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SAINT-AIGNAN D’ORLEANS LA CRYPTE

2. Le martyrium et les couloirs d’accès

La partie occidentale de la crypte présente une disposition tout à fait singulière. Il s’agit en effet d’un espace transversal, largement développé et parfaitement intégré au parti architectural, appelé depuis le XIXe siècle martyrium 198 (pl. 4). Bien qu’aucune source écrite n’atteste l’usage du terme pour désigner cette salle, il convient de souligner d’emblée le caractère exceptionnel de cet élément, comparable à celui de la crypte de Saint-Avit d’Orléans 199 (pl. 57, fig. 8), et des deux couloirs d’accès à la crypte qui y sont attenants (pl. 6, 7, fig. 9, 10).

Les données du sous-sol

Dans les années 1950, le Dr Lesueur ouvrit deux sondages dans la section orientale du couloir sud et à son débouché dans la crypte. Si le second fut comblé, le premier resta béant et fut l’objet d’une analyse stratigraphique

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MARTIN, RAPIN 2001. MARTIN 2002b. ARNAUD, MARTIN 2004. MARTIN 2004a. 196

MARTIN 2001a. MARTIN 2001b. 197

MARTIN 2002a. MARTIN 2003. ARNAUD 2004. ARNAUD 2005. 198

BUZONNIÈRE 1849 : vol. 1, 305-307. TORQUAT 1857 : 367-372. SAINT-PAUL 1892 : 115-116. La définition proposée dans le Dictionnaire historique de la langue française en est la suivante : [...] MARTYRE n. m. (1080, martirie ; 1119, martire) représente martyrium « action de témoigner le Christ dans la persécution » et, par métonymie, « lieu où est enterré le martyr ». Le mot latin est un emprunt au grec marturion « témoignage, preuve » et, à l’époque chrétienne, « sanctuaire dédié à un martyr ». [...] La crypte ou chapelle contenant le tombeau d’un martyr a reçu son nom de MARTYRIUM (1840), réfection de martyrion (1740), en remplacement d’un ancien emploi de martyre (1546). [...] : REY 1995 : vol. 2, 1198-1199. 199

couplée à une étude de bâti des élévations en 2003 (pl. 4). Outre des questions méthodologiques évidentes, les travaux de Lesueur n’avaient en effet été l’objet d’aucun compte-rendu précis.

D’après les caractères stylistiques du martyrium et notamment l’emploi du petit appareil allongé pour sa construction, Lesueur avait considéré qu’il s’agissait d’un vestige carolingien autour duquel une crypte avait été bâtie par Robert le Pieux. Les données fournies par les sondages corroboraient cette hypothèse car il avait pu observer que le radier supportant la pile en moyen appareil située au sud de l’entrée du couloir méridional avait été plaquée contre la fondation du martyrium. L’angle de la salle reposait en outre sur un massif cruciforme débordant largement vers le sud et l’est, dans le collatéral sud de la crypte (fig. 11).

La reprise de ces données a fourni de plus amples informations. La maçonnerie cruciforme (US 6014) forme un niveau plan à ± 98,40 m NGF et est appuyée sur le sol géologique, constitué à cet endroit de marne argileuse blanche (US 6029) apparaissant à ± 97,90 m NGF (fig. 12). On peut l’interpréter comme un contrefort de fondation destiné à la mise en place de la fondation proprement dite du martyrium. Celle-ci est constituée par deux niveaux de maçonneries. Ainsi la partie inférieure (US 6017) vient-elle contre le massif cruciforme (6014) jusqu’à une altitude de ± 98,15 m NGF. L’ensemble est ensuite surmonté par une seconde maçonnerie (US 6015) jusqu’à la cote ± 98,85 m NGF où elle forme un ressaut pour la base de l’élévation, alors liée par un mortier de tuileau (US 6018) (fig. 13).

La tranchée de fondation du mur nord du couloir sud a ensuite été remblayée par différentes couches composées notamment par le sol naturel mais surtout de terre brune dans laquelle des éléments de construction ont été détectés (mortier, terre cuite) ainsi que des nodules d’argile (US 6035 à 6037 et 6049 à 6055) (pl. 8). C’est plus tard que fut mis en place le radier de fondation (US 6013) barrant l’extrémité orientale du couloir jusqu’à la cote ± 98,75 m NGF pour soutenir la pile en moyen appareil (US 6012) située face à l’angle sud-est du martyrium (fig. 14).

