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Quelques membres

Dans le document Une école de son temps : (Page 38-51)

du comité de patronage

b_ Eugène Choisy

© Bibliothèque de Genève d_ Pauline Chaponnière-Chaix

© Collection privée f_ Pierre Bovet

© Archives Institut Jean-Jacques Rousseau

La création de l’Ecole sociale de Genève 39

g_ Auguste De Morsier

© Schweizerisches Sozialarchiv i_ Alice Favre

© Archives Croix-Rouge genevoise

h_ Edouard Chapuisat

© Bibliothèque de Genève

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constitutive de la Société de l’Ecole suisse d’études sociales pour femmes du 23 mars 1918, c’est du sein de ce comité de patronage que sont élus les membres du comité directeur de l’école, chargé de mettre en œuvre ce pro-jet. En outre, certains membres du comité de patronage assumeront des charges d’enseignement dans les premières années de l’école.

Des universitaires

Hans Töndury, le fondateur, est une personnalité qui réunit les trois carac-téristiques d’être universitaire, protestant et féministe. Né à Zurich en 1883, il est originaire de S-chanf en Engadine et est issu d’une famille protestante grisonne qui a contribué au développement de l’hôtellerie en Engadine au XIXe siècle ; son père a fait partie du corps diplomatique helvétique (vice-consul en Italie et (vice-consul au Portugal). En 1915, il quitte la Haute école des sciences commerciales (Handelshochschule) de Saint-Gall, où il enseigne, pour répondre à la proposition de l’Université de Genève de prendre la res-ponsabilité de sa toute nouvelle chaire d’économie commerciale au sein de la Faculté des sciences économiques et sociales. En 1928, il est appelé par l’Université de Berne pour diriger la chaire d’Economie commerciale et poli-tique, poste qu’il occupe jusqu’en 1934 ; il décède en 1938 des suites d’une longue maladie.

A côté de sa carrière académique, il mène diverses missions diplomatiques pour le compte du Département politique fédéral, qui l’éloigneront tem-porairement de la gestion de l’Ecole ; il a ainsi été nommé chef du Service consulaire, qu’il a réorganisé, et a été délégué de la Confédération à di-verses conférences économiques internationales, notamment à Gênes en 1922 (adoption du Gold Exchange Standard, « étalon-or ») et à La Haye. Il a en outre été chargé de gérer la question des intérêts des Suisses rapatriés de Russie, à la suite de la Révolution de 1917, et a présidé la Société coopé-rative de secours mutuels et de protection des intérêts suisses en Russie. Il quitte le Département politique fédéral en 1930. Il est par ailleurs fondateur de l’Association suisse des experts-comptables en 1913. Il assume la prési-dence du comité directeur de l’école de 1918 à 1929.

Personnage actif, soucieux de la cohésion nationale mise à mal par la Grande Guerre, Töndury soutient publiquement le mouvement féministe et suffragiste ; il se déclare favorable à ce que les femmes prennent une place plus active dans le domaine politique et social et affirme que le vote féminin est une préoccupation d’actualité. Par la création de cette école, il souhaite ainsi contribuer à donner aux femmes une instruction civique leur permettant d’assumer leur rôle de citoyenne de manière éclairée.

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Ce faisant, il ouvre une perspective relativement novatrice pour l’époque, où la conception que l’on a du rôle de la femme réduit son activité à la sphère privée et occulte, voire condamne sa participation dans la sphère publique.

Parmi les personnalités issues du microcosme universitaire, il est une autre cheville ouvrière de l’école : Eugène Choisy (1866-1965) ; docteur en théologie, professeur d’histoire ecclésiastique à la Faculté autonome de théologie de l’Université de Genève de 1909 à 1939, il est aussi le fondateur du Musée historique de la Réformation (1897) et de l’Institut des ministères féminins créé la même année que l’Ecole d’études sociales pour femmes.

Cet institut a pour but de délivrer un certificat d’études bibliques permettant aux femmes de postuler à des emplois de catéchistes, de secrétaires de paroisse ou dans des sociétés missionnaires. Choisy considère d’ailleurs qu’il y a une certaine communauté d’intérêts entre les deux institutions :

[…] l’Ecole suisse d’études sociales pour femmes touche à certaines activités des Ministères féminins, de sorte qu’on distingue entre les deux institutions une intention commune : instruire, éclairer, élever, discipliner la femme suisse, pour la rendre capable de collaborer avec l’homme à l’organisation d’une société meilleure 26.

