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Mesure de la perception et du vécu des habitants

comme laboratoire de recherche

Chapitre 3. Proposition d’une méthodologie d’analyse des inégalités environnementales et écologiques en milieu littoral urbain environnementales et écologiques en milieu littoral urbain

3. Une approche qualitative des inégalités environnementales et écologiques La troisième méthodologie correspond à une approche qualitative des inégalités La troisième méthodologie correspond à une approche qualitative des inégalités

3.1. Mesure de la perception et du vécu des habitants

3.1.1. L’entretien directif comme outil de mesure

L’entretien directif est « un type très restrictif de conversation, dont le caractère institutionnel sera sans doute mis en évidence pour expliquer que la participation, au sens et à la dynamique de l'événement, obéissent à des règles particulières » (Pépin, 2002). Dans l’entretien directif, le discours du sujet est cadré par une série de questions ouvertes mais à la différence du questionnaire, l’entretien directif est une démarche orale. Nous y avons vu plusieurs avantages. Premièrement, cette forme de recueil assure la comparabilité entre les

105 différents entretiens dans la mesure où les interrogés ont tous été soumis aux mêmes questions. Elle permet également d’interroger à partir de plus de questions et facilite l’analyse (Barbillon & Leroy, 2012). Comme l’entretien directif est « au carrefour entre un format standardisé et son élargissement conversationnel » (Pépin, 2002) notamment dans le cadre d’entretien biographique, il permet tout de même une souplesse d’échanges. Mais cette situation d’échanges se fait dans un contexte qui peut l’influencer. En effet, l’entretien est « toujours un rapport social, une situation d’interlocution et un protocole de recherche […]. C’est dans cette superposition que réside la difficulté de l’entretien puisque l’on doit simultanément soutenir une relation sociale, dialogique et une interrogation sur le fond » (Blanchet & Gotman, 1992). Pour éviter un certain nombre de biais, il est donc important d’être conscient de l’influence de ces facteurs extérieurs sur les réponses de l’interviewé.

3.1.2. Présentation de la grille d’entretien

La première phase d’un entretien directif consiste à définir précisément le problème qui doit être traité. Connaître les objectifs permet de concevoir un instrument capable de les produire. Pour ceci, il faut s’assurer que les réponses aux questions de l’entretien apportent les réponses aux questions que l’on se pose. C’est pourquoi la préparation de la grille d’entretien appelle des décisions sur la nature, la forme et la rédaction des questions à poser. Pour cela, des questions claires pour les répondants, concises, univoques, neutres, précises et impliquant la personne interrogée ont été formulées. Enfin, la phase de conception de l’entretien s’est achevée par un test qui permet de valider, sur un nombre restreint de personnes, les choix effectués dans le cadre de l’étude. Ce test effectué sur deux individus a permis d’évaluer le réalisme du protocole d’étude, ainsi que l’adéquation entre les objectifs de l’étude, le contenu et la forme des questions.

Les entretiens réalisés avaient pour objectif, à travers les comportements de vie et les stratégies résidentielles, d’analyser les représentations et perceptions qu’ont les populations actives des IEE, dans leur territoire de vie. À l’oral, afin de réduire notre influence sur les répondants, nous avons fait le choix de ne pas utiliser le terme d’inégalité lui préférant le terme d’éléments négatifs. De plus, il était important, dans la mesure où l’on abordait la question du rapport à l’environnement et de l’impact des populations de bien veiller à rester dans un moment d’échange d’égal à égal.

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La grille d’entretien est composée de deux parties (Annexe 9). Une partie comportant majoritairement des questions fermées qui permettent d’analyser le profil actuel et passé de la personne (âge, logement, situation maritale…), et une partie composée en majorité de questions ouvertes, dont l’objectif est de révéler les représentations et perceptions vis-à-vis des différents types d’inégalités environnementales et écologiques.

L’entretien commence ainsi par une vingtaine de question permettant de dresser le profil de l’interviewé (Tableau 17).