On peut donc en conclure que la mise en place du martyrium et de ses murs latéraux fut la première partie de la crypte à avoir été réalisée. La création du couloir, au moins du côté sud, intervint dans une phase postérieure (pl. 9). On insistera également sur la mise au jour, dans la partie occidentale du sondage, de maçonneries antérieures à la construction du XIe siècle, principalement caractérisées par l’emploi d’un mortier orangé 200 (US 6001, 6005, 6008 201, 6085, 6089) (fig. 15, 16). En raison de la faible quantité de mobilier collecté 202, il reste difficile de préciser la disposition, la fonction et la datation de ces structures. Cependant, de nombreux fragments d’enduits peints et ceux, plus ténus, de mosaïques et de stuc, permettent d’ores et déjà d’envisager des constructions richement décorées. Quoi qu’il en soit, ces vestiges furent arasés lors du chantier du XIe siècle. Ils contribuèrent à caler partiellement le nouvel édifice tout en conditionnant le développement du couloir sud et son niveau de circulation à l’extrémité occidentale. Ainsi les maçonneries antérieures (US 6001, 6002, 6008) affleurent-elles à ± 100,15 m NGF (fig. 15, 16), impliquant une remontée brutale du sol à partir de 6,50 m environ du débouché dans la crypte (pl. 6). En outre, l’amorce de retour du mur nord (US 6003) à une longueur de 9,30 m a été appuyée contre ces murs (US 6001, 6002) (fig. 17).

Les élévations du martyrium et des murs intérieurs des couloirs

Le martyrium possède un plan simple (pl. 4). De 8,15 m de largeur intérieure pour une profondeur de 2,10 m, il atteint 12,90 m hors-œuvre. De 0,50 m d’épaisseur, la paroi orientale de la salle, juchée sur un mur-bahut en moyen appareil probablement restauré au XIXe siècle après l’abaissement du niveau de sol de la crypte 203 (fig. 7), présente un ordonnancement régulier : deux larges dosserets de 1,55 m encadrent trois travées de 2,70 m de largeur divisées par des demi-colonnes surmontées de chapiteaux sculptés en pierre

200

On précisera toutefois que l’une d’entre elles (US 6002) est liée par un mortier blanc très dur.

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On conserve très probablement la trace de sa démolition (US 6010). 202

L’opération de 2003 visait au nettoyage du sondage de Lesueur laissé ouvert dans le couloir sud mais il n’y a pas eu à proprement parler de fouille des niveaux conservés.

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d’Apremont dont la composition est inspirée du corinthien antique 204 (fig. 18). Ces travées sont ouvertes par deux registres de fenestellae (à ± 101,15 m NGF et à ± 103 m NGF) et une porte au nord (fig. 19).

Le martyrium se singularise du reste de la crypte par l’emploi presque exclusif d’un petit appareil allongé en calcaire du Nivernais 205 qui lui confère un caractère antiquisant indéniable. L’analyse de la travée nord a montré une construction homogène : les chaînes sont continues tant sur la paroi que sur les demi-colonnes maçonnées 206 ou les dosserets.

Elles se retournent vers l’ouest sur les murs internes des anciens couloirs d’accès où elles se poursuivent régulièrement sur environ 9,30 m de longueur (fig. 20). Au-delà, on en perd la trace au nord, où le mur est largement recouvert par un enduit tardif 207 (pl. 6). Dans le couloir sud, la maçonnerie se retournait transversalement : il n’en subsiste que le départ entre ± 98,90 m NGF et 100,30 m NGF, le reste ayant été arraché 208 (fig. 17). La construction demeure homogène, bien qu’on note sur leurs parois une alternance avec un moyen appareil allongé issu du même matériau. De même, la porte du martyrium montre quelques éléments de moyen appareil. Elle est

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Le premier chapiteau, sur la demi-colonne sud, offre un aspect particulier par la dislocation du schéma antique. L’épannelage est faiblement articulé. Les registres d’acanthes ne sont plus présents que par des palmettes ciselées rappelant les stucs et reliées entre elles par des motifs curvilignes. Ainsi la corbeille reste-t-elle en grande partie lisse, seule une petite rosace se trouvant au centre. L’abaque a presque disparu et n’est souligné que par le haut de la corbeille, garnie de petites feuilles triangulaires situées sous de petites volutes d’angle incisées et s’enroulant à l’envers, comme sur les chapiteaux des arcatures murales. Le second chapiteau illustre le renouveau de la sculpture figurée. VERGNOLLE 1994 : 135-136. Ses trois faces sont délimitées par un monstre placé dans l’angle et dont la tête crachant des rinceaux fait office de volute. Leurs pattes postérieures reposent sur l’astragale, qui fait partie du bloc, et leurs antérieurs sont situées à proximité des épaules du personnage qui se situe sur chaque côté. 205

