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La note confidentielle d’Étienne Manac’h et le rapprochement de la France avec la force communiste vietnamienne

Les divergences et la coopération sino-français sur « la guerre du Vietnam » des États-Unis 1965-

Chapitre 5 : Le changement de la politique française relative au problème du Vietnam et la réaction de la Chine

5.1 La note confidentielle d’Étienne Manac’h et le rapprochement de la France avec la force communiste vietnamienne

Face à l’escalade de la guerre du Vietnam, d’une part, au début du mois de mai 1965, la France devint « calme ». Elle ne critiquait pas fortement la politique américaine et ne tentait pas de persuader les Américains d’accepter les propositions françaises, mais se contentait d’écouter les opinions des États-Unis et de présenter un point de vue différent sur la situation à ce moment-là. Le 21 mai 1965, Rusk expliqua la nouvelle position des États-Unis concernant le problème vietnamien. Le Secrétaire d’État dit à l’Ambassadeur de France que malgré la reprise des bombardements contre le Nord, les États-Unis n’avaient nullement abandonné l’espoir de trouver une solution politique au problème. Rusk ajouta que Washington ne désirait en aucune façon que son action en Asie conduise à une détérioration de ses relations avec Moscou. Il pensait que les Russes avaient refusé de jouer un rôle imparti dans le problème vietnamien. Rusk constata avec regret que malgré les précautions prises de part et d’autre au Vietnam, les relations américano-soviétiques s’étaient refroidies1. L’Ambassadeur de France ne lui présenta cependant aucune analyse

du gouvernement français. Du le 26 au le 29 mai, lorsque l’Ambassade des États-Unis demanda aux Français d’analyser la position de Hanoi et de transmettre les informations

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au délègue général du Nord-Vietnam à Paris, le Quai d’Orsay refusa les demandes américaines. Manac’h dit aux Américains que le gouvernement français ne jouait pas les médiateurs1. Le 12 juillet 1965, pendant l’entretien avec Couve de Murville, George Ball,

sous-secrétaire d’État des États-Unis, admet que la situation au Vietnam avait considérablement empiré, mais en ce qui concernait une négociation, le gouvernement américain ne pouvait pas admettre une participation du FNL à la délégation du Nord- Vietnam. Le Ministre indiquait seulement que Hanoi n’était pas entièrement hostile à une négociation. Les quatre points de Pham Van Dong n’étaient pas négatifs, mais Hanoi était influencé par Pékin aux yeux de Couve de Murville. Il pensait que le nationalisme des Nord-Vietnamiens hostile aux Chinois pourrait faciliter la réunion d’une conférence. George Ball se refusait cependant à céder au pessimisme concernant une situation militaire au Sud-Vietnam2.

D’autre part, la politique française eut tendance à se rapprocher des forces communistes au Vietnam. Après la rupture des relations entre Paris et Saigon, le 5 juin 1965, Manac’h dit au délégué général de Hanoi que malgré que le gouvernement français ne veuille pas établir de relations diplomatiques avec Hanoi, les contacts entre la France et le Nord- Vietnam se développaient fort bien et s’étaient améliorés de mois en mois. Mai Van Bo lui répondit qu’ils s’efforçaient d’approfondir les relations avec la France sur le plan culturel et économique et qu’ils avaient mieux compris l’importance de la langue française dans le monde. Le Directeur d’Asie pensait qu’il était possible de trouver des pistes d’amélioration3. Concernant le FNL du Sud-Vietnam, les représentants du FNL précisèrent

qu’ils attendaient beaucoup de la France et seraient disposés à discuter des garanties à

1 Démarche de l’ambassade des États-Unis (Vietnam), T252, DDF , 1965, Tome I, op.cit., pp.667-668. 2 Télégramme circulaire, n° 136, T37, DDF, 1965, Tome II, Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt/M., New

York, Oxford, Wien:Peter Lang, 2004, pp.90-92.

