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2.1 L ES PRINCIPAUX MODELES THEORIQUES DU STRESS AU TRAVAIL

2.1.5 Le modèle transactionnel de Lazarus

individu/environnement pour comprendre le stress. Les conceptions nouvelles rapprochent le

stress psychologique ou psycho-émotionnel à un débordement émotionnel et d’affect mettant

en œuvre un traitement cognitif, sensori-moteur et des mécanismes neuro-hormonaux et

immunitaires (Paulhan et Bourgeois, 1995). D’où la construction de nouveaux outils à valeur

«interactionnelle» pour mesurer les tracas quotidiens (DeLongis, Coyne, Dakof, Folkman et

Lazarus, 1982, cité par Massoudi, 2009). De cette combinaison est édifiée une classification

des différents stress situationnels comme celui des catastrophes, de la guerre, des examens. En

témoignent la dimension personnelle mais aussi la dimension sociale et macroscopique que

peut revêtir le stress. Il apparaît donc lors d’une épidémie que le stress ronge toute la

population voire même la société entière, comme le cas de la propagation de la grippe porcine

en 2010.

Incontestablement, bien des limites et des critiques ont été répertoriées dans cette approche

qui n’isole pas les événements de vie positifs de ceux négatifs et ne prend pas en

considération l’expérience vécue qui pourrait avoir un effet tampon ou un rôle de facteurs

modérateurs (Lazarus et Launier, 1987, cité par Truchot, 2004). Suite à des études

exploratoires et à des analyses critiques, les conceptions du stress ont évolué. L’explication

causale et linéaire des stimulus-réponse est abandonnée car elle présente des limites

méthodologiques notamment omettant l’interaction individu-environnement.

Se baser uniquement sur les événements de vie dans la prédiction de la santé est vain puisque

l’interprétation des événements de vie est souvent teintée de fluctuations émotionnelles en

rapport avec l’événement vécu. De même, les caractéristiques individuelles et personnelle y

interviennent fortement (Légeron, 2003 ; Massoudi, 2009). C’est pourquoi une nouvelle

conception théorique a pris place, orientée dans une perspective transactionnelle. Ainsi,

l’analyse du stress est envisagée dans une perspective rétroactive entre les dimensions

psychologiques, environnementales et cognitives.

2.1.5 Le modèle transactionnel de Lazarus

Il revient à Lazarus de parler du modèle transactionnel construit sur une relation dynamique

entre l’individu et son environnement, mutuellement réciproque. Le stress est la résultante

d’un déséquilibre entre les ressources personnelles et les exigences de l’environnement. C’est

un ensemble de transactions dysfonctionnelles entre la personne et son environnement

(Lazarus et Folkman, 1984). Pour répondre à une situation stressante, l’individu procède à des

évaluations de l'agent stressant ou la situation à laquelle il est confronté. Selon le sens qu’il

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attribue, il réagit en conséquence. Dans ce sens, la dimension psychologique est prise en

compte dans l’évaluation de l’environnement et l’individu répond en conséquence. C’est en

fait une transaction qui s’opère entre l’individu et son environnement (cf. figure 1). Pour

Lazarus, le stress correspond à la relation singulière existant entre la personne et son

environnement. Elle consiste en une évaluation cognitive d’une demande vécue par elle

comme la mettant à l’épreuve, comme excédant ses ressources ou une demande pour laquelle

il n’y a pas de réponse possible, donc mettant en danger son bien-être (Rivolier, 1989, p. 89).

Ainsi, le stress ne réside ni dans la situation ni dans l’individu mais, dans une transaction

entre les deux. Au cours du déroulement de ce processus actif, des mécanismes d’ordre

cognitif, sensori-moteur, neuro-hormonaux et immunitaires interviennent et transforment la

transaction en coping (Paulhan et Bourgeois., 1995). Cette évaluation cognitive est

accompagnée d’un ensemble d’affects. Un agent ne peut être perçu stressant que dans la

mesure où l’individu l’évalue comme tel (Lazarus et Folkman, 1984).

Figure 1: Modèle transactionnel du stress (selon Lazarus et Folkman, 1984)

La notion d’évaluation est fondamentale (stress perçu, contrôle perçu et soutien perçu) dans la

mise en œuvre des stratégies d’ajustement et de coping afin de faire face aux situations jugées

stressantes.