Le calcaire proviendrait de carrières proches de la Charité-sur-Loire (Nièvre), d’après les observations de Guy Pierre et de Michel Rautureau. Jean Bathellier avait fait préciser la localisation à la carrière de Bulcy, lieu-dit les Etiveaux : BATHELLIER 1952 : 194. On sait d’ailleurs que cette carrière de Bulcy était déjà en exploitation à l’époque gallo-romaine : REDON 1984.

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Il s’agit là d’un caractère novateur pour le début du XIe siècle.VERGNOLLE 1998. 207

Les murs nord et sud du couloir nord ont fait l’objet d’une couverture photographique exhaustive. La paroi sud a ainsi pu être remontée graphiquement et les maçonneries détourées sommairement sur une douzaine de mètres. Sur le mur nord, l’exercice a été rendu difficile. Un simple détourage de l’enduit et des maçonneries visibles est donc proposé.

208

Les couloirs ont en effet été prolongés probablement durant le chantier de reconstruction du

XVe siècle. Il reste toutefois difficile d’être catégorique sur la chronologie en l’état actuel des connaissances. On insistera donc simplement sur les irrégularités apparaissant en plan au droit des piles orientales de la croisée du transept de la fin du Moyen Age : dans le couloir nord, il s’agit d’un arc doubleau surmonté par un arc de décharge et dans le couloir sud, on remarque une nette déviation du tracé vers le sud. Pour plus de précision sur le couloir sud, voir MARTIN 2003 et ARNAUD 2004. Le couloir nord reste à étudier dans sa totalité.

couverte par un linteau tripartite soulagé par un arc de décharge surmontant un tympan constitué par deux dalles dressées 209 (fig. 22).

Une ligne de trous de boulins est visible sur la façade du martyrium à ± 100,60 m NGF. Ils ont été bouchés systématiquement. Dans les couloirs, d’autres exemples ont été détectés (pl. 7). Il reste cependant difficile d’être catégorique en raison de plusieurs campagnes de rejointoiement et d’enduit mais une nouvelle ligne se devine à ± 101,05 m NGF dans le couloir nord (pl. 6).

La majeure partie de la façade du martyrium, entre ± 99,70 m NGF et ± 103 m NGF, est liée par un mortier de tuileau 210 dont les joints sont légèrement rubanés. Son emploi doit être souligné car on ne le rencontre que ponctuellement dans les autres maçonneries de la crypte. Il en va ainsi de la base de l’élévation du mur nord du couloir sud (fig. 13), des cintres des arcatures murales du collatéral sud et de l’absidiole nord (pl. 10), des lits de pose du linteau de la baie sud de la chapelle axiale (pl. 11) ou encore des sommiers des voûtes d’arêtes retombant sur les chapiteaux du martyrium. On remarquera également l’emploi très limité des calages de terre cuite, sans doute en raison du recours à un matériau relativement facile à tailler et à l’importante épaisseur des joints.

L’intérieur de la salle présente les mêmes caractéristiques (fig. 23). Les assises sont régulières sur les quatre murs, ce qui laisse présager son homogénéité. Les lunettes des parois nord et sud ont servi à placer le coffrage de la voûte en berceau continu 211 qui couvre l’espace. Les quatre fenestellae monolithes qui ajouraient le martyrium au niveau inférieur et la porte présentent une feuillure, signe évident qu’elles possédaient autrefois un système de fermeture. En outre, on observe deux niches quadrangulaires de 0,40 m de hauteur sur le mur ouest de la construction à ± 100,75 m NGF. De fonction inconnue, elles présentent la particularité d’être bâties avec des remplois de sarcophages : ainsi distingue-t-on un fragment de couvercle orné d’un chrisme (fig. 24) et au moins deux angles de cuves, ce qui a parfois

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Chanfreinées sur leurs bords, ces dalles sont en remploi. ARNAUD 2005 : 17. En outre, la construction s’est affaissée, entraînant une fissure sur le linteau. Il a été consolidé par du mortier à une date indéterminée.ARNAUD 2005 : 22.

