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Des mesures de pression concurrentielle par produit et/ou par destination

2 Sophistication des Exportations et PressionConcurrentielle

2.2 Comment la pression concurrentielle induit-elle des modifications du portefeuille des exportations ?

2.2.3 Des mesures de pression concurrentielle par produit et/ou par destination

Les deux précédentes sous-sections 2.2.1 et 2.2.2 nous enseignent que les économies développées ont été confrontées de manière soudaine à la montée en puissance et à la forte croissance des grandes économies émergentes dans le commerce mondial. En découle une tendance à la restructuration du marché mondial dans laquelle chaque pays, parce qu’il est exposé à une concurrence de plus en plus forte et parce qu’il soumet lui-même réciproquement ces homologues à une pression concurrentielle qu’il est en mesure d’exercer, exporte à priori les produits vers les destinations qui traduisent ses avantages compétitifs les plus porteurs de croissance économique de long terme.

En vue de discuter la pression concurrentielle exercée par chaque catégorie de concur- rents sur la modification de la composition du portefeuille des exportations françaises, nous nous référons à trois mesures distinctes que sont : (i) les parts de marché relatives,

(ii) la pénétration des importations et (iii) la sophistication des exportations. Au-delà

de la traditionnelle mesure en termes de parts de marché, nous faisons le choix d’étudier la concurrence exercée sur le marché domestique (par le biais de la mesure en termes de pénétration des importations) et celle exercée sur les marchés étrangers (par le biais de la mesure en termes de sophistication des exportations) dans la mesure où l’intensité de la concurrence exercée par chaque pays joue simultanément sur ces deux marchés (Iacovone et al., 2013). Par ailleurs, la mesure relative aux parts de marché est définie à la double échelle des produits et des destinations, celle relative à la pénétration des importations

est définie à l’échelle unique des produits tandis que celle relative à la sophistication des exportations est définie à l’échelle unique des destinations. Le choix de ces trois échelles dis- tinctes d’analyse est motivé par deux raisons : d’une part, la pression concurrentielle peut être spécifique soit au produit, soit à la destination (lesquels sont considérés séparément l’un de l’autre) ou bien au produit-destination (lesquels sont considérés conjointement l’un à l’autre). D’autre part, les travaux les plus récents en matière de performances à l’exportation, notamment ceux de Mayer et al. (2014; 2016), suggèrent que ce sont à la fois les caractéristiques des pays exportateurs et celles des marchés de destination qui conditionnent les spécialisations productives et le succès des pays sur les marchés mondiaux. Nous définissons ci-après plus précisément chacune de ces trois mesures que nous qualifions de mesures de pression concurrentielle.

La première mesure se réfère aux parts de marché relatives détenues par chaque catégorie de concurrents – (soit – = CC1, CC2, CC3, CT1, CT2, CT3) pour l’exportation de chaque couple produit-destination kj. Afin d’étudier l’évolution des performances des pays exportateurs, nous calculons la croissance des parts de marché relatives détenues par chaque catégorie de concurrents entre t1 (soit 1996 à 1998) et t2 (soit 2011 à 2013),

laquelle est notée ∆msα

kj,t1/t2 et est exprimée au moyen du TCAM

18 tel que : ∆msαkj,t1/t2 = S U A msα kj,t2 msα kj,t1 B(1/t) −1 T V×100 (2.3)

Par exemple, en supposant que xCC1

kj,2011 représente la valeur des exportations du couple

produit-destination kj servi par les pays inclus dans la catégorie CC1 en 2011 et que

Xkj,2011 représente la valeur totale des exportations de kj (toutes catégories de concurrents

confondues) en 2011, nous exprimons la croissance des parts de marché relatives détenues par les CC1 entre 1996-1998 et 2011-2013 comme suit :

∆msCC1kj,1996:1998/2011:2013= S U A msCC1 kj,2011:2013 msCC1 kj,1996:1998 B(1/15) −1 T V×100 (2.4) msCC1kj,2011:2013= ms CC1 kj,2011+ msCC1kj,2012+ msCC1kj,2013 3 (2.5)

18. Dans la mesure où nous définissons une valeur moyenne pour chacune de nos trois variables explicatives et pour chacune de nos deux sous-périodes de temps, nous calculons le TCAM relatif à chaque variable explicative sur la base de t = 15 ans, lequel représente l’écart en termes d’années entre t1 et t2.

msCC1kj,2011= x

CC1 kj,2011 Xkj,2011

(2.6)

Cette première mesure, relativement traditionnelle, de pression concurrentielle est une référence en matière de performance à l’exportation des pays. En effet, elle estime la capacité de chaque concurrent à se positionner efficacement sur les marchés mondiaux, c’est-à-dire leur capacité à exporter la « bonne » variété de produits vers la « bonne » destination. Par le biais de cette première mesure, nous estimons également les avantages en termes de coût dont peuvent disposer certains concurrents, en particulier ceux associés aux pays émergents. Ces derniers, marqués simultanément par une forte croissance de leur niveau de richesse et de leurs exportations, ont bousculé l’ordre préétabli par les pays industrialisés dans le commerce mondial et ont induit une restructuration des parts de marché mondiales. La deuxième mesure se réfère à la pénétration des importations de chaque produit

k exporté par chaque catégorie de concurrents –. Comme pour la précédente mesure,

nous calculons la croissance de la pénétration des importations pour chaque catégorie de concurrents entre t1 et t2, laquelle est notée ∆ipαk,t1/t2 et est exprimée au moyen du TCAM

tel que : ∆ipαk,t1/t2 = S U A ipα k,t2 ipα k,t1 B(1/t) −1 T V×100 (2.7)

