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Des lieux pour enseigner

Dans le document Une école de son temps : (Page 178-182)

a_ 2, rue de l'Athénée (1918-1919) © Bibliothèque de Genève

b_ 6, rue Charles Bonnet (1919-1937) c_ 3, route de Malagnou (1937-1964)

Une diversification des instances et des services 179

d_ 28, rue Prévost-Martin (dès 1964) e_ 28, rue Prévost-Martin (Nouveau bâtiment dès 1980)

f_ 16, rue du Pré-Jérôme (dès 2005) © Photographe Genève, Sylvain Rivarolo

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puis la clinique infantile de 1910 à 1961. La loi du 27 septembre 1876 stipu-lant dans son article 2 que ces biens incamérés doivent rester affectés à des buts de charité, de bienfaisance et d’instruction publique, le conseiller d’Etat Peyrot estime que les « terrains et bâtiments de la rue Prévost-Martin, [étant] aujourd’hui vacants, ils conviendraient très bien pour l’installation immédiate, moyennant certains frais de remise en état, de l’Ecole d’études sociales, actuellement sous le coup d’un jugement d’évacuation des locaux qu’elle occupe au numéro 8 de la route de Malagnou, propriété de la Ville de Genève, qui en a un urgent besoin pour la poursuite de la construction du futur muséum d’histoire naturelle. […] Enfin, le but éminemment social de cette école satisfait bien à l’esprit de l’article 2 de la loi de 1876 » 201. C’est ainsi que, du 21 mars au 6 avril 1964, l’Ecole d’études sociales procède à son emménagement au 28 de la rue Prévost-Martin, dans un bâtiment classé en 1921. L’attribution à une école qui revendique son identité protestante de biens catholiques confisqués par l’Etat à l’issue du Kulturkampf n’est pas sans une certaine ironie ; en effet, en 1950, à l’occasion d’une révision des statuts, le comité de direction s’interroge : l’Ecole est-elle laïque et neutre ou d’inspiration chrétienne et protestante, et cela doit-il figurer dans les sta-tuts ? A la première question, le comité répond clairement que « l’Ecole n’est pas neutre, elle est et a toujours été d’inspiration protestante, mais large-ment ouverte aux élèves ne se réclamant pas de cette confession » 202 ; quant à la seconde question, le comité estime qu’il n’y a pas lieu de le mentionner dans les statuts.

Cette installation aux Petits-Philosophes est initialement prévue comme provisoire, dans l’attente de la construction par l’Etat d’un grand bâtiment destiné à l’Ecole en bordure de la rue de Carouge. Dans l’intervalle, l’Ecole occupe le bâtiment principal et les dépendances de l’ancienne clinique in-fantile, dont elle met à disposition des locaux à l’Association des parents d’enfants mentalement handicapés (APMH) de 1965 à 1971 ; y logent aussi l’Ecole de jardinières d’enfants et la garderie du jeudi après-midi des enfants déficients. Par ailleurs, l’Ecole partage le terrain avec des baraquements provisoires mis à disposition de Caritas dès 1962 pour l’accueil de travail-leurs étrangers. La parcelle occupée par l’Ecole va cependant se réduire au fil du temps, sans que sa présence ne soit toutefois remise en cause, avec la construction dès 1964 du centre scout le long de la rue Pré-Jérôme ; suite à la démolition en 1971 des bâtiments abritant notamment l’APMH et l’Ecole