Relevons encore qu’Eugène Choisy assumera la présidence de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse de 1930 à 1941. Elu vice-président du comité directeur de l’école de 1918 à 1933, il assume aussi temporaire-ment la présidence de 1918 à 1920, suite au conflit opposant le fondateur à Emilie Gourd, et remplacera Hans Töndury de nombreuses fois lorsque ce dernier sera retenu à Berne par ses missions diplomatiques. Protestant, universitaire, engagé dans la formation professionnelle des femmes, Choisy est un auxiliaire précieux dans le développement de l’école et se montre soucieux d’une bonne collaboration au sein du comité directeur.

Au sein du comité de patronage se trouvent aussi deux autres person-nages importants du monde de la formation, promoteurs des sciences de l’éducation à Genève : Edouard Claparède (1873-1940) et Pierre Bovet (1878-1965). Fondateur en 1912 de l’Ecole de sciences de l’éducation – Institut Jean-Jacques Rousseau, Claparède est professeur de psychologie à la Faculté des sciences de l’Université de Genève depuis 1908 et s’il ne siège pas au sein du comité directeur de l’école, il donnera un cours de psycho-logie au semestre d’été 1919 (Psychopsycho-logie appliquée à la détermination des aptitudes). Quant au Neuchâtelois Bovet, après un doctorat en philosophie obtenu en 1902, il enseigne la philosophie et la pédagogie à l’Université

26 Source : Le Journal du bien public, non daté, 1918.

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de Neuchâtel jusqu’en 1912, lorsque Claparède l’appelle à Genève pour lui confier la direction de l’Institut Jean-Jacques Rousseau (qu’il assume seul jusqu’en 1932, puis en co-direction jusqu’en 1944). Nommé professeur de sciences de l’éducation et de pédagogie expérimentale à la Faculté des lettres de l’Université de Genève en 1919, il est aussi l’un des fondateurs et le premier directeur du Bureau international de l’éducation (1925-1929).

Bovet est un membre actif du comité directeur de l’école de 1918 à 1920 et il y joue un rôle important dans la structuration du fonctionnement de l’école ; il y assure par ailleurs des enseignements de psychologie, de sciences de l’éducation et de pédagogie de 1919 à 1936.

Hongrois et titulaire d’un doctorat en sciences politiques de l’Université de Budapest, André de Maday (1877-1958) est un autre membre éminent du comité de patronage. Arrivé à Genève en 1906, il est nommé privat-docent au sein de la Faculté des lettres pour y enseigner la sociologie et sera ti-tulaire de la chaire de sociologie créée en 1908 ; il quitte Genève en 1911 pour Neuchâtel, où il est nommé professeur extraordinaire de sociologie et d’économie à la Faculté de droit de l’Université. Naturalisé suisse, il reçoit en 1914 la bourgeoisie de Neuchâtel et est nommé professeur ordinaire en 1917. Membre de l’Institut international de bibliographie de Bruxelles depuis 1908, Maday est engagé à Genève en 1923 par le Bureau international du travail pour organiser sa bibliothèque, fonction qu’il assume jusqu’en 1934.

Ses publications témoignent de ses centres d’intérêt : féminisme, pacifisme, droits de l’homme, législation sociale, question ouvrière, philosophie du droit. Il montre une grande fidélité à l’école en y enseignant, alternative-ment, la sociologie et la législation sociale de 1918 à 1950 et assume la di-rection des travaux pratiques, ainsi que la didi-rection de nombreux travaux de fin d’études.