2.1.5.1 L’évaluation

Dans cette théorie, l’évaluation est récurrente à toutes les situations vécues et les réactions des

uns et des autres justifient les variations inter et intra-individuelles les processus cognitifs

sous-jacents.

Contraintes et ressources liées à la personne Contraintes et ressources liées à la situation Évaluation primaire Stress perçu (risque, préjudice, menace)

Évaluation secondaire

Contrôle perçu Mobilisation des ressources

Stratégies d’ajustement (coping) Santé Processus de réévaluation Processus de réévaluation

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Chacun adopte des stratégies selon lesquelles les effets des stresseurs sont analysés en mettant

en œuvre ses propres ressources, pour éviter d’altérer son bien-être et en analysant les effets

des agents stresseurs et les menaces externes ou internes (Lazarus and Folkman, 1984 ;

Lazarus, 1999). De cette perspective cognitive du stress, découle la signification attribuée au

stimulus qui, à son tour, détermine l’impact de l’agent stressant. Pour ces auteurs, le stress est

l’expression d’une relation particulière entre la personne et l’environnement, relation évaluée

par la personne comme éreintante (taxing) ou excédant ses ressources et mettant en danger

son bien-être. L’évaluation est donc double, composée d’une évaluation primaire et

secondaire. L’évaluation primaire est dirigée vers les stresseurs, vers la situation

préjudiciable. Dans ce contexte, l’évaluation est liée directement à la signification attribuée à

l’événement/situation qui peut représenter pour l’individu un risque, une perte ou une menace

à son intégrité physique, psychique et professionnelle. Par exemple, la survenue d’une

maladie invalidante représente un dommage ou bien encore le décès d’une personne aimée.

Aussi, la situation stressante peut prendre la forme d’un challenge, un défi à relever, basé

grâce à la confrontation (De Keyser et Hansez, 1996 ; Vézina, 2003b). L’évaluation primaire

concerne les aspects motivationnels, aussi bien positifs que négatifs. La menace et le défi

peuvent apparaître conjointement dans une transaction. Toutefois, ce qui les distingue c'est la

tonalité émotionnelle positive ou négative attribuée à la situation en fonction de l’évaluation

subjective et les croyances personnelles. La transaction personne-environnement peut être un

défi, associé à un dépassement de ses propres ressources pour une actualisation de soi.

Inversement, l’évaluation négative qui dépasse les ressources adaptatives, peut se traduire par

une menace impliquant anxiété et désarroi. En outre, une même situation peut être évaluée

menaçante pour une personne alors qu’elle peut être perçue comme un défi pour une autre ou

encore ne nécessitant aucune réponse à une tierce personne (Lassare, 2002). Donc, la nature

de l’évaluation est dépendante de la qualité émotionnelle inhérente à une situation déterminée

en vue de développer des réactions de défenses adaptées à chacun.

L’évaluation secondaire est la perception d’un ensemble de ressources disponibles pour faire

face aux stimuli. Les capacités personnelles sont évaluées comme ressources adaptatives à la

situation stressante. La perception de contrôle est fondamentale dans un objectif de

remédiation, de prévention ou de gain. Dans cette conception, les deux évaluations «primaire

et secondaire» se coordonnent, sans aucun rapport d’ordre entre les deux. Ensemble, elles

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déterminent le déclenchement de la stratégie employée dans la réponse au stress (De Keyser

et Hansez, 1996 ; Lassare, 2002 ; Rascle et Irachabal, 2001 ; Truchot, 2004).

2.1.5.2 Stress perçu

Selon l’approche transactionnelle, l’évaluation propre à chaque personne détermine

l’incidence du contexte aversif sur l’état de l’individu. C’est la perception subjective du stress

qui déclenche le fonctionnement du processus transactionnel qui peut être intense ou très

faible, mais, il aurait des effets préjudiciables sur la santé plus que les stresseurs objectifs

(Bruchon-Schweitzer, 2002). C’est pourquoi, une distinction est déterminante entre les

stresseurs environnementaux objectifs, tels les responsabilités humaines et matérielles, les

risques d’accidents et l’effet subjectif de cette situation (stress perçu). La compréhension de

cette situation par l’approche cognitiviste peut être effectuée par les facteurs personnels et

situationnels dans la mesure où le style cognitif peut, atténuer ou amplifier l’effet du stress.

