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Les lieux : d’hier à aujourd’hui

Dans le document Une école de son temps : (Page 175-178)

Lorsqu’elle ouvre ses portes, l’Ecole d’études sociales pour femmes n’a pas à sa disposition de locaux propres ; la présentation du projet de Töndury avait eu lieu à l’Université et l’assemblée générale constitutive de la Société de l’Ecole d’études sociales pour femmes s’est tenue le 23 mars 1918 dans les locaux de l’Institut Jean-Jacques Rousseau, qui loge à cette époque au 5, place de la Taconnerie. Le comité directeur élu à cette occasion se met donc en recherche de locaux susceptibles d’accueillir les futures élèves.

L’Athénée

C’est au Palais de l’Athénée 193, dans les locaux de la Société des amis des arts, que l’Ecole est hébergée à ses débuts. Mais très vite, le comité directeur souhaite rediscuter la convention passée avec la société, car l’Ecole ne peut accéder qu’à l’amphithéâtre et à la bibliothèque, et selon des horaires trop restrictifs (de 8 h à 12 h) pour la bonne marche des études ; de plus, l’Ecole ne peut utiliser de bureaux et estime le prix de location, de CHF 250.- men-suels, trop élevé (soit l’équivalent de CHF 1250.- actuels). L’année suivante, l’Ecole s’est développée et lors de la renégociation du bail, en juillet 1919, les pourparlers se terminent par son non-renouvellement par la Société des amis des arts pour la fin du mois de septembre. Dans une certaine urgence et prévoyant une augmentation des effectifs, le comité se voit contraint de trouver de nouveaux locaux répondant à ses besoins d’agrandissement.

193 Au 2, rue de l’Athénée.

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Rue Charles-Bonnet

Délaissant des locaux plus exigus qui lui sont proposés à la place de la Taconnerie, il porte son intérêt à la location d’un « appartement spacieux et confortable » au 6 de la rue Charles-Bonnet. Le loyer annuel de CHF 5 000.- 194 fait hésiter le comité au vu de l’état de ses finances, mais l’urgence dans laquelle il se trouve de reloger l’Ecole l’amène à accepter ce loyer, en négo-ciant un bail sur cinq ans. Des travaux étant à effectuer en vue de l’emména-gement, le comité obtient une prolongation de bail au Palais de l’Athénée et, en novembre 1919, l’Ecole s’installe à la rue Charles-Bonnet, dans un appar-tement de sept pièces en rez-de-chaussée. En 1923, l’Institut Jean-Jacques Rousseau aménagera au numéro 4 de la même rue, ce qui permettra l’élabo-ration d’une convention de collabol’élabo-ration entre les deux institutions, l’Ecole lui mettant notamment à disposition sa grande salle « à des conditions spé-ciales » ; les deux institutions ouvrent en outre certains cours à leurs élèves respectives.

Route de Malagnou

Les effectifs ayant augmenté au fil des années, l’Ecole se trouve de plus en plus à l’étroit dans l’appartement de la rue Charles-Bonnet et, dès 1936, le comité directeur se met à la recherche d’un espace plus vaste. Il passe une petite annonce dans la presse locale, indiquant qu’il cherche à louer une villa de huit à dix pièces ; le comité reçoit un certain nombre de propositions et finit par retenir une demeure qui répond à ses besoins au 3, route de Malagnou. Il s’agit d’une maison de maître de trois étages avec une véranda et un parc attenant, où l’Ecole restera jusqu’en 1964. La maison comporte six pièces au rez-de-chaussée, sept au premier étage et six au second, répon-dant parfaitement aux besoins de l’Ecole. Le loyer annuel correspond à celui de l’appartement de la rue Charles-Bonnet et passe à CHF 6 000.- en 1943 ; pour alléger le coût de la location, l’Ecole louera les six chambres du second étage à des élèves, couvrant ainsi environ la moitié de la location annuelle.