Mentionnons aussi Eugène Pittard (1867-1962), initiateur et titulaire de la chaire d’anthropologie créée à Genève en 1916 et fondateur, en 1901, du Musée d’ethnographie de la Ville de Genève, dont il sera le conservateur en 1910 et le directeur de 1935 à 1952. Pittard donnera à l’école un ensei-gnement sur l’histoire de la famille. Relevons encore la présence au sein du comité de patronage de Bernard Bouvier (1861-1941), professeur ordi-naire de langue et littérature allemandes, fondateur en 1891 du Sémiordi-naire de français moderne, titulaire de la chaire de littérature française de 1895 à 1924 et qui fut recteur de l’Université de 1906 à 1908. Ou encore Georges Fazy (1846-1924), avocat et professeur de droit public fédéral à l’Université,

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membre de l’Institut national genevois 27, qu’il représente au sein du comité de patronage, aux côtés d’Otto Karmin (1882-1920), privat-docent à l’Uni-versité de Genève, militant anarchiste et secrétaire du Bureau international de la Libre Pensée durant la Première Guerre mondiale. Relevons enfin la présence de Charles Waegeli (1876-?), gynécologue et privat-docent à la Faculté de médecine de l’Université de Genève, qui siégera au sein du co-mité directeur de 1918 à 1946 et donnera des cours d’hygiène de la femme de 1918 à 1939 ; ainsi que celle de René Guisan (1874-1934), Vaudois qui sui-vit des études de théologie à Lausanne et dirigea l’Ecole Vinet (école secon-daire pour jeunes filles) à Lausanne de 1908 à 1917, avant d’être nommé professeur d’exégèse du Nouveau Testament à la Faculté libre de Lausanne dès 1918 et à la Faculté de l’Eglise nationale protestante de l’Université de Lausanne dès 1928.

Un trait reliant la majorité de ces personnages du monde universitaire tient à leur faculté d’initiative et à leur engagement dans des projets nova-teurs : écoles, chaires d’université, institutions. Leur présence dans la liste du comité de patronage de l’Ecole d’études sociales pour femmes apparaît comme un soutien significatif à un projet digne d’intérêt.

L’inspiration féministe

Une particularité de la composition du comité de patronage est sa représentation féminine et féministe : en effet, près de la moitié de ses membres (15 sur 37) sont des femmes, majoritairement engagées dans l’action publique en faveur des idées féministes, apportant ainsi une caution de fait aux idées émancipatrices énoncées par le fondateur de l’école.

L’engagement pour la cause féministe, et plus particulièrement pour le droit de vote des femmes, est clairement affirmé par Töndury dans son projet et donne à ce dernier une teinte tout à fait spécifique qui ne se retrouvera pas dans les intentions de la fondatrice de la Sozial-Caritative Frauenschule de Lucerne, Maria Crönlein, qui est réputée pour être une farouche adversaire du suffrage féminin 28. De par leur notoriété ou leur activisme affiché, certaines de ces femmes ont non seulement marqué l’histoire du féminisme, mais aussi imprégné profondément les racines de l’Ecole d’études sociales pour femmes. C’est notamment le cas de Pauline Chaponnière-Chaix, d’Emilie Gourd et de Nelly Schreiber-Favre.

27 Corporation de droit public créée en 1853, régie par une loi cantonale, ayant pour but l’encouragement et le progrès des sciences, des lettres, des beaux-arts, de l’industrie, du commerce et de l’agriculture.

28 Source : Dictionnaire historique de la Suisse. Pour rappel, l’école de Lucerne est créée la même année que celle de Genève.

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Pauline Chaponnière-Chaix (1850-1934) est une protestante genevoise qui a vécu en France après son mariage et jusqu’en 1893. Veuve en 1878, elle se consacre alors à des activités sociales et féministes ; elle s’engage comme diaconesse dans une salle d’asile pour enfants 29, puis dans une prison pour femmes dans le Nord de la France avant de prendre la direction d’une mai-son pour jeunes filles protestantes à Versailles. Revenue à Genève, elle s’engage dans des associations féministes qu’elle préside durant plusieurs années, telles l’Union des femmes de Genève et l’Alliance des sociétés nines suisses. En 1921, elle préside le deuxième congrès des intérêts fémi-nins qui se tient à Berne et sera vice-présidente du Comité international de la Croix-Rouge de 1930 à 1932. Elle siège au sein du comité de direction de l’Ecole de mars à juin 1918.