En effet, les aspects de la personnalité comme l’affectivité positive ou l’internalité modèrent

le stress perçu ou le renforcent. Rascle (2000) présente le processus d’évaluation cognitive

comme un médiateur des réponses au stress. Ce processus est mis au jour par une étude

réalisée sur 145 employés ayant subi une mutation professionnelle. Le stress perçu a un rôle

de médiateur dans la relation entre le soutien social, l’anxiété et la performance perçue. Le

sentiment de ne pas être soutenu par les collègues du travail ou le supérieur hiérarchique

engendre un stress perçu qui renforce l’anxiété et réduit les performances professionnelles.

Pour ce faire, des outils de mesure ont été développés pour mesurer cet aspect du stress dans

des situations particulières. Des échelles de stress perçu (Perceived Stress Scale), PSS

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sont

employées à visée exploratoire pour déterminer les événements de vie les plus stressants qui

ont un impact sur la santé en général.

Dans une situation donnée, le sujet procède à une évaluation de la menace et des ses

ressources personnelles dans le but de pouvoir contrôler la situation en ayant la certitude de

disposer de réponses efficaces. C’est le contrôle perçu ou niveau de contrôlabilité perçue

(Massoudi, 2009). Son intérêt se résume à la réduction du stress et la détresse émotionnelle,

du fait de savoir que l’on dispose de moyens pour affronter la situation jugée aversive

(Wallston, 1989). Pour Lazarus (1990), la signification personnelle attribuée à

3 Les échelles de SCohen, Kamarck et M

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l’environnement obéit à une construction cognitive dans une transaction continuelle et

évolutive dont l’aboutissement est le bien-être.

2.1.5.3 Le soutien social

Le soutien social dans la théorie transactionnelle se traduit par une évaluation personnelle

d’une ressource psychosociale censée protéger l’individu et offrir une aide potentielle. A

partir de la notion de soutien social, ressources environnementales et sociales découlent les

concepts de réseau social et de soutien social reçu à caractère objectif, et un troisième

concept, subjectif, qui est le soutien social perçu (Bruchon-Schweitzer, 2002). Le réseau

social se définit par le nombre de relations sociales établi par l’individu en termes de

fréquence et de qualité dans les rapports. C’est une croyance en la disposition de l’entourage à

présenter son soutien en cas de besoin et qui procure une certaine satisfaction. Le soutien

social perçu correspond à l’aide affective offerte par autrui. Il peut être de sources différentes

(familiales, professionnelles et amicales) et aussi de fonctions différentes. Nous distinguons le

soutien émotionnel qui véhicule de l’empathie et de la compréhension, le soutien d’estime qui

s’exprime par la reconnaissance des valeurs et des compétences de l’individu, le soutien

matériel qui offre une assistance directe à l’individu et enfin le soutien informatif qui apporte

conseil et information sur un problème donné.

Le soutien social perçu correspond à l’évaluation subjective de l’aide apportée par autrui dans

un événement stressant. C’est la perception que l’individu a de la disponibilité de son

entourage familial, amical et professionnel, par rapport aux difficultés rencontrées et la

satisfaction qu’il peut anticiper de ce soutien (Cohen et Syme, 1985). Ainsi, l’autre, il devient

pour l’individu, une source d’information ou de régulation émotionnelle et facilite les

stratégies orientées sur les émotions, ce qui lui attribue un effet tangible sur le bien-être et la

santé en général (Rascle, 1994 ; Rascle et Irachabal, 2001). Son rôle est encore plus essentiel

dans les situations de détresse psychologique, vu qu’il agit comme un « tampon » entre les

stresseurs et les stratégies adaptatives (Rascle, 2001). Il vise à atténuer le stress perçu en

renforçant le contrôle perçu et en consolidant les stratégies «actives» d’ajustement (coping)

afin de retrouver un état d’équilibre (Parker et Endler, 2002, cité par Vézina, 2003b). Il est

évident que les ressources sociales favorisent le réajustement des situations stressantes et ceci

en adoptant des stratégies ajustées aux exigences de la situation (Vézina, 2003b). Ainsi, la

recherche de soutien social est une fonction du coping étant donné qu’il nécessite des efforts

pour solliciter quelqu’un afin d’obtenir son aide. Toutefois, cela dépend fortement des

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caractéristiques du réseau social. Il est défini comme « la perception que l’individu a de la

disponibilité de son entourage familial, amical et professionnel par rapport aux difficultés

rencontrées et la satisfaction qu’il peut anticiper de ce soutien » (Cohen et Syme, 1985)

2.1.5.4 Le coping

Le coping est une notion d’origine anglaise, extraite du verbe «to cope» qui veut dire

affronter, faire-face, venir à bout, s’en tirer. Associé au mot stratégie «coping strategy», il

exprime la stratégie de faire face ou stratégie d’ajustement (Paulhan et Bourgeois., 1995).

