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La provenance des Capsiens est du Proche-Orient selon les affirmations et les

recherches anthropologiques et historiques de G. Camps.34 Le Capsien occupe toute la superficie qui s’étend de l’Egypte à l’Atlantique. Il a produit des figurines en terres cuites, représentant des animaux, datées entre treize milles et quatorze milles ans avant J.C, découvertes en 1998 par l’équipe de chercheurs en préhistoire de Slimane Hachi :« Elle venait de terminer, sur la paroi prés de l’entrée, la gravure

d’un spectacle qui l’avait toujours fascinée : celui des éléphants au bain. » Izuran, p. 59

La civilisation du capsien se reconnait par l’art figuratif en Afrique du nord. Cette civilisation s’est développée aux environs de neuf milles ans avant J.C. et représentait le Paléolithique supérieur. C’est essentiellement la période des « escargotières »: « Elle s’immobilisa, les yeux rivés au sol, et remarqua combien, sur

la terre humide les escargots étaient nombreux. » Izuran, p. 53

Escargotières, ce nom a été donné par Latapie35 à des monticules constitués par l’accumulation de cendres, d’outils, d’ossement humains et animaux, et principalement de coquilles d’escargots auxquelles ils doivent leur nom. Ces débris de toutes sortes représentent les vestiges laissés par les campements ou villages anciens. La densité des escargotières atteint dans certaines régions un nombre assez remarquable comme l’a repérée Latapie.

Durant cette longue période le climat s’assèche peu à peu jusqu’au degré où nous le connaissons maintenant : «Les saisons sèches étaient de plus en plus longues et les

saisons de pluies capricieuses ».Izuran, p.54

Mais l’éléphant, le bœuf, la gazelle, le rhinocéros, l’autruche, l’antilope, continuent à hanter le sol de la Berbérie. C’est la cueillette et la chasse qui absorbent la plus grande part de l’activité humaine. Les hommes de Mechta el Arbi qui appartiennent

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Op, cit, p. 59. 35

Escargotière désigne le lieu où on élève les escargots, on use de la cendre pour limiter le déplacement des escargots, le gendarme Latapie (à Tébéssa) l’un des pionniers de la préhistoire maghrébine est le responsable de l’appellation de ce gisement capsien vers 1905.

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au groupe de l’Homo-Sapiens ignorant les animaux domestiques par contre les préoccupations esthétiques ne leur étaient pas étrangères, comme le montrent le caractère géométrique de leur outillage.

Les gravures qu’ils traçaient sur les coquilles d’œufs d’autruche, tel le bovidé de l’oued Mengoub près d’Ouled Djellal, dans le département de Constantine, ou les coquillages percés qu’ils utilisaient pour parures sont des vestiges qui témoignent du passé comme le souligne De Certeau:

« La violence du corps n'arrive jusqu'à la page écrite qu'à travers l'absence, par l'intermédiaire des documents que l'historien a pu voir sur la plage d'où s'est retirée la présence qui les y a laissés, et par un murmure qui fait entendre, mais de loin, l'immensité inconnue qui séduit et menace le savoir. » 36

En effet ce passage souligne la précarité de la recherche savante de l'historien qui se retrouve sur des rivages et qui lui fait découvrir l'éloignement du passé, son altérité, ce moment de l'histoire qui lui échappe. Il voudrait tant en restituer une partie qui soit au même temps conforme à la réalité de l’événement et pouvoir aussi répondre aux critères de la reconfiguration de ce même événement selon une vision contemporaine qui exige une implication et une certaine subjectivité de ce même historien. L'idée est que l'historien se trouve déchiré entre le fait de raconter un passé lointain et instable selon une écriture actuelle.

Izuran raconte l’histoire des capsiens qui s’installent généralement aux abords des

oueds ou des sources, et leurs campements, où ils mènent une vie sédentaire et gagnent même les montagnes, d’après les découvertes d’A.Ruhlmann : « Le

campement était d’accès difficile. Après la rivière, il fallait contourner les marécages, une zone traîtresse qui avalait goulûment ceux qui osaient s’y aventurer »Izuran, p. 15-16.

