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Les approches internationales et les relations sino françaises d’une guerre à l’autre concernant le

1.1 Mao décida d’intervenir aux affaires vietnamiennes

Pour les Chinois, l’année 1840 fut le commencement du malheur. L’ancien empire devint une société semi-coloniale à cause des interventions des pays occidentaux. Pendant les guerres entre la Chine et les pays étrangers, la Chine fut toujours vaincue entre 1840 et 1937. En 1895, elle fut même vaincue par le Japon qui était considère comme « un pays petit et faible » dans l’idéologie (la culture) chinoise. La Chine perdit donc sa position du « Céleste-Empire » (Tian Chao)1 et sa « grandeur ». Les pays occidentaux avaient un

double effet en Chine : l’un destructeur, l’autre régénérateur. D’une part, la culture occidentale annihilait graduellement la société traditionnelle chinoise. D’une autre part, les intellectuels chinois acceptaient de faire référence au modèle occidental pour trouver une

1 C’est une référence à la cour impériale chinoise par les délégués chinois ou par les « barbares » qui ont

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façon (un choix entre la réforme politique et la révolution) d’inverser la situation et sortir la Chine de la faiblesse et la pauvreté1. Le Parti Communiste Chinois (PCC), établi en

1921, améliorait la théorie de Léniniste pour l’adapter à la situation de la Chine. Grace à la réussite de la réforme agraire dans « la région libérée » et la corruption du Kuo-Min-Tang (KMT), le PCC obtint le soutien des masses populaires.

En 1949, après la guerre civile (ou la guerre de libération 1946-1949), le PCC qui avait accède au pouvoir commença à réfléchir sur la transformation de la société chinoise et le rétablissement de la grandeur de la Chine. Mao Zedong, en tant que chef du parti, ne pensait pas que l’établissement d’un régime communiste était la fin de la révolution. Dans son message de félicitations de Nouvel An de 1949, le président Mao avait confirmé qu’il fallait mener la révolution jusqu’au bout. Autrement dit, il espérait lancer une révolution plus approfondie pour transformer le monde subjectif et le monde objectif en Chine après avoir vaincu le KMT afin de rétablir « la grandeur » de la Chine qui avait été détruite depuis 18402 . C’était une mission primordiale du PCC. Le 21 septembre 1949, Mao Zedong

déclara dans la première session de la Conférence consultative politique du peuple chinois que le peuple chinois s’était levé en 1949 et que la Chine deviendrait une grande puissance mondiale3. Ensuite, la République de la Chine populaire (RPC) fut proclamée le 1er octobre

1949. Un nouveau chapitre de l’histoire chinoise commença alors.

D’après la théorie Marxiste et Léniniste, le capitalisme et la bourgeoisie étaient les ennemis pour le PCC. L’anti-impérialisme et l’anticolonialisme étaient un objectif majeur

1 Sous la direction de Central Compilation & Translation Bureau, Ma Ke Si En Ge Si Lun Zhong Guo (Les

articles de K.Marx et F.Engels concernés le problème de la Chine), Pékin : People’s Publishing House, 1997, pp.2-143.

2 Xin Nian Xian Ci (Message de félicitations de Nouvel An), Ren Min Ri Bao (Le Quotidien du Peuple), le

1er janvier 1949.

3 La déclaration du président Mao dans la Conférence consultative politique du peuple chinois, le 21

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des affaires étrangères du gouvernement chinois. Les dirigeants du PCC pensaient que le modèle révolutionnaire chinois était un bon choix pour les autres pays qui voudraient lutter pour l’indépendance nationale. Ils voulaient donc que les peuples opprimés se liguèrent contre leur ennemi commun : l’impérialisme et le colonialisme. Le 9 octobre, le Bureau d’information des partis communistes et ouvriers commenta que la réussite de la révolution chinoise était un jalon historique et influencerait le destin des peuples orientaux. « Les peuples des colonies sont inspirés par la victoire de la révolution et la Chine populaire leur est un appui puissant »1. Le PCC fut très satisfait de cette déclaration. Le 16 novembre, Liu