Issue de la grande bourgeoisie protestante genevoise, Emilie Gourd (1879-1946) a suivi en auditrice des cours à la Faculté des lettres de l’Université et aurait pu se destiner à l’enseignement ; mais de son propre aveu 30, sa rencontre en 1909 avec Auguste de Morsier (cf. infra), alors président de l’association genevoise pour le suffrage féminin, jouera un rôle déterminant dans l’orientation militante qu’elle donnera à sa vie. Sa prise de conscience de la question du suffrage féminin la conduit à s’engager activement au sein de l’association genevoise, puis de l’Association suisse pour le suffrage féminin ; elle assume d’ailleurs la présidence de ces deux associations pendant plusieurs années. En 1912, Emilie Gourd fonde un journal, Le Mouvement féministe 31, qui se veut l’organe officiel des publications de l’Alliance nationale des sociétés féminines suisses et qu’elle dirigera jusqu’à la fin de sa vie. Entre autres associations, elle préside l’Ouvroir de l’union des femmes de Genève (1914-1946) et la section genevoise du Cartel d’hygiène sociale et morale (1920-1946) ; mais elle s’engage aussi sur le plan international et devient secrétaire de l’Alliance internationale pour le suffrage féminin en 1923. Dès les débuts de l’école, elle est une membre très active du comité de patronage et du comité de direction, dont elle assume la vice-présidence jusqu’en novembre 1918, période où elle démissionne du comité à la suite du conflit qui l’oppose à Hans Töndury. Elle acceptera

29 Prémices de l’école maternelle ; à l’origine, structures d’accueil destinées aux enfants de deux à six ans de la classe ouvrière avec une mission d’assistance et d’éducation. La première salle d’asile ouvre à Paris en 1826 sous l’impulsion de la philanthrope Emilie Mallet-Oberkampf (1794-1856), sur le modèle anglais des Infants Schools.

30 Emilie Gourd signale cette influence décisive dans l’article qu’elle rédige en sa mémoire à l’occasion du décès d’Auguste de Morsier (Le Mouvement féministe, n° 176, 14 décembre 1923).

31 Rebaptisé dans les années 1960 Femmes suisses, le journal paraît depuis 2001 sous le nom L’EmiliE.

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cependant de donner aux élèves un certain nombre de conférences sur le mouvement féministe et le suffrage féminin, ainsi que plus tard un cours régulier sur le mouvement féministe.

Première femme admise – sur dérogation – à la Faculté de droit de l’Université de Genève, Nelly Schreiber-Favre (1879-1977) y obtient sa licence en 1903 et se voit refuser son admission au barreau de Genève, les femmes n’ayant pas alors de droits civiques ; combative et soutenue par le doyen de la Faculté, elle insiste et sa détermination conduit le Grand Conseil à modifier sa législation en la matière : elle devient ainsi en 1906 la première femme avocate de Suisse romande. Elle s’engage notamment en faveur d’un traitement différencié de la délinquance des mineurs et des adultes, qui débouchera en 1913 sur la création à Genève de la première Chambre pénale de l’enfance. Elle sera par ailleurs cofondatrice et première présidente de l’Association suisse des femmes universitaires (1924). Nelly Schreiber-Favre est membre du comité de direction de l’Ecole de mars à novembre 1918, dont elle démissionne par solidarité avec Emilie Gourd lors du conflit l’opposant à Töndury ; elle accepte toutefois de donner un cours d’instruction civique durant l’année 1918-1919 et, plus tard, un cours de droit civil et un cours de droit des obligations.

Fille d’Auguste de Morsier, Valérie Chenevard-de Morsier (1891-1977) est membre du comité de patronage de l’école. Licenciée en sciences sociales de l’Université de Genève en 1915, elle suit les traces de son père et de sa grand-mère Emilie, fonde en 1917 le Secrétariat des intérêts féminins de Genève et adhère à l’Alliance de sociétés féminines suisses ; elle participe avec Nelly Schreiber-Favre à la fondation de l’Association suisse des femmes universitaires. De 1919 à 1923, elle donne à l’école des enseignements en lien avec la question féminine et le mouvement féminin (Questions sociales relatives à l’enfant ; Les organisations féminines ; Le mouvement féminin ; Questions sociales concernant les intérêts féminins).