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Le néolithique est l’époque de la sédentarisation, de l’agriculture, de la céramique ainsi que la domestication des animaux et de l’art rupestre. Le Néolithique représente la période des traditions locales et des apports extérieurs. Les outils polis et poteries, se mêlent aux formes évoluées du Capsien et du Mouillien. Le Néolithique nord-africain est plus récent, il s’est prolongé jusqu’à la période historique.

Les spécialistes ont divisé la préhistoire en cinq périodes :

Période des naturalistes

Cette période représente des gravures les plus anciennes représentant des animaux sauvages de grandes tailles, tel l’éléphant, la girafe, l’antilope et le rhinocéros. Les gravures des chasseurs ayant des têtes masquées accompagnent ces animaux :

« Il devina la pointe du silex sur la roche lisse. Le trait continu s’arrêtait parfois pour laisser place à des pointillés, des taches rouges ou d’une ocre soutenue. » Izuran, p.41.

Ou :« Sur la paroi prés de l’entrée, la gravure d’un spectacle qui l’avait toujours fascinée : celui des éléphants au bain. » Izuran, p. 59

Période des têtes rondes

C’est la période représentée par des œuvres peintes de la phase ancienne comme celle des naturalistes. Cette appellation est due aux têtes rondes des représentations humaines rencontrées au Tassili et appartenant principalement à une population négroïde : « Sa peau était bien noire, lisse et brillante et ses cheveux crépus ne

s’envolaient pas au vent ! » Izuran, p. 60

Période des bovidés

C’est l’ère des représentations de l’élevage. Le Sahara n’étant plus celui d’aujourd’hui, le climat humide, l’eau et les pâturages abondants: « Lorsqu’il aurait

traversé les terres plates où les hautes herbes ondoyaient au gré des vents, au pied des collines, il savait l’endroit où se perdaient les sources »Izuran, p. 61

39 Période équidiènne

Les figurations artistiques où l’on voit des chevaux attelés à des chars à deux roues pour la première fois représentent la période équidiènne. L’homme avait besoin du cheval pour se déplacer, les points d’eau et les pâturages sont devenus rares. Un tableau représentant des troupeaux autour d’un puits d’où l’homme puise son eau à l’aide d’une poche en cuir, c’est le début de la désertification : «Ils vont rejoindre les

Garamantes éleveurs de chevaux ». Izuran, p.71.

Période libyco berbère

Vers la fin de la période du cheval et de la désertification, le cheval est remplacé par le chameau, mieux adapté aux conditions difficiles du Sahara.

L’écriture évolue et change de style en schématisant l’art rupestre. Ainsi, le corps humain se trouve schématisé comme simple agencement de figures géométriques. Et cela n’est qu’une préparation à l’écriture où, pour la première fois, se trouvent à côté des représentations animales et humaines des caractères libyques : «Approchez-vous,

disait-il, n’ayez pas de peur ! Les dromadaires ne font de mal à personne, bien au contraire ! » Izuran, p. 157. Si on accède à l'histoire des ethnies préhistoriques nous

découvrons que les berbères n’étaient pas de simples chasseurs mais une véritable société ayant des usages de conversations et de valeurs élaborées propres à elle. Dans leur art, les signes extérieurs le montrent bel et bien. Chaque groupe avait ses traditions funéraires, son type de sépulture et de monument culturel. La berbérité révèle une de ses caractéristiques de civilisation, une inclination à la valeur guerrière et à la noblesse. C’est avec les protoberbères que va se mettre en place le code social et idéologique qui génèrera la civilisation.

II-L’histoire dans Izuran, Dounia et La Scaléra

L’histoire d’une écriture correspond bien à la théorie de Roland Barthes selon laquelle les écritures d’un écrivain émergent à la suite d’influences diverses et conjuguées de l’histoire et de la tradition. Dans le cas de notre corpus il s’agit bien de réconciliation avec soi même, avec ses ancêtres. Il s’agit d’une quête identitaire. Bakhaï relate les évènements de la période historique avec l’apparition de l’écriture

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tout comme en témoigne les documents d’histoire de Malika Hachid et ceux de Gabriel Camps.