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2 Sophistication des Exportations et PressionConcurrentielle

2.2 Comment la pression concurrentielle induit-elle des modifications du portefeuille des exportations ?

2.2.4 Un modèle logit multinomial

Afin de déterminer comment l’origine de la pression concurrentielle internationale induit des modifications dans la composition du portefeuille des exportations françaises, nous proposons le modèle logit multinomial (ou modèle logit polytomique) ci-dessous, lequel s’appuie sur chaque couple unique produit-destination kj servi entre t1 et t2 :

P r(ykj,t1/t2 = m|X α kj,t1/t2) = exp(βXkj,t1/t2α ) q3 m=1exp (βXα kj,t1/t2) (2.15) avec Xα kj,t1/t2 = —0+ qα —α 1∆msαkj,t1/t2 + qα —α 2∆ipαk,t1/t2 + qα —α 3∆esαj,t1/t2 + ‘kj

où chacune des précédentes variables et chacun des paramètres associés sont définis comme spécifié ci-dessous :

ykj,t1/t2 : Variable dépendante qualitative multinomiale associée à chaque couple

produit-destination kj. On note P r(ykj,t1/t2 = m|X α

kj,t1/t2) la probabilité

que le couple produit-destination kj évolue vers l’une des trois marges intensive ou extensive (lesquelles sont notées m) entre t1 (soit 1996 à

1998) et t2 (soit 2011 à 2013) sachant certaines caractéristiques de la

pression concurrentielle exercée par chaque catégorie de concurrents – (lesquelles sont notées Xα

kj,t1/t2). 0 : Paramètre constant.

∆msα

kj,t1/t2 : Croissance des parts de marché relatives détenues par chaque catégorie

de concurrents – (soit – = CC1, CC2, CC3, CT 1, CT 2, CT 3) pour chaque couple produit-destination kj servi entre t1 et t2.

—α

1 : Le coefficient associé à la précédente croissance des parts de marché.

∆ipα

k,t1/t2 : Croissance de la pénétration des importations associée à chaque caté-

gorie de concurrents – pour chaque produit k exporté vers la France entre t1 et t2.

—α

2 : Le coefficient associé à la précédente croissance de la pénétration des

importations. ∆esα

j,t1/t2 : Croissance de la sophistication des exportations associée à chaque

catégorie de concurrents – pour chaque destination j servie entre t1 et

t2.

—α

3 : Le coefficient associé à la précédente croissance de la sophistication des

exportations.

Au-delà de la simple définition des précédentes variables et des précédents paramètres, il convient d’apporter certaines précisions sur : (i) le modèle et la variable dépendante,

(ii) les contrôles inclus dans le modèle en termes d’intensité technologique (laquelle est

relative aux produits) et en termes de destination, (iii) l’échelle de l’analyse et la période de temps étudiée.

(i) Premièrement et dans la mesure où nous étudions une variable dépendante qualita-

tive multinomiale dont les modalités ne sont pas ordonnées les unes par rapport aux autres (mais fixées de manière aléatoire), nous construisons un modèle probabiliste de type logit multinomial au moyen duquel nous estimons l’effet d’un vecteur de variables explicatives (fondé, en l’espèce, sur les parts de marché relatives, la pénétration des importations et la sophistication des exportations) sur la variable dépendante ykj. En prenant appui sur

la précédente décomposition du portefeuille des exportations françaises (discutée au sein de la sous-section 2.2.1), nous définissons la variable dépendante ykj,t1/t2 = m comme

reflétant l’évolution de chaque couple unique produit-destination vers l’une des trois marges intensive ou extensive. Ces dernières, notées m, sont définies comme suit :

m = Y _ _ _ _ ] _ _ _ _ [

1 s’il s’agit d’un flux existant qui s’est maintenu et dont la valeur a augmenté ; 2 s’il s’agit d’un flux existant qui s’est maintenu et dont la valeur a diminué ; 3 s’il s’agit d’un flux existant qui est sorti.

Ceci implique que nous observions un échantillon de N couples uniques produit- destination19, lesquels sont répartis en m catégories disjointes. Chaque couple produit-

destination est ensuite associé à l’une des trois marges intensive ou extensive tel que

m = 1, 2 ou 3. En procédant de la sorte, nous cherchons à appréhender le phénomène relatif à la modification de la composition du portefeuille des exportations françaises dans son ensemble en tenant compte de la simultanéité de ces événements. Au sein des modèles logit multinomiaux, la somme des probabilités conditionnelles d’occurrence d’évènements exclusifs doit être égale à l’unité d’où :q3

m=1P r(ykj,t1/t2 = m|X α

kj,t1/t2) = 1. Aussi, en raison

de ces propriétés, la fonction exponentielle est inclut dans l’estimation des modèles logit multinomiaux20. Par ailleurs, dans la mesure où l’entrée d’un flux nouveau d’exportation

s’appuie sur un état initial différent des trois autres (à savoir un flux inexistant), nous ne pouvons l’inclure à l’estimation du présent modèle logit multinomial. En l’espèce, nous estimerons un modèle logit afin d’étudier la probabilité d’occurrence de cet évènement.

19. Rappelons qu’initialement et comme indiqué au sein de la sous-section2.2.1, N = 248 413 couples uniques produit-destination.

