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SECTION 2 : MODELISATION PAR LES EQUATIONS STRUCTURELLES DES

II. Discussion des résultats des hypothèses H1, H2, H4 et H5

La typologie sur les intensités des dimensions de changement du comportement financier a fait ressortir deux groupes de consommateur, les uns en "Action" et les autres en "Maintien". Pour rappel, le groupe "Action" inclut les personnes engagées dans le changement de comportement alors que le groupe "Maintien" comprend les personnes ayant cessé les dépenses excessives mais craignant la rechute et faisant davantage d’efforts (action). Le test du modèle de changement de comportement financier par équations structurelles permet de confirmer les quatre hypothèses de recherche étudiées simultanément.

L’hypothèse H1 teste l’influence directe des deux dimensions de la balance décisionnelle (avantages et inconvénients) sur les deux dimensions des stratégies de changement, à savoir les stratégies de changement d’approche et les stratégies de changement d’évitement. Pour les

deux groupes obtenus, l’évaluation des avantages de bien gérer leur argent influence positivement leur intention d’adopter à la fois les stratégies d’approche (épargner) et d’évitement (contrôler les dépenses excessives). En revanche, l’évaluation des inconvénients de bien gérer leur argent a un impact statistiquement négatif sur leur intention d’adopter les stratégies d’approche et d’évitement (excepté la relation inconvénients - stratégies d’évitement pour le groupe "Action"). L’évaluation des avantages de bien gérer ses finances personnelles par les personnes en action influence davantage leur intention d’adopter les stratégies d’approche comparé aux stratégies d’évitement (βavantages-approche = 0.691*** >

βavantages-évitement = 0.349***). En effet, plus les personnes engagées dans le changement

considèrent les bienfaits du changement plus elles comptent mettre en place des stratégies positives que des stratégies négatives à savoir faire plus d’efforts pour épargner de façon régulière que de limiter leurs achats « coup de cœur ». Toutefois, ces personnes ne sont pas insensibles aux inconvénients de bien gérer leur argent. Plus celles-ci considèrent les coûts du changement moins elles ont l’intention d’épargner. Cependant, leur évaluation des coûts n’a pas d’influence significative sur leur intention de limiter leurs achats futiles. Leur évaluation des avantages est trois fois plus importante que leur évaluation des inconvénients. Ces personnes engagées dans le changement se forcent en effet à considérer les bienfaits du changement et de moins penser aux coûts dans le but de prendre l’habitude d’épargner de façon plus régulière. Pour ces personnes, les stratégies d’évitement ne sont pas inscrites dans leurs préoccupations du moins pas au même niveau que les stratégies d’approche. Quant aux personnes en maintien, leur évaluation des avantages de bien gérer leur argent influence positivement leur intention d’adopter les stratégies d’approche et d’évitement dans la même proportion (βavantages-approche = 0.481*** βavantages-évitement = 0.488***). Cependant,

l’évaluation des inconvénients par ces personnes impacte autant mais négativement leur intention d’adopter les stratégies d’approche et d’évitement (βinconvénients-approche = -

0.500*** ; βinconvénients-évitement = -0.392***). Celles-ci accordent le même poids pour les

bienfaits et les coûts du changement. Ces résultats permettent d’expliquer leurs tentations persistantes à recourir à des dépenses manifestement excessives et la crainte de rechute ressentie par ces personnes en maintien. Pour apporter de plus amples explications, nous avons procédé à des analyses multi-groupes. Le modèle testé retient les variables suivantes : action, maintien, balance décisionnelle (avantages et inconvénients) et stratégies de changement (approche et évitement). Le test du modèle global témoigne de la différence entre les deux groupes. Le modèle contraint est significativement moins performant (χ2= 1151,7 ; ddl = 442 ; p < 0,001). Cependant, les influences des avantages et des inconvénients (balance

décisionnelle) sur les stratégies d’approche et d’évitement ne sont pas significatifs (les coefficients β fixés un à un sur la valeur du coefficient non standardisé). Cela amène à conclure que l’effet de la balance décisionnelle sur l’intention d’adopter les stratégies d’approche et d’évitement est identique pour les groupes. Plus l’individu a conscience des avantages que lui procure une bonne gestion de son argent, plus il a l’intention d’épargner et de faire attention à ses achats. A contrario, plus l’individu se concentre sur les inconvénients de bien gérer son argent, par exemple, le fait de se sentir privé de sorties et de petits plaisirs, moins il est motivé à épargner et à contrôler ses dépenses excessives.

