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Influence de l’environnement naturel sur la perception

6. Les inégalités environnementales et écologiques et les actifs : perceptions, représentations et comportements représentations et comportements

6.2. Influence de l’environnement naturel sur la perception

6.2.1. La perception des inégalités minimisée par le cadre environnemental

La qualité du cadre de vie de l’agglomération rochelaise est liée à deux facteurs majeurs selon les actifs interrogés : la richesse de l’environnement naturel (et les caractéristiques qui y sont liées) et la petite taille du territoire. Dans cette partie, le premier aspect seulement sera traité en abordant tout d’abord la nature de façon générale puis l’aménité littorale plus spécifiquement.

Dans le cadre des stratégies de localisation19, un quart des actifs interrogés fait référence à des éléments naturels dans ses critères de choix de logement. Ces critères sont : la proximité des parcs (1%), un environnement en campagne (3%) et la proximité de la mer et de la côte (21%). D’autres critères sont liés indirectement aux caractéristiques de l’environnement naturel. La recherche d’un environnement calme (13%) tout comme l’envie d’avoir un extérieur (34%) sont surtout cités par les personnes s’étant localisées en campagne dans les espaces de seconde couronne. En effet, les caractéristiques des espaces urbanisés (type d’habitat, taille des parcelles, prix etc…) déterminent les caractéristiques de l’environnement naturel. De plus, certains critères de choix, fortement liés aux spécificités de l’environnement naturel sont corrélés avec le profil social des actifs interrogés. En effet, les revenus des ménages ayant cité la recherche d’un environnement en campagne ou encore la proximité de la côte, sont souvent plus élevés. 46% des actifs interrogés ayant cité ces critères ont des revenus situés entre 4000 et 6000 euros par mois. Cette corrélation est surtout marquée pour le critère de la proximité à la côte. Les habitants connaissent relativement bien les prix du foncier, seuls ceux dont le revenu est assez élevé peuvent se permettre d’avoir ce critère.

La description du cadre de vie par les actifs interrogés permet d’identifier les éléments importants et valorisés. Dans la plupart des descriptions, le cadre naturel prend une place

19 La stratégie de localisation est « l’art de parvenir à un but par un système de dispositions adaptées, en

fonction, d’un calcul de coût et avantage qui peut être complexe » (Brunet et al., 1992). Cette « notion est centrale parce que consubstantielle à la notion d’acteur. Un acteur n’est acteur que parce qu’il possède une compétence stratégique, c’est-à-dire une capacité à construire […] (une) représentation d’une situation souhaitable, et à l’assortir des moyens à déployer pour la faire advenir » (Lévy & Lussault, 2013).

197 importante. En effet, sur 18 thèmes abordés, 9 font référence à la nature. Cinq sont directement liés aux caractéristiques de l’environnement naturel : littoral-mer, campagne, espaces naturels, verdure, ensoleillement et 4 y font référence de façon indirecte : beauté des lieux, apaisement, sentiment d’être privilégié, possibilité de faire des sports nautiques. La qualité du cadre naturel est également un élément de valorisation sociale, notamment pour les personnes venant de la région parisienne ou d’autres grandes villes, qui mettent en avant « la chance qu’ils ont de vivre là » et les opportunités offertes par le caractère balnéaire du territoire. Comme l’environnement naturel est souvent évalué à une échelle plus petite englobant toute l’agglomération, la variabilité de la qualité de l’environnement naturel est donc moins perçue comme une inégalité. La majorité des actifs interrogés ne se sent pas défavorisée sur les critères de nature. 42% des actifs interrogés considèrent qu’ils habitent dans une zone plus riche en espaces naturels que le reste du territoire et 32% que la richesse de leur environnement naturel est équivalente au reste du territoire. Il n’y a donc pas de sentiment d’inégalité fort à ce niveau-là.

Toutefois, la comparaison entre l’indicateur environnemental et paysager et la perception des actifs interrogés de la qualité de leur environnement montre des différences de perception entre les actifs interrogés. En effet, les personnes qui perçoivent leur environnement naturel immédiat comme équivalent au reste du territoire sont celles qui sont le plus soumis à une inégalité liée à l’environnement naturel et paysager car ils habitent dans les espaces les moins bien fournis en aménités naturelles. Elles ne ressentent donc pas spécialement d’inégalités. Par contre les personnes vivant dans des zones très riches en aménités naturelles sont conscientes qu’elles sont dans des endroits mieux fournis que les autres. De la même manière, celles qui vivent dans des zones où la présence d’aménités naturelles est faible sont conscientes qu’elles sont dans des endroits moins fournis que les autres. Il faut noter que vivre à proximité du littoral n’augmente pas obligatoirement la perception de qualité des espaces de nature et que les écarts de perception sont importants entre les actifs interrogés (deux personnes vivant à proximité, n’évaluent souvent pas leur environnement naturel immédiat de la même façon). Le parcours de vie qui construit les représentations que l’on a de la nature

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modifie les perceptions, des actifs interrogés. Les facteurs sociaux (âge, revenus, situation maritale) apparaissent comme insuffisants pour expliquer les différences existantes.