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accorder aux intérêts français au Sud-Vietnam pendant la conférence des peuples indochinois en mars 19651. Le 29 juillet 1965, le premier contact entre la France et le FNL

fut pris avec Huyen Van Tam, délégué du FNL à Alger. Tam indiqua que le FNL approuvait sans réserve les positions prises par le général de Gaulle sur le problème du Vietnam et attendait de voir l’appui du gouvernement français. Il pensait que la neutralité du Sud- Vietnam favoriserait la reconstruction, car la France, qui avait possédé dans le pays des intérêts considérables, aurait vocation à offrir des investissements. En ce qui concerne la négociation pour la paix, le FNL ne ferait pas du retrait des troupes américaines un préalable absolu, mais les États-Unis n’admettaient pas le bien-fondé des revendications fondamentales du FNL. Huyen Van Tam présenta également des politiques intérieures pour l’avenir2.

La direction de l’Asie et de l’Océanie du Quai jouait un rôle important dans l’élaboration de la politique française en Asie du Sud-est. Comment le gouvernement français devait changer sa politique envers le Vietnam afin de se conformer à la situation dans l’avenir proche ? Le 4 août 1965, Manac’h élabora une note confidentielle, baptisée « Conditions et cadre d’une éventuelle initiative française au sujet du Vietnam » afin de présenter les propositions de sa direction. A ses yeux, la Chine et les États-Unis étaient les deux pôles importants dans ce conflit. En revanche, l’Union soviétique et l’Angleterre, face à ce problème, n’étaient que des puissances subsidiaires car sans liberté suffisante et sous l’influence de Pékin ou Washington3. Manac’h pensait que les deux pôles voudraient

l’aide française. Concernant les États-Unis, Washington souhait se tirer de l’impasse. L’avantage de la France était ses relations diplomatiques correctes avec Pékin. Quant à la

1 Télégramme, n° 308/317, T118, DDF ,1965, Tome I, op.cit., pp.290-292. 2 Compte Rendu, CR75, DDF , 1965, Tome II, op.cit., pp.168-170.

3 Conditions et cadre d’une éventuelle initiative française au sujet du Vietnam, N89, DDF , 1965, Tome II,

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Chine, Pékin ne fermait pas la porte à des négociations et à ce moment-là, elle rencontrait des difficultés (les conflits avec l’URSS et les États-Unis).Le Directeur indiquait donc que grâce à l’indépendance de la France à l’égard des États-Unis, une démarche française revêtirait pour Pékin une importance décisive pour l’aider à éviter de se réfugier dans un isolement total dans ce moment très difficile. Quant au Vietnam, «il importe, dans l’intérêt de l’initiative française, de resserrer d’urgence nos relations avec Hanoi et le Front de libération, et en même temps, de resserrer nos rapports avec certains cadres de l’armée vietnamienne du sud et de la population civile qui sont demeurés attachés à nous » écrit Manac’h1. Il soulignait que la neutralisation de l’Indochine serait encore un bon choix

pour la paix de cette région. D’une part, un Sud-Vietnam neutre sera relativement stable afin d’établir un véritable « monde libre ». D’autre part, Pékin obtiendrait finalement le départ des troupes américaines de cette région. Manac’h pensait que les propositions françaises seraient une voix sereine pour dessiner des perspectives d’avenir et apporteraient du réconfort aux populations vietnamiennes. Il conclut que la France devrait donc assurer les possibilités de contact non seulement avec Washington, mais également avec Pékin, Hanoi et le FNL du Sud-Vietnam, et à titre personnel avec le prince Sihanouk et U Thant, secrétaire général des Nations unies afin de créer une audience internationale propice2.

Le 16 août 1965, Jean Brethes, conseiller des Affaires étrangères, chef du service Cambodge, Laos, Vietnam, présenta ses commentaires sur la note élaboré par son directeur. D’après le dossier, le Conseiller s’est opposé aux points de vue de Manac’h concernant l’origine de la guerre du Vietnam. Il souligna que le fondement de cette guerre était la lutte du Vietnam pour son indépendance et son unité. Il pensait que l’affaire du Vietnam avait un aspect national et un aspect international. Le Nord-Vietnam et le FNL combattaient pour

1 Ibid., 202-203. 2 Ibid., 204.

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la création d’un Vietnam indépendant de l’étranger et uni, ce qui à ses yeux était l’aspect national. Le conflit sino-américain sur le territoire du Vietnam était l’aspect international1.

