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§ 1 L’importance du métier de capital risque

B- Le marché régional du capital risque

Le capital risque dans les pays arabes n’est pas encore suffisamment développé. Les gouvernements arabes dépensent autour de 0.2% de leurs PIB sur la recherche et le développement.

Pourtant, quelques pays arabes sont susceptibles de développer ce métier.

La sélection de l’Egypte, du Maroc, du Bahreïn et des Emirats Arabes pour la diversification géographique du groupe, invite à étudier l’utilisation du capital risque dans ces pays telle qu’elle est faite aujourd’hui.

B-1 : Le capital Risque en Egypte

Le domaine du capital risque est reconnu par la loi sur le marché des capitaux : Loi 95/92 et son règlement exécutoire. Le domaine du capital risque a été défini comme étant une activité de financement des sociétés à risques élevés et souffrant de difficultés de financement. Le financement en capital risque peut être accompagné par différents supports y compris la fourniture des services techniques et de gestion. Il inclut aussi la participation dans des projets et des entreprises dont le but est de les transformer en des sociétés émettrices de titres. Cette définition se rapporte à la longue durée des investissements dans la définition du capital risque.

Le système légal égyptien a reconnu le capital risque actif et lui a accordé les protections et les privilèges de la loi de l’investissement numéro 8 de 2004.

L’application directe de la définition du métier de capital risque n’est pratiquée que par un nombre limité d’acteurs. Seulement 14 sociétés ont la licence de capital risque.

Ces sociétés ne sont pas toutes des sociétés de capital risques spécialisées, mais elles sont autorisées à recourir au capital risque de même qu’à d’autres activités de capital investissement, mais sans nécessairement faire appel au capital risque. Les autres activités qui sont généralement autorisées en Egypte avec le capital risque actif sont :

1. La constitution et la souscription dans les capitaux de sociétés

2. La promotion des émissions de titres et la couverture de souscription 3. La gestion des fonds

Parmi 14 sociétés autorisées à exercer l’activité étudiée, seulement trois sociétés se sont spécialisées dans le domaine de capital risque actif comme défini par la loi, sans chercher à ajouter d’autres métiers dans leurs autorisations.

Ce mélange de spécialités avec le manque de professionnels dans le marché de professionnels de capital investissement explique les raisons de la faible proportion des sociétés de gestion de capital risque dans le pays.

Il faut aussi noter que la deuxième activité (la constitution et la souscription dans les capitaux de sociétés) est une activité d’investissement direct connu par Private Equity mais qui est souvent moins actif dans l’assistance aux sociétés et se limite à des suivis consécutifs sur des durées étalées ou non.

Il faut noter qu’il y a parmi ces sociétés, des investisseurs en capital investissements égyptiens et arabes, ce qui démontre l’intérêt des professionnels du métier et de leurs clients arabes pour investir en Egypte.

El Koweït Holding Co est l’une de ces sociétés holding arabes très actives en Egypte.

C’est une société de « Private Equity » avec une activité de capital risque limitée dans le domaine de la technologie. Elle est cotée à la bourse des valeurs égyptiennes.

La société a réalisé des résultats impressionnants entre 1998 et 2003. Elle a pu distribuer en 2003 des dividendes s’élevant à 15% du capital payé. Son profit net est passé de 5 millions dollars à 23 millions dollars dans la même période et son bilan a clôturé en fin 2003 avec des actifs totaux de 144 millions dollars à 282 millions331 dollars.

Cette société qui n’est pas dotée de la forme de gestion d’actif, gère son propre portefeuille d’investissements, ce qui n’est pas le cas dans ce que nous proposerons.

Il existe aussi en Egypte d’autres fonds et activités d’investissement direct et de capital risque mais qui ne bénéficient pas d’une autorisation directe de l’autorité de marché de capitaux, mais l’appliquent sous d’autres formes comme les activités de participations directes ou la gestion des fonds d’investissements directs comme la Banque Européenne de l’Investissement (BEI).

Bien que le législateur égyptien ait accordé ces privilèges et protections aux sociétés de capital risque, cette activité ne rencontre pas le succès attendu332

malgré les recommandations de la CNUCED depuis 1999333.

Nous expliquons ce retard par les raisons suivantes :

• L’absence de professionnels de capital risque comme décrit dans cette recherche. Ceci peut être réglé par l’importation du savoir faire à travers les accords de coopération avec des firmes anglo-saxonnes qui sont reconnues par leur approche active plutôt que passive.

• L’absence d’un environnement libéral qui permet la naissance d’une génération d’entrepreneurs égyptiens capable de penser, développer des petites et moyennes entreprises.

• Le niveau d’éducation scolaire et universitaire produit de la main d’œuvre titulaire de diplômes universitaires mais qui ne sont pas bien formés, ( nous le remarquons lors des entretiens d’embauche).

