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SECTION 1 : MESURES DES VARIABLES

II. Mesure de la balance décisionnelle

II. Mesure de la balance décisionnelle

La balance décisionnelle a été mesurée initialement par huit composantes comprenant les gains et les pertes pour soi et les autres, ainsi que l’accord ou le désaccord de la part de soi et des autres (Janis et Mann, 1977). Les recherches ont ensuite démontré qu’elle était composée de deux facteurs correspondant respectivement aux avantages et inconvénients de s’engager dans le comportement cible (Migneault, Pallonen et Velicer, 1997 ; Hudmon, Prokhoroov, Koehly, DiClemente, et Gritz, 1997 ; Velicer et alii, 1985). D’autres suggèrent une échelle de mesure à trois facteurs. A titre d’exemple, dans la recherche de Migneault et ses collègues

La contemplation

C1 Je commence à me rendre compte que je gère mal mon argent. C2  Je m’aperçois que ma façon de gérer mon argent est inappropriée. C3  Je commence à ressentir les effets négatifs de ma mauvaise gestion. C4  Je réalise que ma façon de gérer mon argent m’inquiète.*

C5 Je me rends compte de plus en plus que je gère mal mon budget.

L’action

A1  Je me force à mieux gérer mon argent.

A2  Je m’emploie activement à mieux gérer mon argent en réduisant mes dépenses. A3 Je m’efforce de limiter les dépenses superflues.

A4 Je fais finalement quelque chose pour réduire mes dépenses.*

A5 J’essaie de mieux gérer mon argent et de mettre fin à mes dépenses futiles.

Le maintien

M1 Même si j’ai cessé mes achats "coup de cœur" depuis un certain temps, j’ai peur de céder à nouveau à la tentation.

M2 J'ai mis fin aux achats "coup de cœur", mais je crains de m’y remettre.

M3   J'ai cessé de faire des achats "coup de cœur", mais j'ai toujours peur d'y succomber comme auparavant.    

M4 J'ai assez bien réussi à gérer mon budget, mais il m'arrive encore parfois d'être tenté(e) par des achats "coup de cœur ".*

M5  Même si j’arrive à contrôler mes dépenses, il y a encore des moments où je suis tenté(e) de faire des petites folies.*

(1999), les résultats des analyses factorielles les conduisent à proposer deux solutions. La première suggère deux facteurs (avantages et inconvénients) tandis que la deuxième en suggère trois (avantages, inconvénients réels et inconvénients potentiels). La dimension des inconvénients réels mesure un état affectif négatif lié à un comportement réel tandis que la dimension des inconvénients potentiels mesure le risque d’effets négatifs futurs du comportement.

La version française de l’échelle de la balance décisionnelle (Levesque et Pro-Change, 2001c) mesure trois dimensions : (1) les bénéfices généraux qu’entrainerait la cessation des comportements violents pour le répondant (ex : « Si je mettais fin à la violence, je recevrais plus d’amour et de gentillesse de la part de ma partenaire ») ; (2) les bénéfices pour ses enfants (ex : « Les enfants sont plus en sécurité dans un foyer sans violence ») et (3) les coûts généraux qu’il devrait subir (ex : « Si je mettais fin à mon comportement violent, j’aurais le sentiment de perdre le contrôle dans ma relation »). Chaque sous-échelle comprend quatre énoncés, pour un total de 12. Les répondants indiquent le degré d’importance qu’ils accordent à chacun dans leur décision de modifier ou non leur comportement violent. Par conséquent, avant de prendre la décision de changer leurs comportements, les conjoints violents considèrent l'impact de leur décision sur leurs enfants, en plus des conséquences positives générales (par exemple, être plus heureux dans une relation sans violence) et les conséquences négatives en général (par exemple, ne pas se sentir plus puissant que leur conjoint).

Pour identifier les avantages et les inconvénients pesant dans la balance décisionnelle en vue de pratiquer une activité physique régulière, Marcus, Rakowski et Rossi (1992) ont créé la Decisional Balance Scale for Exercise (BDAP), échelle de balance décisionnelle en vue de pratiquer une activité physique. Ce questionnaire est composé de 16 items et respecte les recommandations de Janis et Mann (1977) concernant la représentation des catégories décisionnelles. L’analyse en composantes principales réalisée révèle une solution à deux facteurs. Les auteurs ont identifié la dimension « pour » (dix items) et la dimension « contre » (six items). Les deux dimensions de ce questionnaire présentent une cohérence interne satisfaisante (« pour », α= 0,95 ; « contre », α = 0,79).

Dans le domaine financier et plus particulièrement pour la question de « comment se débarrasser de la dette de carte de crédit », Xiao et alii (2004) propose une échelle de 18 items. L’analyse en composantes principales révèle également une solution à deux facteurs :

avantages et inconvénients de se débarrasser de la dette de carte de crédit. L’échelle finale des avantages contient quatre items par exemple (le fait de se débarrasser de la dette de carte de crédit pourrait augmenter son estime de soi et la sécurité de sa famille, diminuer son stress et donner un bon exemple pour les autre). Parallèlement, l’échelle de mesure des inconvénients comprend quatre items par exemple (le fait de se débarrasser de la dette de carte de crédit ne permettrait pas de garder le même niveau de vie que ses voisins, pourrait créer plus de tension dans la maison, rendre certains membres de la famille malheureux et limiter les activités familiales).

Plusieurs recherches ont montré que la solution à deux facteurs est la plus pertinente et explique au mieux la structure interne de la balance décisionnelle (Xiao et alii, 2004 ; Hudmon et alii, 1997 ; Rakowski et alii, 1992 ; Migneault, Pallonen et Velicer, 1997 ; Velicer et alii, 1985). Cependant, d’autres travaux de recherche trouvent que la solution à trois facteurs renvoie à une meilleure qualité d’ajustement (Hulton, 2001 ; Migneault, Velicer, Prochaska, et Stevenson, 1999 ; Levesque, Prochaska et Prochaska, 1999).

Dans notre travail de recherche, nous avons construit une échelle ad hoc pour mesurer la balance décisionnelle car il n’y a pas d’échelle disponible dans le contexte de la gestion des finances personnelles. Notre échelle mesure essentiellement les avantages et les inconvénients de bien gérer son argent. Dans ce travail doctoral nous avons considéré les deux principaux facteurs de la balance décisionnelle notamment les avantages et les inconvénients de changer de comportement financier problématique. Nous avons ainsi développé une échelle de mesure de la balance décisionnelle adaptée au contexte d’étude et par la suite nous l’avons présenté aux experts qui ont modifié certains items pour une meilleure compréhension (Tableau 20).

Tableau 20 : Echelle de mesure de la « balance décisionnelle » Balance décisionnelle

Quelle importance accordez-vous à chacune de ces affirmations pour vous encourager à améliorer votre façon de gérer votre budget ?

Mieux gérer mon argent

AVANTG 1 me permettrait à tout moment de connaître ma situation financière sans mauvaise

surprise.

AVANTG 2 me permettrait d’éviter de m’inquiéter à chaque fin du mois.

INCONVT 2 pourrait me priver d’achats spontanés ou « coup de cœur ».

AVANTG 3 me permettrait d’être prudent et à l’abri d’un imprévu.

INCONVT 3 pourrait me faire passer à côté d’achats un peu excessifs mais qui font plaisir.