Lazarus et Folkman définissent ce concept fondamental dans la théorie transactionnelle du

stress, comme «L’ensemble des efforts cognitifs et comportementaux destinés à maitriser,

réduire ou tolérer les exigences internes ou externes qui menacent ou dépassent les ressources

d’un individu» (Lazarus et Folkman, 1984). En d’autres termes, le coping se présente

sous-forme d’un processus dynamique à travers duquel l’individu engage des stratégies cognitives

et intellectuelles pour répondre, en fonction de ses ressources personnelles, et les éléments

environnementaux. Face à une situation de stress, l’individu, étant actif cognitivement, répond

sans chercher les conséquences du coping. En fonction de l’évaluation des ressources

personnelles dont il dispose que son bien-être va être soit ébranlé soit préservé

(Bruchon-Schweitzer, Dantzer, 1994 ; Vaxevanoglou, 1997). Dans cette théorie, toutes les réponses

s’expriment par des actions de modification, de maîtrise, de réduction d’effet délétère ou

encore d’adaptation en ajustant le comportement à la situation nouvelle. Les deux fonctions

principales du coping à savoir les processus d’évaluation et les stratégies d’ajustement qui

s’influencent mutuellement et entretiennent une relation synergique lors d’une situation de

confrontation. Selon Lazarus et Folkman (1984) l’individu évalue non seulement la situation

mais aussi les ressources dont il dispose pour s’ajuster à la situation. Ce qui est mis en

exergue dans cette théorie, c’est l’activité de la personne dans l’ajustement des expériences

stressantes et non pas la description des événements stressants eux-mêmes. Dans cette

conception, le coping est compris comme un processus évolutif, qui obéit à une première

évaluation, puis à une réévaluation de la situation au regard des nouvelles informations mises

à la disposition de l’individu. Ils expliquent que les efforts cognitifs exigés par la réponse aux

demandes internes ou externes sont changeants en fonction de l’évaluation de la situation faite

par l’individu. Selon un exemple présenté par les deux auteurs, les stratégies employées par

des étudiants dans un contexte d’examen sont forcément différentes de celles employées dans

l’attente des délibérations des résultats ou en venant de les apprendre (Truchot, 2004). A

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partir de cet exemple, nous notons que différentes modalités de coping sont adoptées. Avant

l’examen, le coping est centré plutôt sur le problème alors que durant l’attente, il est centré

sur les émotions. Ainsi, le coping ou les stratégies d’ajustement centrées sur le problème sont

présentés comme des efforts fournis dans le but de réduire ou écarter les sources de stress.

L’objectif est de modifier ou transformer la situation à problème. Il en est de même pour le

coping centré sur les émotions dont le but est de réduire le flot émotionnel suscité par la

situation stressante.

A partir des différences interindividuelles notées dans les réponses aux agents stressants et le

coping adopté, une autre forme de classification peut être proposée. Il s’agit du coping

«évitement» et du coping «vigilant». Ce qui caractérise le coping «évitement», c’est la

diminution des tensions émotionnelles puisque les comportements font partie du registre de la

fuite et de l’évitement, du déni, de la résignation ou encore du fatalisme. C’est un coping

passif. En revanche, le coping «vigilant» est à l’opposé, actif, caractérisé par la recherche

d’information, par le développement des plans d’action (Légeron, 2003).

Dans un travail sur la mobilité professionnelle, Rascle (2000) rapporte que lorsque l’individu

croit qu’il contrôle les événements (lieu de contrôle interne), la stratégie de coping adoptée est

de type «vigilant» dont les conséquences s’expriment par une augmentation de la satisfaction

professionnelle et la performance auto-évaluée. Alors qu’en absence du soutien perçu, le

coping ne peut être que du type «évitant» engendrant un état d’anxiété et une diminution dans

les performances perçues. Ce qui ressort de cette catégorisation, c’est que dans le domaine

professionnel, le coping centré sur l’émotion ou coping «évitant» peut entrainer une

insatisfaction professionnelle et un niveau élevé de dépression. Toutefois, le coping

«vigilant», centré sur le problème, diminue les effets négatifs des stresseurs sur la santé

physique et mentale (Légeron, 2003).

