• Aucun résultat trouvé

marquent l’emploi du temps de l’enfant

Le droit à lʼéducation et au travail dans les mêmes conditions que les hommes font partie des revendications centrales de la lutte des femmes, depuis la Révo-lution française. Lʼécole se développe durant des siècles en différenciant lʼédu-cation des filles de celle des garçons, en les séparant dans des établissements à part et en les soumettant à des programmes scolaires différenciés. Comme le rappelle N. Mosconi (2008), à la différence de la mise en place des institutions scolaires, analysée par Durkheim, qui se fait chronologiquement en partant du niveau le plus élevé « en ce qui concerne les femmes, au contraire, elles ont conquis leur place dans les institutions scolaires, selon un ordre chronologique inverse. LʼAncien Régime ne les a incluses que dans un enseignement de type primaire, dans les petites écoles ou dans les couvents ; elles nʼont eu accès à lʼenseignement secondaire que vers la fin du XIXe siècle, et à lʼenseignement universitaire quʼau début du XXème siècle » (Mosconi, 2008, p. 177). Notons quʼen France, ce nʼest quʼen 1924 que les programmes scolaires secondaires des filles et des garçons sʼunifient et les filles ne sont plus obligées de se

pré-senter au baccalauréat en candidates libres. Par ailleurs, la mixité scolaire en Suisse Romande nʼa pu sʼorganiser quʼà la fin des années 60. Tout cela laisse imaginer lʼimportante répercussion que ces différences entre filles et garçons exercent dans lʼorganisation et le choix dʼactivités des enfants durant leur temps extrascolaire.

1.3.5 L’évolution du statut de l’enfant et la reconnaissance universelle de ses droits.

Vers la fin du vingtième siècle on assiste à une extension de la reconnaissance des droits de lʼenfant. Celle-ci se fait graduellement et son fil conducteur est le besoin de protéger lʼenfant. La Déclaration de Genève de 1924 constitue le premier document supranational fixant certains accords sur les droits de lʼenfant.

Vient ensuite, en 1959, la Déclaration des droits de lʼenfant des Nations Unies, inspirée de celle de Genève, ainsi que de la Déclaration universelle des droits de lʼhomme qui reconnaît une « dignité inhérente à tous les membres de la fa-mille » (dont les enfants). Elle prend position, au delà de la seule protection de lʼenfant, sur le besoin de celui-ci de se « développer dʼune façon saine et nor-male sur le plan physique, intellectuel, moral, spirituel et social, dans des condi-tions de liberté et de dignité ». Elle fait référence à « lʼépanouissement harmo-nieux de sa personnalité, à son « besoin dʼamour et de compréhension », et à toute une série des conditions lui assurant de grandir « sous la sauvegarde et sous la responsabilité de ses parents et, en tout état de cause, dans une atmo-sphère dʼaffection et de sécurité morale et matérielle ». Il est très intéressant de voir que parmi les dix points de cette Déclaration, un seul, concerne lʼemploi du temps extrascolaire de lʼenfant : « Lʼenfant doit avoir toutes les possibilités de se livrer à des jeux et à des activités récréatives, qui doivent être orientés vers les fins visées par lʼéducation; la société et les pouvoirs publics doivent sʼefforcer de favoriser la jouissance de ce droit. » (1959, Principe 7). Les jeux et les activités récréatives font dorénavant partie des droits de lʼenfant. Lʼorientation de ces ac-tivités doit, par contre, être en lien avec des objectifs éducatifs, laissant entendre une certaine limitation dans le choix de ce type dʼactivité. De même, on constate la volonté dʼun engagement, pour ce type dʼactivité, devant aller au delà de la famille.

Enfin, en 1989, est signée la Convention des droits de lʼenfant de Nations Unies proposant 54 articles, toujours axés sur la protection de lʼenfant, sa santé, son éducation, mais prônant aussi ses droits à la liberté : dʼexpression, de pensée, de conscience, de religion, dʼassociation, de réunion pacifique, ainsi quʼà sa vie privée, celle de sa famille, de son domicile et de sa correspondance. On stipule aussi un droit à lʼaccès à lʼinformation, de même quʼà des matériels le permet-tant. Il est question aussi dʼencourager la diffusion des livres pour enfants.

Quant aux activités extrascolaires de lʼenfant, lʼarticle 31 est intéressant, car il nʼest plus question de réaliser des activités en fonction des objectifs éducatifs, mais juste dʼencourager les loisirs, les jeux ainsi que la participation à la vie cul-turelle et artistique : « 31.1. États parties reconnaissent à l'enfant le droit au re-pos et aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à son âge, et de participer librement à la vie culturelle et artistique.

2. Les États parties respectent et favorisent le droit de l'enfant de participer plei-nement à la vie culturelle et artistique, et encouragent l'organisation à son inten-tion de moyens appropriés de loisirs et d'activités récréatives, artistiques et cul-turelles, dans des conditions d'égalité  ». Retenons aussi lʼapparition du droit « au repos » dans cette rubrique sur le loisir et dont on ne parlait pas dans les déclarations précédentes qui ne se référaient quʼaux interdictions de tra-vailler.

Enfin, gardons à lʼesprit que les droits de lʼenfant, bien quʼils soient votés par la grande majorité des pays membres des Nations Unies, restent surtout comme une déclaration dʼintention pour la conduite des politiques de lʼenfance et de la famille de ces pays, mais leur application réelle est très faible. Concrètement, ce nʼest quʼen Europe que lʼon peut espérer quʼelle puisse, peu à peu, se mettre en pratique. Dans les pays pauvres on assiste encore aujourdʼhui au recrutement des centaines dʼenfants au travail. Cette situation est tellement courante que des organisations dʼenfants travailleurs (OET), revendiquent le droit au travail, à lʼéducation et à la santé et demandent actuellement dʼavoir une participation active dans la prise des décisions, entre autres, à lʼOIT avec un siège et une voix. (Schlemmer, B., 2006). Ceci nous montre que le temps social « extrasco-laire » est bien le produit de la situation économique, sociale et géopolitique qui le caractérise.

1.3.6 L’apparition d’une société

multiculturelle influe aussi le temps