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assinissa était le fils de l’aguellid Gaia, fils du soufflète Zelacen lui-même fils

d’Ilès. Il naquit vers 238 avant J.C dans la tribu des Massyles (Mazighen) à Vaga (Béja). Au moment où les romains nouent les premiers contacts avec les aguellids berbères, Gaia est l’aguellid des numides et Syphax celui des Masaesyles ou Maures de l’ouest :

« Et pourtant ! Soupirant Baalader, toutes ces tribus réunies sous la bannière d’un grand chef pourraient faire trembler le monde ! (…) C’est bien ce qu’avait compris Syphax, le maître de Siga à Cirta, et peut être aussi le fils de Gaia, le jeune Massinissa qu’on disait plein d’ambition. » Izuran, p. 76

« Massinissa occupa Thappsus qui devint pour un temps la capitale des Massyles. Face à la puissance de Carthage et pour reprendre les terres

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GAID, Mouloud. Aguelids et romains en berbérie. Alger: OPU, 1985, p. 12. 56

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de ces ancêtres occupées par les carthaginois, Massinissa fit appel à l’union de tous les numides. »57

Grâce à ses victoires sur ses voisins, Gaia est à la tête d’un vaste royaume doté de deux capitales : Siga à l’ouest et Korta (Cirta) à l’est prise aux Massyles. Une guerre éclate entre Syphax et Carthage en 213. Pour parer au danger, Carthage rappelle d’Espagne une partie de ses troupes commandées par Asdrubal. Gaia offre immédiatement son alliance à Carthage dans l’espoir de reprendre, ses territoires perdus après la victoire. Massinissa participe à la tête des hommes de son père à la guerre et les hostilités cessent sans apporter les avantages des territoires perdus :

« J’ai appris que Massinissa, fils de Gaia, avait réussi à rassembler des troupes. Il veut reprendre Cirta et pour cela il n’a pas hésité à prendre contact avec Scipion. » Izuran, p. 77

Gaia conserve son alliance avec Carthage et lui fournit une troupe de cavaliers

commandés par son fils pour combattre Rome en Espagne. Malheureusement, la lutte tourne à l’avantage de Rome, Asdrubal mort, son frère Hannibal lui succéde en 207 :

« C’est en Ibérie qu’il reprit confiance. Hamilcar, Hasdrubal étaient morts et l’armée, sans demander l’avis de personne, avait désigné Hannibal, le fils d’Hamilcar, pour lui succéder. » Izuran, p.78

Des possessions Carthaginoise, ils n’en restent plus que Gadès. Pour abattre la puissance de Carthage en méditerranée occidentale, Scipion pense porter la guerre en Afrique. Il tente de gagner à lui Syphax auquel il rend visite à Siga.

Les Carthaginois font de même et réussissent à arracher à Syphax la promesse de ne pas prendre le parti des romains et en échange il reçoit la main de Sophonisbe, fille

d’Hastrubal. Tout ceci s’est fait à l’insu de Gaia jugé un allié trop faible. Il fallait

faire vite :

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Syphax, maître d’un grand royaume s’étendant de la Moulaya aux frontières

puniques acquit ainsi un grand prestige auprès des carthaginois qui, pour conserver son amitié et son alliance, ils respectent leur engagement de Siga. Sophonisbe qui affirme t-on « était fort instruite d’un charme et esprit auxquels yeux ni oreilles

d’aucun homme, si rebelle fut-il à l’amour, n’eussent pu résister. »58

« On concrétisa l’alliance par les liens du sang. Carthage offrit en mariage au chef numide, ébloui, la plus belle des Carthaginoises, la plus intelligente aussi, la fille du puissant Hasdrubal Giscon : Sophonisbe. » Izuran, p. 79

Appien écrivait :