201 Réponse du conseiller d’Etat François Peyrot (Département des travaux publics) du 2 février 1963.

202 Source : Rapport du président à l’AG du 14 décembre 1950.

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de jardinières d’enfants, un bâtiment de logements est construit le long de la rue Jean-Violette, dans lequel est intégré dès septembre 1972 une annexe en rez-de-chaussée pour l’Ecole. Enfin, du côté de la rue de Carouge, un pro-jet de construction d’un immeuble à buts sociaux par l’association Cité-Joie (Caritas), évoqué dès 1964, commence à se concrétiser dix ans plus tard, en 1975. Toutefois, la réalisation du bâtiment prévu, avec une annexe indé-pendante pour l’Ecole, est contrecarrée durant quatre années par le refus d’abord, puis les lenteurs à la reloger, de l’Ecole de gendarmerie qui occupe les baraquements érigés à l’époque pour les travailleurs immigrés. Ce n’est qu’au début de l’année 1979 que les travaux peuvent débuter et, à l’automne 1980, l’Ecole peut enfin prendre possession de ses nouveaux locaux au pied de ce qu’il est convenu d’appeler alors l’immeuble de Cité-Joie.

Rue du Pré-Jérôme

L’Ecole poursuit son développement et les effectifs continuent d’augmen-ter : le besoin en locaux devient à nouveau une préoccupation récurrente de la direction dans les années 1990. Dès 1990, un projet d’extension à l’angle des rues Jean-Violette et Prévost-Martin voit le jour, tablant sur la démoli-tion prévue des bâtiments existants et en partie occupés par des squatters ; le projet prévoit d’y obtenir des locaux pour reloger notamment la biblio-thèque et la cafétéria, qui se trouve alors à l’étroit dans les sous-sols du bâtiment principal. Toutefois, le projet de démolition et de construction est bloqué par des oppositions et le Conseil municipal de la Ville de Genève vote en 1996 un préavis négatif à ce dernier. L’Ecole doit envisager d’autres options et, en 1999, c’est finalement celle d’une construction à la rue Pré-Jérôme, sur l’emplacement des anciens bureaux du Touring Club Suisse, qui est retenue ; dans le courant de l’année 2000, le conseil de fon-dation vote un crédit de 12 millions de francs sur ses fonds propres à cet effet et dépose un permis de construire en 2001 dans la perspective de dé-buter les travaux en 2002. Toutefois, les aléas administratifs et politiques (obtention d’un droit de superficie) repoussent le début des travaux à 2003 et c’est en 2005 que l’Ecole prend possession de son nouveau bâtiment de cinq étages au 16, rue Pré-Jérôme. Pour la première fois depuis sa création, l’Ecole est propriétaire d’un de ses bâtiments ; statut de propriétaire qu’elle perdra en 2014 avec la dissolution de la fondation HETS-IES, qui signe l’inté-gration définitive de l’Ecole au sein de la HES-SO Genève initiée en 2004.

De deux salles mises à disposition par la Société des amis des arts en 1918 à un site de formation composé de plusieurs bâtiments 203 en 2005 se lit

203 Soit 125 locaux (hors espaces techniques et sanitaires).

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l’assise qu’a gagnée l’Ecole d’études sociale pour femmes au fil des années.

Relevons encore que ses diverses résidences se sont toujours trouvées à proximité plus ou moins forte de l’Université et du parc des Bastions, la plus éloignée étant celle de la route de Malagnou ; par ailleurs, hormis son court passage à la rue de l’Athénée, l’Ecole a toujours résidé hors des anciennes fortifications dans les quartiers construits après leur démolition, à la rue Charles-Bonnet et à Prévost-Martin sur l’ancienne commune de Plainpalais, et à la route de Malagnou sur l’ancienne commune des Eaux-Vives. La proximité géographique avec l’Université est d’ailleurs saluée par le président du comité de l’Ecole, Raymond Uldry, à l’occasion son installation à la rue Prévost-Martin : « Ce bâtiment est le lieu géométrique des institutions universitaires ; notre Ecole pourra y accomplir sa vocation avec le maximum d’efficacité. » Une école formant au travail social située dans un quartier populaire, comme pour affirmer son ancrage dans la réalité sociale, mais aussi au carrefour géographique des lieux de formation universitaires, pour mieux affirmer l’ambition scientifique de son fondateur.

Le premier centre de recherche au sein

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