Shaoqi, vice-président du gouvernement central de RPC, indiqua, dans la cérémonie d’ouverture d’une conférence de la Fédération syndicale mondiale, que s’emparer du pouvoir par la force avait conduit à la victoire de la révolution des chinois et était une technique mise au point par le président Mao. « Les peuples des colonies et semi-colonies doivent utiliser cette technique afin d’obtenir leur indépendance et leur libération. C’est leur destin !...Cette conférence stimulera le mouvement de libération nationale » confirma Liu2. Son discours eut une grande réaction dans toute la salle et beaucoup de

délégations, même la délégation de l’URSS, se sont opposées au point de vue de Liu. Cependant, Staline soutint rapidement le discours et demanda à la délégation de l’URSS de transmettre l’approbation du gouvernement soviétique concernant le discours de Liu Shaoqi. Le Pravda publia le texte intégral du discours pour afficher la position soviétique3.

1 Zhong Guo Ge Ming De Sheng Li Ying Xiang Dong Xi Fang Ren Min De Ming Yun (La victoire de la

Révolution de la Chine influence le destin des peuples occidentaux et orientaux), le Quotidien du Peuple, le 9 octobre, 1949.

2 Liu Shaoqi Zai Ya Zhou Ao Zhou Gong Hui Hui Yi Shang De Kai Mu Ci (Allocution d’ouverture de Liu

Shaoqi pour la conférence de la Fédération syndicale mondiale de l’Asie et l’Australie), Le Quotidien du

Peuple, le 22 novembre 1949 ; CCCPC Party Literature Research Office, Liu Shaoqi Nian Pu (La

chronique de Liu Shaoqi), 1946-1969, volume II, Pékin : Central Party Literature Press, 1996, p.232.

3 Shen Zhihua, Mao Zedong and the Eastern Information Bureau: The Transfer of Leadership in Asian

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Mao Zedong souhaitait également fonder un bureau d’information des partis communistes asiatiques afin que la Chine puisse diriger des mouvements communistes en Asie. En fait, le président Mao voulait transformer la RPC en un « grand quartier général » de la révolution en Aise pour rétablir la « grandeur » de la Chine par l’aide qu’elle apportait à des mouvements révolutionnaires. Staline rejetait le projet du président Mao depuis 1948, parce que Staline ne faisait pas confiance au président Mao et il pensait que Mao Zedong deviendrait le « Tito de l’Asie ». Cependant, le 27 juillet 1949, Staline indiqua à la délégation chinoise à Moscou que dans les mouvements internationaux de révolution, il devait y avoir une division du travail et une coordination des efforts et que le PCC, en tant que parti mûr, devait donc supporter la responsabilité internationaliste. Il confirma que le centre de la révolution était l’Asie après 1945 et que le PCC devait donc accomplir son devoir d’aide aux révolutions asiatiques, et maintenir les contacts avec les pays d’Asie du Sud-est1. D’une part, il semble que Staline ait laissé la Chine diriger des mouvements de

révolution en Asie. D’une autre part, il semble que Staline ne se soit pas intéressé aux affaires révolutionnaires en Asie, les affaires coréennes mises à part. En conséquence, le président Mao devint le leader de la révolution asiatique.

