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Tout comme le GDE, SI donne à voir dans ses discours la réconciliation harmonieuse de l’économique et de l’humain.

Une thématique maintes fois affirmée sur la vidéo de Youtube. Comme l’y explique le directeur des opérations « notre vision aujourd’hui est de concilier l’économique et l’humain » 197. Un pari réussi au regard du témoignage de deux salariés dont l’un affirme

« l’importance de la dimension humaine au sein de notre entreprise »198 et l’autre se félicite

192 « Rejoindre SI ». En ligne sur Youtube, consulté le 7 novembre 2008

193 « Rejoindre SI ». En ligne sur Youtube, consulté le 7 novembre 2008

194 « Bilan 2007, perspective 2008 », power point en ligne sur l’Intranet de SI

195 « Bilan 2007, perspective 2008 », power point en ligne sur l’Intranet de SI

196 Site Internet de SI

197 « Rejoindre SI ». En ligne sur Youtube, consulté le 7 novembre 2008

198 « Rejoindre SI ». En ligne sur Youtube, consulté le 7 novembre 2008

d’avoir trouvé « dans les valeurs [SI] réconciliant l’économique et l’humain toutes les conditions réunies pour élaborer et réussir mon projet professionnel » 199.

Mais, là encore, on peut se demander si l’humain n’est pas encore et toujours mis au service de l’économique comme le laisse entendre la rubrique RH de l’Intranet où l’épanouissement personnel et la convivialité ne semblent recherchés que pour améliorer la performance du groupe : « la croissance a repris et notre performance repose pour beaucoup sur votre épanouissement personnel »200.

199 « Rejoindre SI ». En ligne sur Youtube, consulté le 7 novembre 2008

200 Intranet de SI

Si les discours de l’engagement du GDE et les discours de la maisonnée de SI diffèrent dans leur portée (le premier étant à visée interne, le second à prétention universelle), ils sont cependant très similaires dans leur contenu : tous deux s’inspirent largement de la rhétorique autogestionnaire pour donner à voir l’entreprise comme un lieu d’émancipation, de liberté, de réalisation personnelle et de convivialité, débarrassé des conflits hiérarchiques et transcendant la vocation strictement économique qui lui est traditionnellement assignée. Ces discours tendent ainsi à donner une image idyllique de l’entreprise où le salarié n’est plus considéré comme le simple rouage d’une machine taylorienne mais reconnu comme un acteur libre et autonome dans un environnement convivial, consensuel et épanouissant, où l’économique et l’humain sont, plus que conciliables, interdépendants

Ces deux discours semblent ainsi avoir parfaitement assimilé la rhétorique autogestionnaire en prônant :

- un pouvoir partagé responsabilisant l’ensemble des membres de l’organisation, - une information partagée, désormais disponible pour tous,

- un droit d’expression pour tous et la démultiplication des échanges,

- un accès illimité à la connaissance et un partage des savoirs et des compétences, - une culture d’entreprise forte basée sur des valeurs humanistes et/ou conviviales, - des organisations à taille humaine fédérées en réseaux.

Ces deux entreprises nous semblent donc parfaitement s’inscrire dans le « nouvel esprit du capitalisme » décrit par Luc Boltanski et Eve Chiapello (1999).

Mais, au-delà des discours, qu’en est-il de leurs pratiques ? Comment ces principes se traduisent-ils au quotidien dans l’organisation du travail, le management et les relations hiérarchiques ? Tel est l’objet de cette seconde partie qui se basera sur l’analyse des pratiques organisationnelles et communicationnelles d’une entreprise du GDE et d’une agence de SI.

2.3. Les pratiques des nouvelles formes organisationnelles :

Avant de nous lancer dans l’exploration des pratiques de ces deux entreprises, nous allons brièvement les présenter afin de faciliter la compréhension des prochaines parties. Pour une présentation plus détaillée nous renvoyons le lecteur au volume des annexes, et plus particulièrement à l’annexe 1.