Profil de l’habitant et de son habitation Q1 à Q24

Établir le profil de la personne Définir des variables explicatives Définir des profils d’individus

Recueillir des éléments permettant une comparaison entre les individus

Tableau 17: Profil de l’interrogé

Ensuite, la logique de l’entretien s’appuie sur trois temporalités, qui permettent l’analyse des représentations et perceptions de l’individu. La première temporalité, le passé, a pour objectif de comprendre comment le parcours de vie influence et construit les représentations et perceptions actuelles du territoire de vie (Tableau 18). S’appuyer sur le passé est un moyen de mettre en avant certains éléments que les individus ont parfois du mal à identifier dans le moment présent, notamment les éléments négatifs de leur territoire de vie. Parcours de vie : les 2 logements précédents Q25 à Q69

Établir le parcours de vie

Analyser l’évolution de la situation sociale/ maritale/ professionnelle parallèlement aux conditions d’habitation.

Déterminer l’influence du vécu sur les choix actuels

Analyser les motivations de changements de résidence

Tableau 18 : Parcours de vie

La seconde temporalité est le moment de la construction de la stratégie résidentielle qui a été développée pour choisir le logement actuel (Tableau 19). La prise en compte de ce moment révèle, à travers les critères et les compromis, les représentations et les perceptions qu’ont les individus du territoire d’étude.

107 Raisons d’implantation : Perception de l'inégalité d’accessibilité économique au logement Q70 à Q78

Connaître les critères de choix : du logement, de la localisation

Connaître les critères sur lesquels des compromis ont été effectués (évaluer le décalage entre volontés et possibilités)

Tableau 19: La stratégie résidentielle

Enfin, la troisième temporalité correspond au moment présent, à l’usage actuel du territoire. Plusieurs objectifs guident ce troisième niveau d’analyse : il s’agit d’étudier à la fois les représentations qu’ont les répondants des éléments positifs et négatifs de leur environnement de vie, et d’analyser les comportements engendrés par leurs stratégies résidentielles (Tableau 20).

108 Perception de l'inégalité territoriale Q79 à Q95

Connaître les critères vecteurs d’inégalités Connaître le niveau de perception des inégalités Analyser les représentations du territoire de vie à différentes échelles (quartier, commune, CA) et dans différents domaines (habitants, habitat équipements, végétation) Perception de l'inégalité d'accès Q96 à Q101

Mesurer l’empreinte spatiale des individus : inégalité d’accessibilité physique

Mesurer les inégalités dans l’impact des habitants sur le territoire (temps de trajet, utilisation des services locaux, des transports en commun) Identifier des stratégies d’adaptation à l’environnement de vie

Evaluer l’utilisation des aménités naturelles/ urbaines Perception de l'inégalité face aux risques et aux nuisances Q102 à Q108

Identifier les nuisances ressenties dans le territoire de vie

Niveau de ressenti de la nuisance : sentiment de gêne

Connaître les stratégies d’adaptation

Identifier les risques ressentis dans le territoire de vie

Niveau de ressenti du risque : sentiment de gêne Connaître les impacts sur les comportements

Perception de la vie sociale

Q109 à Q116

Connaître le niveau de lien social

Analyser l’intensité des liens aux quartiers, à la commune

Analyser l’importance de tel lien pour la personne

Evaluer l’implication des individus dans la vie locale Retour général sur la perception Q117 à Q125

Evaluer les impacts du territoire de vie sur l’individu

Evaluer les impacts de l’individu sur son environnement

Identifier les éléments pouvant être améliorés Mesurer la pérennité de la situation présente

Tableau 20: Représentation et perception des inégalités environnementales et écologiques

3.1.3. Détermination de l’échantillon et passation des entretiens

Cette grille d’entretien a été soumise à cent personnes échantillonnées en fonction de leur profil. Nous avons focalisé notre recherche sur les actifs avec ou sans emploi. Les actifs, sont une portion de la population encore peu étudiée, en comparaison des jeunes et des retraités, mais pourtant majoritaire. De plus, les actifs sont soumis à des contraintes

109 fortes en termes de localisation sur le territoire, contraintes liées notamment à l’emploi, aux enfants, à l’accession à la propriété. C’est donc un profil d’individus pertinent à prendre en compte lorsqu’il s’agit, entre autres, de stratégies résidentielles

L’échantillon a été calculé afin d’avoir une représentativité de la population mère. Elle correspond aux 71 793 actifs résidant dans la communauté d’agglomération de La Rochelle en 2009 (INSEE, 2009). L’échantillon a été constitué sur une base de 100 entretiens qui représentent 0,1% de la population mère (Tableau 21). Notre échantillon s´appuie sur les données du recensement de la population de 2009 concernant les actifs ainsi que sur les résultats de la typologie réalisée dans le Chapitre 4 partie 4 qui a permis de définir des regroupements de communes. Les seules données du recensement disponibles sur les actifs sont l’âge et le sexe. Les données sur les profils des ménages (seul, en couple, avec ou sans enfant) ont tout de même été observées afin de fournir une tendance mais en étant construites sur l’ensemble des ménages, retraités et inactifs compris, elles ne correspondent que partiellement aux profils étudiés.