Par exemple, en supposant que MCC1

F r,k,2011 représente la part dans les importations

françaises de chaque produit k des pays inclus dans la catégorie CC1 en 2011, que MF R,k,2011

représente les importations totales françaises de chaque k en 2011, que YF r,2011 représente

la production nationale (ou domestique) laquelle est estimée via le PIB agrégé de la France en 2011 et que XF r,k,2011 représente les exportations totales de la France pour chaque k en

2011, nous exprimons la croissance de la pénétration des importations en provenance des CC1 entre 1996-1998 et 2011-2013 comme suit :

∆ipCC1k,1996:1998/2011:2013 = S U A ipCC1 k,2011:2013 ipCC1 k,1996:1998 B(1/15) −1 T V×100 (2.8) ipCC1k,2011:2013= ip CC1 k,2011+ ipCC1k,2012+ ipCC1k,2013 3 (2.9)

ipCC1k,2011= M

CC1 F r,k,2011

MF r,k,2011+ YF r,2011− XF r,k,2011

(2.10)

Cette deuxième mesure de pression concurrentielle s’appuie sur les travaux de Bernard et al. (2006), lesquels ont été repris ensuite parAlvarez et Claro (2009), Iacovone et al.

(2013) ou Bloom et al. (2016) par exemple. Bernard et al. (2006) étudient l’effet d’une exposition à la concurrence internationale sur la réallocation des ressources productives entre et à l’intérieur des industries manufacturières américaines entre 1977 et 1997. Plus précisément, ils se concentrent sur la pénétration des importations américaines en prove- nance des pays à bas salaires. Bernard et al.(2006) définissent une nouvelle mesure de pression concurrentielle, laquelle se focalise sur l’origine de la concurrence. Cette nouvelle mesure dissocie le rôle que joue chaque partenaire commercial des États-Unis dans son panier total des importations. Parce que les pays ont des dotations factorielles différentes, le poids de chacun d’eux dans les importations de chaque destination diffère. Ceci implique que plus un pays pénètre les importations de l’un de ses partenaires commerciaux, plus il répond efficacement aux conditions de marché relatives à cette destination. Par consé- quent, la pression concurrentielle qu’il exerce sur cette destination par rapport aux autres compétiteurs mondiaux sera forte. Par ailleurs, l’exposition à la concurrence internationale pourrait limiter la capacité d’un pays à générer de façon durable de la richesse. Ceci s’explique assez simplement par le fait que la probabilité de survie de ses entreprises domestiques sur un marché donné décroît au fur et à mesure que leurs expositions à la concurrence étrangère s’accroît.

La troisième mesure se réfère à la sophistication des exportations de chaque destination

j servie par chaque catégorie de concurrents –. Comme pour les précédentes mesures,

nous calculons la croissance de la sophistication des exportations de chaque catégorie de concurrents entre t1 et t2, laquelle est notée ∆esαj,t1/t2 et est exprimée au moyen du TCAM

tel que : ∆esαj,t1/t2 = S U A esα j,t2 esα j,t1 B(1/t) −1 T V×100 (2.11)

Par exemple, en supposant que xCC1

kj,2011 représente la valeur des exportations du couple

produit-destination kj servi par les pays inclus dans la catégorie CC1 en 2011, que XCC1 j,2011

représente la valeur totale des exportations des pays inclus dans la catégorie CC1 vers la destination j en 2011 et que P RODYk,2011 représente l’indicateur de sophistication

k exporté en 2011, nous exprimons la croissance de la sophistication des exportations des

CC1 entre 1996-1998 et 2011-2013 comme suit : ∆esCC1j,1996:1998/2011:2013= S U A esCC1 j,2011:2013 esCC1 j,1996:1998 B(1/15) −1 T V×100 (2.12) esCC1j,2011:2013= esCC1 j,2011+ esCC1j,2012+ esCC1j,2013 3 (2.13) esCC1j,2011 =ÿ k A xCC1 kj,2011 XCC1 j,2011 B × P RODYk,2011 (2.14)

Cette troisième mesure de pression concurrentielle se réfère aux travaux d’Hausmann et al.(2007a), lesquels ont été discutés au sein du précédent Chapitre 1 et au sein de la précédente section 2.1 de ce chapitre. Au travers de cette troisième mesure, nous estimons les avantages compétitifs des pays exportateurs et l’adéquation entre les portefeuilles de produits exportés et les destinations qu’ils servent.

Le tableau 2.6 ci-dessous résume brièvement les données à partir desquelles sont construites chacune de ces trois mesures de pression concurrentielle ainsi que les références à partir desquelles elles sont extraites.

Table 2.6 – En résumé : Les mesures de pression concurrentielle

Mesures de pression concurrentielle Données Sources

Parts de marché relatives

Concurrence exercée sur les marchés étrangers (mesure spécifique aux couples produit-destination)

BACI Pénétration des importations

Concurrence exercée sur le marché domestique

(mesure spécifique aux produits) BACI

Banque Mondiale

Bernard et al.(2006)

Alvarez et Claro (2009)

Iacovone et al.(2013) ;Bloom et al. (2016) Sophistication des exportations

Concurrence exercée sur les marchés étrangers (mesure spécifique aux destinations)

Hausmann et al.(2007a)

Source : Références mentionnées.

En prenant appui sur ces mesures, nous construisons un modèle logit multinomial, lequel est présenté dans la sous-section 2.2.4 ci-après.

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