Dans cette circonstance, concernant le problème de l’Indochine, en fait, lors que deux représentants du Vietminh à Pékin demandèrent l’aide chinoise, les dirigeants chinois étaient prudents et rendirent compte de ce problème au président Mao le 24 décembre 1949, qui était à Moscou pour une négociation avec Staline sur un nouvel traité d’amitié et d’alliance entre la Chine et l’Union Soviétique2. Mao Zedong était plein d’enthousiasme

pour l’aide chinois au Vietminh. Il demanda à Liu Shaoqi d’envoyer un télégramme au

1 Ibid..

2 Télégramme envoyé par Liu Shaoqi à Mao Zedong, le 24 décembre, 1949, Liu Shaoqi, Jian Guo Yi Lai Liu

Shaoqi Wen Gao (Des manuscrits de Liu Shaoqi après l’établissement de la RPC), volume I, Pékin : Central

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Vietminh pour inviter une délégation vietnamienne à venir rapidement à Pékin1, mais aucun

dirigeant chinois ne savait que le chef de la délégation était Ho Chi Minh à cause de la mauvaise communication ! Lorsque Ho Chi Minh commença sa « Longue Marche » vers Pékin, le 15 janvier 1950, le gouvernement de la République démocratique du Vietnam (RDV) déclara qu’il espérait établir des relations avec la RPC2 . Depuis Moscou, le

président Mao donna rapidement des instructions à Liu Shaoqi pour accepter la proposition de la RDV. Le 18 janvier 1950, la Chine populaire devint le premier pays qui reconnait la RDV, ce qui symbolise le commencement de l’intervention chinoise au problème d’Indochine3.

Le ministère des Affaires étrangères chinois fut chargé de remettre une déclaration de la RDV, proposée par le Comité central du PCC, au gouvernement soviétique afin d’établir les relations diplomatiques avec l’URSS et les autres pays du Bloc socialiste4. Le 1er février

1950, Mao Zedong et Zhou Enlai (Ministre des Affaires étrangères chinois 1949-1958) envoyèrent un télégramme à Ho Chi Minh qui arriva à Pékin le 30 janvier, pour l’informer que l’URSS avait reconnu la RDV et que les autres pays du Bloc socialiste la reconnaitraient également5. Le PCC faisait de son mieux pour intégrer la RDV dans le

camp socialiste. En revanche, Staline ne voulait pas recevoir Ho Chi Minh lorsque le Vietminh demanda de l’aide soviétique en janvier 1950. Staline proposa que l’Ambassade

1 Télégramme envoyé par Liu Shaoqi au Vietminh, le 24 décembre, 1949, Liu Shaoqi, Jian Guo Yi Lai Liu

Shaoqi Wen Gao, volume I, op.cit., p.229.

2 Des contacts par des télégrammes entre Zhou Enlai et le ministre des affaires étrangères de RDVN, CCCPC

Party Literature Research Office, Zhong Gong Zhong Yang Wen Jian Xuan Ji (Le recueil des documents du Comité central du PCC), volume II, Pékin : People's Publishing House, 2013, pp.62-63.

3 Ibid..

4 Télégramme envoyé par le Comité central du PCC au Vietminh, Zhong Gong Zhong Yang Wen Jian Xuan

Ji, volume 2, op.cit., pp.34-35 ; CCCPC Party Literature Research Office, Mao Zedong Nian Pu (La

chronique de Mao Zedong), 1949-1976, volume II, Pékin : Central Party Literature Press, 2013, p.79.

5 Télégramme envoyé par Mao Zedong et Chou Enlai à Liu Shaoqi, le 1er février 1950, Mao Zedong, Jian

Guo Yi lai Mao Zedong Wen Gao (Des manuscrits de Mao Zedong après l’établissement de la RPC), volume

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de Chine populaire en Union soviétique représentait tous les intérêts de la RDV1. Mao

persuada finalement Staline d’inviter Ho Chi Minh à visiter Moscou pour discuter ensemble du problème de l’Indochine2. Grace aux efforts du président Mao, Ho Chi Minh

prit finalement l’avion du gouvernement soviétique pour venir à Moscou le 6 février 19503.