B-2 : Le Capital risque au Maroc

Au Maroc, l’activité est plus développée qu’en Egypte. Elle a connu deux phases d’évolution. La première entre les années 1993 et 1999 avec une croissance timide due à l’environnement économique protégé. Depuis les années 1999 jusqu’à 2003,

332 La dernière société de capital risque a été enregistrée en 2000,

http://www.cma.gov.eg/ar/companies_participants_list.asp?type=3

333 Investment Policy review Egypt, UNCTAD, United Nations Publications, 1999 page 100, http://www.unctad.org/Templates/Webflyer.asp?docid=155&lang=1&intItemID=2814

les sociétés de capital risque marocaines ont bénéficié de la libération économique et on connu une croissance importante apportant leurs investissements dans cette même période à un montant équivalent à 70 Mio334 dollars.

En termes de fonds dédiés aux financements des investissements, le Maroc connaît de nombreux schémas. Le FOMAN est un fond de financement de développement, qui n’accepte que des sociétés âgées d’au moins de trois ans. Ce fond, comme d’autres au Maroc permet aux investisseurs d’avoir des prêts et limite les participations en capital à 20% du fond, ce qui ne correspond pas au système financier islamique. D’autres fonds financent par prise de participation dans les sociétés. Quinze fonds sont enregistrés sous cette catégorie au Maroc. Ces fonds sont destinés au capital développement des PME-PMI en fonds propres ou quasi fonds propres. Ces PME / PMI sont généralement non cotées en bourse, en création ou en développement. Beaucoup de fonds marocains excluent quelques secteurs de leurs champs de financement comme par exemple le négoce et l’immobilier335.

D’autres fonds limitent leurs champs d’intervention sur des secteurs définis comme les entreprises œuvrant dans l'industrie, les services liés à l'industrie et la grande distribution336 ou à la technologie337.

Le fond du capital risque de la Banque Européenne de l’Investissement BEI exclut de ses domaines d’investissements les activités de tabac, de promotion immobilière, de culture sous serre et les activités polluantes338.

Les participants dans ces fonds sont souvent des banques commerciales, des sociétés d’assurance et des investisseurs des pays du Golfe, ce qui montre que les investisseurs arabes ont envie d’investir à l’autre bout du monde arabe.

334 La nouvelle tribune ( 12/01/04 ) : "Le Capital investissement ne peut démarrer en allant vers les segments les

plus risqués", entretient avec M. Mehdi TAHIRI, Secrétaire Général de l'association Marocaines des Investisseurs en Capital, l'AMIC,

335 SPP-Moussahama, Crédit Capital du Maroc, Maroc Invest, Bak El AMal, Crédit IZDIHAR, op.cit page 5, 8,

12, 13 et 14

336 Accès Capital Atlantique, op.cit, page 6

337CFG GROUP” CASA FINANCES GROUP, UPLINE IT MANAGEMENT, op.cit, page 11

B-3 : Le capital risque islamique dans le golfe

Dans ce paragraphe, nous nous focaliserons sur l’activité du fonds INJAZT, qui est parmi les premiers fonds de capital risque islamique dans la région du Gulf arab.

Le fond INJAZT différencie le capital risque islamique et le capital risque non islamique en montrant que ce sont les mêmes pratiques mais qui différent au niveau du style et des instruments financiers utilisés, considérés comme plus justes ,(Pas de rendements fixes, pas de prix fixes de sorties, et pas de durées fixes de sorties) qui incitent et aident le remboursement des dettes conventionnelles. Ceci est aussi vrai du point de vue de l’approche sectorielle et environnementale puisque la conception islamique du capital risque ne finance ni des activités qui ruinent la santé et l’environnement, ni des activités qui entachent la réputation de l’Islam ou de la région339.

D’autres sont allés jusqu’à qualifier le partenariat dans le financement islamique comme étant la meilleure façon pour le financement des PMEs dans la région340.

D’après Islamic Financede 341, le fond INJAZAT, un fond de capital risque

islamique de 50 millions dollars a investi 5 millions dollars dans Ejada, la nouvelle société de technologie « Integrated IT business solutions and services company ». En 2005, Bahreïn Monetary Agency a autorisé la Venture Capital Bank VCB en Mai 2005. Le président du comité d’incorporation de la VCB. , Dr. Ghassan Al Sulaiman, a souligné que la libéralisation à laquelle assiste la région, accompagnées par la croissance des prix de pétrole booste la croissance

339 NJAZAT Tecnology Fund, World Islamic Fund Conference 2005,

340Badr-El-Din A. Ibrahim, Economic Expert, Ministry of Finance, Muscat, 341

économique de la région, ce qui offre en ce moment une opportunité d’investissement unique dans le domaine du capital risque dans la région342,

Les sociétés de capital risque devraient respecter les nouvelles normes de Bale II, où les sociétés de capital risque seront obligées soit d’augmenter leurs capitaux sociaux, soit de sortir de quelques participations qu’elles détiennent dans des sociétés commerciales343.