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SAINT-AIGNAN D’ORLEANS LA CRYPTE

4. L’aménagement de la salle centrale

Divisée en trois galeries, la salle centrale de la crypte est rythmée de manière discontinue par deux files de supports. Elle présente un aspect composite souligné par la découverte des colonnes à chapiteaux au sein de maçonneries de renfort.

Colonnes et chapiteaux

L’abside est divisée en six travées de plan irrégulier par quatre supports indépendants et six supports engagés répartis contre les piles de l’hémicycle (pl. 4). Montées en moyen appareil à joints épais et calages de terre cuite, ces maçonneries supportent des arcs doubleaux fourrés et massifs. C’est au sein de deux files centrales qu’on mit au jour, en 1953, une série de six chapiteaux en pierre d’Apremont 236 surmontant des colonnes qui soutenaient les voûtes d’arêtes primitives de la crypte (fig. 53). Outre l’intérêt du vocabulaire décoratif des six œuvres de la salle centrale, leurs caractéristiques techniques

permettent de mieux comprendre la chronologie du chantier. Les colonnes orientales ont en effet été littéralement engagées dans les piles du rond-point, ce qui indique que l’aménagement de l’espace central est intervenu dans une phase postérieure à l’édification de l’hémicycle. Toutefois, la différence de traitement entre ces supports engagés et les demi-colonnes parfaitement maçonnées de la façade du martyrium (fig. 19, 22) n’indique probablement pas un repentir mais plutôt une hésitation, selon un phénomène très fréquent dans les édifices de l’an mil 237.

D’environ 0,40 m de diamètre et espacées de 2,30 m en moyenne, les colonnes primitives sont maçonnées. Deux d’entre elles possèdent un astragale : la première et la troisième de la file nord (fig. 54 : E et A). Dans les autres cas, l’astragale est en effet dans le bloc du chapiteau.

La découverte de 1953 a considérablement enrichi l’importance attribuée au décor de la crypte de Saint-Aignan d’Orléans. La question a tout d’abord été soulevée par le biais de la sculpture, ce qui a conduit à émettre l’hypothèse d’un réaménagement de la salle centrale durant la seconde moitié du XIe siècle 238. Cependant, l’analyse archéologique de la crypte a montré que l’ensemble du corpus sculpté appartenait bien au projet primitif 239. Ainsi les chapiteaux fournissent-ils de précieux indices sur la sculpture des premières années du XIe siècle. Cinq d’entre eux possèdent un décor végétal alors que le sixième est figuré (fig. 53, 54 : E) et qu’il a conservé sa polychromie d’origine. Le déséquilibre de ces données invite, dans un premier temps, à s’interroger sur cette différence évidente. Si le chapiteau présente des traces de peinture, il faut considérer sa sculpture comme achevée.

Les personnages représentés sur les quatre face sont traités en bas-relief (fig. 55) : deux figures nues à l’ouest (fig. 55 : C) et à l’est (fig. 55 : A) et deux habillées, sans doute en position d’orant sur les faces latérales (fig. 55 : B). En revanche, les fauves qui marquent les angles atteignent presque le haut-relief. La corbeille reste visible derrière eux et a été colorée en noir. Le reste du

236

Il s’agit du même matériau que les chapiteaux du martyrium. 237

VERGNOLLE 1996. VERGNOLLE 1998 : 169. VERGNOLLE 2000. 238

LESUEUR 1957 : 190-196. ROUSSEAU 1975 : 465-468. BERLAND 1980 : 172-175. DURLIAT 1994 : 178-180.

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128-travail consiste simplement en quelques rehauts rouges pour les personnages ou les fauves. En somme, ce décor plutôt rudimentaire ne semble pas achevé, comme en témoignent la pauvreté de la palette, la simplicité du traitement ou les oublis du peintre 240.

Les cinq autres chapiteaux de la salle centrale, découverts dans les mêmes conditions et à la même époque que le premier, ne conservent aucune trace de polychromie (fig. 54). On constate également qu’au moins deux d’entre eux présentent des signes évidents d’inachèvement.

Le premier, simplement épannelé, n’a été l’objet d’aucun travail de sculpture (fig. 54 : C). On prévoyait sans doute de lui donner une forme comparable à un chapiteau très travaillé situé immédiatement à l’est. Composé autour de grandes feuilles assez rigides distribuées en quinconce surmontées par un abaque très échancré, ce chapiteau, sculpté avant d’être posé 241, paraît inspiré d’un modèle mérovingien 242 (fig. 54 : A).