Concernant la neutralisation de l’Indochine, Jean Brethes pensait que cette solution devait se conformer au vœu des populations indochinoises, représentées par leurs gouvernements respectifs, qui détermineront de la poursuite de la guerre en dehors de toute influence étrangère2.

Cette note confidentielle élaborée par Manac’h et améliorée par Jean Brethes montra quelques nouveaux éléments du point de vue de la direction de l’Asie et de l’Océanie concernant le problème vietnamien par rapport à ses anciennes analyses. Quelle était l’origine de la guerre du Vietnam ? Au début du conflit au Vietnam, le gouvernement français pensait que la guerre du Vietnam était un conflit entre les États-Unis et la Chine populaire, pour une influence prédominante au Vietnam. Pour établir l’influence française au Vietnam, la seule hypothèse valable aux yeux des Français était celle de la neutralité de cette région. Le but de la neutralisation de l’Indochine proposée par le général de Gaulle était de se tirer le Vietnam du Bloc socialiste et d’éliminer l’ingérence des États-Unis. Pendant les entretiens avec les Chinois et les Américains, les Français avaient présenté plusieurs fois cet objectif. Cependant, les Français expliquaient aux Chinois qu’ils voulaient les aider à éliminer la menace américaine. Devant les Américains, les Français soutenaient que un Vietnam neutre pourrait contenir le développement de communisme en Indochine3 . En revanche, dans sa note, Jean Brethes indiquait que le fondement de la

guerre était la lutte du Nord-Vietnam pour l’indépendance et la réunification du Vietnam.

1 Conditions et cadre d’une éventuelle initiative française au sujet du Vietnam (commentaires), N204, DDF

1965, op.cit., 2004, p.243.

2 Ibid., p.244.

3 AMAE, 119QO/527, Instructions pour Monsieur Paye, le 11 mai 1964; Télégramme, n° 91/97, T47,

DDF,1964, Tome I, op.cit., pp.106-108; Document 151, Memorandum Prepared for the Director of

Central Intelligence, September 26, 1963, FRUS, 1961–1963,Volume IV, Vietnam, August-December 1963, pp.295-298.

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Le Sud-Vietnam voulait lutter contre l’unification sous l’égide de Hanoi, un régime communiste1. C’était donc une affaire intérieure vietnamienne. Le premier était soutenu

par la Chine et le second était soutenu par les États-Unis. Cette idée correspondrait à la position habituelle du gouvernement français, c’est-à-dire, à un retour aux accords de Genève de 1954. Autrement dit, les Vietnamiens devraient résoudre le problème du Vietnam par eux-mêmes. Ce point de vue du chef du service correspondrait aux propositions de son directeur concernant la politique française sur le Vietnam dans un avenir proche. Bien que Hanoi et Saigon aient demandé l’intervention française dans les affaires vietnamiennes2 , avant mai 1965, les actions diplomatiques françaises s’étaient

concentrées sur les États-Unis et sur la Chine afin de réussir la réunion d’une conférence internationale, parce que, aux yeux des Français, le Nord-Vietnam était influencé et « contrôlé » par la Chine3 , et la situation aggravée au Vietnam était provoquée par les

États-Unis. Cependant, d’après la note de Manac’h, la France devait renforcer les relations avec Hanoi et FNL du Sud-Vietnam pour les intérêts français dans cette région. En fait, la politique française à l’égard du Vietnam était dans l’impasse à ce moment-là. L’idée du général de Gaulle ne pouvait pas donner une impulsion vigoureuse en faveur d’un règlement politique de ce problème, et ne pouvait pas rétablir l’influence française au Vietnam, bien que la France ait obtenu un statut spécial dans la guerre, c’est-à-dire, une relation diplomatique officielle avec la Chine populaire et en même temps, une alliance importante avec les États-Unis dans le Bloc occidental. La proposition de Manac’h était une idée nouvelle pour la politique française afin de titrer la France d’une situation

1 Conditions et cadre d’une éventuelle initiative française au sujet du Vietnam (commentaires), N104, DDF

1965, Tome II, op.cit., p.243.

2 Télégramme, n° 155, T161, DDF, 1961 Tome I, op.cit., p.408;Télégramme, n° 209, T266, DDF, 1961 Tome

I, op.cit., pp.710-711; Télégramme, n° 103, T33, DDF, 1962 Tome I, Paris : Imprimerie Nationale, 1998, pp.79-82; Télégramme, n° 28, T21, DDF, 1961 Tome I, op.cit., pp.27-30.

