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Inégalités environnementales et écologiques dans le contexte littoral

comme laboratoire de recherche

3.3. Inégalités environnementales et écologiques dans le contexte littoral

des espaces de haute valeur écologique dont la préservation est concurrencée par les stratégies de développement qui nécessitent un usage ou une artificialisation de l’espace littoral ; (et que) les faibles potentialités d’insertion du peuplement et des activités dans le territoire littoral exacerbent les processus de valorisation foncière et provoquent des phénomènes de concentration de catégories sociales.» (Deboudt in Deboudt, 2010, p.101), De plus, les modifications structurelles et fonctionnelles rapides des espaces littoraux exacerbent certaines inégalités spatiales et remettent en cause les possibilités de développement durable de ces territoires.

Aussi, la ville doit être analysée à travers le territoire sur lequel elle rayonne et non pas à l’échelle de la ville uniquement. Les interactions et interdépendances sont souvent très fortes avec les communes périphériques et c’est également à travers ces interactions et interdépendances que naissent des inégalités.

3.3. Inégalités environnementales et écologiques dans le contexte littoral

La ville littorale moyenne peut ainsi être un espace où les inégalités environnementales et écologiques sont très présentes.

Tout d’abord, les inégalités d’accessibilité économique au logement semblent renforcées en zone littorale et le rapport à la mer organise les inégalités résidentielles (Berthelot & Dubois, 2010; Schmitt, 2010). Dans les zones habitées les plus proches de la côte, des effets Not In My BackYard5 (NIMBY) peuvent être observés, renforcés par une recherche de l’entre soi, qui se traduit par l’achat de terrains de grande superficie (Berthelot & Dubois, 2010; Deldrève et al., 2010; Schmitt, 2010). Les inégalités d’accès économique au logement engendrent, de fait, un vieillissement et un embourgeoisement de la population, renforcés par des processus sélectifs à travers les prix élevés du foncier et l’instauration de normes architecturales contraignantes dans certains espaces (Berthelot & Dubois, 2010; Schmitt, 2010).

De même, dans ces zones littorales à forte valeur environnementale, des discours écologiques sont utilisés pour justifier un entre soi. La protection des espaces naturels semble, de fait, avoir un double effet sur les inégalités. Dans un sens, elle permet un accès

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physique pour tous à la nature, mais en limitant l’urbanisation, la protection fait augmenter la rareté des biens immobiliers et donc leur valeur. Tout ceci renforce les inégalités d’accès économique au logement (Berthelot & Dubois, 2010). L’importance de la nature semble pour autant relative pour les ménages. La valorisation de la nature est davantage liée à la proximité avec l’aménité qu’aux caractéristiques socio-économiques des individus (Deldrève et al., 2010).

De plus, des phénomènes de cumul notamment entre les inégalités d’accessibilité physique et les inégalités territoriales (liées à la mauvaise qualité du logement) sont observés (Deboudt et al., 2010). De même, en zone littorale, des inégalités de pouvoir ont également été observées à travers un différentiel de capacité à se faire entendre entre résidents principaux en HLM et résidents secondaires (Deboudt et al., 2010; Deldrève et al., 2010). Ces de pouvoir se révèlent aussi dans le décalage entre les usages et les pratiques vis-à-vis de la mer et du littoral par les habitants, et la volonté des aménageurs (Deboudt et al., 2010; Deldrève et al., 2010). Les représentations des habitants sont donc importantes à prendre en compte quand on traite des IEE. En effet, la valorisation et l’attachement au quartier peuvent diminuer le sentiment d’inégalité (Deboudt et al., 2010). Traiter à la fois des inégalités environnementales et des inégalités écologiques n’est pas aisé, notamment à cause de l’indisponibilité de certaines données à des échelles spatiales similaires. Les travaux qui traitent du cumul d’inégalités environnementales et écologiques ont montré que les ménages les plus favorisés économiquement sont ceux aussi qui échappent le plus souvent aux pollutions et sont également ceux qui génèrent le plus de pressions sur les ressources (Dozzi et al., 2008; Durand, 2012).

Enfin, l’imbrication des échelles est également importante à prendre en compte. Analyser l’échelle de la commune ou l’échelle infra communale permet de réaliser des entretiens auprès des ménages et donc de récolter les représentations et perception des individus, d’être au plus près de la réalité vécue. De nombreux articles soulignent que l’instabilité des définitions théoriques et le manque de données appropriées pour traiter de ces inégalités renforcent l’importance « d’en revenir au terrain avec des protocoles empiriques, rigoureux et adaptés » (Durand & Jaglin, 2012). En parallèle, l’étude de territoires intermédiaires comme les intercommunalités permet de prendre du recul sur les questions d’aménagement car ce sont des territoires de projet (Herbert, 2010).

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Conclusion

La question de la durabilité urbaine permet de traiter de l’intégration des questions sociales dans les objectifs du développement durable. En effet, cette approche permet d’analyser les relations société-environnement de façon globale, et de révéler à travers ces relations, les inégalités qui questionnent le potentiel de développement durable des territoires. L’une des façons d’analyser ces inégalités est d’utiliser le concept d’inégalités environnementales et écologiques. Ces inégalités impactent les individus mais ces derniers sont également producteurs d’externalités. Ce concept permet donc d’avoir une approche globale et systémique des inégalités. Il permet également d’identifier les processus en cours dans les territoires, par exemple, en cherchant à comprendre les liens complexes entre inégalités sociales et inégalités environnementales et écologiques, ou bien en étudiant le rôle des représentations que les individus ont de leur environnement dans la compréhension des comportements et donc dansla lutte contre les inégalités.

Plus spécifiquement, dans les territoires littoraux, certaines des IEE peuvent être plus présentes à cause de l’attractivité de ces espaces et des enjeux environnementaux et sociaux forts qui s’y jouent. Mais les inégalités environnementales et écologiques sont également fortement dépendantes de la taille et du type d’espace urbain analysé. La ville moyenne apparaît comme un terrain pertinent pour l’analyse des inégalités. La ville d’aujourd’hui ne se limite plus à l’espace central et la prise en compte des échelles intermédiaires est importante pour comprendre réellement les dynamiques en cours.

Le choix a ainsi été fait de traiter des inégalités environnementales et écologiques à travers la communauté d’agglomération de La Rochelle. C’est un territoire qui cumule un aspect littoral et une volonté forte et ancienne de développement urbain durable.

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