Tableau 62 : résultats de l’analyse multi-groupes path par path

  Relations structurelles Coefficient standardisé G1 Coefficient standardisé G2 Valeur du test T P Avantages à Stratégies d’approche 0.453 0.281 1.19 n.s. Avantages à Stratégies d’évitement 0.288 0.302 0.09 n.s. Inconvénients à Stratégies d’approche -0.213 -0.226 0.09 n.s.

Action à Avantages 0.171 0.372 1.41 p<0.1

Action à Inconvénients 0.274 0.358 0.60 n.s.

Maintien à Avantages -0.209 0.160 2.57 p<0.05

Action à Stratégies d’approche 0.284 0.384 0.73 n.s.

Action à Stratégies d’évitement 0.229 0.443 1.52 p<0.1

L’hypothèse H2(a) pose l’effet direct des dimensions de changement caractéristiques du groupe sur la balance décisionnelle (avantages et inconvénients). L’intensité des dimensions de changement caractéristiques aux deux groupes identifiés influence positivement l’évaluation des avantages et des inconvénients de bien gérer leur argent (excepté la relation action – inconvénients pour le groupe "Action"). L’intensité d’action pour les deux groupes de changement notamment "Action" et "Maintien" a un effet statistiquement positif sur les avantages de bien gérer leurs finances personnelles. Ainsi, plus l’intensité d’action est élevée plus les personnes ont tendance à évaluer les bienfaits du changement. Les personnes appartenant au groupe "Maintien" font plus d’efforts que celles en "Action" pour considérer les avantages de bien gérer leur argent (γactionG1-avantages = 0.130* < γactionG2-avantages =

0.376***). En revanche, l’intensité d’action pour les personnes en maintien influence de la même façon leurs perceptions des coûts du changement. Les effets de l’intensité d’action pour les deux groupes sur les bénéfices et les coûts ont une valeur approximativement égale. Ce

résultat permet d’avancer que les personnes en maintien ont besoin de fournir plus d’efforts et d’engagement pour réussir à maintenir le changement et éviter de retrouver leurs vieilles habitudes. L’hypothèse H2(b) met en valeur l’influence directe des dimensions de changement caractéristiques du groupe sur l’intention d’adopter les stratégies d’approche et d’évitement. Les résultats montrent que l’intensité d’action caractéristique aux deux groupes "Action" et "Maintien" influence conjointement les stratégies d’approche et d’évitement. Ainsi, pour les membres des deux groupes, plus les efforts sont élevés (action), plus les intentions de faire fructifier l’épargne (stratégie d’approche) et de contrôler les dépenses excessives (stratégie d’évitement) sont élevées. De l’analyse complémentaire multi-groupes réalisée précédemment, il ressort que l’intensité des efforts (action) influence davantage l’intention d’adopter les stratégies d’évitement dans le groupe "Maintien" que dans le groupe "Action" alors que l’effet de l’intensité des efforts sur les stratégies d’approche n’est pas statistiquement différent entre ces deux groupes. En effet, les personnes du groupe "Maintien" font plus d’efforts que celles du groupe "Action" afin d’éviter la rechute. De plus, les personnes en "Action" sont surtout prêtes à s’engager dans une démarche leur permettant d’apprendre à épargner de façon plus régulière et n’ont pas encore cessé les dépenses excessives.

L’hypothèse H4 teste l’influence directe de l’attitude à l’égard de l’argent sur l’intention d’adopter les stratégies de changement d’approche et d’évitement. Les résultats sont analogues pour les deux groupes de changement notamment "Action" et "Maintien". Plus la prédisposition des personnes engagées dans le changement (appartenant au premier groupe "Action") est favorable à l’argent plus celles-ci ont l’intention de mettre de l’argent de côté (approche) et de faire attention à leurs dépenses (évitement). Il en est de même pour les personnes ayant cessé les dépenses excessives mais craignant la rechute et faisant des efforts (appartenant au deuxième groupe "Maintien"). Plus ces personnes accordent de l’importance à l’argent et considèrent l’argent comme une bonne chose, plus elles cherchent à épargner et à limiter les achats « coup de cœur ». L’effet de l’attitude à l’égard de l’argent sur les stratégies d’approche a une valeur approximativement égale à son effet sur les stratégies d’évitement. La perception qu’un individu a de l’argent permet donc de prédire ses motivations pour adopter les stratégies d’approche et d’évitement.