Le second, inspiré des chapiteaux gallo-romains corinthiens, a été épannelé puis incisé afin de placer les différents ornements de la corbeille et de l’abaque (fig. 54 : F). Pourtant, on remarque là encore que la sculpture ne fut pas achevée. Outre les feuilles d’acanthe de la corbeille et les volutes qui ne sont dégagées que très sommairement, le traitement de la partie inférieure de l’abaque ne laisse aucun doute : on peut voir d’un côté une pointe gravée afin de souligner le départ des volutes alors qu’à l’opposé, l’épannelage du bloc est encore nettement visible. De même, on observe, sur sa face orientale, une encoche qui a pu servir au levage. Probablement était-il envisagé de constituer une paire avec le chapiteau voisin à l’est 243 (fig. 54 : D) : celui-ci présente en

129, 135-136.

240

La barbe du personnage de la face orientale a été peinte en rouge, à la différence de ses cheveux, probablement oubliés.

241

Cette constatation peut être faite puisque le chapiteau a été inséré dans les maçonneries du rond-point après que celles-ci aient été défoncées. La précision du dessin des feuilles au revers sculpté, la partie circulaire de la corbeille nettement affirmée ou l’échancrure de l’abaque attestent cette inspiration. De même, l’utilisation abondante du trépan, technique plutôt utilisée pour des marbres, ne semble pas se justifier par l’emploi d’une pierre relativement tendre. 242

On peut le comparer à ceux de Selles-sur-Cher ou de Saint-Denis. VERGNOLLE 1985 : 148. On connaît, par photographie, un fragment non localisé qui pourrait être un morceau d’un chapiteau de stuc. L’élément rappelle en effet l’articulation de l’abaque du chapiteau d’inspiration mérovingienne. Malheureusement, on ne connaît ni le matériau employé ni ses dimensions.

243

Ces exemples permettent d’attester un goût fréquent des sculpteurs du début du XIe siècle pour la création de paires de chapiteaux. Des points de comparaison sont d’ailleurs visibles dans la crypte, le déambulatoire et le rond-point de Saint-Philibert de Tournus (consécration

effet une organisation en deux registres d’acanthes surmontées de feuilles plus élancées faisant le lien avec un abaque formé de quatre puissantes volutes très serrées et nettement dégagées du bloc.

Quant au dernier exemple conservé, il montre un épannelage assez massif (fig. 54 : B). La corbeille est assez trapue et couverte par des palmettes traitées en méplat retombant des angles vers le centre de la composition. L’abaque est inarticulé et couvert par un rameau horizontal craché par un protome d’animal 244. S’il n’existe pas véritablement de composition d’ensemble, le répertoire ornemental et son traitement semblent inspirés de manuscrits 245.

Bien que l’hétérogénéité prévale, le style de la sculpture de la crypte de Saint-Aignan d’Orléans n’en est pas moins cohérent et caractéristique des expériences du tout début du XIe siècle. Le sculpteur s’est inspiré de modèles variés et n’a pas mené de véritable réflexion sur l’épannelage des blocs, qui restent dans l’ensemble assez massifs et peu articulés. La sculpture demeure assez rigide et peu vigoureuse. Le choix du vocabulaire ornemental montre un goût prononcé pour des formules déjà anciennes alors que l’apparition de deux chapiteaux figurés – avec celui du martyrium – révèle un caractère très novateur (fig. 18 : B, 55). Le végétal tend à l’illisibilité et glisse vers un décor géométrique, notamment dans les arcatures murales ou sur la façade du martyrium (fig. 18, 39).

La modénature souligne les mêmes tendances. Les bases de colonnes, comme celles des colonnettes de l’arcature murale (fig. 40), présentent un profil commun. Elles sont toutes composées de deux tores et d’une scotie de hauteur à peu près équivalente, ces registres étant séparés par un mince filet. L’homogénéité des profils doit être soulignée car elle indique une survivance tardive des formes carolingiennes 246 qui tend à disparaître. De peu postérieurs

en 1019).

244

Les oreilles pointues et le groin (?) évoquent plus le sanglier ou le porc que des bêtes cornues, comme celle visibles au rez-de-chaussée de la tour-porche de Saint-Benoît-sur-Loire. VERGNOLLE 1985 : 80-83. Toutefois, les représentations dans ce dernier exemple ne sont pas toujours très fidèles. Il semble donc, en l’absence de représentation des antérieurs, difficile de trancher la question.