SI est une grande SSII (Société de Services en Ingénierie Informatique) spécialisée en conseil, ingénierie et formation en Business Intelligence et E-Business.

Elle se compose de 900 ingénieurs et consultants répartis entre l’antenne parisienne (où siège également la direction) et six agences (une en Suisse, une en Angleterre et quatre en France : l’agence de l’Ouest [Rennes, Nantes], du Sud Ouest [Toulouse, Bordeaux], de PACA [Aix-en-Provence, Nice] et de Rhône Alpes [Lyon, Grenoble, Annecy]). Ces agences fonctionnent telles des Business Units. Comme l’explique le directeur de l’agence de l’Ouest : « en ce qui concerne les agences, nous disposons d’une autonomie quasi-complète, le seul élément réellement supervisé par notre Direction est le compte de résultat ».

Nous allons ici nous intéresser à l’agence de l’Ouest et plus précisément à celle de Rennes, que SI a racheté à une société spécialisée en groupware et travail collaboratif en 2001. Cette agence compte 10 ingénieurs en informatique201 (Damien, Kevin, Bertrand, Léa, Frédéric, Antoine, Alexandre, Marine, Sophie et Benoît) et un directeur d’agence (Philippe). Parmi les ingénieurs, trois ont une mission de « relais » quant au directeur d’agence (fonction plus habituellement connue sous le nom de « chef de projet ») : Damien, Bertrand et Antoine.

Cependant, comme nous le verrons, ces derniers ne tiennent à instaurer aucune différence hiérarchique avec leurs collègues et se fondent complètement dans le paysage de l’équipe technique, réunie au sein d’un open space.

Log est un éditeur de logiciels spécialisés dans le e-learning et la gestion des emplois et des compétences. En parallèle, Log développe également une offre de services assurant la mise en place et le développement des projets de ses entreprises clientes.

Log a été créée en 2001 et compte onze salariés répartis dans trois pôles :

201 Nous avons changés les prénoms pour respecter l’anonymat des personnes

- le pôle technique composé de cinq ingénieurs (Stéphane, Thierry, Guillaume et deux stagiaires : Gilles et Jérôme), de deux chefs de projets (Mathieu et Cyril), le tout chapoté par le directeur technique (Marc). Tous les ingénieurs sont réunis dans un même open space, le directeur technique bénéficie d’un bureau personnel attenant à l’open space.

- Le pôle commercial composé de Annie (commerciale), Olivia (formatrice), Marie-Ange (marketing) et d’un stagiaire : Florent. Cette équipe est encadrée par Didier qui cumule la double casquette de responsable commercial et de dirigeant. Ici encore, tous les membres de cette équipe sont réunis dans un même open space, à l’exception du dirigeant qui bénéficie d’un bureau personnel attenant.

- Le pôle administratif uniquement composé de Rosa (à la fois secrétaire et secrétaire de direction) qui bénéficie d’un bureau personnel et qui est encadrée par le dirigeant.

Le dirigeant de cette entreprise (Didier) est membre du GDE, qu’il a intégré en 1997 et au sein duquel il est très actif. Après avoir été président de l’antenne locale du GDE en Ille et Vilaine de 2001 à 2003, il est devenu membre du bureau national en 2004 où il a d’abord été responsable de la performance totale pendant deux ans, puis du remaniement des formations prodiguées par le GDE à ses membres. Au-delà de ces fonctions, il participe également aux événements organisés par le mouvement :

- les rencontres du réseau, qui ont lieu deux à trois fois pas an. Plusieurs conférences réunissant différents intervenants (consultants, experts, politiques, dirigeants…) sont organisées autour d’un thème donné, suivies d’échanges et de débats

- les réunions liées à la vie du mouvement, comme la journée des élus - le bureau national

- les congrès

2.3.1. La socialisation de l’information, de la

communication et du savoir : une socialisation