision aussi large que possible des phénomènes étudiés et de générer un modèle descriptif et explicatif de la participation des individus à un projet.

2.1.1. Une stratégie de recherche fondée sur des études de cas longitudinales et transversales

Notre recherche vise à répondre au manque d'études empiriques dans le contexte des structures matricielles par projet et à aller au-delà des conceptualisations existantes en la matière. Elle correspond à une démarche dite «abductive

»

dans la mesure où nous cherchons à faire des conjectures à partir de l'observation, puis à les confronter aux construits théoriques existants.

Elle se fonde sur trois études de cas au sein de l'entreprise Renault :

• Une étude de cas longitudinale, qui se déroule sur une période totale de trois ans, et qui porte sur un projet véhicule en cours de développement (le projet X74, remplaçante de la Laguna). Cette étude repose sur deux phases d'enquête avant la constitution du plateau projet et deux phases d'enquête après la mise en place du plateau projet.

• Deux études de cas transversales qui portent sur des projets achevés - le projet Twingo et le projet Laguna - et qui visent essentiellement à comprendre la façon dont les individus vivent

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l' après-proj et ».

Les études de cas correspondent, d'après Yin (1989) à un mode d'investigation empirique qui explore un phénomène contemporain dans son contexte réel, en particulier lorsque les frontières entre le phénomène étudié et son contexte ne sont pas faciles à établir (ce qui est le cas de notre terrain d'étude). Ce mode d'investigation concerne les situations dans lesquelles on est en présence de nombreuses variables d'intérêt car il existe alors plusieurs sources de preuve et que l'étude de cas bénéficie du développement de propositions théoriques antérieures permettant de guider. l' accumulation et l'analyse de données.

La recherche longitudinale, quant à elle, vise à identifier et à décrire les processus sous-jacents à des phénomènes organisationnels (Kimberly, 1976).

[La recherche longitudinale correspond à] «l'ensemble des techniques, méthodologies et activités permettant l'observation, la description et/ou la classification de phénomènes organisationnels de telle sorte que les processus puissent être identifiés et documentés de façon empirique. » (Kimberly, 1976, p. 329, traduit par nous).

Les avantages de la recherche longitudinale par rapport à la recherche transversale sont au nombre de quatre.(Miller et Friesen, 1982) :

• elle facilite la mise en évidence d'erreurs dans les modèles dues à l'insuffisance du nombre de variables étudiées (parce qu'elle examine des processus),

• elle permet de faire une analyse fme des relations entre les variables dans différents contextes,

• elle permet de connaître le rythme de changement des variables, ce qui facilite l'analyse causale et augmente, par conséquent, la cohésion des modèles,

• elle permet d'avoir une connaissance intime d'une ou de plusieurs organisations particulières et, par conséquent, de faire des inférences sur ce qui s'est passé.

Ainsi, la recherche longitudinale permet d'étudier des relations causales, de prendre en compte les variables les plus importantes et de s'assurer que l'on ne fait pas de généralisations abusives.

2.1.2. Des techniques qualitatives et quantitatives de recueil et d'analyse des données

D'après Yin (1989), les études de cas peuvent inclure (et même se limiter à) des preuves quantitatives. En effet, ce n'est pas la nature des données - qualitative ou quantitative - qui permet de faire la distinction entre les différentes stratégies de recherche, mais la nature des questions auxquelles on cherche à répondre. Ainsi, on ne doit pas confondre les études de cas et les recherches qualitatives.

Yin distingue trois types d'études de cas, selon la nature des objectifs poursuivis par la recherche: les études de cas exploratoires, les études de cas descriptives et les études de cas explicatives, dont l'objet est d'expliquer des liens causaux complexes.

Dans notre recherche, nous utiliserons ces trois formes d'études de cas : la première phase de notre étude empiriques se fonde sur une étude de cas exploratoire; la seconde phase se fonde sur une étude de cas descriptive et la dernière phase se fonde à la fois sur une étude de cas descriptive et sur une étude de cas explicative.

Les recherches longitudinales peuvent reposer sur des techniques quantitatives ou qualitatives de recueil de données. Miller et Friesen (I982) classent ce type de recherche selon le nombre de variables observées, le nombre d'organisations étudiées et, enfin, le degré d'utilisation de procédures statistiques. On obtient, ainsi, un continuum allant des méthodes purement quantitatives aux méthodes purement qualitatives, en passant par les études utilisant des données quantitatives et des données anecdotiques riches, mais utilisant des méthodes d'analyses intuitives.

Plus précisément, Miller et Friesen distinguent cmq grandes catégories de recherches longitudinales :

• les recherches qualitatives sur une seule organisation étudiant de nombreuses variables, • les recherches quantitatives sur une seule organisation étudiant de nombreuses variables, • les recherches quantitatives sur plusieurs organisations étudiant peu de variables,

• les recherches qualitatives sur plusieurs organisations étudiant de nombreuses variables, • les recherches quantitatives sur plusieurs organisations étudiant de nombreuses variables.

Pour notre part, nous avons mené des recherches qualitatives et quantitatives sur une seule organisation étudiant de nombreuses variables. Les avantages que procure ce type de recherches sont au nombre de trois: la capacité à établir des liens de causalité, la capacité à identifier des variables critiques et la capacité

à

fonder une nouvelle théorie et de nouvelles hypothèses.

En effet, pour les trois projets étudiés, nous avons utilisé des outils de recueil de données qui sont de nature qualitative et quantitative:

• des entretiens semi-directifs

à

partir d'une grille de questions préétablies (pour les trois phases de notre enquête),

• l'administration de questionnaires fermés à l'issue de l'entretien semi-directif (pour les deux dernières phases de notre enquête),

• l'observation participante, essentiellement

à

travers les réunions bimensuelles de l'équipe projet (pour les deux premières phases de notre enquête).

L'intérêt de cette triple

«

entrée» est de recueillir un matériau qualitatif riche mais plus facile à interpréter et

à

objectiver que si on se limitait

à

une enquête par entretiens. En effet, plus la recherche est de nature qualitative et étudie un faible nombre d'organisations et/ou de variables, moins on a de difficultés d'interprétation et d'analyse, mais plus on a de difficultés liées

à

l'aSpect non généralisable et non cumulatif des résultats obtenus.

La méthode d'analyse des données recueillies est également à la fois de nature qualitative et quantitative. Si l'analyse qualitative des données se fonde sur «l'intuition », l'analyse quantitative combine des calculs de moyennes et de pourcentages, d'une part, et des études statistiques de corrélations et de régression linéaire44, d'autre part. Les calculs de moyennes, les calculs de pourcentages et les études de corrélations visent, essentiellement,

à

tester les hypothèses qui seront développées sur la base de notre revue de littérature et des deux dernières phases de notre étude empirique, tandis que les études de régression linéaire visent

à

tester le modèle de causalité, qui sera également développé

à

partir de notre revue de littérature et des deux dernières phases de notre étude empirique (ces hypothèses et ce modèle se trouvent au chapitre 8, section 1).

Le tableau suivant résume nos choix méthodologiques.

Stratégie de recherche Nature de la recherche Recueil des données Méthode d'analyse Longitudinal Qualitatif Qualitatif (intuitif) Etudes de cas

entretiens Y2directifs

(exploratoire, descriptive

observation participante et explicative)

Transversal Quantitatif (questionnaires Quantitatif

fermés)

régression linéaire

études de corrélation

calculs de moyennes

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