110 Profil La Rochelle : commune à forte urbanité Communes à urbanité moyenne Communes à faible urbanité 1964 Communes à faible urbanité 1992 Communes à faible urbanité 1997 Communes à faible urbanité 2014 Echantillon Homme de 15 à 24 ans 4 1 0 1 0 1 Interviewés 4 1 0 1 0 0 Echantillon Homme de 25 à 54 ans 16 9 1 5 2 4 Interviewés 16 9 1 5 3 4 Echantillon Homme de 55 à 64 ans 3 2 0 1 0 1 Interviewés 1 2 0 1 0 2 Echantillon Femme de 15 à 24 ans 3 1 0 1 0 0 Interviewés 3 1 0 0 0 0 Echantillon Femme de 25 à 54 ans 16 9 1 5 2 4 Interviewés 16 9 2 5 2 4 Echantillon Femme de 55 à 64 ans 3 2 0 1 0 1 Interviewés 3 2 0 1 0 0 Echantillon TOTAL 44 24 2 14 4 11 Interviewés 43 24 3 15 5 10

Tableau 21 : Echantillonnage des entretiens en fonction du profil des communes (en gras : le nombre de personnes interviewées par rapport à la réalité de l’échantillon, pour les

communes à faible urbanité la date d’entrée dans la CA de La Rochelle est précisé)

La passation s’est déroulée du 1er novembre 2013 au 1er mars 2014. Durant ces 4 mois de recueil de données, 100 entretiens ont été réalisés. Les points de départ ont été nombreux pour débuter les entretiens : réseau personnel, réseau professionnel, mairie, centre sociaux, comité de quartier, associations. Le mode de transmission pour contacter de nouvelles personnes a été l’effet boule de neige, chaque interviewé nous donnant de nouveaux contacts.

Les lieux de réalisation des interviews ont changé en fonction des possibilités des interrogés. Travailler sur des populations d’actifs oblige à une certaine souplesse pour s’adapter à leurs agendas. La longueur des interviews a fortement varié en fonction des interrogés de 37 minutes à 2 heures. Les 100 entretiens ont été enregistrés pour faciliter la

111 retranscription des échanges, aucune objection n’a été faite par les interviewés. C’est en tout près de 106 heures d’entretiens qui ont été réalisées et retranscrites.

3.1.4. Saisie des données et choix de traitement

Les réponses ont été saisies dans le logiciel Sphinx©. Dans un premier temps, les réponses ont été saisies dans leur globalité pour les 100 entretiens. Dans un second temps, nous avons fait le choix de recoder les réponses aux questions ouvertes afin de pouvoir mieux comparer les réponses des individus. Le recodage est également un moyen de connaître les différents thèmes abordés par les individus. En effet, le codage « rend possible et assiste une mise en série du matériau à partir de laquelle […] le travail scientifique fondamental consiste en une exploration systémique des ressemblances et différences. Le codage se situe à un niveau intermédiaire entre le matériau brut et la théorie et doit avoir une dimension de bricolage » (Ayache & Dumez, 2011). Le codage peut ajouter une part d’interprétation de la part du codeur et donc une subjectivation des réponses. Pour limiter ces effets, le codage a été construit à partir des réponses des individus et non à partir des hypothèses que nous avions formulées. L’ensemble des réponses données par les interviewés a été analysé en influençant le moins possible les résultats obtenus. Les réponses ainsi codées permettent une compréhension globale du corpus ainsi que son interprétabilité scientifique (Pincemin, 2012).

Les entretiens permettent de dégager les représentations des IEE par les individus en fonction de leurs profils et d’analyser l’usage qu’ont les actifs de leur territoire.

3.2. Méthode d’analyse des propositions d’élus pour réduire les inégalités