Bernoise d’origine, Emma Pieczynska-Reichenbach (1854-1927) divorce de son mari polonais après dix années de mariage et suit alors des études de médecine à Genève et à Berne ; c’est dans cette dernière ville qu’elle ren-contre en 1891 Hélène von Mülinen (1850-1924), avec laquelle elle fonde en 1900 l’Alliance de sociétés féminines suisses. Elle est par ailleurs à l’origine de la création de l’Union des femmes de Genève (1891) et, suite à sa ren-contre avec Joséphine Butler, elle rejoint la Fédération abolitionniste inter-nationale dont elle sera membre du comité. En 1906, elle participe en outre

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à la création et à l’organisation en Suisse de la Ligue sociale des acheteurs 32. Portée par le christianisme social, ses préoccupations s’orientent sur l’édu-cation civique de la femme et l’édul’édu-cation maternelle, et le soutien qu’elle apporte à la création de l’école en adhérant au comité de patronage parti-cipe de cet engagement.

Signe de la volonté du fondateur de rassembler les soutiens sur l’ensemble du territoire helvétique, signalons la présence de Lucy Dutoit (1868-1937), enseignante d’allemand à l’Ecole Vinet à Lausanne, cofondatrice et prési-dente (1916-1932) de l’Association vaudoise pour le suffrage féminin ; par ailleurs cofondatrice de l’Association suisse pour le suffrage féminin, elle re-trouve au sein du comité de patronage Emilie Gourd, qu’elle a accompagnée dans la création du journal Le Mouvement féministe. Neuchâteloise, Emma Porret (1879-1943) est licenciée en lettres de l’Université de Neuchâtel et ins-titutrice, active dans les mouvements féminins et correspondante régulière du journal Le Mouvement féministe. De son côté, la Bernoise Emma Graf (1865-1926) est elle aussi institutrice et préside l’Association suisse des ins-titutrices où elle s’engage pour l’égalité juridique et économique de ces der-nières ; elle adhère à l’Association bernoise pour le suffrage féminin et est par ailleurs fondatrice et rédactrice de l’Annuaire des femmes suisses, créé en 1915. Pour sa part, Jeanne Meyer (1864-1927) est présidente de l’Union des femmes de Genève, qu’elle représente au sein du comité de patronage.

Mme Henry Lotz (1859-1931) y représente la section genevoise de la Société d’utilité publique des femmes suisses et est par ailleurs membre de l’Union des femmes de Genève et de l’Association pour le suffrage féminin ; elle sera membre du comité du foyer de l’école. Enfin, le comité de patronage comprend encore deux femmes saint-galloises : Berta Bünzli (1874-1951), institutrice et présidente de l’Association saint-galloise pour la protection de l’enfance et des femmes, et Frida Imboden (1877-1962), médecin qui a œuvré pour la réduction de la mortalité infantile dans son canton ; elle est en outre fondatrice de la Société de puériculture, qu’elle préside de 1910 à 1942, et co-fondatrice en 1912 de Pro Juventute, dont elle sera membre du conseil de fondation.

Ce qui relie toutes ces femmes, c’est non seulement le soutien moral qu’elles apportent à la cause féministe, mais aussi leur engagement effectif avec prise de responsabilité dans des associations et comités qui y sont liés,

32 Mouvement social né en France en 1902 à l’initiative de Jean Brunhes (1862-1930) et de son épouse Henriette Brunhes-Hoskier (1872-1914), visant à éveiller la responsabilité sociale du consommateur par des achats éclairés portés par le souci des conditions de travail de leur production.

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et pour plusieurs d’entre elles leur prise de parole publique comme collabo-ratrices occasionnelles ou régulières au journal Le Mouvement féministe.

A l’évidence, les positions prises par Töndury à l’égard du mouvement fémi-niste et suffragiste et son intention de voir son projet d’école participer à la concrétisation de l’émancipation des femmes sur les plans politique, social et économique ont su trouver en elles un réel appui.

Une communauté bourgeoise et protestante

L’appartenance à la communauté bourgeoise et protestante, notamment de Genève, est une caractéristique qui fédère la majorité des membres du comité de patronage ; en effet, à l’exception d’une personne catholique, une personne athée et deux personnes dont nous ne connaissons pas exactement l’appartenance confessionnelle, toutes les autres personnes figurant sur la liste des membres du comité de patronage publiée dans le document publicitaire annonçant la création de l’école sont protestantes.

Cette composition confirme dans les faits, et ce dès la création de l’école,

Cette composition confirme dans les faits, et ce dès la création de l’école,

Dans le document Une école de son temps : (Page 38-51)