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b) Le renouvellement du capitalisme par intégration de la critique autogestionnaire :

1.5. Méthodologie et corpus :

1.5.2. L’analyse des discours :

L’analyse des discours nous permettra d’accéder à la dimension symbolique des organisations que nous étudierons, domaine d’analyse où « se trouverait la spécificité de l’approche communicationnelle » des organisations selon Bernard Floris (1997).

Les discours institutionnels seront ainsi considérés comme des « procédés de fabrication symbolique » (Floris, 1997) qui participent à modeler les formes de pouvoirs et les rapports sociaux au sein des organisations. En effet, comme le soulignent Jean-Claude Soulages et Stéphane Olivesi, 2007): « communiquer ce n’est pas simplement se faire l’émetteur d’un message, c’est surtout instaurer ou tenter d’instaurer une relation dans laquelle chaque partenaire se voit attribuer un rôle, une position, une place ou encore une image de soi ». Il s’agira donc de déterminer « de quelles(s) conception(s) des entreprises et des organisations ils sont porteurs » (Le Moënne, 2006).

Nous chercherons ainsi à éclairer la conception des organisations et des rapports sociaux que cherchent à instaurer les discours institutionnels de nos deux « nouvelles formes organisationnelles » au regard de l’idéal-type des formes organisationnelles autogérées que nous aurons précédemment défini.

Il existe deux types d’analyse de discours :

- L’une « quantitative » (réputée pour être « vraiment scientifique ») où il s’agit

« d’énumérer et de compter les mots ou les catégories de mots utilisés par un émetteur » (Dépelteau, 2000),

- L’autre « qualitative », s’intéressant « moins à la fréquence des thèmes, des mots et des symboles retenus qu’à l’importance d’un thème ou d’un fait donné » (Dépelteau, 2000).

En d’autres termes, « dans l’analyse quantitative, ce qui est important, c’est ce qui apparaît souvent, le nombre de fois est le critère ; alors que dans l’analyse qualitative, la notion d’importance implique la nouveauté, l’intérêt, la valeur d’un thème, ce critère demeurant évidemment subjectif » (Dépelteau, 2000).

C’est la méthode qualitative qui sera ici utilisée. Ainsi, « j’accorderai de l’attention à des faits dont la fréquence d’apparition n’est pas nécessairement élevée, mais qui me semblent révélateurs et pertinents pour corroborer ou réfuter mon hypothèse de recherche ou pour modifier mes conjectures théoriques » (Dépelteau, 2000).

Nous chercherons à repérer au sein des discours entrepreneuriaux et managériaux les grands thèmes autogestionnaires (que nous définirons plus précisément au premier chapitre au travers d’un idéal-type) et la manière dont ils sont traités, à savoir :

- La socialisation du pouvoir - La socialisation de l’information - La socialisation de la communication - La socialisation des savoirs

- La socialisation des valeurs

- La relation à l’environnement et la constitution de réseau

Cette partie s’inspirera des travaux de Nicole d’Almeida (2001) visant à traquer le symbolique dans l’univers perçu comme strictement matériel du monde économique, « le non-économique de l’non-économique », pour « mieux cerner et comprendre par contraste les caractéristiques et les présupposés du fonctionnement économique » actuel.

Cet auteur distingue ainsi deux types de récits en entreprises :

- « les récits de la maisonnée », récits particuliers d’entreprises particulières : « ces récits dressent les contours d’une identité particulière, ils sont destinés à un public principalement interne qu’ils ont pour mission de souder, et mettent en scène une communauté imaginée ». Tel est le type de récit que nous étudierons au travers des discours tenus par SI sur son site Internet et Intranet ainsi que sur des vidéos mises en ligne sur Internet pour ses campagnes de recrutement.

- « les récits de l’engagement », récits universels d’entreprises particulières qui

« mettent en scène des valeurs universelles renvoyant à une identité universelle, à l’humanité et au bien commun ». Le récit que nous étudierons dans ce travail ne sera cependant pas celui d’une entreprise particulière mais d’un groupement de dirigeants d’entreprise, auquel appartient Log et que nous nommerons GDE, dont nous analyserons les multiples ouvrages, rapports et revues. Le GDE est un mouvement patronal Xxxxxxxxxx xxxxxxxxxxxxxx xxxxxxxx xxx xxxx xxxxxxxxxxxxxx xxxxxxxxxxx désireux de promouvoir une autre image de l’entreprise consistant à

« mettre l’économie au service de l’homme ». On perçoit d’emblée l’ambition humaniste et universelle de ce récit. On perçoit d’emblée l’ambition humaniste et universelle de ce récit.

C’est sur ce dernier type de récit que nous porterons plus particulièrement notre attention.

Tout d’abord parce que ces productions écrites sont plus nombreuses que les discours de la maisonnée de SI. Ensuite, parce que c’est ce type de récit à vocation humaniste et universelle qui semble le plus puiser au cœur de la rhétorique autogestionnaire dans une perspective très proche de celle du « nouvel esprit du capitalisme » analysé par Luc Boltanski et Eve Chiapello (1999).

Mais, comme nous l’avons précédemment évoqué, si ce travail sur les discours est un préalable utile et nécessaire, il nous paraît cependant insuffisant et il nous semble indispensable de le compléter par une analyse fine des pratiques qui leur sont liées.

En effet, comme le souligne Stéphane Olivesi (2004 ; 2007) concernant l’analyse des discours stratégiques, « en autonomisant le discours de ses conditions de production et de réception », on risque de laisser « échapper le sens même du discours qui relève d’une singularité événementielle, cristallisation de relations de pouvoirs dans une conjoncture donnée »,

« travailler sur le corpus conduit à spéculer sur des abstractions dès lors que le discours est coupé du contexte dont il tire sa signification ». Il est donc nécessaire en complément de procéder à « l’objectivation de rapports de force et des structures sociales qui, seule, garantit de saisir la signification du discours » (Olivesi, 2004).

Nous analyserons donc ensuite les pratiques organisationnelles d’une agence de SI ainsi que d’une entreprise du GDE (Log).

Nous utiliserons la même méthode pour investir les formes organisationnelles autogérées au travers des exemples de Coopcom et Imprim’coop, en nous intéressant dans un premier temps à leurs discours puis à leurs pratiques.