245

VERGNOLLE 1985 : 150. 246

VERGNOLLE 1985 : 144-145. Le profil régulier de ces bases, où la gorge peu profonde est insérée entre deux tores dont le diamètre est légèrement réduit au niveau supérieur, se retrouve

à Saint-Aignan, la tour-porche de Saint-Benoît-sur-Loire (fig. 56) ou le chevet de la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans (fig. 57, 58) montrent déjà une grande variété d’agencements. Exceptés ceux du martyrium (fig. 18), les tailloirs et les impostes présentent également le caractère commun du cartouche, fréquent dans la première moitié du XIe siècle 247. On l’observe par exemple dans les cryptes de Saint-Mommole à Saint-Benoît-sur-Loire (fig. 59), de Saint-Avit d’Orléans (fig. 7), ou des cathédrales de Chartres (fig. 34), d’Auxerre (fig. 60) et de Nevers (fig. 61). Les deux tailloirs de la façade du martyrium possèdent en revanche des moulurations plus élaborées, avec notamment un petit cordon (fig. 18), comme à Châtel-Censoir, et une partie supérieure ornée de pointes ou de demi-rosaces.

Les chapiteaux de la salle centrale indiquent ainsi une progression précipitée du chantier lors de la mise en place des supports. Sculptés au sol, plusieurs blocs furent en effet posés avant même d’avoir été achevés : la mise en place des chapiteaux était indispensable au voûtement de la crypte 248 et à sa mise hors d’eau 249, avant des périodes peu propices à la construction 250. Elle conditionnait également la poursuite du chantier par l’édification du chevet, où les sculpteurs furent probablement amenés à travailler.

dans des édifices de la même génération, comme Saint-Bénigne de Dijon (consécration en 1018) ou Saint-Philibert de Tournus.

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Des remplois d’imposte ont également été détectés. Ainsi trouve-t-on, dans le couloir nord et dans le soubassement de la chapelle axiale du XVe siècle, deux exemples décorés en damier. Deux autres présentant des dents de scie sont visibles dans le mur occidental de la chapelle du Saint-Sacrement (sacristie occidentale). Enfin, un fragment décoré de rosaces a été photographié pendant les travaux de 1953-1956. Cette pièce n’est malheureusement pas localisée, ce qui empêche d’en connaître la nature exacte (matériau et dimensions).

248

BAYLE 1996. 249

Les chapiteaux de la salle centrale auraient subi, selon J. Bathellier, « une forte usure météorologique, une véritable érosion. Les concrétions de calcaire cristallisé ont été, depuis la taille, mises en fort relief, par dissolution et lessivage de la matière interstitielle et les traces de badigeon recouvrent les dépressions. Il a donc fallu, selon toute apparence, qu’avant leur mise en place actuelle, ces chapiteaux soient exposés à l’action de la pluie, aux morsures du gel, pendant de longues périodes de temps. » BATHELLIER 1955 : 215. Ces informations restent à vérifier.

250

Une période trop humide ne devait pas permettre une bonne prise des mortiers. On peut appuyer cette hypothèse par un exemple contemporain et voisin : celui des cryptes de la cathédrale de Chartres. L’évêque Fulbert (1006-1028), qui fit ouvrir le chantier après l’incendie de 1020, écrivait en septembre 1024 à Guillaume V le Grand, duc d’Aquitaine (995-1030), que ses cryptes étaient achevées et qu’il allait les faire couvrir avant les inclémences de l’hiver. MERLET 1896.

Un repentir rapide

La salle centrale de la crypte montre de façon évidente un repentir rapide du parti architectural (fig. 53). Très tôt semble-t-il les constructeurs revinrent sur leurs ambitions (pl. 13) et durent chemiser les colonnes primitives et leurs chapiteaux. En outre, des arcs doubleaux furent montés sous les voûtes d’arêtes (pl. 14, fig. 33, 36).