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Ce mortier, déjà observé dans le couloir sud, a été enregistré comme s’agissant du « type 3 ». ARNAUD 2004 : 20. ARNAUD 2005 : 27.

conduit à penser que l’ensemble de la salle avait été bâtie avec des matériaux de récupération de la zone d’inhumation du haut Moyen Age 212. Le relevé de la façade n’a pas confirmé cette interprétation mais il semble néanmoins que le module mince et allongé de l’appareil de la salle soit une évocation monumentale d’une telle pratique 213 (pl. 6, 7).

Au-dessus de ± 103 m NGF, la façade du martyrium montre un changement radical des modes de construction. Le moyen appareil de calcaire de Beauce a alors été employé (fig. 22). Il est lié par un mortier blanc et possède des joints lisses et débordants. On distingue trois assises au sein desquelles s’ouvrent trois fenestellae immédiatement sous les voûtes d’arêtes. Dans la baie nord, il subsiste une trace de solin attestant un aménagement en pente devant s’ouvrir dans la croisée du transept de la collégiale du XIe siècle 214. S’il ne fait pas de doute que cette maçonnerie appartienne au parti architectural primitif, il est intéressant de constater que le niveau d’interruption de la construction en petit appareil allongé correspond à la mise en place du voûtement de la salle transversale et des couloirs. Le chantier a ensuite été poursuivi d’une part par l’exhaussement de la façade du martyrium et le voûtement de la salle centrale de la crypte – on y reviendra – et d’autre part par le voûtement des couloirs qui nécessitait la construction des murs

xtérieurs.

Les murs extérieurs des couloirs et les voûtements

générale des problèmes similaires à celui étudié au sud. On présentera ici de

e

Il convient de dissocier la construction des murs extérieurs des couloirs et les voûtements qu’ils soutiennent car il apparaît rapidement qu’ils ne sont pas homogènes et qu’ils ont été bâtis après la mise en place du martyrium, comme l’a révélé l’examen stratigraphique à l’extrémité orientale du côté sud de la crypte (pl. 9, fig. 14). Par le caractère symétrique des dispositions, il y a tout lieu de croire, en l’attente de relevé, que le couloir nord pose d’une façon

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Il subsiste les négatifs des pale-planches sur l’intrados de la voûte. 212

MARTIN 2001b. 213

On reviendra sur cet aspect. Voir infra, p. 269-274. 214

façon synthétique les observations réalisées en 2003 en complément des données issues du sous-sol déjà évoquées plus haut 215.

Les deux couloirs montrent, sur leur mur externe, une pile de 1,60 m de largeur montée en moyen et grand appareils de calcaire de Beauce alternant avec des assises de petit appareil allongé en calcaire du Nivernais (US 6012) (pl. 9). L’ensemble est lié par un mortier gris clair dont quelques joints rubanés conservent encore des traces de badigeon blanc (fig. 25). Ces supports, parfaitement chaînés aux murs des collatéraux, soutiennent un arc fourré dont l’intrados culmine à ± 102,50 m NGF. Par leur position, on peut déduire qu’il s’agit des extrémités des bras de transept dont la façade du martyrium poursuit l’alignement dans la partie centrale de la crypte (pl. 4). Ces maçonneries sont ensuite relayées vers l’ouest par une construction en petit appareil relativement grossier mais néanmoins bien réglé sur 7 à 8 m (US 6006) (fig. 25).

Dans le couloir sud, l’enduit tardif qui recouvre le mur est tombé en de larges zones. Ces grandes lacunes ont permis d’observer quelques moellons disposés en épis 216 (pl. 9), parfois mêlés à des fragments de briques. Une ligne de trous de boulins couverts par de petits linteaux a également été repérée à ± 100,50 m NGF. En outre, il reste difficile de déterminer la part éventuelle de remplois : on note en effet la présence en deux endroits de fragments de terre cuite pris dans un petit bloc de mortier de tuileau attestant la reprise d’éléments d’une construction antérieure. Enfin, toute une partie du bas du mur a conservé son enduit d’origine (entre ± 99,20 m NGF et ± 100 m NGF) (pl. 9).

