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E La méthodologie islamique et le taux de pauvreté dans la région arabe

La justice sociale est un pilier de la méthodologie de développement socioéconomique37.

La Zakat, ou Le Droit des Pauvres, institutionnalise la justice sociale en Islam. Elle est exigible sur les avoirs et les rendements des musulmans capables. Ces derniers sont obligés de la payer même si l’Etat dans lequel ils vivent ne l’impose pas comme un impôt étatique.

L’imposition de la Zakat sur les actifs productifs et leurs rendements incite aussi les propriétaires à exploiter leurs avoirs commerciaux pour qu’ils ne soient pas amortis par cet impôt. Dans ce contexte, le Prophète a demandé aux musulmans de ne pas laisser leurs avoirs sans exploitation pour qu’ils ne soient pas amortis par la Zakat.

Bien qu’elle ne soit pas le remède miracle au sous-développement38, elle participe

avec d’autres moyens islamiques comme les charités, les investissements non lucratifs (le Wakf) dans la réduction de la pauvreté dans les pays arabes39.

Les bénéficiaires qui reçoivent la Zakat la consommeront ou l’utiliseront pour acheter leurs besoins essentiels de vie comme des dépenses en santé, vêtements, éducation, etc.

L’originalité de la Zakat, explique O. El Kettani40, est qu’elle est moralement un

moyen de purification des actifs productifs, socialement un outil de redistribution

37 Le mot « justice » (et ses dérivés) est le troisième mot répété dans le Coran après le mot « Allah » et

« connaissance » M. Kahf, A. Ahmed et S. Homud, Islamic Banking and development: an alternative banking concept, Islamic Research and Training Institute, Islamic Development Bank, Jeddah, 1998, page 5,

http://monzer.kahf.com/papers/english/Isbnk_and_dev_alternative_banking_concept.pdf

38 Omar El Kettani, L’impact de la Zakat sur le développement, papier présenté au séminaire « La Zakat et le

Wakf : Aspects historiques, juirdiques, institutionnels et économiques », de la Banque Islamique de Développement et l’l’Insititut Islamique de Recherches et de Formation, Benin, 1997, page 183+ URL www.irtipms. o rg/ O penSave.asp?pub=109.pdf

39 Monzer Kahf a développé une série de littérature sur le rôle du Wakf dans le processus du développement,

consultable sur son site : http://monzer.kahf.com/

du PNB au bénéfice des pauvres et nécessiteux, et enfin économiquement une réinjection du surplus social dans le circuit économique.

On sait que 22% des arabes (62 millions de personnes) ont un revenu quotidien inférieur à 1 USD et 52% des arabes ont des revenus quotidiens variant entre 2 et 5 USD. Le pourcentage des pauvres varie entre les citoyens des pays de la région allant de 57% en Mauritanie, 27% au Yémen, 23% en Egypte, 19% au Maroc, 12% en Jordanie, 6% en Tunisie et moins de 1% en Arabie Saoudite, Koweït, Emirats, Qatar, Bahreïn et Oman41.

Pourtant, la région a fait un progrès dans la réduction de la pauvreté entre les années 1970-2000, surtout grâce à des transferts d’expatriés arabes42. La pauvreté

dans le monde arabe est principalement combattue par la population elle-même par deux activités caritatives imposées par la religion et non par les systèmes juridiques, « Sadaka » et « Zakat ». La première est une donation dont le montant n'est pas fixé, et la deuxième représente l'impôt dans le droit islamique. Dans tous les pays de la région, la majorité des familles et des ménages redistribuent leurs revenus aux pauvres de leur entourage (membres de familles, voisins, etc.….). L'autre moyen de faire des dons consiste à passer par des organisations gouvernementales ou directement par des œuvres de charités (hôpitaux, orphelinats, etc.…). Grâce à ces deux systèmes, le niveau réel de pauvreté enregistré dans la région arabe et islamique est très inférieur à celui des pays jouissant d'un PIB par habitant43 semblable.

On a ainsi présumé que le niveau d’égalité est l’un des plus développés parmi toutes les régions du monde ; c'est-à-dire que la population pauvre des pays arabes

41 Arab Monetary Fund, Arab Joint Economic Report 2001, chapter 2, op. cit, page 32

42 John Page and Linda van Gelder, Globalization, growth and poverty reduction in the Middle East and North

Africa, 1970-1999, page 19, http://www.worldbank.org/wbi/mdf/mdf4/papers/page-vangelder.pdf

43 Xavier Sala-i-Martin & Elsa Artadi, Economic Growth and Investment in the Arab World, Arab World

Competitiveness Report 2002-2003, page 24,

reçoit une partie des revenus des riches de la région, qui est plus élevée que celle reçue par les pauvres dans d’autres régions44.

Bien que la pauvreté soit partiellement réduite par la charité et les droits des pauvres payés par les contribuables dans les pays arabes, la meilleure façon de réduire la pauvreté reste la création d’emplois.

En ce qui concerne l’action proposée par ce travail, elle ne cible pas les fonds collectés par la Zakat auprès des contribuables de la région. Au contraire, elle doit fournir une classe d’actifs capables de générer des rendements qui seront assujettis à la Zakat.

La souscription publique des citoyens arabes dans cette action peut être favorable. En mobilisant les capitaux des épargnants, elle augmente le nombre d’assiettes, ce qui augmente les montants et les bénéfices donnés aux gens méritants.

La Zakat pourra ainsi aider à la nouvelle entreprise à assumer sa responsabilité sociale. Pourtant, la RS de la nouvelle entreprise n’est pas limitée au paiement de la Zakat ou à sa collecte à ses actionnaires, mais la dépasse sur d’autres plans, surtout la création d’emplois, comme le montre le premier chapitre de la deuxième partie de ce travail

Le développement dans l’économie islamique, sujet du premier paragraphe, est limité par des interdictions qui ont des relations avec le développement durable comme le montre le paragraphe suivant.