Des maçonneries ont ainsi été montées autour des supports centraux mais également contre les piles de l’hémicycle. On remarque cependant que ce renfort ne fut pas systématique mais qu’il a été réparti dans toute la moitié sud-est de l’édifice, dans le déambulatoire : des maçonneries dsud-estinées à supporter des arcs doubleaux sont également visibles dans la travée nord où l’éclairage fut néanmoins maintenu 251 (pl. 10), dans celles encadrant la chapelle axiale (fig. 48), dans la travée sud et jusque dans le collatéral sud où la transformation entraîna la disparition partielle de l’arcature murale (fig. 42). Cette implantation rigoureuse épouse en fait la déclivité du coteau vers la Loire et souligne l’absence de contrebutement naturel de l’édifice à cet endroit 252. L’observation permet de relever quelques petits désordres complémentaires : le tailloir et le sommier du chapiteau polychrome sont fracturés 253 ; le chapiteau qui en fait le pendant au sud n’est pas d’aplomb ; il existe une différence importante de niveau des arcatures murales entre les collatéraux nord et sud (pl. 9) ; l’entrecolonnement important des supports de la salle centrale repose sur des fondations indépendantes, ce qui a pu également affaiblir les structures de la crypte 254 (fig. 62). Enfin, on a relevé deux importantes reprises (Usb 2007, 3012) de maçonnerie sur le parement extérieur du déambulatoire

251

Une ouverture fut en effet ménagée dans le renfort. Elle ne fut condamnée que plus tardivement, probablement dans la seconde moitié du XVe siècle lorsqu’on remblaya l’extérieur de la crypte.

252

La condamnation du déambulatoire et des chapelles rayonnantes vers 1470 a d’ailleurs repris approximativement la même implantation.

253

L’absence de pose de témoin, à la différence des fissures consécutives au dégagement des chapiteaux, incite à croire que cette fracture est ancienne. Elle apparaissait déjà sur les clichés de 1953.

254

Les fondations de certains piliers de la salle centrale de la crypte ont été mises au jour entre 1953 et 1956. Elles paraissent, autant qu’on puisse en juger, indépendantes les unes des autres, ne formant pas de chaînage. Cela semble s’expliquer par leur très faible profondeur et leur ancrage probable dans le substrat naturel. Les pressions exercées sur ce sous-sol, propice au développement de cavités souterraines, a peut-être entraîné un affaissement de la construction.

après la fracture des linteaux des baies (pl. 11, 12). Celles-ci furent alors condamnées (fig. 41, 51).

La mise en œuvre adoptée pour les renforts apparaît, au premier regard, la même que celle des parties primitives de la crypte : il s’agit d’une construction totalement appareillée (fig. 43, 53). On peut cependant relever que les modules des pierres sont légèrement inférieurs à ceux du reste de l’édifice mais on rencontre toujours des calages, notamment de tegulae. Les couvrements présentent également les mêmes caractéristiques avec des arcs régulièrement extradossés constitués de petits claveaux, des voûtes montrant quelques pierres de taille et des fragments de tuiles (fig. 53).

Plusieurs éléments indiquent que le repentir eut lieu très rapidement. On trouve en effet plusieurs remplois d’imposte à cartouche et il n’existe pas de trace d’enduit entre les voûtes primitives du déambulatoire et les arcs doubleaux montés en sous-œuvre (fig. 63). Ces indices doivent impérativement être mis en rapport avec l’état de la sculpture (fig. 54). Ainsi paraît-il probable que les ouvriers ne cherchèrent pas à stuquer les chapiteaux pour les achever ou à les peindre car la décision de renforcer la crypte fut prise très tôt, durant le chantier du chevet ou immédiatement après son achèvement. Faut-il mettre ces travaux en relation avec ceux attribués à la reine Constance († 1032) qui fit refondre, après la mort de Robert le Pieux survenue en 1031, un devant d’autel afin d’améliorer les couvertures et aménager des ouvertures ? 255

La reprise des piles occidentales de la crypte

Une autre anomalie concerne l’aménagement de la salle centrale. Il s’agit de ses deux piles occidentales. On trouve en effet, à l’est de la façade du martyrium, deux piliers carrés isolés construits en moyen appareil de calcaire de Beauce (blanc) avec des joints très minces. Ils reposent sur des bases de même plan et sont couronnés par une imposte en cavet sur lesquels retombent les voûtes d’arêtes de la crypte (fig. 42).

255

Par leur type et surtout leur mise en œuvre, ces supports n’appartiennent pas à la construction primitive mais y sont postérieurs 256. On a généralement considéré qu’ils avaient remplacé quatre colonnes qui auraient poursuivi vers l’ouest l’entrecolonnement de 2,30 m de l’abside. Cependant, les sondages ouverts à l’emplacement des supports n’ont rien révélé.