Dans les années 1950, un sondage réalisé dans le mur a prouvé le retour du parement de la pile (US 6012) vers le sud, accréditant l’hypothèse de l’extrémité du bras de transept. Le nettoyage effectué en 2003 a permis d’observer l’arrière d’une maçonnerie constituée de pierre taillées en dépouille (US 6019) contre laquelle a été plaqué le mur en petit appareil (US 6006) 217 (fig. 25). L’ensemble vient buter contre la pile d’entrée du couloir (US 6012). Probablement ne s’agit-il pas d’une construction antérieure mais de l’arrière du

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MARTIN 2003. 216

Néanmoins, il ne s’agit pas de véritables assises en opus spicatum. 217

parement sud du couloir. Le soin apporté à la construction montre non seulement l’importance des moyens mis en œuvre mais aussi une qualité probablement liée à la déclivité du terrain vers le sud.

Dans le couloir nord, la lecture de la maçonnerie est peu aisée en raison de la présence d’un enduit tardif assez épais (pl. 9). On remarque d’ailleurs que celui-ci forme un bourrelet à sa base et qu’il a ainsi conservé le négatif du niveau de sol de la fin du Moyen Age : un faible pendage aboutissant dans la crypte par une volée d’au moins six marches. La partie basse du mur est toutefois visible : elle montre une nouvelle fois la construction en petit appareil réglé sur un ressaut de maçonnerie situé à ± 99,95 m NGF (fig. 26).

Au-delà de 7,50 m de longueur apparaissent des perturbations. Dans le couloir sud, la plus évidente est l’aménagement d’une baie de profil surbaissé (entre ± 101,70 m NGF et ± 102,85 m NGF), autrefois fermée par une grille dont on conserve les trous d’ancrage (fig. 27). Très bien appareillée, sa facture permet de l’attribuer au plus tôt au bas Moyen Age. Elle pose d’ailleurs la question de l’état de conservation de l’édifice car elle ouvrait, de façon singulière, sous le bras sud du transept (pl. 4). Cet élément implique donc soit une prise de jour au sein d’une partie ruinée de l’église, soit une autre fonction dont le sens échappe pour le moment. Au ras du niveau de circulation actuel (± 100,30 m NGF), on note également la présence d’un empattement de maçonnerie antérieure (US 6085) (pl. 9). Dans le couloir nord, les indices demeurent flous en l’absence d’une analyse fine du bâti. Cependant, on pourrait deviner, en reportant les cotes obtenues dans le couloir sud, l’interruption de la maçonnerie en petit appareil après 7,30 m de longueur environ (pl. 9). Elle semble ensuite relayée par une construction plus grossière en moellons et correspond à une rupture de pente du niveau de circulation actuel du couloir (fig. 28). Quoi qu’il en soit, un sondage partiel des surfaces enduites des couloirs semble indispensable pour une meilleure compréhension de ces espaces.

Les couloirs donnent l’image de corridors développés sous l’ensemble de la construction (pl. 4). Toutefois, si on peut déterminer un projet cohérent

dans les différentes maçonneries qui les constituent sur environ 9 m de longueur, il va de soi que les couvrements actuels en berceaux continus ont été l’objet de reprises. Dans le couloir nord, la présence de l’enduit tardif occulte totalement l’intrados de la voûte. Dans le couloir sud en revanche, on remarque qu’il existe trois sections distinctes.

La première d’entre elle culmine à ± 102,75 m NGF et correspond à la largeur de la pile située à l’entrée (US 6012) (fig. 29). L’indépendance de cet arc très robuste se comprend aisément car, on l’a vu, il s’agit de l’alignement du mur oriental du transept poursuivi par la façade du martyrium. Ainsi a-t-on dû le mettre en place indépendamment de façon à ce qu’il serve d’étrésillon.

La seconde section a probablement été coffrée peu de temps après la première et atteint la même altitude (fig. 30). Elle se développe en berceau continu sur 3,65 m de longueur et présente, à l’ouest, un arc clavé. Elle conserve encore par endroit des traces de badigeon blanc appliqué directement sur le coffrage, recouvert tardivement par un enduit présent dans toute la crypte.

La troisième section d’adapte à l’extrémité de la seconde puis change progressivement de profil en s’adaptant à la fois aux irrégularités du plan et des élévations des murs (fig. 31). Ainsi ne distingue-t-on aucune reprise à la pénétration de l’intrados de la grande baie (US 6086) du mur sud. Son niveau, en revanche, ne semble pas compatible avec le piédroit (US 6028) réaménagé sans doute tardivement dans le mur nord (pl. 6, fig. 32). Constituée de nombreux remplois de tuiles et de blocs minces et allongés en calcaire du