« Massinissa est bien l’un des rois et Aguellids berbères en possession de souveraineté. Ce roi des massyles a librement accordé à scipion le concours et même le secours et des armes qui sont exceptionnellement instruites de l’art de guerre en Afrique [...] Massinissa s’est construit

une Numidie numide à sa mesure. »59

Scipion n’ignorait pas les rivalités existant entre les aguellids berbères et non plus la

présence en Espagne de certains membres de la famille de Gaia dans les rangs adverses. Au cours d’un engagement contre les armées carthaginoise, Masiva petit fils de Gaia se fait prisonnier. Scipion le relâche pour gagner la sympathie des

numides de son clan et prépare un terrain propice à d’éventuels contacts favorables. Un accord est conclu entre Massinissa devenu aguellid qui s’engage à aider Rome à

combattre Carthage, et Scipion à aider l’aguellid à reconquérir la totalité du royaume ses ancêtres : « Scipion contre Carthage, Syphax contre Massinissa, qui

devait tirer profit de la haine que se vouaient les deux autre. » Izuran, p. 80

Après la mort de Gaia, son frère Oezalces lui succéde. Son mariage à une Carthaginoise, la fille d’une sœur d’Hannibal lui vaut l’appui des Carthaginois

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TITE-Live. L’Histoire romaine. Cité par GAID, Mouloud. Op. cit. , p. 24-25. 59

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contre ses voisins et ses vassaux : « Hannibal était un grand chef et Rome ne l’avait

pas encore vaincu. » Izuran, p. 81

Carthage était en rapport avec des princes alliés, ou vassaux, dont les sujets

servaient comme mercenaires dans ses armées, des mariages unissaient les chefs berbères (Numides) aux membres de l’aristocratie punique. Les trois guerres puniques s’étalèrent sur la période de (246 à 146). La première guerre punique est celle des mercenaires que Salammbô a rendue célèbre et qui se termine par la victoire de Carthage et le supplice de Mathô : « Mathô, leur chef, n’était plus. Il

avait été supplicié de manière si atroce que les carthaginois en frissonnaient encore. » Izuran, p. 82

La seconde guerre punique se termine par la défaite de Carthage (bataille de Zama), qui avait été marquée par la campagne d’Italie où s’illustre Hannibal et à laquelle des contingents berbères prennent part. La troisième guerre punique est le résultat d’un prétexte invoqué par Rome pour attaquer Carthage et la détruire. Durant cette guerre Massinissa crée un important état berbère et devient le principal instrument politique romain en Afrique du Nord. Au cours de son long règne, il s’efforce de civiliser ses sujets, fixer ces nomades au sol, de leur enseigner l’agriculture, d’urbaniser les berbères. Massinissa a su gouverner et écarter tout compétiteur. Il a su raffermir le pouvoir vis-à-vis des chefs numides aussi bien que vis-à-vis des chefs romains.

En tant qu’aguellid, il ouvre les portes de son royaume aux marchands grecs, égyptiens, italiens….Ses contacts avec les pays grecs se multiplient tout le long de son règne. L’influence hellénique ne se fait pas sentir seulement dans les ports, certaines villes intérieures (Cirta) connaissent aussi les bienfaits de la civilisation hellénique :

« Les chefs des grandes tribus s’étaient ralliés à Massinissa. Il ne

pouvait être qu’autrement ! Le grand aguellid était désormais maître de Cirta. » Izuran, p. 83

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Ces échanges commerciaux font connaître Massinissa et la berbérie. Les grecs viennent s’établir à Cirta, ils enseignent là-bas. Massinissa fait développer l’usage de la monnaie. Les pièces à l’effigie du roi barbu et du cheval galopant sont en cuivre ou en argent et sont beaucoup plus nombreuses en berbérie centrale :

« Thilleli comptait et recomptait les pièces d’or en passant le doigt sur le nez fort et la barbe taillée en pointe de Massinissa gravés sur le côté face. » Izuran, p. 84

« Massinissa fit développer l’usage de la monnaie. A l’intérieur du pays, on pratiquait le troc. Avec Carthage, on faisait à la fois du troc et l’usage de la monnaie. »60

Les numides payent d’une manière générale leurs impôts en nature blé, bétails, miel huile, figues…Massinissa n’écarte aucun membre de la famille des rouages de l’administration afin d’éviter des rivalités et des dissensions internes. Il offre des domaines et des postes de commandement à chacun et leur assigne une tâche bien déterminée, ainsi, la paix et la prospérité règnent.