20. Au-delà de l’introduction de la fonction exponentielle, nous choisissons de présenter les coefficients obtenus par l’estimation du modèle logit multinomial en termes de rapport de risque relatif (ou "relative

risk ratios"), c’est-à-dire en termes de rapport de probabilités. En l’espèce, il s’agit d’étudier la probabilité

(ii) Deuxièmement, ce modèle logit multinomial est estimé sous couvert de deux

contrôles : le premier est relatif aux produits, le second est relatif aux destinations. Le premier contrôle est associé à l’intensité technologique du secteur dans lequel chaque produit (et, par extension, chaque produit-destination) s’insère. En l’espèce, nous nous référons à la classification internationale par secteur et par produit établit par l’OCDE (Hatzichronoglou, 1997)21. Cette classification s’appuie sur des indicateurs en termes

d’intensité technologique directe et indirecte, lesquels traduisent les aspects liés à la qualité de « producteur de technologie » ou « d’utilisateur de technologie ». L’intensité technologique est, quant à elle, définie en fonction des dépenses engagées en R&D par unité de production brute ou de valeur ajoutée. De fait, nous associons à chaque couple produit-destination une intensité technologique, laquelle fait référence à quatre niveaux distincts que sont :

ı une faible intensité technologique (ou LT pour "Low Tech") ;

ı une moyenne-faible intensité technologique (ou MLT pour "Medium-Low Tech") ; ı une moyenne-forte intensité technologique (ou MHT pour "Medium-High Tech") ; ı une forte intensité technologique (ou HT pour "High Tech").

Cette classification internationale par intensité technologique est définie sur la base d’une nomenclature des Nations Unies : l’International Standard Industrial Classification (ISIC)22. En procédant de la sorte, nous contrôlons la capacité d’un pays à faire face à la

concurrence internationale en fonction de positionnements technologiques spécifiques. Au regard de nos précédentes constatations, nous pouvons, en outre, justifier l’introduction de ce premier contrôle par le biais de trois arguments : (i) nous avons précédemment mentionné que les pays industrialisés n’ont plus le monopole des produits hautement sophistiqués (sous-section 2.1.1) ; (ii) nous avons également mentionné que les nouveaux challengers mondiaux se sont rapidement positionnés sur des produits à forte intensité technologique (sous-section 2.2.2) ; (iii) c’est la capacité des pays exportateurs à différen- cier leurs produits qui détermine leur succès sur les marchés mondiaux. Par conséquent, nous estimerons ce modèle logit multinomial pour chacun des quatre niveaux d’intensité technologique référencés ci-dessus.

21. Hatzichronoglou(1997) suggère : « l’approche par produit complète l’approche sectorielle et ouvre la

voie à des analyses beaucoup plus détaillées dans le domaine des échanges et de la compétitivité », (p.7).

22. Classification Internationale Type par Industrie (CITI). Afin d’associer une intensité technologique à chaque couple produit-destination, nous nous référons aux tables de correspondance entre la nomenclature HS révision 1992 et la nomenclature ISIC révision 3. Pour plus d’informations : http://wits.worldbank. org/product_concordance.html. Précisons, toutefois, qu’après fusion des deux nomenclatures, nous

constatons que 507 produits uniques référencés dans BACI (par le biais de la nomenclature HS) n’ont pas de correspondance dans la nomenclature ISIC ; nous les supprimons donc de notre échantillon. Ce qui se traduit, désormais, par N = 236 381 couples uniques produit-destination.

Au sein du tableau 2.7 ci-dessous23, nous fournissons une répartition des marchés

en fonction de l’intensité technologique du secteur dans lequel chaque couple produit- destination s’insère. Nous croisons, par ailleurs, cette information avec celle relative aux marges intensive et extensive afin de présenter le nombre de marchés propres à chaque sous-échantillon de notre modèle.

Table 2.7 – Une répartition des marchés par marge et par intensité technologique (en nombre de couples uniques produit-destination)

Intensité technologique Total des couples

produit-destination (par marge)

LT MLT MHT HT

Marge intensive m=1m=2 25 693 17 102 32 09416 295 9 546 16 413 9 5504 779 84 43947 033 Marge extensive Entréem=3 16 21821 767 11 692 20 2318 060 14 585 4 4897 821 43 35261 511 Total des couples produit-destination

(par intensité technologique) 79 973 46 400 83 323 26 639 236 335

Note : Nous ôtons les couples produit-destination pour lesquels l’ensemble des variables explicatives sont manquantes, c’est-à-dire ceux qu’aucune des six catégories de concurrents ne sert entre t1et t2. In fine,

nous parvenons donc à un échantillon final composé de N = 236 335 couples uniques produit-destination. Source : BACI (Nomenclature HS) et Nomenclature ISIC - Calculs de l’auteur.

Le second contrôle est associé à l’introduction d’un cluster en termes destinations. Dans la mesure où nous nous intéressons à l’origine de la concurrence internationale à laquelle sont soumises les exportations françaises, nous faisons le choix de ne pas inclure de variables supplémentaires de contrôle au côté de nos trois variables explicatives. Pour autant, les caractéristiques des destinations servies diffèrent les unes des autres que ce soit, par exemple, par la taille du marché de destination, par sa demande potentielle, par le nombre de pays qui servent une destination, par la distance entre un pays exportateur et une destination, etc. L’introduction de ce second contrôle permet de tenir compte de l’itération d’une même destination dans les portefeuilles des exportations.

(iii) Troisièmement, comme cela a été présenté dans la sous-section2.2.1, rappelons

que ce modèle logit multinomial est défini à l’échelle de chaque couple unique produit- destination et sur la période longue, entre 1996 et 2013 au moyen de deux sous-périodes de temps que sont 1996 à 1998 pour t1 et 2011 à 2013 pour t2 afin de contrôler les

variations éphémères liées à l’introduction et/ou à la disparition momentanée d’un couple produit-destination.

23. En annexe du présent chapitre, le tableauA.5apporte un complément d’information en détaillant le contenu de chacun des quatre niveaux d’intensité technologique.

Au-delà du modèle logit multinomial présenté ci-dessus, nous exposons dans la sous- section 2.2.5 ci-après certaines statistiques descriptives relatives à notre échantillon.

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