3 AMAE, 119QO/527, Instructions pour Monsieur Paye, le 11 mai 1964; Document 151, Memorandum

Prepared for the Director of Central Intelligence, September 26, 1963, FRUS, 1961–1963,Volume IV, Vietnam, August-December 1963, pp.295-298.

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délicate. Cependant, Manac’h ne négligeait pas l’importance des interactions avec la Chine et avec les États-Unis. En outre, il proposait que le gouvernement français contacte l’ONU et continue de consulter les avis du Prince Sihanouk.

Bien que l’on ne puisse pas connaitre la réflexion de cette note confidentielle, d’après le développement de l’histoire après août 1965, on peut penser que cette note élaborée par la Direction de l’Asie et de l’Océanie joua un rôle important dans le changement de la politique française au Vietnam, étant particulièrement dans la relation entre la France et la force communiste vietnamienne. Le 26 août 1965, la deuxième prise de contact entre les représentants français et ceux du FNL sud-vietnamien eut lieu à Alger. Vo Cong Trung, au nom du Comité central du FNL, se félicitait d’être en mesure de faire connaitre le point de vue de son organisation au gouvernement français et d’ouvrir avec lui un dialogue. Les représentants du FNL présentèrent leur désir de maintenir à l’avenir les bonnes relations avec la France et de réserver à la France, un traitement privilégie1.

Le 8 août 1965, le ministère des Affaires étrangères chinois reçut le deuxième rapport de l’objectif du général de Gaulle concernant le Vietnam, élaboré par l’Ambassade de Chine en France. L’Ambassade de Chine pensait que, suite aux accords de Genève de 1954, la France voudrait établir une région neutre sous influence française. Les objectifs du général de Gaulle étaient donc de se servir de la Chine et du Nord-Vietnam pour repousser les Américains et contenir les forces révolutionnaires dans cette région. L’Ambassade de Chine indiqua aussi que la France voudrait soutenir un régime francophile après la neutralisation du Sud-Vietnam, afin de transformer l’essence du gouvernement de Hanoi, en vue de réunifier le Vietnam sur une base non-communiste et sous influence française.

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Si la Chine n’acceptait pas « le projet gaulliste », y aurait-il des tensions dans les relations sino-françaises ? L’Ambassade de Chine pensait que c’était impossible, parce que le gouvernement français attachait de l’importance au rôle de la Chine en Indochine et n’osait pas l’offenser, bien que la France considère la Chine comme un ennemi potentiel. Malgré le fait que la France n’ait pas d’illusions quant à sa capacité à persuader la Chine de participer à une conférence sans condition préalable, à cause du durcissement de la position chinoise, le rapport conclut que grâce au but commun de la lutte contre l’impérialisme américain, il n’y aurait pas de crise des relations sino-françaises1. Dans cette circonstance,

il y aurait seulement « la lutte » ; Soit la lutte contre les États-Unis dans la région vietnamienne ; Soit la lutte contre les Américains en Chine. Il était donc impossible que la Chine accepte les propositions gaullistes.

Dans des entretiens avec les Français, le gouvernement chinois continuait à montrer son soutien à la lutte du Nord-Vietnam et sa position intransigeante sur une négociation sans condition préalable avec le gouvernement américain. Le vice-Ministre des Affaires étrangères de la Chine, Wang Bingnan confirma à l’Ambassadeur de France, le 17 novembre 1965, la nécessité du retrait des troupes américaines préalablement à toute négociation. Il fallait également que Washington accepte les quatre propositions du gouvernement de Hanoi, considérées comme « inséparable » de la condition préalable. Wang envisageait aussi trois éventualités de guerre : soit la liquidation par les Américains, soit le retrait spontané des troupes américaines, soit l’acceptation par Washington de propositions du Nord-Vietnam2. Quant à la politique de la France vis-à-vis de la Chine,

l’objectif n’était pas de persuader Pékin, mais d’essayer de maintenir des contacts politique avec les Chinois, afin d’écouter et de comprendre la position chinoise face à l’escalade de

1 AMAEC, Des politiques diplomatiques françaises sur le problème du Vietnam, le 8 août 1965, 106-01314-

01, p.80.