Par ailleurs, dans une autre conception, les dispositions personnelles, relatives aux

caractéristiques stables de la personnalité, déterminent les modes et les types de coping

utilisés. Ainsi vus, certains individus seraient prédisposés à s’ajuster plus que d’autres au

stress et seraient moins vulnérables. Ces variations interindividuelles dans le coping

pourraient être envisagées comme un trait de personnalité. Dans ce cas, on ne parlerait plus de

stratégie d’ajustement mais plutôt de « style de coping » qui impliquerait la manière avec

laquelle la personne fait face aux événements en fonction des ressources personnelles comme

la santé, l’énergie, les croyances en général, l’aptitude à la résolution des problèmes et les

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ressources matérielles (Ponnelle et Lancry, 2003). De ce fait, plusieurs auteurs ont décrit les

styles de coping parmi lesquels Roth et Cohen (1986). Ils en ont dénombré douze, dont le type

«vigilant-évitant» et «le style comportement A». Ce dernier est décrit comme étant un style de

coping caractérisé par la compétitivité, l’impatience, l’hostilité, et la perception des

événements stressants comme défi. Pour Rosenman et Friedman (1974, in

Bruchon-Schweitzer, 2002) deux médecins cardiologues américains, le type de personnalité dépend

d’un ensemble de caractéristiques désignant un comportement bien déterminé. C’est à partir

d’observations cliniques qu’ils sont arrivés à établir une classification de profil

comportemental à des troubles de la santé. Ils caractérisent le comportement de type A par un

acharnement constant de lutte, par une rapidité d’exécution dans le travail et par une

multiplicité d’activités simultanées. Sur le plan biologique, une forte dose d’adrénaline est

souvent libérée dans le sang ce qui met le corps, en entier, sous une tension émotionnelle de

colère, d’hostilité et d’agressivité (Légeron, 2003). Ces personnes sont souvent sujettes à de

maladies cardio-vasculaires et coronaires. Dans un contexte professionnel, la personne de type

A exprime une vulnérabilité au stress. En revanche, la personne de type B est tout à fait

l’opposé, manifeste une certaine maîtrise dans le traitement des agents stressants

(Bruchon-Schweitzer, 2002 ; Ponnelle et Lancry, 2003).

Toutefois, il est à noter que les mesures des traits de personnalité ne permettraient pas à elles

seules de prédire les stratégies de coping car d’une part, elles abordent le coping comme

unidimensionnel et d’autre part, elles supposent que les sens engendrent un comportement

constant et reproductible quelles que soient les situations. Or, comme l’explique Vézina

(2003b), l’évaluation des styles de coping se rapporte à la capacité la personne à répondre à

toutes les circonstances et non pas à une situation particulière. Il semble qu’à ce niveau, l’effet

de la personnalité détermine la manière de la gestion du stress. En effet, les traits de

personnalité peuvent avoir un effet « modérateur » (Rascle et Irachabal 2001). On s’aperçoit

que certaines personnes sont plus sensibles aux facteurs de stress que d’autres. Selon les

auteurs, les traits de personnalité interviennent dans le choix des réponses aux facteurs de

stress et à la façon d’y réagir. Toutefois, les traits de personnalité peuvent être amalgamés aux

conditions de travail, tantôt ils l’atténuent et tantôt ils l’amplifient. Leur mesure serait opaque

et influencerait indirectement la manière de percevoir les conditions de travail. Car les traits

de personnalité ne sont pas empiriquement stables. Ils peuvent être influencés par les

expériences professionnelles, ce qui expliquerait leur effet modérateur dans l’ajustement

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individuel (Rascle et Irachabal, 2001). Pour comprendre le coping dans sa globalité, il est

préférable de l’examiner dans son aspect multidimensionnel, processus ayant plusieurs

fonctions en termes de styles de coping et de stratégie d’ajustement situationnel.

2.1.5.5 Intérêts et limites du modèle

Dans le contexte de la psychologie de travail, l’approche transactionnelle de Lazarus et

Folkman (1984) semble avoir un intérêt essentiellement concentré sur le stress psychologique

et les déterminants de l’adaptation de l’individu, en occultant en partie la dimension

organisation et conditions de travail. Selon Vézina, c'est «comme si on présupposait que ces