La qualité de l’environnement naturel influence les perceptions et les représentations des inégalités environnementales et écologiques. Les actifs interrogés valorisent le rôle de leur cadre de vie dans la minimisation d’autres facteurs de stress liés à la vie quotidienne (Encadré 1). L’apaisement qu’il procure, les possibilités qu’il offre en termes de loisirs, la coupure qu’il permet de marquer entre la vie professionnelle et la vie privée sont autant d’éléments qui permettent de diminuer le ressenti des pressions liées aux inégalités environnementales et écologiques. De fait, la qualité de l’environnement naturel joue un rôle sur le bien être des individus et sur leur relation à la fois psychologique et physique à l’espace territorial. Cette qualité, valorisée dans la description du cadre de vie, est également perçue comme un vecteur de bien-être et de bonheur.

« Je pense que quand on est bien dans son cadre de vie, on est forcément plus détendu, on

n’est pas dans l'agressivité, on est dans la tolérance, donc on peut mieux accueillir les choses, les accidents de la vie...Donc la vie elle devient plus simple... » (E.16)

« Oh ben la tranquillité, le no-stress, oh ben ouais c'est évident… et le terme de havre de paix

c'est vraiment ça, on pose tout, on pose le boulot, la fatigue...on arrive là en bord de mer on se ressource, c'est ça qui est important. » (E.38)

« Je pense que mon cadre de vie à des effets assez positifs, parce qu'il me permet d'accéder à

des choses plutôt sympathiques, dont j'essaie de profiter au maximum, en oubliant pas pourquoi je suis là, donc forcément c'est apaisant...c'est par exemple prendre le bord de mer au lieu de la rocade parce que c'est plus joli, même si ça prend 10 minutes de plus... voilà, ça a un effet d'apaisement, de détente… »(E.42)

« Oh ben c'est quand même apaisant, t'es moins stressé par exemple que si t'habites en

banlieue parisienne avec les transports, tout ça […] le cadre de vie, c'est sûr que quand même attend…, t'en as marre, t'es pas bien, tu vas faire un tour en bord de mer... à Paris tu ne peux pas faire ça… » (E.47)

199 Comme l’environnement naturel est perçu à une échelle territoriale plus petite, le fait de se déplacer pour se rendre dans un espace naturel est moins ressenti comme contrainte, que le fait de se déplacer pour accéder à un commerce ou un équipement (salle de sport, cinéma). En effet, la nature n’est pas perçue comme dépendante des politiques d’aménagement et cela diminue la sensation d’inégalité perçue par les actifs interrogés. Mais cela dépend également des pratiques et des usages que l’actif a de cette nature.

6.2.2. Des besoins de nature déterminés par les pratiques

Les actifs interrogés utilisent et perçoivent la nature de trois grandes manières selon les pratiques qu’ils y ont et les moments qu’ils y consacrent. Ces différentes natures perçues sont la nature du quotidien, la nature paysage et la nature loisir. Tout d’abord, la nature du quotidien se trouve autour du logement et permet de se promener rapidement, seul, avec les enfants ou les animaux de compagnie. La qualité de la nature du quotidien ne doit pas nécessairement être très élevée ; elle a pour but la pratique d’une activité rapide et immédiate. Pour beaucoup, la présence d’un chemin ou d’un petit parc est suffisante. Ensuite, la nature paysage, correspond à l’environnement visible autour du logement (végétation, eau, vue). L’importance de la nature paysage est très fluctuante en fonction de la perception des actifs interrogés. Quand certains recherchent la vue sur mer ou sur des espaces très végétalisés, d’autres se satisfont de bacs à fleur dans des espaces très urbanisés. Ces deux premiers types de nature sont davantage recherchés dans l’environnement immédiat du logement. Enfin, la nature loisir, elle, n’a pas besoin de se trouver dans une grande proximité mais l’accessibilité à cette dernière reste fortement valorisée. Elle a pour rôle la pratique d’activités spécifiques (surf, pêche, vélo, bain de mer) qui se font sur des temps dédiés aux loisirs. La nature loisir, est donc celle qui est le plus dépendante de l’aménagement du territoire. En effet, l’ensablage de plages, la surveillance de zones de baignade, le balisage de parcours, la délimitation de zones naturelles paysagères et de loisirs dépendent de la volonté des municipalités. Sur le territoire rochelais, l’espace le plus valorisé en termes de nature loisir est le littoral et cette importance est accentuée par le manque d’autres espaces naturels dédiés aux loisirs sur le reste de l’agglomération. La plaine agricole qui constitue une grande partie de l’arrière-pays est peu vue comme un espace de loisirs potentiel. Elle bénéficie d’une mauvaise image auprès des actifs interrogés car la