A la suite de la signature du Pacte sino-soviétique, le 16 février 1950, Staline offrit un grand banquet à la délégation de la Chine populaire. Pendant le banquet, Staline loua hautement Ho Chi Minh pour son intelligence et son sens de l’humour, mais il répondit à Ho Chi Minh en termes ambigus concernant une assistance soviétique au Vietminh et refusa poliment de signer un pacte soviétique-vietnamien proposé par Ho Chi Minh4. Selon le président Mao,

cependant, Staline refusa d’aider le Vietminh et d’envoyer des conseillers soviétiques au Vietnam5 . Il semble que la Chine et l’Union Soviétique précisèrent ensemble leurs

politiques sur le problème de l’Indochine pendant la visite du président Mao à Moscou. Le PCC serait responsable de l’assistance matérielle et enverrait des conseillers chinois au Vietnam. L’Union soviétique soutiendrait les actions chinoises et le moral du Vietminh6.

Luo Guibo, chef de la délégation chinoise au Vietnam, député par le Comité central du PCC le 26 février 19507, indiqua au président Mao qu’à la suite des discussions avec Ho

Chi Minh et Vo Nguyen Giap, il pensait qu’il fallait déclencher une bataille dans la région

1 Shen Zhihua: Mao Zedong and the Eastern Information Bureau: The Transfer of Leadership in Asian

Revolution, Journal of East China Normal University(Philosophy and Social Sciences), 2011, No.6.

2 Zhong Guo Jun Shi Gu Wen Tuan Yuan Yue Kang Fa Shi Lu Bian Ji Zu, Zhong Guo Jun Shi Gu Wen Tuan

Yuan Yue Kang Fa Shi Lu, (Les mémoires des conseillers militaires de la Chine pendant la guerre

d’Indochine), Pékin : Zhong Gong Dan Shi Publishing House, 2002, p.191.

3 Télégramme envoyé par Mao Zedong à Liu Shaoqi, le 3 février 1950, Liu Shaoqi, Jian Guo Yi Lai Liu

Shaoqi Wen Gao, volume I, op.cit., p.426.

4 Wu Xiuquan, Zai Wai Jiao Bu Ba Nian De Gong Zuo Jing Li (Mon travail dans le Ministère des Affaires

étrangères de la Chine 1.1950-10.1958), Pékin : World Affaires Press, 1983, p.13 ; Zhong Guo Jun Shi Gu Wen Tuan Yuan Yue Kang Fa Shi Lu Bian Ji Zu, Zhong Guo Jun Shi Gu Wen Tuan Yuan Yue Kang Fa

Shi Lu, op.cit., p.25.

5 Zhong Guo Jun Shi Gu Wen Tuan Yuan Yue Kang Fa Shi Lu Bian Ji Zu, Zhong Guo Jun Shi Gu Wen Tuan

Yuan Yue Kang Fa Shi Lu, op.cit., p.191.

6 Ibid., p.24.

7 Télégramme envoyé par le Comité central du PCC au Vietminh, le 25 décembre, Zhong Gong Zhong Yang

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de Cao Bang et Lao Cai pour anéantir les armes françaises près de la frontière sino- vietnamienne, afin de transporter les ravitaillements en vivres et en munitions au Vietnam. Luo pensait qu’il devait donc envoyer certains cadres de division, de régiment et de bataillon de l’Armée populaire de Libération au Vietnam en tant que conseillers militaires. Les dirigeants chinois décidèrent de dépenser sans compter pour satisfaire la demande du Vietminh après avoir reçu le télégramme de Luo. Le président Mao ajouta qu’aider le Vietminh était accomplir le devoir de l’internationalisme. L’objectif de la mission militaire était de défaire les colonialistesfrançais1. En juin 1950, La politique baptisée « Aider le

Vietnam contre la France » (Yuan Yue Kang Fa) fut finalement élaborée et la France devint le premier ennemi étranger de la Chine populaire. Cependant, à cause de la situation intérieure et de l’intervention chinoise dans les affaires coréennes, la Chine ne pouvait pas déployer directement les troupes chinoises au Vietnam et décida donc de mettre fin à la guerre d’Indochine pour une solution politique.

1.2 Les décisions du président Mao face aux situations complexes intérieures et

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