Certes, les dimensions concordent en plan mais elles indiquent uniquement la régularité d’implantation de l’édifice au XIe siècle. L’hypothèse ne résiste pas, en effet, à l’analyse. Par leur différence de traitement, il s’avère, en premier lieu, impossible de comparer les deux piles quadrangulaires aux renforts de l’abside. L’opération aurait d’ailleurs été contradictoire en chemisant des colonnes probablement trop minces à l’est pour réduire le nombre des supports à l’ouest. En second lieu, l’implantation des piles quadrangulaires très massives qui délimitent les collatéraux montre le même changement de rythme (fig. 42).

Il y a donc tout lieu de croire que les deux piles situées à l’est du martyrium correspondent à une reprise postérieure à la construction. Par leur mise en œuvre et notamment l’emploi d’un calcaire de Beauce blanc, on pourrait les mettre en rapport avec les travaux du XVe siècle qui, on le verra, ont notablement concerné la crypte (pl. 15). La conservation des retombées des voûtes au-dessus des colonnes engagées du martyrium 257 (fig. 19) et celles de l’abside 258 (fig. 53) pourraient également indiquer une reprise en sous-œuvre 259. Toutefois, elles ont été partiellement refaites, ce qui ne permet donc pas d’être catégorique dans l’interprétation. On soulignera surtout que la reprise de ces piles en relation avec la reconstruction de la collégiale a pu être encouragée par la faiblesse des supports primitifs qui avaient échappé au chemisage du XIe siècle. Ainsi les maçons du XVe siècle ont-ils pu juger plus prudent de les remplacer. Quoi qu’il en soit, ils fossilisent très probablement l’emplacement des piliers antérieurs.

256

BANCHEREAU 1922 : 161. LESUEUR 1957 : 188. ROUSSEAU 1975 : 459 et n. 24. BERLAND

1980 : 172. VERGNOLLE 1985 : 142 et n. 434. 257

ARNAUD 2005 : 20-22. 258

C’est en effet par leur conservation, derrière les chemises de maçonnerie, que les colonnes primitives et leurs chapiteaux ont pu être découverts. Pour une vue antérieure à leur mise au jour, voir BATHELLIER 1955 : 206, fig. 25.

259

5. Le transept

Des sondages effectués dans les années 1950 ont révélé des vestiges des bras sud et nord du transept de la collégiale du XIe siècle 260 (pl. 4).

Le premier a été pratiqué sous une arcade brisée dont le cintre dépassait d’environ 1 m au-dessus du niveau de circulation de la salle donnant accès à la crypte 261. En dégageant la structure, on mit au jour l’amorce d’une chapelle orientée et le mur oriental du bras sud du transept (fig. 64). Celui-ci se trouve dans l’alignement de la pile sud (US 6012) située à l’entrée du couloir sud 262 (fig. 25). Son rhabillage correspond vraisemblablement à l’installation d’un escalier en vis lors de la reconstruction de l’église au milieu du XVe siècle (pl. 19). Les maçonneries semblent constituées de moellons réglés recouverts par un enduit beurrant. Les chaînes sont plus soignées et présentent du moyen appareil. Le mur et l’absidiole possèdent tous les deux un ressaut situé respectivement à ± 101,70 m NGF et ± 101,95 m NGF. La chapelle devait également posséder deux contreforts dont un subsiste au nord. Il présente également un ressaut à ± 101,45 m NGF, c’est-à-dire à une altitude équivalente à celle du ressaut du contrefort sud de l’absidiole axiale (fig. 40).

Cette découverte engagea le Dr Lesueur à rechercher des vestiges du transept au nord de la collégiale. Un sondage sous le trottoir au nord de l’église révéla en effet de puissantes maçonneries apparaissant à ± 104,15 m NGF (pl. 4). L’angle nord-est fut mis au jour (fig. 65) : un contrefort saillant de près de 1 m se trouvait dans le prolongement du pignon nord. Celui-ci, de 1,45 m d’épaisseur, était doté d’un vaste portail de 3 m de largeur sans feuillure dans la moitié nord et d’une seconde ouverture de largeur indéterminée dans la moitié sud. Le revers de ce mur présentait un dosseret (fig. 66) face à une colonne maçonnée de 1,35 m de diamètre située à environ 3 m au sud (fig. 67). Sur cet alignement probablement lié à l’ouverture d’une chapelle orientée,

260

LESUEUR 1957 : 197-201. 261

Il s’agit du soubassement de la sacristie orientale de l’église.