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SECTION 1 : EDUCATION FINANCIERE ET FORMATION DU COMPORTEMENT

I. Les recherches sur les programmes d’éducation financière

1. Les recherches sur les programmes d’enseignement

1.4 L’apprentissage des expériences financières et actions d’éducation

L’apprentissage des expériences financières peut interagir avec l’éducation financière et influencer les comportements financiers des consommateurs et leur bien-être. Dans leur modèle d’évaluation des résultats de l’éducation financière (Figure 2), Sebstad, Cohen et McGuinness (2006) analysent ainsi la relation entre les programmes d’éducation financière (inputs), les résultats financiers (throughputs) et les impacts sociaux et institutionnels (outputs). Ils définissent les programmes de formation, les séminaires, les campagnes et les autres événements d’apprentissage de la micro-finance notamment les expériences financières passées comme des inputs de l’éducation financière. Ces auteurs soulignent, qu’en plus des programmes d’éducation financière, les individus apprennent également à partir de leurs propres expériences personnelles difficiles que Courchane et Zorn (2005) appellent « école des coups durs ; school of hard knocks ». Ainsi, l’apprentissage de ces expériences interagit avec l’éducation financière pour influencer les comportements et les résultats.

                                                                                                               

6 Hradec Králové est une des plus grandes universités de la République Tchèque et compte 7 000 étudiants.

Figure 2 : Modèle d’évaluation des résultats de l’impact de l'éducation financière (Sebstad, Cohen et McGuinness, 2006)

 

Plusieurs caractéristiques liées à l’éducation financière (inputs) conditionnent les résultats. En premier lieu, la conception de l’éducation financière conduit à définir les comportements qu’elle cherche à atteindre et qui mènent aux résultats. Ensuite, il y a la question du groupe cible de l’éducation financière et dans quelle mesure le programme permet d’atteindre ce groupe. Un autre facteur est la pertinence du contenu d’éducation proposé. Le niveau d’exposition des participants à l’éducation financière ou la fréquence de la prestation est aussi à prendre en compte. Le système de prestation est aussi à considérer car le moment, le lieu et le mode d’éducation financière conditionnent beaucoup les résultats. La nature du prestataire joue aussi un rôle (organismes de services sociaux, institutions de formation, institutions financières, organisations confessionnelles, groupes d'intérêt spéciaux comme les organisations au service des jeunes).

La culture financière (throughputs) est définie comme le niveau de connaissance des concepts financiers de base et les compétences et les attitudes relatives à la traduction de ces connaissances en comportements qui améliorent les résultats financiers (Sebstad, Cohen et McGuinness, 2006). La connaissance des concepts financiers couvre l’établissement d’un budget, les éléments d’un plan d’épargne, les conditions de prêts et la différence entre les différents types d’institutions financières. Les compétences nécessaires pour traduire ces connaissances en comportement peuvent inclure comment faire un plan de dépenses, ouvrir un compte d'épargne, calculer un taux d'intérêt, ou obtenir des renseignements sur les produits et les services offerts par une institution financière. Les attitudes couvrent la motivation pour atteindre son objectif financier, l’engagement à respecter un plan de dépenses, la discipline pour épargner régulièrement. L’amélioration des connaissances financières, des compétences et des attitudes contribuent à la formation du comportement financier. Un exemple de comportement peut être le passage d’un comportement financier proactif à un comportement financier réactif, par d’exemple, avoir un plan de dépenses pour gérer à l’avance son budget, réduire ses dépenses inutiles, épargner plus régulièrement. Ce type de comportement conduit à son tour à une amélioration des résultats financiers.

Les résultats financiers comprennent l’atteinte d’un objectif bien précis, par exemple l’établissement d’un fond d’épargne pour les imprévus et l’achat d’une maison ou d’autres actifs. Ils peuvent aussi viser la réduction du stress financier (le sentiment de pression financière dû à des exigences financières incessantes et à des soucis financiers). Un autre résultat peut prendre la forme d’une plus grande satisfaction, d’un sentiment de contrôle financier et de bien-être financier. Il peut aussi s’agir de la diminution du temps passé sur les questions financières, ou encore du nombre de fois où des questions financières personnelles interfèrent avec l'accomplissement d'autres tâches (Kim et Garman, 2004).

La culture financière a un impact social et institutionnel important (outputs). Au niveau institutionnel, cette culture contribue à une meilleure performance financière par exemple la croissance, l’argent disponible, les taux de remboursement et la rentabilité des capitaux propres et des actifs. Au niveau social, celle-ci assure une meilleure interaction entre les personnes à faibles revenus et les institutions financières.

2. Les travaux sur l’efficacité de l’éducation financière sur le lieu de travail

De nombreuses recherches en comportement financier du consommateur se sont intéressées à analyser les effets des séminaires et des programmes offerts aux salariés sur leur lieu de travail (Fletcher, Beebout et Mendenhall, 1997 ; Kim, Bagwell et Garman, 1998 ; Russell, 1997 ; Taylor-Carter, Cook et Weinberg, 1997 ; Bernheim, 1996 ; Bernheim et Garrett, 1996 ; DeVaney et alii, 1995 ; DeVaney, Gorham, Bechman et Haldeman, 1996 ; Godwin et Caroll, 1986 ; The National Summit on Retirement Savings, 1998 ; Varcoe et Wright, 1991 ; Clancy, Grinstein-Weiss et Schreiner, 2001 ; Lusardi, 2003).

L’éducation financière sur le lieu du travail est définie comme l’information, l’éducation et/ou les services apportés par un employeur pour aider son personnel à prendre des décisions financières informées sur les régimes de retraite, les avantages sociaux, le crédit et la gestion financière ainsi que sur les droits des consommateurs (Garman, 1998 ; Garman et Bagwell, 1998). Elle peut être apportée par des écrits (brochures, newsletters, site web…) soit en consultation individuelle ou au sein d'un groupe de soutien, d’ateliers et de séminaires (Bernheim et Garrett, 1996 ; Renninger, 1997; Wechsler, 1997). Ces programmes d’éducation financière sur les lieux du travail se développement principalement aux Etats- Unis pour apporter une réponse aux besoins des employés et aux obligations imposées par l’Employment Retirement Income Security Act7 (ERISA).

Plusieurs travaux de recherche montrent que les salariés ont l’intention de mieux gérer leurs finances personnelles et de changer leur comportement financier après avoir participé à un séminaire ou à un atelier financier (Fletcher, Beebout et Mendenhall, 1997 ; Kim, Bagwell et Garman, 1998 ; Russell, 1997 ; Taylor-Carter, Cook et Weinberg, 1997). Les intentions témoignent du désir d’accroître son épargne, de commencer à cotiser à un régime de retraite et de rembourser le solde des dettes de sa carte de crédit. Les participants sont aussi plus confiants dans leurs décisions d’épargne et d’investissement (DeVaney et alii, 1995). La participation aux programmes de préparation à la retraite a un impact positif sur les attentes                                                                                                                

7Employment Retirement Income Security Act promulgué en 1974. ERISA est une loi fédérale qui établit des normes minimales pour les régimes de retraite dans le secteur privé et prévoit des règles détaillées sur les effets de transactions fiscales fédérales associées aux plans d’avantages sociaux pour aider les employés à bien équilibrer travail et vie personnelle.