L’hypothèse H5 expose l’effet direct de l’anxiété (trait) sur l’intention d’adopter les stratégies de changement d’approche et d’évitement. L’objectif de cette hypothèse est de mettre en

avant l’impact de l’intensité d’anxiété de la personne sur son intention à la fois d’épargner (approche) et de contrôler ses dépenses excessives (évitement). Les résultats sont similaires pour les deux groupes de changement "Action" et "Maintien". Plus les personnes engagées dans le changement (en action) ont un niveau d’anxiété élevé et sont de nature à surestimer le danger, plus celles-ci ont l’intention d’adopter les stratégies de changement d’approche et d’évitement. Pareillement, plus l’intensité d’anxiété (trait) des personnes ayant cessé les dépenses excessives mais craignant la rechute et faisant des efforts (en maintien) est forte, plus ces personnes ont l’intention d’adopter les stratégies de changement d’approche et d’évitement. Par conséquent l’hypothèse H5 est validée.

Comme suit la présentation des résultats des hypothèses de recherche : H1, H2, H4 et H5 :

Tableau 63 : Résultats des hypothèses de recherche H1, H2, H4 et H5

Balance décisionnelle – Stratégies d’approche-évitement (H1)

H1 : La balance décisionnelle influence les intentions d’utiliser les stratégies de changement d’approche et d’évitement

Groupe 1 « Action » :

Avantages de la balance décisionnelle – Stratégies d’approche Avantages de la balance décisionnelle – Stratégies d’évitement Inconvénients de la balance décisionnelle – Stratégies d’approche Inconvénients de la balance décisionnelle – Stratégies d’évitement

Hypothèse validée Hypothèse validée Hypothèse validée Hypothèse non validée

Groupe 2 « Maintien » :

Avantages de la balance décisionnelle – Stratégies d’approche Avantages de la balance décisionnelle – Stratégies d’évitement Inconvénients de la balance décisionnelle – Stratégies d’approche Inconvénients de la balance décisionnelle – Stratégies d’évitement

Hypothèse validée Hypothèse validée Hypothèse validée Hypothèse validée Dimensions de changement caractéristiques du groupe – Balance décisionnelle (H2a) H2a : Les dimensions de changement caractéristiques du groupe influencent la balance décisionnelle

Groupe 1 « Action » :

Action – Avantages de la balance décisionnelle Action – Inconvénients de la balance décisionnelle

Hypothèse non validée Hypothèse validée

Action – Avantages de la balance décisionnelle Action – Inconvénients de la balance décisionnelle Maintien – Avantages de la balance décisionnelle Maintien – Inconvénients de la balance décisionnelle

Hypothèse validée Hypothèse validée Hypothèse validée Hypothèse non validée Dimensions de changement caractéristiques du groupe - Stratégies d’approche-évitement (H2b) H2b : Les dimensions de changement caractéristiques du groupe influencent l’intention d’adopter les stratégies de changement d’approche et d’évitement

Groupe 1 « Action » :

Action – Stratégies d’approche Action – Stratégies d’évitement

Hypothèse validée Hypothèse validée

Groupe 2 « Maintien » :

Action – Stratégies d’approche Action – Stratégies d’évitement Maintien – Stratégies d’approche Maintien – Stratégies d’évitement

Hypothèse validée Hypothèse validée Hypothèse non validée Hypothèse non validée Attitude à l’égard de l’argent – Stratégies d’approche-évitement (H4)

H4 : L’attitude à l’égard de l’argent influence positivement l’intention d’adopter les stratégies de changement d’approche et d’évitement

Groupe 1 « Action » :

Attitude à l’égard de l’argent – Stratégies d’approche Attitude à l’égard de l’argent – Stratégies d’évitement

Hypothèse validée Hypothèse validée

Groupe 2 « Maintien » :

Attitude à l’égard de l’argent – Stratégies d’approche Attitude à l’égard de l’argent – Stratégies d’évitement

Hypothèse validée Hypothèse validée Anxiété (trait) – Stratégies d’approche-évitement (H5)

H5 : L’anxiété (trait) influence positivement l’intention d’adopter les stratégies de changement d’approche et d’évitement

Groupe 1 « Action » :

Anxiété (trait) – Stratégies d’approche Anxiété (trait) – Stratégies d’évitement

Hypothèse validée Hypothèse validée

Groupe 2 « Maintien » :

Anxiété (trait) – Stratégies d’approche Anxiété (trait) – Stratégies d’évitement

Hypothèse validée Hypothèse validée