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la guerre. Jean Chauvel, envoyé par le général de Gaulle, considéré comme un représentant du gouvernement français, a été reçu par le gouvernement chinois pour connaitre la nouvelle position chinoise. Chauvel ne pouvait pas comprendre la raison pour laquelle la Chine s’accrochait aux conditions dans l’optique d’une négociation. Il dit à Zhang Hanfu, vice-Ministre des Affaires étrangères de la Chine, que la position chinoise ne pouvait que prolonger les hostilités et laisser la porte ouverte à une escalade susceptible de se prolonger pendant au moins deux ans1. Dans l’entretien avec Zhou Enlai, le 30 novembre 1965,

Chauvel indiqua que le général de Gaulle avait compris qu’il était impossible de réunir une conférence internationale relative au Vietnam dans cette situation, mais le Général s’inquiétait de l’escalade du conflit qui pourrait se développer jusqu’en 1967. Il voulait donc connaître les positions chinoises. Zhou Enlai expliqua que dans le planning chinois, il y avait trois possibilités : La première que les Américains se retrient après avoir anéanti le gouvernement fantoche de Saigon. La deuxième : un prolongement de la guerre, et le gouvernement américain oblige finalement de reconnaître sa défaite. La troisième : une conférence sans condition préalable, mais sans résultat. Le Premier Ministre approuvait donc le point de vue du général de Gaulle concernant la négociation. Il pensait que la conférence de 1954 avait permis la conclusion d’un accord que parce que la France souhaitait mettre fin à la guerre et acceptait les suites d’un cessez-le-feu. En revanche, les Américains n’étaient nullement préparés à admettre les conditions d’un règlement effectif concernant le problème vietnamien aux yeux de Zhou, donc, il n’était pas possible de négocier avec Washington. Zhou Enlai souligna que Hanoi était du même avis que Pékin2.

Dans le rapport de Chauvel du 2 décembre 1965, ce dernier conclut que la position dure adoptée par la Chine sur le Vietnam, en pleine conscience des risques majeurs qu’elle comporte, fait apparaitre comme prétexte de préalable de l’évacuation américaine et que

1 AMAE, 119QO/531, Télégramme, n° 3367/3386, le 1er décembre 1965.

2 AMAEC, Entretien entre M. Zhou Enlai et Jean Chauvel, le 30 novembre 1965, 106-01270-05 ; AMAE,

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pour Pékin, une défaite américaine, « qu’elle se traduise par une évacuation volontaire ou par une débâcle », permettrait finalement une négociation1.

Après sa visite en Chine, Chauvel s’est dirigé vers Hanoi et a continué sa visite en Asie. D’après son entretien avec Pham Van Dong, le représentant du général de Gaulle estima que le gouvernement de Hanoi avait naturellement une perspective différente par rapport à la position chinoise présentée par Zhou Enlai. A ses yeux, Pham Van Dong « ouvre certaines possibilités » et le gouvernement nord-vietnamien « serait favorable à une action extérieure tendant à la paix et nous verrait volontiers prendre une initiative en ce sens ». Bien que ce ne soit pas la première fois que les Nord-Vietnamiens manifestaient devant les Français leur préférence pour un règlement pacifique du conflit et leur intérêt pour une certains intervention française en faveur d’une telle solution, le Quai d’Orsay trouvait la divergence entre le Premier Ministre et Nguyen Duy Trinh, ministre des Affaires étrangères. Manac’h pensait que Trinh était le porte-parole de « la ligne dure », autrement dit « la ligne chinoise ». Dans la note sur la position nord-vietnamienne concernant le conflit, Manac’h pensait qu’il y avait deux hypothèses. La première : Le gouvernement de Hanoi favoriserait une solution négociée. La seconde : La position du Nord-Vietnam représentait « la ligne modérée », un résultat de la concurrence entre Trinh et Dong, tantôt conciliante, tantôt intransigeante. Cependant, Manac’h conclut que Hanoi n’espérait pas provoquer une crise majeure avec la Chine. Il pensait que la politique française devrait éviter de susciter la

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