C’est donc le 30 octobre 1937 que l’Ecole investit ses nouveaux locaux dans le quartier de Malagnou. Ironie de l’histoire ou clin d’œil du hasard, ce n’est pas à n’importe qui que l’Ecole loue la propriété, dite propriété du Dr Martin : en effet, les propriétaires en sont Mmes Marguerite Chapuisat (1877-1959) et Elisabeth Odier (1888-1981), héritières du Dr Edouard Martin (1844-1831) 195 ; Marguerite Chapuisat, née Martin Du Pan, a épousé Edouard Chapuisat,

194 Soit l’équivalent de CHF 25 000.- actuels ; loyer mensuel de CHF 416.- (2 086.- actuels).

195 Chirurgien et pédiatre, fondateur de l’Asile de Pinchat pour enfants atteints de maladies chroniques (1899), recteur de l’Université de Genève de 1900 à 1902.

Une diversification des instances et des services 177

directeur du Journal de Genève de 1918 à 1932, qui figure dans la liste des membres du comité de patronage de l’Ecole d’études sociales pour femmes en 1918. Marguerite Chapuisat est par ailleurs une féministe réputée, pré-sidente de l’Union des femmes de Genève de 1915 à 1943 et qui a aussi été présidente du comité du foyer pour jeunes filles La Pommière. Ainsi, en louant la propriété du Dr Martin, l’Ecole se rapproche (involontairement ?) d’un de ses premiers soutiens et de son épouse, engagée dans des causes qui lui sont proches.

Rue Prévost-Martin

Le 30 janvier 1945, le Conseil municipal de la Ville de Genève vote un cré-dit de CHF 390 000.- pour l’acquisition de trois propriétés sises à la route de Malagnou, en vue de la construction du nouveau Muséum d’histoire naturelle, dont les locaux sont alors dispersés sur plusieurs sites 196 et ne permettent plus une exposition raisonnable des collections. L’une des pro-priétés visées est celle du Dr Martin et la question du maintien de l’Ecole sur ce site se pose au comité directeur 197. Toutefois, si un concours d’architec-ture est lancé en 1946, ce n’est qu’en février 1960 que le Conseil municipal vote les crédits de construction ; dès ce moment, la question du relogement de l’Ecole devient effective et urgente, car les travaux débutent en 1961 198. En 1963, soucieux que les travaux du nouveau Muséum puissent se terminer rapidement, le Département des travaux publics suggère à l’Ecole de sollici-ter la possibilité d’occuper les bâtiments de l’ancienne clinique infantile, dé-saffectés depuis son emménagement dans ses nouveaux bâtiments en 1961 dans le quartier Cluse-Roseraie. Cette possibilité est d’ailleurs publique-ment évoquée par le conseiller d’Etat François Peyrot, le 2 février 1963, dans sa réponse à l’interpellation d’un député sur l’utilisation de l’ancienne cli-nique infantile et le devenir des biens incamérés 199. A l’issue du Kulturkampf, ces derniers sont les biens des congrégations religieuses dissoutes en 1872, confisqués par l’Etat de Genève par la loi du 27 septembre 1876 in-corporant les biens des corporations dissoutes au domaine de l’Etat. En l’occurrence, les Filles de la charité de Saint-Vincent-de-Paul possédaient l’hospice des Petits-Philosophes 200, créé en 1840 puis légué par l’abbé Jean-François Vuarin (1769-1843), devenu la maternité de Genève de 1877 à 1907,

196 Notamment dans l’aile Jura de l’Université, aux Bastions.

197 L’acquisition par la Ville est actée le 15 mars 1945.

198 Ils seront terminés en 1963 et l’inauguration aura lieu en 1966.

199 Source : Interpellation du député Babel du 3 juin 1961 : « A propos des terrains de la clinique infantile:

la question des biens incamérés ».

200 Ainsi nommé car il se situait sur le chemin des Petits-Philosophes, aujourd’hui rue Prévost-Martin.

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